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lieu commun
29 avril 2007

Comptines et petites chansons en anglais

Comptines et petites chansons en anglais  - Choix de textes et traductions en cours, patience ...

chansons

There were some itty bitty fishes

There were some itty bitty fishes
In an itty bitty pool
There was a momma fish
A daddy fish
A baby fish too
They swam and they swam just as fast as they can
And they swam themselves right over the dam.

(Chanson)

Il y avait de tout petits petits poissons

Il y avait de tout petits petits poissons
Dans un tout petit petit trou
Il y avait une maman poisson
Un papa poisson
Un bébé poisson aussi
Ils ont nagé, nagé, aussi vite qu'ils pouvaient
Et jusqu'au barrage ils ont remonté.


Do you like cats ?
Yes, I do.
Do you like dogs ?
Yes, I do.
Do you like spiders ?
No, I don't.
I don't like spiders !
Do you like birds ?
Yes, I do.
Do you like rabbits ?
Yes, I do.
Do you like frogs ?
No, I don't.
I don't like frogs !


Little Bo-Peep

Little Bo-Peep has lost her sheep
And can't tell where to find them.
Leave them alone,
And they'll come home,
Wagging their tails behind them

libre adaptation (proposée par Lieucommun) :

Little Bo-Peep a perdu ses moutons
Elle ne sait plus où ils sont.
Laissons faire les moutons,
Ils rentreront tout seuls à la maison
En remuant la queue derrière eux.


Humpty Dumpty traduction à venir :

Humpty Dumpty sat on the wall,
Humpty Dumpty had a great fall.
All the king's horses,
And all the king's men
Couldn't put Humpty
Together again.


Polly, put the kettle on

Polly, put the kettle on,
We'll all have tea.

Blow the fire and make the toast,
Put the muffins on to roast,
Blow the fire and make the toast,
We'll all have tea.

Sukey, take it off again,
They've all gone away.

libre adaptation (proposée par Lieucommun) :

Polly, mets la bouilloire à chauffer,
Nous allons tous prendre le thé.

Allume le feu, grille le pain,
et réchauffe les muffins,
Attise le feu, grille le pain,
Nous allons tous prendre le thé.

Polly, arrête ça,
Tout le monde est parti.


Comptines et comptines rythmées et chantées

Pussy cat, pussy cat

Pussy cat, pussy cat, where have you been ?
I've been to London to visit the queen.
Pussy cat, pussy cat, what did you there ?
I frightened a little mouse  under the chair.


The little mouse

I have seen you, little mouse,
Running all about the house,
Through the hole your little eye,
In the wainscot peeping sly,

Hoping soon some crumbs to steal,
To make quite a hearty meal.

Look before you venture out,

See if pussy  is about.
If she's  gone, you'll quickly run,
To the larder for some fun;
Round about the dishes  creep,
Taking into each a peep,
To choose the daintiest that's there,
Spoiling things you do not care.


The cat and the fiddle

Hey diddle diddle, the cat  and the fiddle,
The cow  jumped over the moon,
The little dog  laughed  to see  such sport,
And the dish  ran away with the spoon.


Cock crow

Cocks crow in the morn,
To tell us to rise.
And he who lies late,
Will never be wise.

For early to bed,
And early to rise,
Is the way to be healthy,
And wealthy  and wise.


How doth the little crocodile

How doth the little crocodile
Improve his shining tail,
And pour the waters of the Nile
On every golden scale!

How cheerfully he seems to grin,
How neatly spreads his claws,
And welcomes little fishes in,
With gently smiling jaws!

(Texte de Lewis Carroll)


This little piggy

This little piggy  went to market;
This little piggy  stayed home;
This little piggy  had roast beef;
This little piggy  had none;
This little piggy  said,
"Wee, wee, wee," all the way home.


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29 avril 2007

Comptines et petites chansons en espagnol

Comptines, petits poèmes et petites chansons en espagnol  - Traductions en cours, patience ...

Les textes de Federico García Lorca et Antonio Machado sont aussi rangés à la page de ces auteurs.

Comptines :

Chocolate

Uno, dos, tres, cho-
Uno dos tres, co-
Uno, dos, tres, la-
Uno, dos tres, te-
bate, bate, bate, bate
bate, bate chocolate.

(Comptine)

Chocolat (Libre adaptation en français : lieucommun)

Un deux trois, cho
Quatre cinq six, co
Sept huit neuf, la
bats, bats, bats, bats
bats, bats, le chocolat.


Caracol

Caracol, caracol
Saca los cuernos al sol.
Que tu padre y tu madre
También los sacó.

(Comptine)

Escargot (adaptation en français : lieucommun)

Escargot, escargot
Sors tes cornes au soleil
Ta mère et ton père
Les ont sorti aussi.

(Comptine)


Cinco pollitos (Comptine gestuelle)

Cinco pollitos
tiene mi tía,
uno le salta,
otro le pía
y otro le canta
la sinfonía.

Girar las manos a un lado y a otro con los dedos extendidos y separados.

Cinq poussins (très) libre adaptation en français : lieucommun)

Des cinq poussins
de ma tante,
le premier danse
un autre crie
un autre chante
la symphonie.

Faire tourner ses mains dans un sens et puis dans l'autre, les doigts tendus et écartés.


Éste encontró un huevo (Comptine - jeu de doigts)

Éste fue a por leña,
éste le ayudó,
éste encontró un huevo,
éste lo frió,
y este gordito,
se lo comió.

Con los dedos índice y pulgar de una mano, se van tomando y apretando cada dedo de la otra mano,
comenzando por el meñique y terminando por el pulgar, a la vez que se va recitando cada verso de la
retahíla.

Celui-ci a trouvé un oeuf (très) libre adaptation en français : lieucommun)

Celui-ci est parti au bois*,
celui-ci l'a accompagné*,
celui-ci a trouvé un œuf,
celui-ci l'a fait frire,
et c'est ce petit gros qui l''a mangé.

Littéralement :

Celui-ci est allé chercher du bois
Celui-ci l'a aidé ...

Entre l'index et le pouce d'une main, on prend et on plie successivement chaque doigt de l'autre main,
en commençant par le petit doigt et en terminant par le pouce, à mesure qu"on récite chaque vers de la comptine.

En espagnol, les doigts de la main sont :

El pulgar, (le pouce) appelé aussi "dedo gordo" (gros doigt) ; el índice (l'index) ; el corazón (le coeur, c'est pour nous le majeur), appelé aussi "dedo medio" (doigt median), "mayor" (majeur) ou "cordial" ; el anular (l'annulaire); et el meñique (l'auriculaire), appelé aussi "dedo pequeño" (petit doigt).


