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lieu commun
1 avril 2008

Alice Cluchier, Chantal Couliou, Anne Creuchet, Jocelyne Curtil

Alice Cluchier, contemporaine, est l'auteur de plusieurs recueils de poésie. 

La bulle

Cette transparence irisée,
Dans laquelle le ciel se mire,
Flotte sur l'aile du zéphire
Où, gracile, elle s'est posée.

Bulle ! ballon en miniature,
Seul mon regard peut te frôler ;
Tu n'existes que pour voler
Et te briser d'une éraflure.

Je t'adore, bulle légère,
Poussière d'eau, cristal d'embrun,
Mousseline de l'éphémère
Sur la nacelle d'un parfum.

Alice Cluchier

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Tristesse

Déferlement gris de nuages,
L’esprit déserte ses mirages.
Sur le pré s’étend une mer
Que forme l’écharpe des brumes ;
Un voile cendre l’univers.
La nostalgie errante fume.
Rien n’est doux, plus rien n’est amer.
La tristesse en mon cœur s’allume.
Comme ils sont noirs mes cyprès verts !

Alice Cluchier ("Cris et tourments")

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Pluie printanière (extrait) 
...

Par l'échelle de la treille
L'escargot descend du mur
Pour grignoter une oseille
Ou quelque baie au goût sur.

Une humidité déferle
Sur l'herbe et sur le plantain ;
La pluie enfile ses perles
Au fil de fer du jardin.

Elle défripe, elle lisse
Une anémone aux longs cils.
Elle lustre la mélisse,
Rafraîchit le cœur d'avril.
...

Alice Cluchier

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Le petit monde des enfants

Le ciel enveloppe nos jeux ;
Nos cris sont ceux de l'hirondelle,
Un papillon nous rend heureux,
Nos bras battent comme des ailes.

En nous le soleil resplendit,
Tous les instants sont des arômes,
Le sol reflète un paradis :
Celui de la fée et des gnomes.
Le frais encens venu des tiges,
Du sang végétal et des troncs
Nous donne de joyeux vertiges,
Que les songes étoileront.

Nous sommes des rais de lumière
Pris à l'éclat de la beauté.
Notre regard reste fixé
Sur l'entrelacs de la chimère
Et le cristal des puretés.

Alice Cluchier ("Cris et tourments")



Chantal Couliou est née en 1961.  

Caresses

Le vieux marronnier
N'aime
Ni les vacances
Ni les jours fériés
Il préfère
Les caresses
Des petites mains d'écoliers.

Chantal Couliou

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Crayons de couleur

Le vert pour les pommes et les prairies,
Le jaune pour le soleil et les canaris,
Le rouge pour les fraises et le feu,
Le noir pour la nuit et les corbeaux
Le gris pour les ânes et les nuages,
Le bleu pour la mer et le ciel
Et toutes les couleurs pour colorier
Le monde.

Chantal Couliou



Anne Creuchet, contemporaine, est romancière ("Irène du Péloponnèse" - Encre bleue, 2001 et HB éditions, 2004), biographe et confidente de Jean Guitton ("Monsieur Chrétien, souvenirs de Jean Guitton - éditions Bayard Centurion, 2009) et poète.
Deux recueils parmi d'autres, celui dont est extrait le poème ci-dessous  : "Poèmes du cherche-midi" - Chambelland éditeur, 1972 et un recueil récent : Poèmes du clair-obscur - Sac à mots édition, 2009.

Le texte du poème "Depuis que la lumière" (titre proposé apr le blog), avait été présenté ci-dessous sans vérifications suffisantes, dans une mauvaise version, "tronqué et mutilé", comme nous l'a écrit l'auteure). Il s'agit d'une erreur de saisie, doublée il faut l'admettre, d'une absence coupable de vérification. Nous l'avions retiré après ce courrier. Après échanges de courriels avec l'auteure, Anne Creuchet a l'amabilité de nous autoriser à le publier dans sa version authentique. Nos excuses à l'auteure et aux lecteurs privés de ce beau poème pendant quelques mois. Le voici :

 Depuis que la lumière ...

Depuis que la lumière
A pris racine en ce jardin
Un oiseau invisible
Dans l’escalier des feuilles
Monte et descend
Et du cœur de l’érable
Je pousse les nuages
Au fur et à mesure
Pour dégager mon cœur.

Anne Creuchet ("Poèmes du cherche-midi")



Jocelyne Curtil est une auteure contemporaine. 

Un premier texte, énigmatique :

Petites maisons basses

Petites maisons basses
en pantoufles de son.
Tout contre
un arbre cornu
poussé dans un écrou
échange avec les Dieux
d'insaisissables signes.
Personne aujourd'hui ne t'ouvrira la Barrière.

Jocelyne Curtil ("Le Point de non-retour" - éd Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Je me cache dans les bagages du soleil

Le soleil aujourd'hui,
Je me le suis donné.
J'en ai mis plein mes poches
Et dans d'autres endroits
Où mes mains ne vont pas.
Je peux escalader
Ce qui me séparait.
Je peux montrer aux gens
Comment c'est, la lumière.
Je me cache dans les bagages du soleil, à liserés de source,
à serrures de cigales.
Le soleil meurt : son sang ruisselle aux devantures.

Jocelyne Curtil ("Le soleil sous la peau" - éd Chambelland, 1967)

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Un poème plus accessible :

Le jour de mon anniversaire

Ne me dérangez pas.
Le jour de mon anniversaire
Je suis occupé à grandir.

Maman m’excuse :
"Toujours  dans la lune, ce petit"
dit-elle aux invités.

Moi, je sais que
Si je les regarde
Je deviendrai vieux.

Jocelyne Curtil



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Commentaires
A
Merci beaucoup pour l'intérêt que vous portez à la partie pédagogique du blog, et merci surtout pour ce joli poème.<br /> Il est sans aucun doute une preuve que la vraie poésie accessible aux élèves, même en élémentaire, peut faire une place au rêve sensible.<br /> Je me permets de le placer sur le blog dans cette catégorie des "femmes poètes" ("couleur femme" était le thème du Printemps des poètes cette année 2010).<br /> Cordialement<br /> Antoine Bial
A
Bravo pour ce superbe site ! Des trésors en pagaille ! Merci pour les suggestions pédagogiques.<br /> Je cherchais des nouvelles d'un de mes livres en vente sur Internet : "Les sept jours de l'Arc-en-ciel"... <br /> Permettez-moi de vous communiquer ce poème, extrait de mon recueil "Quatre saisons dans l'arbre transparent" :<br /> <br /> UN TEMPS J’AVAIS UN GRAND SAC<br /> OÙ S’ÉGARAIENT PARFOIS LES VACHES.<br /> <br /> J’AIMAIS OUVRIR MON SAC<br /> POUR REGARDER LES TROUPEAUX.<br /> <br /> SANS UN REGARD,<br /> LEURS YEUX TROUVAIENT DES CHEMINS<br /> DE TRAVERSE EN HAUT DES ARBRES.<br /> <br /> ET DANS LE SILENCE<br /> JE NE LAISSAIS RIEN ENTRER<br /> QUE LEURS SABOTS.<br /> <br /> Anne-Marie Désert
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