poésies de Jean Richepin
Jean Richepin (1849-1926) a écrit des pièces de théâtre et des romans, mais il est connu pour ses poésies. La Chanson des gueux (1876), un long poème sur la misère de son époque, lui vaut d'être emprisonné un mois.
Les oiseaux de passage (ici), poème extrait de "La Chanson des gueux", et Les Philistins, (titre original : Chanson des cloches de baptême), ont été mis en musique par Georges Brassens (à venir dans la catégorie : Brassens chante les poètes)
Une lettera amorosa, pour la classe (à ranger) : POÉSIES pour la CLASSE - LETTERA AMOROSA
Le jour où je vous vis pour la première fois (titre proposé)
Le jour où je vous vis pour la première fois,
Vous aviez un air triste et gai : dans votre voix
Pleuraient des rossignols captifs, sifflaient des merles ;
Votre bouche rieuse, où fleurissaient des perles,
Gardait à ses deux coins d’imperceptibles plis ;
Vos grands yeux bleus semblaient des calices remplis
Par l’orage, et séchant les larmes de la pluie
À la brise d’avril qui chante et les essuie ;
Et des ombres passaient sur votre front vermeil,
Comme un noir papillon dans un rais de soleil.
Jean Richepin ("Les caresses")
Une poésie d'avant-printemps pour la classe : POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3
Trois petits oiseaux dans les blés
Au matin se sont rassemblés
Trois petits oiseaux dans les blés.
Ils avaient tant à se dire
Qu'ils parlaient tous à la fois,
Et chacun forçait sa voix.
Ça faisait un tire lire,
Tire lire la ou la.
Un vieux pommier planté là
A trouvé si gai cela
Qu'il s'en est tordu de rire,
Tire lire tire lire,
Qu'il s'en est tordu de rire,
Tire lire la ou la.
Jean Richepin
Une poésie plus difficile, "amorosa" si on veut, mais n'en abusez pas, c'est de la bière !
Pâle et blonde
Pâle et blonde, très pâle et très blonde, ô mon cœur,
C’est ainsi que tu l’aimes,
Lorsque sur toi l’ennui comme un condor vainqueur
Étend ses ailes blêmes,
Lorsque tu sens en toi monter le goût amer
Des voluptés passées,
Lorsque tu voudrais bien boire toute la mer
Pour noyer les pensées,
Lorsqu’un désir te prend, frénétique et moqueur,
De t’en aller du monde,
Pâle et blonde, très pâle et très blonde, ô mon cœur,
Tu l’aimes pâle et blonde,
Pâle et blonde comme est la fille d’un vieillard,
Née au mois de décembre.
Aussi pâle qu’un clair de lune en un brouillard,
Aussi blonde que l’ambre,
Pâle et blonde, et laissant autour d’elle neiger,
Plus blancs que de la laine,
Ses cheveux d’argent fin, clair, mousseux et léger,
Que dissipe une haleine.
Pâle et blonde, très pâle et très blonde, elle est là,
Qui sanglote à ta porte.
Laisse-la donc entrer chez toi, va, laisse-la,
Laisse, qu’elle t’emporte !
C’est elle, la bonne ale. Allons, tends-lui ton cou,
Ouvre ta bouche entière,
Et mets la bière en toi ! Tu mets du même coup
Ton ennui dans la bière.
Jean Richepin ("Les caresses") Ce texte sera rangé dans "LETTERA AMOROSA" : POÉSIES "hors classe"