Mi abuelita tenía un gato (Comptine - dialogue)

Mi abuelita tenía un gato,
con las orejas de trapo,
y el hocico de papel.
¿Quieres que te lo cuente otra vez?
(El niño le contesta sí o no)

Que me digas que sí,
que me digas que no,
que mi abuelita tenía un gato,
con las orejas de trapo,
y el hocico de papel.
¿Quieres que te lo cuente otra vez?
(El niño le contesta sí o no)

Se repite la retahíla, indefinidamente.

Traduction :

Ma mémé* avait un chat (Comptine - dialogue) * "abuelita" est le diminutif de "grand-mère"

Ma mémé avait un chat,
aux oreilles de chiffon,
au petit nez en papier.
¿Tu veux que je te le raconte encore ?
(L'enfant répond oui ou non)

Que tu me dises oui,
Que tu me dises non,
Ma mémé avait un chat,
aux oreilles de chiffon,
au petit nez en papier.
¿Tu veux que je te le raconte encore ?
(L'enfant répond oui ou non)

La comptine se répète indéfiniment.


Chanson et poésie populaires :

Tengo una muñeca

Tengo una muñeca vestida de azul
Con su camisita y su canesú
La saqué a paseo, se me constipó
La tengo en la cama con mucho dolor
Y esta mañanita me dijo el doctor
Que le dé el jarabe con un tenedor
Dos y dos son cuatro
Cuatro y dos son seis
Seis y dos son ocho
Y ocho diez y seis
Y ocho veinte y cuatro
Y ocho treinta y dos

(Chanson populaire)
 
J'ai une poupée (Adaptation en français : lieucommun) 

J'ai une poupée vêtue de bleu
Avec une chemisette et un canezou*
Je l'ai emmenée en promenade, elle s'est enrhumée
Je la garde au lit car elle a très mal.
Et ce matin, le docteur m'a dit
De lui donner du sirop avec une fourchette.
Deux et deux font quatre
Quatre et deux font six
Six et deux font huit
Et huit, seize
Et huit, vingt-quatre
Et huit, trente-deux      * un canezou est un corsage sans manches


Los pollitos (Poésie populaire)

Cuando los pollitos
dicen pío, pío
cuando tienen hambre,
cuando tienen frío,
la gallina busca
el maíz y el trigo
para dar sustento
a su pobres hijos.
Y bajo las alas,
acurrucaditos,
cuando tienen frío
duermen calentitos.

Les poussins (adaptation en français : lieucommun) 

Quand les poussins
font piou piou,
quand ils ont faim,
quand ils ont froid,
la poule cherche
le maïs et le blé
pour nourrir
ses pauvres enfants.
Et sous les ailes,
blottis
quand ils ont froid,
ils dorment au chaud.


Petits poèmes de Federico García Lorca :

Los niños

Salen los niños.
Salen los niños alegres de la
escuela,
poniendo en el aire tibio
de abril, canciones nuevas.
¡Qué alegría tiene
el hondo silencio de la calleja!

Federico García Lorca (cité dans "El Silbo del Aire" - Antología Lírica Infantil,1985)

Les enfants (adaptation en français : lieucommun)

Les enfants sortent.
Les enfants, joyeux, sortent de l'école,
jetant dans l'air tiède
d'avril, de nouvelles chansons.
Quelle joie dans
le profond silence de la ruelle !

Federico García Lorca


Naranja y limón (1)(pas de traduction, juste pour la musique de la langue) : Orange et citron 

Naranja y limón
¡Ay de la niña
del mal amor!
Limón y naranja
¡Ay de la niña
de la niña blanca!
Limón
(Cómo brillaba el sol).
Naranja
(En las chinas del agua).

Federico García Lorca


Agua, ¿dónde vas ?

Agua, ¿dónde vas ?
Riendo voy por el río
a las orillas del mar.

Mar, ¿a dónde vas ?
Río arriba voy buscando
fuente donde descansar.

Chopo, y tú ¿qué harás ?
No quiero decirte nada
yo… ¡temblar!

¿Qué deseo, qué no deseo,
por el río, por el mar ?
¡Cuatro pájaros sin rumbo
en el alto chopo están!

Federico García Lorca

Eau, où vas-tu ? (libre adaptation en français : lieucommun)

Eau, où vas-tu ?
Je vais riant par la rivière
jusqu'aux rivages de la mer.

Mer, où vas-tu ?
Par la rivière je cherche
une fontaine où me reposer.

Peuplier, et toi, qu'est-ce que tu fais ?
Je ne veux rien te dire
moi ... je tremble !

Ce que j'espère, ce que je ne voudrais pas,
par la rivière, par la mer ?
Quatre oiseaux perdus
Sont sur le haut peuplier !

Federico García Lorca


Petits poèmes d'Antonio Machado :

La plaza

La plaza tiene una torre,
la torre tiene un balcón,
el balcón tiene una dama
la dama tiene una flor.

Antonio Machado

La place (adaptation en français : lieucommun)

La place a une tour,
la tour a un balcon,
le balcon a une dame,
la dame a une fleur.


La primavera

La primavera ha venido
nadie sabe cómo ha sido.
Ha despertado la rama
el almendro ha florecido.
En el campo se escuchaba
el gri del grillo.
La primavera ha venido
nadie sabe cómo ha sido.

Antonio Machado

Le printemps (adaptation en français : lieucommun)

Le printemps est arrivé
personne ne sait comment.
Il a réveillé les branches
l'amandier a fleuri.
Dans les champs on écoutait
le gri-gri du grillon.
Le printemps est arrivé
personne ne sait comment.


Petits poèmes d'autres auteurs :

Amapola

Amapola
Novia del campo, amapola,
que estás abierta en el trigo,
amapolita, amapola,
¿te quieres casar conmigo ?

Juan Ramón Jiménez

Papillon (adaptation en français : lieucommun)

Papillon
Fiancé des champs, papillon,
ailes ouvertes dans le blé,
petit papillon, papillon,
veux-tu te marier avec moi ?


El otoño

En la cesta del otoño
me dejó mamá meter
una manzana y dos nueces
que yo le ayudé a coger.
Mi hermana María dice
que a ella le gusta ver
las hojas cuando se caen,
porque parece que vuelan
y no se quieren caer.

Carmen Calvo Rojo

L'automne (adaptation en français : lieucommun)

Dans le panier de l'automne
maman m'a laissé mettre
une pomme et deux noix
que je l'ai aidée à cueillir.
Ma sœur María dit
qu'elle, elle aime regarder
Les feuilles qui tombent,
Parce qu'on dirait qu'elles volent
et ne veulent pas tomber.


