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lieu commun
29 avril 2007

Europe de l'est - poètes de Russie

Alexandre Pouchkine (Alexandre Sergueïevitch Pouchkine - en russe :  Александр Сергеевич Пушкин) est né à Moscou en 1799. Il est mort en 1837.

C'est un des plus importants écrivains russe, romancier (La Dame de pique, nouvelle - 1833 ...), dramaturge  et poète (Eugène Onéguine - roman en vers, 1823 à 1831 ; Les Tsiganes - 1824 ...).
Sous le règne d'Alexandre Ier, il est exilé dans le Caucase ("Le Prisonnier du Caucase" - poésies, en 1821), puis le tsar Nicolas Ier, qui lui succède, le prend sous sa protection.
Il est tué au cours d'un duel. Mikhaïl Lermontov (voir plus haut) a écrit "La Mort du poète" en hommage à Pouchkine.

La rose et le rossignol

Dans l'ombre et le silence et la nuit du printemps
Chante le rossignol aux jardins d'Orient,
Chante son chant d'amour pour l'insensible rose
Qui ne l'écoute pas, se balance et repose.
Tel celui qui célèbre une froide beauté ;
Eveille-toi, poète, à quoi sert de chanter ?
Insensible au poète ainsi l'ignore-t-elle,
Belle à qui la regarde, et sourde à qui l'appelle.

Alexandre Pouchkine ("Poésie russe" - anthologie du XVIIIe au XXe siècle - traduction de Jean-Luc Moreau - éditions Maspéro - coll La Découverte, 1983)


 

Soir d'hiver

Ciel de brume ; la tempête
Tourbillonne en flocons blancs,
Vient hurler comme une bête,
Ou gémit comme un enfant,
Et soufflant soudain pénètre
Dans le vieux chaume avec bruit,
Elle frappe à la fenêtre,
Voyageur pris par la nuit.

La chaumière est triste et sombre,
Chère vieille, qu'as-tu donc
A rester dans la pénombre,
Sans plus dire ta chanson ?
C'est la bise qui résonne
Et, hurlant, t'abasourdit ?
Ou la ronde monotone
Du fuseau qui t'assoupit ?

Mais buvons, compagne chère
D'une enfance de malheur !
Noyons tout chagrin ! qu'un verre
Mette de la joie au cœur !
Chante comme l'hirondelle,
Doucement vivait au loin ;
Chante-moi comme la belle
Puisait l'eau chaque matin.

Ciel de brume ; la tempête
Tourbillonne en flocons blancs,
Vient hurler comme une bête
Ou gémit comme un enfant.
Mais buvons, compagne chère
D'une enfance de malheur !
Noyons tout chagrin ! qu'un verre
Mette de la joie au cœur !

Alexandre Pouchkine ("Poésie" - Alexandre Pouchkine - traduction de Claude Frioux - Librairie du Globe, 1999) 
Il existe d'autres traductions de ce poème.

Texte original du poème en russe :

ЗИМНИЙ ВЕЧЕР (Soir d'hiver)

Буря мглою небо кроеть,
Вихри снежные крутя ;
То, как зверь она завоет,
То заплачет как дитя,
То по кровле обвешалой
Вдруг соломой зашумит,
То, как путник запоздалый,
К нам в окошко постучит.
Наша ветхая лачужка
И печальна и темна.
Что же ты, моя старушка,
Приумолкла у окна ?
Или бури завыванием
Ты мой друг утомлена,
Или дремлешь под жужанием
Своего веретена ?
Выпьем, добрая подружка
Бедной юности моей,
Выпьем с горя ; где же кружка ?
Сердцу будет веселей.
Спой мне песню, как синица
Тихо за морем жила ;
Спой мне песню, как девица
За водой поутру шла.
Буря мглою небо кроеть,
Вихри снежные крутя ;
То, как зверь она завоет,
То заплачет как дитя.
Выпьем, добрая подружка
Бедной юности моей,
Выпьем с горя ; где же кружка ?
Сердцу будет веселей.


Пушкин


Mikhaïl Lermontov (1814-1841) est un poète russe, de la Russie des tsars, bien avant la Révolution et l'URSS.
Il a publié un seul recueil de poèmes, en 1840.
"Engagé dans les troupes du Tsar pour la conquête du Caucase, il a consacré plusieurs poèmes aux peuples montagnards, vus à la fois comme des peuples fiers et libres et comme des bandits vivants de rapines."

