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lieu commun
1 mai 2008

féminin des autres - Europe Ouest - Îles Britanniques... - France des régions et d'Outremer

EUROPE DE L'OUEST

ALLEMAGNE

Sarah Kirsch, née en 1935, est considérée comme la plus grande poétesse actuelle de langue allemande.

source de la présentation et du poème : site officiel du Printemps des Poètes ; "Couleur femme"

Sur les lieux

La neige pénètre les contours des forêts
Forêts nordiques de hêtres en ce temps
Courbée la neige qui tombe
Se coule au corps noir de la forêt.
Rouges les feuilles sur les racines
Au-dessus des cimes le ciel couleur de soupe au lait
Les flocons ont des allures de suie.
Tandis que les cristaux se modifient
Que des semaines durant ils tombent à terre
Dressent des remparts à mi-hauteur du coeur.

texte original :

Ort und Stelle

Es schneit in die Konturen der Wälder
Nördliche Buchenwälder zu der Zeit
Gebogen paBt der Schneefall
Schwarzgrauem Waldleib sich an.
Rot das Laub auf den Wurzeln
Über den Kronen im Milchsuppenhimmel
Erscheinen die Flocken wie RuB
Indem die Kristalle sich wandeln
Wochenlang niederstürzen
Türmen sie Wälle halb vor das Herz.

Sarah Kirsch ("Chaleur de la neige" / "Schneewärme" - bilingue - éditions Le dé bleu, traduit de l'allemand par Jean-Paul Barbe) 


Les textes des poètes femmes de BELGIQUE - SUISSE et LUXEMBOURG, dont les titres seuls sont indiqués, sont à lire dans l'autre catégorie "couleur femme", ici : PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES

BELGIQUE

Marie Gevers 

Chanson pour apprendre aux cinq sens à aimer la pluie

Repas du matin

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Renée Brock 

Îles de Lérins

Jamais ...

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Anne-Marie Kegels 

Automne

La Fenêtre

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Madeleine Ley 

La girafe

En rêve j'ai trouvé

L’araignée

Grand-père

Le petit lapin

Le ruisseau

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Jeanine Moulin 

Dialogue

La poésie comme elle s'écrit

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 Marie-Claire d'Orbaix 

Sirène

Touffe de mots

Les aînées

Le printemps

Les loups

Je suis ton grain pesé

La fenêtre est un livre d'images

Je suis du temps ...

Don Juan

Femmes des longs matins

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Lucie Spède 

Définition

Le mille-pattes

Oh dodo

Météo

Le monde à l'envers

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Liliane Wouters

À l'enfant que je n'ai pas eu ...

Ma tête dans le vent ...

Le bois sec

Que m'importent lieu, durée ...


SUISSE

Marguerite Burnat-Provins

Le livre pour toi

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Pernette Chaponnière 

La neige

 Le sapin de noël (ou le petit sapin sous la neige)

Les feuilles mortes

L'hirondelle


LUXEMBOURG

Anise Koltz

J’avance sans filet

Le mot change

Dans ce monde

Couchée dans le désert

J'écris les yeux grand ouverts

Le mur du son

L'ailleurs  des mots

À ma mère


ÎLES BRITANNIQUES

Percy Bysshe Shelley (1792-1822) est un poète romantique anglais. 

La philosophie de l'amour

Les fontaines se mêlent aux rivières,
Les rivières à l'océan,
Les vents du Ciel s'unissent à jamais
Avec une douce émotion;
Rien dans le monde n'est solitaire
Toutes choses par loi divine
En un esprit se rencontrent, se mêlent.
Pourquoi pas le mien et le tien ?

Vois, les montagnes baisent le haut Ciel,
Les vagues l'une l'autre étreignent;
Nulle sœur-fleur ne serait pardonnée
Si elle dédaignait son frère;
Du soleil la lumière étreint la terre,
Les rais de lune baisent la mer :
Mais que vaut donc tout cet ouvrage tendre
Si toi tu ne m’embrasses pas ?

Percy Bisshe Shelley


ESPAGNE

Federico García Lorca (1898- 1936) est un poète et auteur de pièces de théâtre espagnol. Il a été l'ami de Luis Buñuel (cinéaste) et de Salvador Dalí. Il est mort fusillé au début de la Guerre civile par les troupes du Général Franco.

"Toutes les choses ont leur mystère, la poésie c'est le mystère de toutes les choses".

Chanson bête

Maman,
Je voudrais être en argent.

Mon fils,
Tu auras bien froid.

Maman,
Je voudrais être de l'eau.

Mon fils,
Tu auras bien froid.

Maman,
Brode-moi sur ton oreiller.

Ah, ça oui  !
tout de suite !