 

Devinettes poétiques :

 

Entre bellas personas
ando siempre en verano,
unas veces abierto,
otras veces cerrado.
Solución : el abanico

en français : (Libre adaptation de lieucommun)

Je vais en été
toujours accompagné
de belles personnes
parfois ouvert
parfois fermé.
Solution : l'éventail


Blanca por dentro
verde por fuera,
si quieres que te lo diga
espera.
Solución : La pera (jeu de mots entre "es pera" = c'est une poire et "espera" = attends)

en français : (Libre adaptation de lieucommun pour préserver le jeu de mots, mais on peut choisir une traduction plus directe !)

Blanche dedans
verte dehors,
tu veux que je te le dise ?
garde toujours l'espoir.
Solution : la poire


Quedan los textos en este blog, esperando el permiso de los titulares del copyright : http://www.everesteduca.com/


29 avril 2007

Afrique du Nord - Algérie

Mohammed Dib (1920-2003) est un grand romancier et poète algérien de langue française. C'est aussi un journaliste engagé.
Mohammed Dib a reçu entre-autres, le prix de l'Académie de poésie en 1971, le prix de l'Association des Écrivains de langue française en 1978, le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française en 1994, attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin. Il a obtenu en 1998 le Prix Mallarmé pour son recueil de poèmes L'enfant-jazz.
Il quitte l'Algérie (expulsion) dans les années 60, et s'installe en France  (source : Wikipedia)

"Je marche sur la montagne
Où le printemps qui arrive
Met des herbes odorantes,
Vous toutes qui m'écoutez,
Quand l'aube s'attendrira
Je viendrai laver vos seuils
Et je couvrirai de chants
Les ululements du temps. "

Mohammed Dib


L’échelle

Il mit le premier pied
Sur le premier barreau.

Il mit le second pied
Sur le second barreau.
J’y suis arrivé,
Dit-il. Il monta encore.

Le soleil se fit proche.
Il continua de monter.

Ses jambes tremblaient.
Lentement il montait.

Il n’avait pas peur.
Aller plus haut, dit-il.

Mohammed Dib


  • Voir source pour la présentation et le poème de Mohamed Dib qui suivent *

En 1961, "Ombre Gardienne", son premier recueil de poèmes est publié, avec une préface de Louis Aragon :
« J’imagine Mohammed Dib d’après moi. Comment autrement m’y prendre ? Puis-je de mes yeux français saisir la naissance de la poésie algérienne ? Le roman, toujours, le conte, la nouvelle, c’est comme une invitation au voyage : j’entre avec l’auteur dans son Algérie inconnue. Mais le poème ? Nécessairement allusif, chargé d’un potentiel étranger, de tout ce que l’économie des mots suppose d’une réalité que le poète partage avec d’autres que moi. Je surprends leur conversation, les gestes pour eux familiers qui résument, et je suis étranger au-dedans de ce grand secret collectif. »

Moi qui parle, Algérie (titre proposé)

« Moi qui parle, Algérie,
Peut-être ne suis-je
Que la plus banale de tes femmes
Mais ma voix ne s’arrêtera pas
De héler plaines et montagnes ;
Je descends de l’Aurès,
Ouvrez vos portes
Epouses fraternelles,
Donnez-moi de l’eau fraîche,
Du miel et du pain d’orge ;
Je suis venue vous voir,
Vous apporter le bonheur,
A vous et vos enfants ;
Que vos petits nouveaux-nés
Grandissent,
Que votre blé pousse,
Que votre pain lève aussi
Et que rien ne vous fasse défaut,
Le bonheur soit avec vous. »

Mohammed Dib (Extrait du poème "Sur la terre, errante")
* présentation et texte du poème empruntés au site : christianeachour.net)


Printemps

Il flotte sur les quais une haleine d'abîmes,
L'air sent la violette entre de lourds poisons,
Des odeurs de goudron, de varech, de poisson ;
Le printemps envahit les chantiers maritimes.

Ce jour de pluie oblique a doucement poncé
Les gréements noirs et gris qui festonnent le port;
Eaux, docks et ciel unis par un subtil accord
Inscrivent dans l'espace une sourde pensée.

En cale sèche on voit des épaves ouvertes;
En elles l'âme vit peut-être... Oiseau têtu,
Oiseau perdu, de l'aube au soir reviendras-tu
Rêver rie haute mer, d'embruns et d'îles vertes ?

Je rôde aussi, le coeur vide et comme aux abois,
Un navire qui part hurle au loin sous la brume ;
Je tourne dans la ville où les usines fument,
Je cherche obstinément à me rappeler, quoi ?

Mohammed Dib


Messaour Boulanouar, poète algérien de langue française est né en 1933, compagnon d'écriture de ses amis Kateb Yacine et Jean Sénac. Dans la littérature algérienne, il appartient à la génération qui a vécu sous le colonialisme et accompagné la guerre de libération menant à l'indépendance de l'Algérie.(source biographique : Wikipedia) - Erreur rectifiée: Messaour Boulanouar n'a pas, comme nous l'avions présenté ici, écrit en arabe et en français, mais uniquement en français. Voir le message qui apporte des précisions, en commentaire ci-après. 

Préface (extrait)

J'écris pour que la vie soit respectée par tous
je donne ma lumière à ceux que l'ombre étouffe
ceux qui vaincront la honte et la vermine
j'écris pour l'homme en peine l'homme aveugle
l'homme fermé par la tristesse
l'homme fermé à la splendeur du jour
J'écris pour vous ouvrir à la douceur de vivre
J'écris pour tous ceux qui ont pu sauver
De l'ombre et du commun naufrage
un coin secret pour leur étoile ...
J'écris pour apaiser mon sang
mon sang violent et dur et lourd de siècles tristes
J'écris pour partager ma joie
avec ceux qui m'écoutent
J'écris pour être heureux pour être libre ...
J'écris pour qu'on respecte
l'arbre qui monte
le blé qui pousse
l'herbe au désert
l'espoir des hommes ...

Messaour Boulanouar ("La Meilleure force" - éditions du Scorpion, 1963)


Assia Djebar, romancière et poètesse algérienne de langue arabe et française, est née en 1936.
Son recueil Poèmes pour l'Algérie heureuse a été écrit à Rabat en 1960 et publié en Algérie en 1969, après l'indépendance.
Elle a été élue à l'Académie Française en 2005. Elle vit actuellement entre la France et les États-Unis, pays où elle enseigne la littérature française.
    
