Amérique Centrale - Guatemala - poésie maya traditionnelle
Le territoire des Mayas occupe essentiellement le sud du Mexique et le nord du Guatemala et du Belize. La langue la plus parlée par les mayas est le quiché (maya quiché) et l'espagnol, mais il existe d'autres langues suivant les régions.
Les
Mayas d'aujourd'hui sont agriculteurs et artisans, mais nombre
d'entre-eux ont quitté leur territoire d'origine pour les grandes
villes du Guatemala et du Mexique.
Deux adresses pour ceux qui voudraient en savoir davantage : l'historique et la civilisation Maya sur Wikipedia ; et le site ami JSE2 pour des techniques textiles et des actions solidaires (On trouvera facilement de très nombreux autres sites).
Pour se familiariser avec la langue maya (et l'espagnol), on trouvera des textes et quelques éléments lexicaux ici, et même des cours de maya, avec le son ! : http://www.lexilogos.com/maya_langue_dictionnaire.htm
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Le Rabinal Achi (l’Homme de Rabinal) est une oeuvre poétique et théâtrale dramatique expliquant le mode de vie et les coutumes mayas. C'est une danse rituelle du village de Rabinal, au Guatemala, toujours célébrée le jour de la Saint-Paul, le 25 janvier, dans ce village.
Le texte original en avait été découvert puis publié en 1862 par Charles Étienne Brasseur de Bourbourg. C'est
à partir d’un autre manuscrit en langue quichéachi (Miguel
Pérez, 1913) qu'a été établie l'édition actuelle.
Voici donc un passage du Rabinal Achi, avec l'aimable autorisation d'Alain Breton, qui en a dirigé la traduction et l'édition (Rabinal Achi, Un drame dynastique maya du XVe siècle).
Rabinal Achi l’Homme de Rabinal (extrait)
ajkaroq kaj « Ô ciel,
ajkaroq ulew ô terre !
la ma na k’o xopon wi ri woyewalal N’est-elle parvenue à rien, ma colère
ri wachijilal ma force ?
mi xintij k’u ri pa kaj nube J’ai joui de mon parcours sous le ciel
pa ulew nube de mon parcours sur la terre,
mi xintzelej wi tolo j’en suis revenu bredouille !
ma na k’o k’u xopon wi ri woyewalal À rien n’est parvenue ma colère
ri wachijilal ma force !
ajkaroq kaj Ô ciel,
ajkaroq ulew ô terre !
la qatzij waral in kamel Est-il certain qu’ici je mourrai
in sachel je disparaîtrai,
waral chi uxmut kaj ici, au nombril du ciel
chi uxmut ulew au nombril de la terre ? »
jix ba la nuq’ana pwaq « Allez-vous en, mes métaux dorés
nusaqi pwaq mes métaux argentés !
jix puch ral nuch’ab Allez-vous en, l’enfant de mon arc
ral nupokob l’enfant de mon bouclier,
nuyakim wit mon manche de guerre
nuyakim wikaj ma hache de guerre !
jix puch ix taq watzyaq Allez aussi, vous tous, mes vêtements
ruk’ nuxtapyak et mes sandales !
jix ba la chi qajuyubal Allez-vous en vers nos montagnes
chi qataq’ajal vers nos vallées !
ji ya ba la qatzijol Allez communiquer la nouvelle nous concernant
chi uwach qajawal face à notre maître
qawinaqil à notre éminence,
rumal kacha lo wa qajawal car notre maître
qawinaqil notre éminence dit peut-être :
katajin ulo wa woyewal “Il est en route, mon coléreux
wachijilal mon guerrier,
tzukuy re en train de chercher
kajaley qecha’ de rechercher notre nourriture
qak’uxun notre subsistance !”
kacha lo wa qajawal C’est ce que dit probablement notre maître
qawinaqil notre éminence !
la ma kacha ta ri wa Ce qu’il ne dira plus
we xa woyeben chi nukamik si tant est que j’attends désormais ma mort
nusachik ma disparition
waral chi uxmut kaj ici, au nombril du ciel
chi uxmut ulew au nombril de la terre ! »
ajkaroq ba la kaj « Ô, ciel
ajkaroq ba la ulew ô, terre !
we qatz waral in kamel Si vraiment ici je meurs
in sachel je disparais,
waral chi uxmut kaj ici, au nombril du ciel
chi uxmut ulew au nombril de la terre,
are k’u x chinwachilibej la kuk alors, que je ressemble à cet écureuil
la tz’ikin à cet oiseau
la xkam chi uq’ab che’ qui mourut sur la branche
chi uxum che’ sur le rameau de l’arbre
chirech utzukuxik la recha’ dont est tirée sa nourriture
la uk’uxun sa subsistance,
waral chi uxmut kaj ici, au nombril du ciel
chi uxmut ulew au nombril de la terre ! »
ix ba ri kot « Ô, vous, les Guerriers Aigles
ix ba ri balam ô, vous, les Guerriers Jaguars,
kixpeta ba la venez !
chibana ba ri ichak Faites votre travail
chibana ba ri ipatan accomplissez votre charge,
chibana ba la ri iwe’ faites donc agir vos crocs
ri iwixkaq et vos serres,
ma k’u qatz jumer wachil kiniwismarisaj afin qu’en un instant vous me fassiez devenir plumage
rumal xa xinoyew wi puisque je fus seulement valeureux
chi nupetik chi nujuyubal en venant de mes montagnes
chi nutaq’ajal de mes vallées !
keje kaj Que le ciel
ulew chik’oji’ iwuk’ et la terre demeurent avec vous,
ix kot vous, les Guerriers Aigles,
ix balam vous, les Guerriers Jaguars ! »
D’après : Alain Breton (éd.) : Rabinal Achi. Un drame dynastique maya du quinzième siècle - Nanterre, Société des américanistes & Société d’ethnologie, 1994, pp. 315-319.