Le texte original en russe et les précisions entre guillemets, sont issues du site universitaire : http://epi.univ-paris1.fr

Voici un de ses plus fameux poèmes, une berceuse, apparemment pour les enfants, mais ...
"Le passage le plus célèbre de la berceuse est le « Злой чеченец ползëт на берег, точит свой кинжал » (Le méchant tchétchène rampe sur la berge, aiguise son couteau) – qui n’est pas chanté ici. Il est néanmoins fréquemment cité pour expliquer les représentations dominantes en Russie sur les Tchétchènes, en particulier depuis le début de la seconde guerre de Tchétchénie en 1999" (1).

Спи, младенец мой прекрасный,
Баюшки-баю.
Тихо смотрит месяц ясный
В колыбель твою.
Стану сказывать я сказки,
Песенку спою;
Ты ж дремли, закрывши глазки,
Баюшки-баю.
(……)
Богатырь ты будешь с виду
И казак душой. --
Провожать тебя я выйду
Ты махнëшь рукой...
Сколько горьких слëз украдкой
Я в ту ночь пролью!..
Спи, малютка, тихо, сладко,
Баюшки-баю.


Dors, mon enfant, dors, mon joli,
Do-do, do-do.
Doucement la lune se penche
Sur ton berceau.
Je vais te dire des légendes,
Chanter pour toi ;
Mais dors, ferme tes petits yeux
Do-do, do-do.
(….) (1)
Héros d’aspect, sois dans ton âme
Un vrai Cosaque !
Je sortirai... Tu me feras
De loin adieu.
Ah ! que de pleurs amers, secrets,
Cette nuit-là !
Dors, mon ange, sans bruit, tout doux...
Do-do, do-do.

Mikhaïl Yourievitch Lermontov (1840) ("Anthologie de la poésie russe" - traduction de Jacques David - éditions Stock, 1947)
Cette berceuse traditionnelle est chantée par Marina Vlady.
(1) Passage omis : Sur les cailloux le Terek roule,  / Sombre, et clapote, / Sur ses bords le Tchétchène aiguise, /  Sournois, sa lame : / Mais ton père, le vieux guerrier, / Est endurci ; / Dors, mon petit, dors, n’aie point peur, /  Do-do, do-do. / Tu apprendras (tu as le temps) /  À guerroyer. / Hardi, tu chausseras l’étrier, /  Tu t’armeras... / J’ornerai ta selle de guerre / De soie brodée... / Dors, mon enfant, dors, mon chéri, /  Do-do, do-do.

Un autre texte du même auteur : Le voilier

ПАРУС (Le voilier)

Белеет парус одинокий
В тумане моря голубом!..
Что ищет он в стране далекой?
Что кинул он в краю родном?..

Играют волны - ветер свищет,
И мачта гнется и скрипит...
Увы, - он счастия не ищет
И не от счастия бежит!

Под ним струя светлей лазури,
Над ним луч солнца золотой...
А он, мятежный, просит бури,
Как будто в бурях есть покой!

Le voilier

Ce voilier tout blanc, solitaire,
Qui dans le brouillard bleu s'enfuit
Qu' a-t-il besoin d'une autre terre?
Qu'abandonna-t-il après lui?

Son mât sur l'onde vagabonde
S'incline et grince dans le vent
Hélas! point de bonheur au monde
Ni derrière lui ni devant

Pour le porter la mer est belle
Le soleil brille au firmament...
Mais lui réclame, le rebelle,
L'orage, cet apaisement.

Mikhaïl Yourievitch Lermontov, 1832

Lermontov a écrit un poème en hommage à Pouchkine, tué en duel (voir Pouchkine plus bas) :

La mort du poète (fragments)

Le poète est mort, de l’honneur esclave ;
Diffamé par l’opinion, il emporte
Au coeur ce plomb... et sa soif de revanche.

Et vous,  (...)
Les bourreaux du génie, et de la liberté !
(...) vous pourrez bien user de calomnie :
Cela ne vous sera d’aucun secours.
Vous ne laverez point de tout votre sang noir
Tout le juste sang du Poète.

Mikhaïl  Lermontov, 1837


Sacha Tchiorny ou Alexandre Noir (pseudonymes du poète Alexandre Glikberg) est né en Russie en 1880. Emigré en France en 1917 après la Révolution russe, il y est mort en 1932. Il a écrit de nombreux poèmes pour les enfants.

