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lieu commun
29 avril 2007

Amérique Centrale- Antilles - Cuba

Alberto Edel Morales

livre_po_sie_cubaineEn regardant les autos passer (extrait)

Dans les petites villes du centre de Cuba
les rues habituellement bruyantes et douces,
deviennent vides aux mois d'hiver.
J'ai vécu cette pesante quiétude.
...
Dans les petites villes du centre de Cuba
tout est absence et attente aux mois d'hiver.
J'ai vécu cette pesante quiétude.

Alberto Edel Morales ("Poésie Cubaine 1980 - 2000" numéro 24 de la revue Bacchanales - 2001 - Maison de la Poésie Rhône-Alpes)

traduction :

Viendo los autos pasar

En las pequeñas ciudades del centro de Cuba
las calles, habitualmente bulliciosas y dulces,
se quedan vacías en los meses de invierno.
Yo he vivido esa pesada quietud.

En las pequeñas ciudades del centro de Cuba
todo es ausencia y espera en lo meses de invierno.
Yo he vivido esa pesada quietud.


Los pies desnudos

No tengo nada.

Sólo el amor
de una muchacha
y mis párpados abiertos.

Así puedo
correr sobre la hierba
húmeda y punzante.

Sabiendo
que a esa certeza
llamarán locura.

Alberto Edel Morales

Traduction :

Les pieds nus

Je ne possède rien.

Seulement l'amour
d'une jeune fille
et mes paupières ouvertes.

Je peux ainsi
courir sur l'herbe
humide et piquante.

En sachant bien
que cette assurance
ils l'appelleront folie.

Alberto Edel Morales traduction Lieucommun


Nicolas Guillén (1902-1989) est sans doute le plus connu des poètes cubains.
Sa poésie parle du métissage, du respect de l’autre, du refus de l’injustice, contre l’impérialisme et la colonisation.

Un son para niños antillos      

Por el Mar de las Antillas
anda un barco de papel
anda y anda el barco barco,
Sin timonel.

De la Habana a Portobelo,
de Jamaica a Trinidad,
anda y anda al barco barco,
Sin capitan.

Una negra va en la popa
va en la proa un español :
Anda y anda el barco barco,
con ellos dos.

Pasan islas, islas, islas,
muchas islas, siempre mas ;
anda y anda el barco barco,
sin descansar.

Un cañon de chocolate
contra el barco disparo,
y un cañon de azucar, zucar,
le contesto.

¡Ay, mi barco marinero,
con su casco de papel !
¡Ay, mi barco negro y blanco
sin timonel !

Alla va la negra negra
junto junto al español ;
anda y anda al barco barco
con ellos dos.

Nicolas Guillén ("El son entero")

Traduction de Claude Couffon :

Une chanson pour les enfants antillais

Voguant sur la Mer des Antilles
avance un bateau de papier
le bateau avance, avance,
sans timonier.

De La Havane à Portobel,
de Jamaïque à Trinité,
le bateau avance, avance,
sans capitaine.

Une négresse est à la poupe
à la proue est un espagnol :
le bateau avance, avance,
avec eux.

Passent des îles et des îles,
des îles et puis d’autres îles ;
le bateau avance, avance,
sans repos.

Un canon tout en chocolat
a tiré contre le bateau,
qui de son canon tout en sucre,
a répondu.

Ah ! mon bateau filant sur l’eau
avec sa coque de papier !
Ah ! mon bateau tout noir et blanc,
sans timonier !

Sur le bateau va la négresse
et l’espagnol
le bateau avance, avance
avec eux.

Nicolas Guillén ("Poésie Cubaine du XXème siècle" - Patiño, 1998)


Un largo lagarto verde (extrait) - titre proposé

Por el Mar de las Antillas
(que también Caribe llaman)
batida por olas duras
y ornada de espumas blandas,
bajo el sol que la persigue
y el viento que la rechaza,
cantando a lágrima viva
navega Cuba en su mapa :
un largo lagarto verde,
con ojos de piedra y agua.

Un long lézard vert

Dans la mer des Antilles
(Qu'on nomme aussi Caraïbe)
fouettée de violentes vagues
et ornée de blanche écume,
sous le soleil qui la persécute
et le vent qui la repousse,
chantant à chaudes larmes
Cuba navigue sur sa carte :
long crocodile vert
aux yeux d'eau et de pierre.

Nicolas Guillén ("Un largo lagarto verde" - 1958) traduction Lieucommun


Roberto Fernandez Retamar est né en 1930 à Cuba.
Une poésie traduite en français est déjà sur le blog (Lettera amorosa).
Celle-ci est peut-être bien dans le thème 2008, mais le texte est trop agressif pour la classe.
Contentons-nous d'en proposer un très court passage (couleur) en français. Que ceux qui veulent aller plus loin prennent un dictionnaire ...!

Heureux les normaux, ces êtres étranges.
...
Mais qu'ils laissent la place à ceux qui font le monde et les rêves,
Les illusions, les symphonies, les paroles qui nous démantibulent
Et nous construisent...
Qu'ils leur laissent leur place en enfer, et basta !

Roberto Fernandez Retamar   trad. Lieucommun

Texte original :

Felices los normales, esos seres extraños,
Los que no tuvieron una madre loca, un padre borracho, un hijo delincuente,
Una casa en ninguna parte, una enfermedad desconocida,
Los que no han sido calcinados por un amor devorante,
Los que vivieron los diecisiete rostros de la sonrisa y un poco más,
Los llenos de zapatos, los arcángeles con sombreros,
Los satisfechos, los gordos, los lindos,
Los rintintín y sus secuaces, los que cómo no, por aquí,
Los que ganan, los que son queridos hasta la empuñadura,
Los flautistas acompañados por ratones,
Los vendedores y sus compradores,
Los caballeros ligeramente sobrehumanos,
Los hombres vestidos de truenos y las mujeres de relámpagos,
Los delicados, los sensatos, los finos,
Los amables, los dulces, los comestibles y los bebestibles.
Felices las aves, el estiércol, las piedras.

Pero que den paso a los que hacen los mundos y los sueños,
Las ilusiones, las sinfonías, las palabras que nos desbaratan
Y nos construyen
, los más locos que sus madres, los más borrachos
Que sus padres y más delincuentes que sus hijos
Y más devorados por amores calcinantes.
Que les dejen su sitio en el infierno, y basta.


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