Poème pour l'Algérie heureuse

Neiges dans le Djurdjura
Pièges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias

On me fouette à Azazga
Un chevreau court sur la Hodna
Des chevaux fuient de Mechria
Un chameau rêve à Ghardaia

Et mes sanglots à Djémila
Le grillon chante à Mansourah
Un faucon vole sur Mascara
Tisons ardents à Bou-Hanifia

Pas de pardon aux Kelaa
Des sycomores à Tipaza
Une hyène sort à Mazouna
Le bourreau dort à Miliana

Bientôt ma mort à Zémoura
Une brebis à Nédroma
Et un ami tout près d'Oudja
Des cris de nuit à Maghnia

Mon agonie à Saida
La corde au cou à Frenda
Sur les genoux à Oued-Fodda
Dans les cailloux de Djelfa

La proie des loups à M'sila
Beauté des jasmins à Koléa
Roses de jardins de Blida
Sur le chemin de Mouzaia

Je meurs de faim à Médea
Un ruisseau sec à Chellala
Sombre fléau à Medjana
Une gorgée d'eau à Bou-Saada

Et mon tombeau au Sahara
Puis c'est l'alarme à Tébessa
Les yeux sans larmes à Mila
Quel vacarme à Ain-Sefra

On prend les armes à Guelma
L'éclat du jour à Khenchla
Un attentat à Biskra
Des soldats aux Nementcha

Dernier combat à Batna
Neiges dans le Djurdjura
Piéges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias

Un air de fête au coeur d'El Djazaïr.

Assia Djebar ("Poèmes pour l'Algérie heureuse" - SNED, Alger, 1969)


Ahmed Azeggagh est né en 1942 en Algérie, et a vécu en France, entre son pays et le notre. Il est mort en 2003.
Parmi ses recueils poétiques : Chacun son métier, 1966 ; Les Récifs du silence, 1974 ; Duel à l'ombre du Grand A, 1979).
    
Liberté

Il a tout ce qu'il lui faut
Dans sa cage.
Il ne voit que les barreaux
Qui font de lui un otage
Il a tout ce qu'il lui faut
De la nourriture, de l'eau
Il n'en veut pas
L'ingrat
Il a tout ce qu'il lui faut
Dans sa cage cet oiseau
Tout...

Ahmed Azeggagh


Anna Greki est née en 1931 à Batna, dans les Aurès. Elle est morte en 1966.
    
Alger (titre proposé)

J'habite une ville si candide
Qu'on l'appelle Alger la Blanche
Ses maisons chaulées sont suspendues
En cascade en pain de sucre
En coquilles d'oeufs brisés
En lait de lumière solaire
En éblouissante lessive passée au bleu
En plein milieu
De tout le bleu
D'une pomme bleue
Je tourne sur moi-même
Et je bats ce sucre bleu du ciel
Et je bats cette neige bleue du ciel
Bâtis sur des îles battues qui furent mille
Ville audacieuse Ville démarrée
Ville au large rapide à l'aventure
On l'appelle El Djezaïr
Comme un navire
De la compagnie Charles le Borgne.

Anna Greki ("Algérie, Capitale Alger" - éditions S.N.E.D. Tunis, 1963)


Bachir Hadj Ali est né en 1920.
    
Rêves en désordre

Je rêve d'îlots rieurs et de criques ombragées
Je rêve de cités verdoyantes silencieuses la nuit
Je rêve de villages blancs bleus sans trachome
Je rêve de fleuves profonds sagement paresseux
Je rêve de protection pour les forêts convalescentes
Je rêve de sources annonciatrices de cerisaies
Je rêve de vagues blondes éclaboussant les pylônes
Je rêve de derricks couleur de premier mai
Je rêve de dentelles langoureuses sur les pistes brûlées
Je rêve d'usines fuselées et de mains adroites
Je rêve de bibliothèques cosmiques au clair de lune
Je rêve de réfectoires fresques méditerranéennes
Je rêve de tuiles rouge au sommet du Chélia
Je rêve de rideaux froncés aux vitres de mes tribus
Je rêve d'un commutateur ivoire par pièce
Je rêve d'une pièce claire par enfant
Je rêve d'une table transparente par famille
Je rêve d'une nappe fleurie par table
Je rêve de pouvoirs d'achat élégants
Je rêve de fiancées délivrées des transactions secrètes
Je rêve de couples harmonieusement accordés
Je rêve d'hommes équilibrés en présence de la femme
Je rêve de femmes à l'aise en présence de l'homme
Je rêve de danses rythmiques sur les stades
Et de paysannes chaussées de cuir spectatrices
Je rêve de tournois géométriques inter-lycées
Je rêve de joutes oratoires entre les crêtes et les vallées
Je rêve de concerts l'été dans des jardins suspendus
Je rêve de marchés persans modernisés
Pour chacun selon ses besoins
Je rêve de mon peuple valeureux cultivé bon
Je rêve de mon pays sans tortures sans prisons
Je scrute de mes yeux myopes mes rêves dans ma prison.

Bachir Hadj Ali ("Que ma joie demeure !" - éditions Oswald, 1970 et l'Harmattan, 1981)


Que la joie demeure (passage - titre du recueil)

Mon Algérie de l'errance
Mon pays de parfums blancs
Les femmes se taisent
La terre fuit clandestine
Le ciel est désespérance
Sur l'exil des hommes
Grande grande ouverte est la mer
...

Dans ce pays intrépide d'hommes bons
Vivent des hommes féroces
De férocité ancienne
Dans ce pays de bonheur inconnu
La femme n'est femme que la nuit
Je jure
Par la nuit mourante
Et par le jour naissant
Que règnera le couple sûr

Bachir Hadj Ali ("Que ma joie demeure !" - éditions Oswald, 1970 et l'Harmattan, 1981)


Terre je t'écoute

Je t'écoute tisser des clairs-obscurs sur mes nuits.
Je t'écoute veiller le soleil agoniser à l'Est
Je t'écoute sécher le sel sur le front des mers
Je t'écoute réveiller des pommes innocentes
Je t'écoute greffer la jeunesse du citronnier

Je t'écoute respirer entre les doigts et l'orange
Je t'écoute battements de cils rouge-gorge des bois
Je t'écoute verser la rosée sur la plante médicinale
Je t'écoute pluie sur la mer collier de la baie
Je t'écoute nuage rire ailes colorées
Je t'écoute marche secrète des hommes droits
Je t'écoute clairière de la recherche libre
Je t'écoute vivre au rythme de mes aspirations
Je t'écoute chanter le chant de l'an deux mille

Bachir Hadj Ali ("Que ma joie demeure !" - éditions Oswald, 1970 et l'Harmattan, 1981)


Kateb Yacine, écrivain et poète algérien, est né à Constantine en 1929 et mort en France, où il s'était installé, en 1989. 

Vous, les pauvres (titre proposé)

Vous, les pauvres,
Dites-moi
Si la vie
N'est pas une garce !

Ah ! Dire que
Vous êtes les indispensables ! ...

Ouvriers, gens modestes
Pourquoi les gros
Vous étouffent-ils en leur graisse
Malsaine de profiteurs ?

Ouvriers,
Les premiers à la tâche,
Les premiers au combat,
Les premiers au sacrifice,
Et les premiers dans la détresse ...