La fête de la forêt

Que plantons-nous
En plantant
Des forêts ?
Le mât, l'espar (1),
Pour tenir les agrès ;
Le pont, la coque
Et l' abri du sextant
Pour naviguer
Par mer calme ou gros temps.

Que plantons-nous
En plantant
Des forêts ?
L'aile qui nous soulève au ciel d'un trait ;
Le banc, la table
Où nous nous asseyons,
La feuille blanche
Et même le crayon.

Que plantons-nous
En plantant
Des forêts ?
Une maison
Pour renards et furets,
Pour l'écureuil,
Sa femme
Et ses petits,
Pour le pivert
Et ses pizzicati (2).

Que plantons-nous
En plantant
Des forêts ?
De l'eau
De l'ombre
Et des feuillages frais ;
Le houx l' hiver,
Au printemps les chatons ...
C' est tout cela
Qu' aujourd' hui
Nous plantons.

(1) l'espar est une longue pièce de bois utilisée pour "tenir les agrès" du bateau.
(2)
pizzicati (pluriel de pizzicato) : musique produite par les pincements des cordes du violon, à quoi on compare ici le bruit que font les coups de bec du pivert sur l'écorce de l'arbre. (Notes du blog Lieucommun)

Sacha Tchiorny (dans "Poèmes de Russie", choisis, traduits et présentés par Jean-Luc Moreau - Éditions ouvrières, 1985)


Daniil Kharms ou Daniil Harms, (1905-1942), en russe : Даниил Хармс (mais son vrai nom est Daniil Ivanovitch Iouvatchev : Даниил Иванович Ювачев), et en plus il a usé de nombreux autres pseudonymes ... a écrit des poèmes, des saynettes et des textes satiriques qui lui ont valu la prison, des années d'exil, et pour finir, la mort en détention psychiatrique, en URSS.

Il est  considéré comme un des précurseurs de l'art absurde en poésie, mais son apport n'a été reconnu dans son propre pays que bien après sa disparition. "Jeu", recueil de textes pour enfants est publié en 1962. Ses textes sont publiés en anglais en 1971, avant de l'être en russe en 1974 ("Oeuvres choisies", Würzburg, Jal-Verlag) ; et c'est l'éditeur français Christian Bourgeois qui publie ses "Écrits" en 1993, dans une traduction de Jean-Philippe Jaccard.

Un tigre dans la rue

Dans ma rue il y a un tigre.
Bigre !
D'où peut-il bien sortir ?
D'où peut-il bien venir ?
Longuement j'ai réfléchi,
J'ai réfléchi et pensé,
J'ai pensé et réfléchi :
D'où ce tigre est-il venu ?
D'où ce tigre est-il sorti ?
Mais le vent a soufflé,
Emportant mes pensées,
Et plus jamais je ne saurai
D'où il peut bien sortir,
D'où il peut bien venir
Dans ma rue ce gros tigre …
Bigre !

Le poème original en russe :

ТИГР НА УЛИЦЕ

Я долго  думал,  откуда
на улице  взялся тигр.
Думал, думал,
Думал, думал,

Oткуда на улице
Bзялся этот  тигр ?
Думал, думал,
Думал, думал.
В это  время ветер дунул,
И я забыл, о чем  я  думал.
Так я и не узнаю,
Откуда
На улице взялся тигр.

Daniil Harms ou Kharms ("Oeuvres en prose et en vers", traduit du russe par Yvan Mignot, Verdier, 2005 ; et ce poème est cité dans "Anthologie de la poésie russe pour enfants" - traduction, présentation et choix de Henri Abril - Circé / poésie, 2000)


Un dernier texte, en russe et en français, que Daniil Harms a écrit en 1937 :

ИЗ ДОМА ВЫШЕЛ ЧЕЛОВЕК        (Un homme s'en alla)

Из дома вышел человек
 Un jour un homme s'en alla
С дубинкой и мешком
 Avec son baluchon
И в дальний путь
 Et il marcha,
И в дальний путь
 Et il marcha
Отправился пешком.
 Toujours vers l'horizon.

