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lieu commun
29 avril 2007

Amérique Centrale - Guatemala - poésie maya contemporaine

Luis de Lión, de son vrai nom Jose Luis de Leon Diaz (1939-1984), était un instituteur, romancier et poète Maya du Guatemala. Sa poésie parle d'amour et de la vie quotidienne des paysans qu'il a défendus contre la répression. Il a disparu en 1984, après avoir été arrêté par la police.

Epitafio

¿ Por qué se empeña la muerte
en matar, vanamente, a la vida,
si la más humilde semilla
rompe la piedra más fuerte ?

Luis de Lión

Traduction proposée par Lieucommun :

Épitaphe

Pourquoi la mort s'obstine-t-elle
à tuer, vainement, la vie,
si la plus humble semence
brise la roche la plus dure ?


Acerca del papel de la belleza

Porque
cada clavel es una chispa
esta manifestación es un incendio
porque
el fuego se alimenta
con las cláusulas de un libro
con el viento de una huelga
o con la llama de una flor.

Luis de Lión

Traduction proposée par Lieucommun :
A propos du rôle de la beauté

Parce que
chaque oeillet est une étincelle,
cette manifestation est un incendie
parce que
le feu se nourrit
des phrases d’un livre
du vent d’une grève*,
ou de la flamme* d’une fleur.

* flamme : ici dans le sens de passion
* grève : il s'agit ici de l'action sociale, pas de la plage


Humberto Ak’abal, né en 1952, est un poète Maya du Guatemala. Les Mayas représentent plus de la moitié de la population de ce pays, mais c'est un peuple qui lutte pour son existence et sa culture (300 000 indiens mayas ont été tués dans les années 80). On trouvera ici sur le blog, d'autres petits poèmes de cet auteur.

" La justice ne parle pas la langue des indiens,
la justice ne descend pas chez les pauvres,
la justice ne porte pas de caites,
la justice ne marche pas pieds nus
sur les chemins de terre..."

Les caites sont les sandales des indiens mayas

La justicia no habla en lengua de indios,
la justicia no desciende a los pobres,
la justicia no usa caites,
la justicia no camina descalza
por caminos de tierra ...

Les deux poèmes qui suivent sont parus dans le journal "La Jornada" (La Journée) sous le titre La memoria del árbol (La mémoire de l'arbre), présentés par Eduardo Galeano. Ak'abal les a écrits en maya quiché et traduits en espagnol. Nous vous en proposons la traduction en français.

B'alam

K'o taq mul in b'alam,
kinxak'in pa taq siwan,
kinch'opin puwi' taq ri tanatik
kinb'inib'ej, kinq'axaj juyub'.

Kinwil ri unimal ri kaj,
ri uchowil, jela' che ri ja',
ri uk'ux ri ulew.

Kintzijon ruk' ri q'ij,
kinetz'an ruk' ri ik',
kinb'oq' ch'umil
kinnak' chuwij.

Kinsilob'aj ri nuje',
kinq'oyi' cho ri le'anik
kinkosik', kinwesaj ri waq'.

Humberto Ak’abal

en espagnol : Jaguar

Otras veces soy jaguar,
corro por barrancos,
salto sobre peñascos,
trepo montañas.

Miro más allá del cielo,
más allá del agua,
más allá de la tierra.

Platico con el sol,
juego con la luna,
arranco estrellas
y las pego a mi cuerpo.

Mientras muevo la cola,
me echo sobre el pasto
con la lengua de fuera

Humberto Ak’abal (dans le quotidien "La Jornada" du 17 février 1999)

Traduction en français proposée par Lieucommun :
Jaguar

Parfois, je suis jaguar,
je cours par les ravins,
je saute par-dessus les rochers,
j'escalade les montagnes.

Je regarde au-delà du ciel,
au-delà de l'eau,
au-delà de la terre.

Je parle avec le soleil,
je joue avec la lune,
J'arrache des étoiles
et je les fixe sur mon corps.

En remuant la queue,
je me précipite dans l'herbe,
la langue dehors.


Rapapem

In inchikop :
ri nurapapem
kinb'an pa ri wanima'.

Vuelo

Soy pájaro :
mis vuelos son
dentro de mí.

Humberto Ak’abal

Traduction proposée par Lieucommun :
Je vole

Je suis un oiseau :
je vole
à l'intérieur de moi-même.


Autres textes en espagnol (avec traduction) :

Las luciérnagas

Las luciérnagas
son estrellas
que bajaron del cielo

y las estrellas
son luciérnagas
que no pudieron bajar.

Apagan y encienden sus ocotíos
para que les duren
toda la noche.

Humberto Ak’abal

Traduction proposée par Lieucommun :

Les lucioles

Les lucioles
sont des étoiles
descendues du ciel

et les étoiles
sont des vers luisants
qui n'ont pas pu descendre.

Ils éteignent et allument leur petits braseros
pour avoir de la lumière
toute la nuit.

Humberto Ak’abal


Allá

Allá
de donde yo soy

es el único lugar
donde uno
puede agarrarse de la noche
como de una baranda

para no caer
en la oscuridad.

Humberto Ak’abal

Traduction proposée par Lieucommun :
Là-bas

Là-bas
où moi je suis né,

c'est le seul lieu
où l'on peut s'appuyer sur la nuit
comme sur une balustrade

pour ne pas tomber
dans l'obscurité.

Humberto Ak’abal


Árbol

Libro verde
árbol poeta
¡cuánta poesía en tus hojas!
Quienquiera
que se pose en tus ramas
se vuelve cantor.

Humberto Ak’abal

Traduction proposée par Lieucommun :

Arbre

Livre vert
arbre poète
que de poésie dans tes feuilles !
Quiconque
se pose sur tes branches
devient chanteur.

Humberto Ak’abal



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