Ouvriers,
Mes frères au front songeur,
Je voudrais tant
Mettre un juste laurier,

A vos gloires posthumes
De sacrifiés.
- La grosse machine humaine
A beuglé sur leurs têtes,
Et vente à leurs oreilles
Le soupir gémissant des perclus ! ...

Au foyer ingrat
D’une infernale société,
Vous rentrez exténués,
Sans un réconfort

Pour vos cœurs de "bétail pensif" …
Et vos bras,
Vos bras sains et lourds de sueur,
Vos bras portent le calvaire
De vos existences de renoncement !

Kateb Yacine ("Soliloques", 1946 cité dans "Kateb Yacine, l'oeuvre en fragments", de Jacqueline Arnaud - éditions Sindbad, Paris, 1986)


  • Le choix des textes des auteurs ci-dessous a essentiellement pour source l'article documenté de Claude Raynaud : Panorama de la poésie maghrébine de langue française - 2. Poésie algérienne (http://www.culture-arabe.irisnet.be/)

Rachid Boudjedra est né en 1941 à Aïn Beïda (région de Constantine). Engagé pour l'indépendance, Il prend le maquis contre l'occupation française en 1959 et aura un rôle important au sein du FLN. Il s'exile en 1960, puis rentre au pays en 1962. Sa vie est faite de départs et de retours entre ces deux pays et le Maroc, où il est contraint de s'exiler. Actuellement, il est enseignant à Alger.

Vocation

Poète disais-tu
NON ! mon frère
Plutôt
un marteau-pilon
O cette vocation de bulldozer
O cette vocation de brise mers
Je voudrais mettre mon peuple
Dans l'avenir
Du temps.


Rachid Boudjedra ("Pour ne plus rêver" - S.N.E.D., Alger 1980)

Le café

J'ai acheté
Un paquet de cigarettes
Un journal
Et un rayon de soleil
Et j'ai été m'attabler
A la terrasse
D'un immense café
J'ai commandé
Un lait
Et j'ai disposé
Mon paquet de cigarettes
Mon journal
Mon rayon de soleil
Et mon verre de lait
En ordre
Je me suis bien calé
Dans mon fauteuil
Et j'ai commencé à lire
Tranquillement
Un instant après
J'ai regardé
Mon paquet de cigarettes
Mon journal
Mon rayon de soleil
Et mon verre de lait
Bien alignés
Et je me suis demandé
Si j'étais un révolutionnaire .

Rachid Boudjedra (cité dans l'Anthologie de la nouvelle poésie algérienne - Jean Sénac - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1971)


Tahar Djaout est un poète algérien d'origine kabyle, né en 1954 à Oulkhou, près d'Azeffoun en Kabylie. Il meurt en 1993, victime d'un attentat islamiste organisé par le FIS (Front islamique du salut).

Si tu dis, tu meurs,
Si tu te tais, tu meurs
Alors dis et meurs !

(attribué à Tahar Djaout)


Résurrection

Lorsque mon Rêve
disloqué
renaîtra à l'ultime manigance
de votre Défaite
le monde n'aura plus
son absurde face d'aveugle
et tous les spectres
mutilés par vos flammes
et tous les rêves
écrasés sous vos doigts profanateurs
se lèveront
livides
pour torturer vos insomnies
et limer vos faces infâmes
Livides
D'un éternel
J'ACCUSE.

Tahar Djaout (" L'arche à vau-l'eau " - éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)


Soumya Benkelma (pseudonyme de Soumya Bemmalek), est une poétesse algérienne dont les premiers poèmes ont été publiés en juillet-août 1976 dans la revue "Europe",(n° 567-568, spécial Littérature algérienne). Elle était, précise la revue, étudiante à cette époque ...

Partir

Partir et rien que partir
Partir et pour toujours
Ne plus revenir
Ne plus attendre
Voir du bleu et du blanc
Du rouge et du merveilleux
Aller à la rencontre du néant
Sans le savoir sans le vouloir
M'y enfoncer tout entière
Les yeux fermés
Me voir me sentir
Mourir mourir
Sentir d'instant en instant
Se détacher de tout moi
Tout ce que j'ai mal aimé
Tout ce que j'ai haï
Me voir morte sous une tombe blanche
Sous la terre ma terre rouge sang
Là-haut sur une montagne
Entourée d'ombre et de silence
De lumière folle et de chants
Là-haut sur une montagne
Une montagne près du soleil.

Soumya Benkelma, 1974


Lounès Matoub (kabyle : Lwennas Meɛṭub), plus communément appelé Matoub Lounès, est un chanteur et poète kabyle , notamment connu pour son engagement dans la revendication identitaire berbère. Il est né à Taourirt Moussa, le 24 janvier 1956 et fut assassiné* le 25 juin 1998 sur la route de Ath Douala. Officiellement, cet assassinat est atribué au GIA (qui l'a revendiqué) mais sa famille et toute la kabylie accuse le pouvoir algérien de l'avoir assassiné. (source : Wikipedia)

(*voir plus haut Tahar Djaout, un autre poète kabyle victime lui aussi du terrorisme)

Matoub Lounès se lit et surtout s'écoute, ici par exemple, avec Avrid ireglen (La route entravée) en concert au Zénith de Paris en 1995, chanson sous-titrée en français : http://fr.youtube.com

Un autre texte de chanson :

D idurar ay d lâamriw s / Les montagnes sont ma vie (extrait)

Xellsegh adrar s yidammen-iw : a d-yeqqim later-iw
Xas gullen ard a t-sefden

Wid yetganin di lmut-iw, yessamsen isem-iw
Kul tizi a yi-d-mlilen

Atas i ggigh si lheqq-iw armi i qqwlegh seg yilexxaxen
Wwtegh, dligh ghef nnif-iw ufigh wigad i t-yesxewden
Xas yegga lgehd ighallen-iw
Mazal ssut-iw ad yebbaâzeq... as-d-slen !

(...)
A lâamer-iw, a lâamer-iw... d idurar ay d lâamer-iw !

traduction :

Les montagnes sont ma vie

Du tribut de mon sang j'ai irrigué les monts
mon empreinte s'imprime à jamais,
quand ils ont en juré l'anéantissement ;

Qui s'impatiente de me voir mort,
et qui calomnie mon nom,
A chaque col devra m'affrontent,

J'ai laissé mon bien à l'abandon,
Je l'ai trouvé gisant dans l'immondice,
J'ai porté le regard sur mon honneur,
J'ai vu des bourreaux. Bien que la force ait fui mes membres,
Ma voix demeure, qui retentira,
Ils l'entendront !
(...)

Ma vie ! ma vie !
Les montagnes sont ma vie !