Он шел все прямо и вперед
 Et il avançait ce bonhomme
И все вперед глядел
 Sans jamais s'arrêter.
Не спал, не пил,
 Sans faire un somme,
Не пил, не спал,
 Sans faire un somme (les termes sont inversés)
Не спал, не пил, не ел.
 Sans boire ni manger.

И вот однажды на заре
 Dans une forêt à l'aurore
Вошел он в темный лес
.       Un jour il est entré,
И с той поры,
 Et depuis lors,
И с той поры,
 Et depuis lors
И с той поры исчез. Nul ne l'a rencontré.

Но если как-нибудь его
 S'il vous arrivait par la suite
Случится встретить вам,
 De le voir quelque part,
Тогда скорей,
 Venez bien vite,
Тогда скорей,
 Venez bien vite,
Скорей скажите нам.
 Nous le faire savoir.

Даниил Хармс  Daniil Harms - (cité dans "Anthologie de la poésie russe pour enfants" - traduction, présentation et choix de Henri Abril - Circé / poésie, 2000)


Samuel Marchak (1887-1964) est lui, un poète russe contemporain, qui a connu la Russie impériale et la Russie République de l'URSS. Il est auteur pour enfants de poésies et de pièces de théâtre.

Voici un drôle de voyage :

Les bagages

Une dame avait pour bagages :
Un coffre, une cage, trois paniers, cinq malles, un faitout,
Plus un gentil petit toutou.

Au guichet d’enregistrement,
L’enregistreur évidemment
Enregistra tous ses bagages :
Un coffre, une cage, trois paniers, cinq malles, un faitout,
Un tout petit toutou.

Puis, dans le tout dernier wagon,
Le wagon dénommé fourgon,
On empila tous ses bagages :
On y mit tout, jusqu’au toutou.

Or, avant même qu’on roulât,
Le cher toutou se défila ...

Ce ne fut qu’à l’arrêt suivant
À l’arrêt suivant, pas avant !
Qu’on recompta les bagages :
Nom d’un bonhomme ! et le toutou ?

Au même instant qu’est-ce qu’on voit ?
Un dogue, à côté du convoi ...
On l’attrape, et hop ! aux bagages ! ...
Le mâtin rejoint coffre, cage, paniers, valises, malles et faitout :
Le dit dogue devient toutou.

Bref, on arrive à Jitomir.
Un porteur nommé Vladimir, ou Kantémir ou Clodomir ...
Un porteur porte les bagages :
Sur ses talons trotte un toutou ...

Le toutou pousse un aboiement ! ...
La dame alors : - Hein ? Quoi ? Comment ? Bandits ! Voyous ! Vauriens !
Ce chien ... ce chien n’est pas le mien !
Que m’importent tous ces bagages !
Gardez valises et coffre et cages, malles et faitout ...
Rendez- moi mon petit toutou !

Madame ! à quoi bon tout casser ?
Si j’en crois le récépissé, vous ne déposâtes aux bagages
Alors, qu’un tout petit toutou ...
À voyager, votre toutou
A pu changer du tout au tout !

Ci-dessous, un autre long et drôle de voyage qu'on peut raccourcir. Par exemple, le passage avec les jeux de mots amuse beaucoup les enfants.

L'hurluberlu

Connaissez-vous l'hurluberlu
De la rue Lanturlu ?

Il se lève un dimanche,
Enfile ses deux manches

De chemise… Allons bon,
C'est son vieux pantalon !

Ah ! quel hurluberlu
De la rue Lanturlu !

Il met des caoutchoucs :
C'est pas les siens du tout!

Et puis un pardessus :
C'est pas le sien non plus !

Ah! quel hurluberlu

De la rue Lanturlu!

Au lieu de son chapeau
Il s'est coiffé d'un pot,

Et il met ses pantoufles
À la place des moufles.

Ah! quel hurluberlu
De la rue Lanturlu !

Il a pris l'autobus
Pour aller à la gare;

S'embrouillant tant et plus,
Le voici qui déclare
Au chauffeur-conducteur :

"Très cher et honoré
Chaubus de l'autoffeur,
Cher auto chauforé,
Honobus du cherfeur !
Laissez-moi démonter,
Je vais être en retard;
Pouvez-vous arrêter
Votre gus à la bare  ?"

Le chauffeur stupéfait
Freine vite à l'arrêt.
Et notre hurluberlu
De la rue Lanturlu
Court alors au buffet
Acheter un billet,
Puis il file chercher
Un sandwich au guichet.