Federico García Lorca (Traduction proposée par Lieucommun )

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Canción tonta

Mamá.
Yo quiero ser de plata.

Hijo,
tendrás mucho frío.

Mamá.
Yo quiero ser de agua.

Hijo,
tendrás mucho frío.

Mamá.
Bórdame en tu almohada.

¡Eso sí!
¡Ahora mismo!

Federico García Lorca ("Canciones" - 1928)

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Federico García Lorca ("Romancero Gitano" - 1928) (Traduction proposée par Lieucommun )

 Romance de la lune lune
 
La lune vient à la forge
avec ses volants de nards.
l'enfant, les yeux grand ouverts,
la regarde, la regarde.

Dans la brise qui s'émeut
la lune bouge les bras,
dévoilant, lascive et pure,
ses seins blancs de dur métal.

Va-t-en lune, lune, lune.
Si les gitans arrivaient,
ils feraient avec ton cœur
bagues et colliers blancs.

Petit, laisse-moi danser.
Quand viendront les cavaliers,
ils te verront sur l'enclume
tu auras les yeux fermés.

Va-t'en lune, lune, lune.
j'entends déjà leurs chevaux.

Laisse-moi, petit, tu froisses
ma blancheur amidonnée.

Battant le tambour des plaines
approchait le cavalier.
Dans la forge silencieuse
gît l'enfant, les yeux fermés.

Par l'olivette venaient,
bronze et rêve, les gitans,
chevauchant la tête haute
et le regard somnolent.

Comme chante la zumaya*,
Ay, comme elle chante dans son arbre !
Dans le ciel marche la lune
tenant l'enfant par la main.

Autour de l'enclume pleurent
les gitans désespérés.
la brise veille, veille,
la brise fait la veillée.

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Romance de la luna luna

La luna vino a la fragua
con su polisón de nardos.
El niño la mira, mira.
El niño la está mirando.

En el aire conmovido
mueve la luna sus brazos
y enseña, lúbrica y pura,
sus senos de duro estaño.

Huye luna, luna, luna.
Si vinieran los gitanos,
harían con tu corazón
collares y anillos blancos.

Niño, déjame que baile.
Cuando vengan los gitanos,
te encontrarán sobre el yunque
con los ojillos cerrados.

Huye luna, luna, luna,
que ya siento sus caballos.

Niño, déjame, no pises
mi blancor almidonado.

El jinete se acercaba
tocando el tambor del llano.
Dentro de la fragua el niño,
tiene los ojos cerrados.

Por el olivar venían,
bronce y sueño, los gitanos.
Las cabezas levantadas
y los ojos entornados.

Cómo canta la zumaya,
¡ay, cómo canta en el árbol!
Por el cielo va la luna
con un niño de la mano.

Dentro de la fragua lloran,
dando gritos, los gitanos.
El aire la vela, vela.
El aire la está velando.

Federico García Lorca ("Romancero Gitano" - 1928)


FRANCE

BRETAGNE

Anjela Duval (1905-1981) n'a pas un nom à consonance celte, certes, mais ...
"Anjela Duval est cette femme qui pendant le jour cultive la terre de sa petite ferme, Traoñ an Dour, et qui le soir sort ses cahiers et écrit des poèmes, devenus parmi les plus aimés de la langue bretonne. Le breton est sa langue de tous les jours, et elle a appris la langue littéraire, qu'elle enrichit de ses mots, de sa sensibilité. Ses poèmes révèlent son amour lucide de la nature, sa rage contre le déclin organisé du breton, ses angoisses, son humour..."
source : http://www.breizh.net/anjela/barzhonegou.php ou on trouvera ses poèmes en breton et certains traduits en français.

Voici deux poèmes dans les deux langues, traduits par Paol Keineg (adresse ci-dessus) :

Lagad an Heol

— Heol ! Perak out ken diwezhat o tiblouz ?
Ha perak eo ken ruz da lagad ?
Ha bet ac’h eus en noz-mañ ur gwall-hunvre, en deus graet dit leñvañ dre da hun ?
— Na hun na hunvre na fall na mat.
Beilhet am eus an noz-pad…
Tra ma kouske ar c’hornôg dibled war ludu louet e lore me ’m eus graet tro an Douar.
Ha gwelet am eus tud o vervel gant an naon.
Gwelet ’m eus tud o vervel gant ar riv.
Gwelet tud o vervel gant an dic’hoanag.
Gwelet am eus tud o lazhañ tud, breudeur o ’n em dagañ.
Gwelet ’m eus pobloù mac’het.
Gwelet ur penntiern meur o kouezhañ dindan boled ur foll.
Gwelet forzh tud o leñvañ :
Ha chomet on bepred digas…
Gwelet ’m eus, avat, tud o c’hoarzhin goap ouzh ar re zo er boan, ouzh ar re zo en dienez
Ouzh ar re zo dindan ar yev.
Ha neuze am eus ranket leñvañ,
Ma ’z eo ruz c’hoazh va lagad.
— Heol ! Sec’h bremañ da zaeroù !
Mor-Breizh, emberr, a vo dous
D’az lagad ruz hag entanet…