Matoub Lounès (1989)


29 avril 2007

Afrique du Nord - Maroc - Tahar Ben Jelloun

Tahar Ben Jelloun est né à Fès, au Maroc, en 1944. Écrivain et poète, il est l'auteur de deux recueils de poésie, dont Les Amandiers sont morts de leurs blessures, et de romans : La Nuit sacrée a obtenu le Prix Goncourt 1987.

Les textes qui suivent sont tous extraits du recueil "Les Amandiers sont morts de leurs blessures" édité en 1976 par la Librairie François Maspero, dans PCM (Petite Collection Maspero).

Ils ne portent pas de titre, ne sont pas consécutifs dans le recueil, mais l'ordre de présentation est respecté.

Tous les matins
le soleil entre chez Si Lmokhtar
pille la mémoire du miroir
monte sur l'échelle
et s'en va en riant

Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")


Un verre de thé sur la natte
le vent ramène le nuage bleu
égaré dans le bois
les vieux parlent du passé
les jeunes parlent peu
fument et rient
le ciel s'éloigne des sables

Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")  


Le silence d'une étoile
échangé contre un peu d'eau

Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")


L'épicerie de Si Abdessalam
Du vinaigre doux dans une bouteille en plastique National
des portions de savon La Main
un sac de farine Drissi
des allumettes Le Lion
une barbe grise toujours naissante
une main ouverte
le regard tendre
amical
fraternel comme le soleil
et une balance qui sépare le temps

Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume") - les noms des marques sont mis en italique pour le blog (pas par l'auteur).


C'est la fin de la journée
le poisson est rentré
la barque est repartie
les petits soleils s'éloignent
un grand verre de thé
pour réchauffer les mains et le front
la parole nue
on regarde la mer
et l'on parle de l'avenir
on joue aux cartes
on fume quelque pensée
les chats tirent l'azur
on ne regarde plus la mer
on regarde la télévision

Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")


Pour l'édition 2008 du Printemps des Poètes, Tahar Ben Jelloun a offert ce texte, sur l'Éloge de l'autre :

Éloge de l'autre

Celui qui marche d’un pas lent dans la rue de l’exil
C’est toi
C’est moi
Regarde-le bien, ce n’est qu’un homme
Qu’importe le temps, la ressemblance, le sourire au bout des larmes
l’étranger a toujours un ciel froissé au fond des yeux
Aucun arbre arraché
Ne donne l’ombre qu’il faut
Ni le fruit qu’on attend
La solitude n’est pas un métier
Ni un déjeuner sur l’herbe
Une coquetterie de bohémiens
Demander l’asile est une offense
Une blessure avalée avec l’espoir qu’un jour
On s’étonnera d’être heureux ici ou là-bas.

Tahar Ben Jelloun, (Tanger 7 octobre 2007, pour Le Printemps des Poètes)


Étranger

Étranger
prends le temps d'aimer l'arbre
accoude-toi à terre
un cavalier t'apportera de l'eau, du pain,
et des olives amères
c'est le goût de la terre et des semences de la mémoire
c'est l'écorce du pays
et la fin de la légende
ces hommes qui passent n'ont pas de terre
et ces femmes usées
attendent leur part d'eau.
Étranger,
laisse la main dans la terre pourpre
ici
il n'est de solitude que dans la pierre.

Tahar Ben Jelloun, ("À l'insu du souvenir" - François Maspero éditeur, 1980).


29 avril 2007

Afrique du Nord - Tunisie - Tahar Bekri

Tahar Bekri est né en 1951 en Tunisie. C'est un écrivain-poète qui écrit en français et dans sa langue maternelle : l'arabe. Il vit en France depuis 1976.

On peut visiter son site ici : http://tahar.bekri.free.fr

  • Note rectificative (reprise en commentaires):

JC Rolland nous informe qu'il est "le traducteur du poème cité, ainsi que de la totalité du recueil "La mort de l'épouvantail".

et l'auteur, Tahar Bekri apporte ces précisons dans ce commentaire laissé sur le blog :
1.
Les extraits des Chapelets d'attache sont directement écrits en français et non adaptés par Barbara Beck (elle en a fait une trad en anglais)
2. Si la musique doit mourir , Ed. Al Manar, Paris, 2006.
Bien à vous
Tahar BEKRI

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C’était le temps des jarres (extrait)

C’était le temps des jarres remplies de dattes
Dans les cabanes aux toits de palme
La lampe à pétrole notre trésor
Les citronniers parfumaient nos demeures
Guêpes et abeilles pour la meilleure aigreur
Dans les treilles se confondaient raisins et étoiles

La nuit tombait céleste comme une figue noire

Tahar Bekri ("La Brûlante Rumeur de la mer" dans "Poésie du Maghreb" - éd Al Manar, Paris, 2004).


 

Retour à Nouakchott* (extrait)

Je te retrouve dans le souffle du vent
Exsangue brûlé par le sable sans relâche
Tant de dunes impatientes le long de ma route
Surgissent des limbes de l’inconsolé mirage

Les caravanes portées par la distance d’antan
Immobiles et langoureuses l’ombre aussi rare
Que l’acacia sec et endurci sous le soleil de plomb
Mon chant comme prière implorant le firmament

J’ai de toi désert la soif affranchie des frontières
Le rêve qui s’enlise ensablé habillé de lumière
Tout l’océan aimant chargé de lourdes pirogues
Butin d’arc-en-ciel pour des frères noirs et blancs

Où as-tu égaré fleuve ton limon pour nourrir la terre ?

*Nouakchott est la capitale de la Mauritanie.

Tahar Bekri (dans "Confluences poétiques" - Mercure de France, 2006)


Afghanistan (extrait)

Si ton village est une caserne
Non un nid pour les hirondelles
Si ta maison est une caverne
Si ta source est un mirage
Si ton habit est ton linceul
Si la mort est ton mausolée
Si ton Coran est un turban
Si ta prière est une guerre
Si ton paradis est enfer
Si ton âme est ta sombre geôlière
Comment peux-tu aimer le printemps ?

Tahar Bekri ("Si la musique doit mourir")


Et des passages de ce poème difficile, dont on ne garde souvent que la strophe I (en couleur) :

 L'exil 

I

S’envolent
les colombes
à l’ombre de la lumière
la pierre
lourde de ses usures
sera colonne d’or ou poussière

Dans les royaumes de feu, la cendre

...

III

Sur les lèvres
du soleil
ivre d’étés purs j’emporte
ta voix au matin des présages
le soir comme un rose en transe
je remonte le cours du fleuve sec

Dans les arènes du souvenir, l’insomnie

...

V

Nouée
dans l’éclat
des ciels avares parole d’outre-mémoire
cette pluie pétrifiée au creux de ma voix
il me faudra toutes ces hirondelles
et la crinière du rêve pour l’enfanter

Dans les bras du laboureur, les oiseaux

...