Ah! quel hurluberlu
De la rue Lanturlu!

Sans trop faire  attention,
Il va vers un wagon
Qui était en garage,
Y monte ses bagages,
S'installe et tôt s'endort

Après tous ces efforts,
De bon matin, il dit :

" Quel est donc cet arrêt ? "

" Mais c'est Paris, pardi ! "
Lui répond-on du quai.

Après un petit somme
Il se penche au-dehors,
Voit une gare énorme
Et une fois encore
Demande, un peu surpris :
" Mais quel est cet arrêt ?
Trifouillis ou Tremblay ? "
" Non, pardi, c'est Paris ! "
Lui répond-on du quai.

Il refait un bon somme,
Puis se penche au-dehors,
Voit une gare énorme
Et demande bien fort,
De plus en plus surpris:
" Mais quel est cet arrêt ?
Bécon ou Bilboquet ? "
" Non, pardi, c'est Paris ! "
Lui répond-on du quai.

" Quelle blague ! " il s'écrie,
"J 'ai bien roulé deux jours,
Et voilà qu'à Paris
Je serais de retour ! "

Ah! quel hurluberlu
De la rue Lanturlu... 

Samuel Marchak (cité dans "Anthologie de la poésie russe pour enfants" - traduction, présentation et choix de Henri Abril - Circé / poésie, 2000)


Autre poète russe du XXe siècle : Guenrikh Sapguir

Le capricorne

Dans la rue des Mirages
ce matin
j'ai croisé un bonhomme
qui avait d'aussi longues moustaches
que celles d'un
capricorne.
Mais peut-être était-ce bien
un insecte dit capricorne
qui voulait, gros malin,
se faire passer pour un homme ?

Guenrikh Sapguir (cité dans "Anthologie de la poésie russe pour enfants" - traduction, présentation et choix de Henri Abril - Circé / poésie, 2000).

Les mots de couleur

L’herbe a des mots tout verts
qui chuchotent dans l’air.

Le vent a des mots bleus
qui sont parfois houleux.

Le soleil à l’aurore
a des mots rouge et or.

Et les mots se répondent
en repeignant le monde.

Guenrikh Sapguir (cité dans "Anthologie de la poésie russe pour enfants" - traduction, présentation et choix de Henri Abril - Circé / poésie, 2000).


Vera Pavlova, poétesse et musicienne russe d'aujourd'hui, est née à Moscou (en 1963), où elle vit toujours. Son premier recueil de poésies en traduction française, L'Animal céleste, est paru en 2004 :

La balance

Sur un des plateaux la joie.
Sur l'autre le chagrin.
Le chagrin est lourd.
Voilà pourquoi
la joie est plus haute.

Vera Pavlova ("L'Animal céleste" recueil en français traduit du russe par Jean-Baptiste et Hugo Para - éditions L'Escampette, 2004).

Je voudrais t’écrire une lettre ...

Je voudrais t’écrire une lettre
dans laquelle il n’y aurait pas un mot
de reproche, de rancune, d’insolence,
pas de coquetterie, de caprice, de bravade,
pas de flatterie, de mensonge, d’entourloupe,
pas la moindre billevesée, pas de vaine philosophie…
Je voudrais t’écrire une lettre
dans laquelle il n’y aurait pas un mot.

Vera Pavlova ("L'Animal céleste" recueil en français traduit du russe par Jean-Baptiste et Hugo Para - éditions L'Escampette, 2004).

On peut lire ce poème de Vera Pavlova  dans "Poètes russes d’aujourd’hui" - Éditions La Différence, en collaboration avec l'université Natalia Nesterova de Moscou, 2005) - Cette anthologie bilingue est préfacée par Konstantin Kedrov :  "Par la diversité de ses courants, de ses écoles, la poésie russe contemporaine est aussi foisonnante que celle du début du siècle dernier".


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Commentaires
A
La Russie, territoire d'intime et d'étendue, de passion et d'exil, a donné à la poésie une grande diversité d'écritures, où l'humour et la tragédie se mêlent souvent.
A
Traduction approximative de "Действительно интересно. Побольше бы таких статей" : "Vraiment intéressant. Ces articles m'ont plu".<br /> Réponse du blog :<br /> Здравствуйте, благодарим Вас.("Bonjour, Merci à vous").
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