Anjela Duval (Ur beure goañv 1964)

traduction : L’œil du Soleil

— Soleil ! Pourquoi te lèves-tu si tard ?
Et pourquoi as-tu l’œil si rouge ?
As-tu fait cette nuit un cauchemar, qui t’a fait pleurer dans ton
sommeil ?
— Ni sommeil ni rêve ni bon ni mauvais.
J’ai veillé toute la nuit…
Tandis que l’occident frivole dormait sur les cendres grises de ses lauriers j’ai fait le tour de la Terre.
Et j’ai vu des gens mourir de faim.
J’ai vu des gens mourir de froid.
J’ai vu des gens mourir de désespoir.
J’ai vu des gens s’entre-tuer, des frères s’étrangler.
J’ai vu des peuples opprimés.
J’ai vu un grand dirigeant tomber sous la balle d’un dément.
J’en ai vu beaucoup qui pleuraient :

Et j’ai continué, indifférent…

J’en ai vu cependant qui se moquaient des gens dans la peine, des gens dans la misère
Des gens sous le joug.

C’est alors que j’ai pleuré,
C’est pourquoi mon œil est rouge.

— Soleil ! sèche tout de suite tes larmes !
La mer de Bretagne adoucira bientôt
Ton œil rouge et enflammé …

Anjela Duval (Un matin d’hiver 1964)

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Balafenn ha Gwenanenn

— Ma vez hinon
Eme ar valafenn hedro
Ma vez hinon
Emberr me ’z ay da vale bro
— Ha me, eme ar wenanenn
D’ar valafenn skañvbenn
Me ’gaso va labour en-dro
            Ma vez hinon

Anjela Duval (Miz Mezheven 1967)

traduction : Papillon et Abeille

— S’il fait beau
Dit le papillon volage
S’il fait beau
Je battrai bientôt la campagne.
— Et moi, dit l’abeille
Au papillon écervelé
Je me mettrai au travail
         S’il fait beau.

Anjela Duval (Juin 1967)

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Jean-Pierre Calloc'h, Yann-Ber Kalloc'h en breton, est un barde. Il publie ses poèmes sous le pseudonyme de Pen men (Tête de pierre) puis de Bleimor (loup de mer). source : http://calloch.jp.free.fr/Pages/fspoete.htm

Le poème qui suit, Me zo ganet e-kreiz ar mor a été mis en musique  par Jef Le Penven et est devenu une chanson traditionnelle bretonne :

Me zo ganet é kreiz er mor (trois premières strophes)

Me zo ganet é kreiz er mor
Tèr lèu ér méz;
Un tiig gwenn duhont em-es,
Er benal 'gresk etal en nor
Hag el lann e hol en anvez.
Me zo ganet é kreiz er mor,
E bro Arvor

Me zad e oé, èl é dadeu,
Ur matelod;
Béùet en-des kuh ha diglod
- Er peur ne gan dén é glodeu -
Bamdé-bamnoz ar er mor blod.
Me zad e oé, el e dadeu,
Stleijour-rouédeu.

Me mamm eùé e laboura
- Ha gwenn hé blèu -;
Geti, en hwéz ar on taleu,
Disket em-es bihannig tra,
Médein ha tennein avaleu.
Me mamm eùè e laboura
D'hounid bara...

...

Jean Pierre Calloc'h (extrait de "Prière dans les ténèbres", dans le recueil "A genoux", Paris 1914)

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traduction :

Je suis né au milieu de la mer

Je suis né au milieu de la mer
Trois lieues au large;
J'ai une petite maison blanche là-bas,
Le genêt croît près de la porte,
Et la lande couvre les alentours.
Je suis né au milieu de la mer,
Au pays d'Armor.

Mon père était comme ses pères
Un matelot.
Il a vécu obscur et sans gloire,
- Le pauvre, personne ne chante ses gloires -
Tous les jours, toutes les nuits sur la mer souple
Mon père était comme ses pères,
Traîneur de filets.

Ma mère aussi travaille,
- Malgré ses cheveux blancs -;
Avec elle, la sueur à nos fronts,
J'ai appris, tout petit,
A moissonner et à arracher les pommes de terre;
Ma mère aussi travaille
Pour gagner du pain ...

...