XI

Parfois
je demande
à la voie lactée sa nuit claire
ses étoiles épurent mes soucis
sur la voûte céleste
les traces guident mes pensées

Entre deux pôles, l’échappée nacrée

XII

J’entends
au loin
évadées de vos déserts
des braises comme des cymbales
rouler sur des cordes de sang
assourdies par la discorde et le vent

Tapie dans la brûlure, ma rage

Tahar Bekri ("les chapelets d'attache" L'Harmattan, 1994) adaptation en français de Barbara Beck.


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29 avril 2007

Afrique du Nord - Égypte ancienne et contemporaine

Les textes sont présentés en traduction française uniquement, pour des raisons techniques.
On peut s'initier à l'écriture de l'ancienne Égypte, les hiéroglyphes, à cette adresse :
http://artchives.samsara-fr.com/hieroglyph.htm
Ce site peut permettre également de proposer aux élèves une activité graphique : "traduire" le prénom (et tout autre mot) en hiéroglyphes, selon une correspondance alphabétique. 

D'autre part, il est possible de télécharger des polices de caractères hiéroglyphes pour Mac et PC à cette adresse :
http://www.egypt.edu/etaussi/informatique/meroitique/meroitique01.htm

Des textes d'Égypte ancienne :
Le premier, qu'on peut approximativement dater de 2200 avant notre ère, est une glorification de la crue du Nil (Hâpy). Avant la construction du grand barrage d'Assouan, et d'autres aménagements, la crue d'été apportait le limon et l'eau nécessaires aux cultures sur les rives du fleuve.
Kemet ("la terre noire") était le nom donné à l'Égypte antique.

Ce texte est présenté ici dans une version réduite et réorganisée :

L'Hymne à la crue du Nil (court extrait proposé par le blog Lieucommun)

Salut à toi, Crue
Maîtresse des poissons.
Tu conduis les oiseaux migrateurs vers le Sud.
Tu fais naître les herbes pour le bétail.
Tu es dans le monde souterrain
et le ciel et la terre reposent sur toi.
Tu pénètres les collines.
Tu emplis la Haute et la Basse-Égypte.
Tu établis la vérité dans le coeur des hommes.
Tu veilles à ce que les oiseaux reviennent de leur pays.
Sois verte, alors tu viendras !
Sois verte, alors tu viendras !
Crue, sois verte, alors tu viendras !

D'après le texte retranscrit par Dirk Van der Plas ("L'hymne à la crue du Nil" dans la Revue Le Monde de la Bible n° 138 - Paris, 2001).


Le texte suivant est attribué, sans certitude, au pharaon Akhénaton, époux de Néfertiti (14e siècle avant notre ère), encore appelé Amenhotep IV ou Aménophis IV. Pour l'anecdote, c'est le pharaon Toutankhamon, son fils, qui lui a succédé.

Akhenaton signifie qui est utile à Aton (Aton étant une des représentations du dieu Soleil).

Ce texte, est gravé sur la tombe d’Aÿ (personnage de la Cour et pharaon par la suite).

Hymne à Aton ou Hymne au Soleil (extrait proposé par le blog)

Tu apparais resplendissant à l'horizon du ciel,
Disque vivant qui as inauguré la vie !
Sitôt tu es levé à l'horizon oriental,
Que tu emplis chaque contrée de ta perfection.
Tu es beau, grand, brillant, élevé au-dessus de tout l'univers.
Tes rayons entourent les pays jusqu'à l'extrémité de tout ce que tu as créé.
...
Si éloigné sois-tu, tes rayons touchent la terre.
Tu es devant nos yeux mais ta marche demeure inconnue.

Lorsque tu te couches à l'horizon occidental,
L'univers est plongé dans les ténèbres et comme mort.
Les hommes dorment dans leurs demeures, la tête enveloppée,
Et aucun d'eux ne peut voir son frère.
...
Tous les lions sont sortis de leurs antres,
Et tous les reptiles mordent.
Ce sont les ténèbres d'un four et le monde gît dans le silence,
C'est que leur créateur repose dans son horizon.

Mais à l'aube, dès que tu es levé à l'horizon,
Tu chasses les ténèbres et tu dardes tes rayons.
Alors le Double-Pays est en fête,
L'humanité est éveillée et debout sur ses pieds;
C'est toi qui les as fait lever !
...

Tu a mis chaque homme à sa place et tu as pourvu à son nécessaire.
Chacun possède de quoi manger et le temps de sa vie est compté.
Les langues sont variées dans leurs expressions ;
Leurs caractères comme leurs couleurs sont distincts,
Puisque tu as distingué les étrangers.
Tu crées le Nil dans le monde inférieur
Et tu le fais venir à ta volonté pour faire vivre les Egyptiens,
...
Disque du jour au prodigieux pouvoir !
Tout pays étranger, si loin soit-il, tu le fais vivre aussi:
Tu as placé un Nil dans le ciel qui descend pour eux;
Il forme les courants d'eau sur les montagnes comme la mer très verte,
Pour arroser leurs champs et leurs territoires.
Qu'ils sont efficients tes desseins, Seigneur de l'éternité !
Un Nil dans le ciel, c'est le don que tu as fait aux étrangers
Et à toute bête des montagnes qui marche sur ses pattes,
Tout comme le Nil qui vient du monde inférieur pour le Pays-Aimé.
...

Akhenaton


Un parmi d'autres textes dédiés au Soleil, Aton, et dont sans doute Akhenaton s'est inspiré :

Les saisons

Tu fis les saisons pour créer toutes les œuvres,
L’hiver pour les rafraîchir, et l’été pour la chaleur.
Tu as fait le ciel lointain pour t’y lever,
Pour observer tout que tu as fait,
Tout seul, étincelant sous ta forme d’Aton animé,
Depuis l’aube rayonnant, puis t’éloignant et revenant.

Texte issu des Pyramides de Saqqarah dans le delta du Nil (Basse-Egypte), daté de la VIe dynastie (vers 2200 av notre ère).


Le poème qui suit est d'un auteur contemporain :

Egypte_Assouan_1

Au petit matin à Assouan (en nov 2007) - phot Lieucommun


Abderrahman (ou Abderrahmane) Al-Abnoudi, poète égyptien, est né en 1938. Il a publié son premier recueil de poèmes en 1963 : Mawwal al-bohaïra (Le Chant du lac).

Le recueil "La mort de l'épouvantail", dont est extrait le poème ci-dessous a été traduit par Jean-Claude Rolland, linguiste, formateur en didactique des langues, auteur et traducteur (de textes d'auteurs de langue arabe et de langue espagnole). Nous lui présentons nos excuses pour cet oubli, maintenant réparé.


Le verre de thé

Rue de Shubra dans un café je me suis attablé
Le garçon m’a apporté un verre de thé
Absolument sans comparaison avec le verre de thé de la maison

J’ai vu passer un homme au crâne complètement rasé
Une fille avec un plat de fèves très léger
Et une femme toute de noir habillée
J’ai vu passer une voiture neuve
Où des visages apparaissaient complètement muets
Un jeune homme parlait à une fille sur le trottoir
À voix basse complètement, complètement terrorisée

Sur le trottoir d’en face l’étal d’un fruitier parfaitement bien rangé
Était complètement complètement noyé
Dans la lumière de ses néons un homme est passé
Qui n’était pas descendu de son vélo depuis des années
Et qui était très fatigué
Il est passé la tête baissée sans du tout pédaler

Le garçon a pris deux piastres de pourboire
Il m’a longuement regardé
Et a paru très très étonné

Abderrahman Al-Abnoudi ("La mort de l'épouvantail" - Éd CTFE - 1985)


29 avril 2007

Afrique - Cameroun - René Philombé

René Philombé (1930-2001) est un écrivain et poète camerounais ("Lettres de ma cambuse" - 1964 ; "Un sorcier blanc à Zangali"). Il milite contre la  colonisation dans l'Union des Populations du Cameroun (UPC).

L'homme qui te ressemble

J'ai frappé à ta porte
J'ai frappé à ton cœur
Pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi, mon frère.
Pourquoi me demander
L'épaisseur de mes lèvres
La longueur de mon nez
La couleur de ma peau
Et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi, mon frère.
Pourquoi me demander
Si je suis d'Afrique
Si je suis d'Amérique
Si je suis d'Asie
Si je suis d'Europe ?
Ouvre-moi, mon frère.
Je ne suis pas un noir
Je ne suis pas un rouge
Je ne suis pas un blanc,
Je ne suis pas un jaune.
Ouvre-moi, mon frère.
Je ne suis qu'un homme,
L'homme de tous les cieux,
L'homme de tous les temps,
L'homme qui te ressemble :
Ouvre-moi, mon frère.

René Philombé


29 avril 2007

Afrique - Cameroun - Francis Bebey

Francis Bebey (1929-2001) est un écrivain et auteur-compositeur-interprète camerounais (Prix Sacem de la chanson française en 1977).
Un site lui est consacré : http://www.bebey.com/

Qui es-tu  ?

Qui es-tu ?
Je suis Mamadi, fils de Dioubaté.
D'où viens-tu ?
Je viens de mon village.
Où vas-tu ?
A l'autre village. Quelle importance ? Je vais partout, là où il y a des hommes.
Que fais-tu dans la vie ?
Je suis griot, m'entends-tu ? Je suis griot, comme l'était mon père,
Comme l'était le père de mon père,
Comme le seront mes enfants
Et les enfants de mes enfants (…)
Quant à moi, je bats des mains et le grand soleil d'Afrique
S'arrête au zénith pour m'écouter et me regarder,
Et je chante, et je danse,
Et je chante, et je danse.

Francis Bebey (dans "Anthologie camerounaise d'expression française" - éditions Silex, 1982)


29 avril 2007

Afrique - Mali - Amadou Hampâté Bâ

Amadou Hampâté Bâ (1900-1991) est un écrivain ("Amkoullel, l'enfant Peul"), poète et ethnologue Peul né au Mali et mort en Côte d'Ivoire. Les Peuls sont une ethnie d'Afrique Occidentale, nomades  éleveurs de bétail.

Amadou Hampâthé Bâ est attaché à tradition orale des Peuls, moyen de transmission de la culture et de l'Histoire, par les contes initiatiques, légendes, poésies ...

"Je suis un diplômé de la grande université de la Parole enseignée à l’ombre des baobabs."

"En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle."

Il a publié des poésies et des contes, et ses mémoires sont édités après sa disparition : Amkoullel l’enfant peul (mémoires I, 1991) et Oui mon commandant ! (mémoires II, 1994) ;

Lôtori (extrait)

Levez-vous ! les poules du villages ont crié ;
les ânes ont brait à s’en lasser ;
les oiseaux se sont éveillés ; les hyènes ont filé ;
le caméléon est entré dans la rosée et voici le calao qui cherche à s’envoler
Lôtori ! Lôtori, conduisez les troupeaux à la mare de Béla !

Amadou Hampâté Bâ

Et voici le début de ce poème dans son texte original en langue peul ( Le texte ci-dessus en français est sur le Web. Le passage ci-dessous est emprunté à l'ouvrage "Tour de Terre en poésie", de Jean-Marie Henry et Mireille Vautier (éditions Rue du Monde - 1998).livre_tour_de_terre

Lootori  

Ummee ! cofe ngenndi woyii ;
dakiiji kiikii fa comii ;
pooli pinii pobbi dogii ;doonyo naatii saawandere ...

Amadou Hampâté Bâ ("L'éclat de la grande étoile "; Bain rituel" - Classiques africains - éditions Belin)


29 avril 2007

Afrique - Sénégal - Cheik Aliou Ndao

Sidi Ahmed Cheik Aliou Ndao est né en 1933, est un romancier sénégalais Wolof*, auteur de deux romans en wolof : Buur Tillen (1967) et Mbaam Dictateur (Présence Africaine, 1997) ; et d'autres en français.
Il est également auteur de nouvelles, de pièces de théâtre (l'Exil d'Albouri , 1967 ; L'Ile de Bahila, 1975) et poète (Kairée, 1964 ; Mogariennes, 1970).

* Les Wolof sont une ethnie d'Afrique de l'Ouest. Le wolof est la langue la plus parlée au Sénégal. Son écriture utilise aujourd'hui l'alphabet latin.

Midi (extrait)

Voici que l’air s’immobilise
Pas une aile d’oiseau
La cigale a délaissé l’archet de son violon
Aucune cadence du pilon de Kumba
Ô femme pas une graine de mil
Concassé sur ton van
Midi tu me fais peur
Tu as éparpillé tes braises
La femme assise à l’ombre
Tresse les cheveux de ses compagnes
Femme à l’affût d’un imprudent
Midi tu me fais peur
Voici que l’air s’immobilise
Comme du lait caillé au fond
D’une calebasse

Cheik Aliou Ndao

Texte en wolof :

Njolloor

Jaww ji ne tekk
Ni mbaanig ci layten
Du picc muy fër-fëri
Mbaa petax muy pët-pëti
Riiti salliir du ñu tanqal
Kumba kandaŋul di fi lay sanqal
Njolloor maa la ragal
Wesaare nga say xal
Jabaru jinne gappariku
Ci keppaar di létt moroomam
Mbaa di xaar ku laar
Jaww ji ne tekk ni mbaanig ci layten

Cheik Aliou Ndao


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