Jean Pierre Calloc'h ("Ar en deulin", Paris 1914)

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Xavier Grall (1930-1981) est un journaliste et poète breton d'expression française, mais avec quelle force il revendique son identité ! Sa poésie est toute entière de roc, de lande et d'océan, et d'humanité. Voici quelques éloges de sa Bretagne.   

"Latins, vous m’avez crevé les yeux !
Je suis Celte. Je suis Breton.
Je suis le barde condamné.
Ma démence fait ma force.
Parfois, au fond de l’ivresse, flamboie la voyance."

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Les vieux de chez moi

Les vieux de chez moi ont des îles dans les yeux
Leurs mains crevassées par les chasses marines
Et les veines éclatées de leurs pupilles bleues
Portent les songes des frêles brigantines

Les vieux de chez moi ont vaincu les récifs d'Irlande
Retraités, usant les bancs au levant des chaumières
Leurs dents mâchonnant des refrains de Marie Galante
Ils lorgnent l'horizon blanc des provendes hauturières

Les vieux de chez moi sont fils de naufrageurs
leurs crânes pensifs roulent les trésors inouïs
des voiliers brisés dans les goémons rageurs
et luisent leurs regards comme des louis !

Les vieux de chez moi n'attendent rien de la vie
ils ont jeté les ans, le harpon et la nasse
mangé la cotriade et siroté l'eau-de-vie
La mort peut les prendre, noire comme pinasse

Les vieux ne bougeront pas sur le banc fatigué
Observant le port, le jardin, l'hortensia
Ils diront simplement aux Jeannie, aux Maria
"Adieu les belles, c'est le branle-bas"

Et les femmes des marins fermeront leurs volets

Xavier Grall ("La Sône des pluies et des tombes", 1976)

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Viens avec moi

Viens avec moi
je te dirai le cri des sternes
et le psaume des pierres levées
(...)
Viens avec moi
je te dirai les dieux fraternels
dans les chapelles bleues
Viens
nous inventerons un pays mystique
violentes seront les femmes comme des solstices
il y aura des nids chantants dans les poutres
les nefs seront pleines d'hirondelles.

Xavier Grall ("Les vents m'ont dit" - éditions Calligrammes, Quimper)

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Angèle Vannier (1917-1980) est une romancière et poétesse française de Bretagne (elle écrit ses poèmes en français).

Pierre

Pierre je compatis à ta vie lente et dure
Même le saule en pleurs ne me déchire pas
Comme le verbe d’or caché sous ton armure.

J’entrerai dans ta nuit dans la nuit de Noël
Et quand tu te mettras à tourner sur toi-même
Tu sauras qu’une seule enfant des hommes t’aime
Et se souvient d’avoir été semblable à toi.

Bruyères de mon sang pardonnez-moi l’adieu
Que je vous ai donné sans détourner la tête
Je suis de ce granit qui pense et qui ne peut
Traduire pour Jésus sa prière muette.

Règne du minéral ouvre-moi ton église
Et travaillons ensemble à refuser l’hiver
Pierre levée nous prévaudrons contre l’enfer
Le diable et ses petits ricanent dans la brise
Et qu’ils fassent leurs dents leurs ongles sur nos chairs
Qui durent lentement debout face à la mer.

Angèle Vannier ("Poèmes choisis, 1947-1978" - éditions Rougerie, 1990)

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Forêt sans muguet (début du poème)

Au mois de mai
quand les forêts
sont frustrées de fleurs de muguet
elles ressemblent trait pour trait
aux églises désaffectées ...

Angèle Vannier ("Poèmes choisis, 1947-1978" - éditions Rougerie, 1990)

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La lavandière (première et dernière strophes du poème)

La lavandière est mon amie
Ses cheveux roux sont des ruisseaux
Ses cheveux mènent à l'amour.
La lavandière est jeune fille
Elle a volé ma chanson d'eau
Pour laver le suil de l'auberge.



Lavandière lavant la vie
Nous suivons le même chemin
Celui de l'eau celui des mains.
La lavandière est mon amie.

Angèle Vannier ("Songes de la lumière et de la brume" - éditions Savel, 1947)


FRANCE

PROVENCE - OCCITANIE

La langue d'Oc, observeront les lecteurs attentifs, est différente à l'oral et à l'écrit selon les régions (et même à l'intérieur d'une même région). Témoin ces textes, de Provence et de Languedoc.

Frédéric Mistral (1830-1914) est un écrivain et poète provençal, prix Nobel de littérature en 1904.Il fonde en 1854 avec d'autres poètes provençaux, le Félibrige, pour défendre les cultures régionales traditionnelles et la langue occitane.

"Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut"
Frédéric Mistral

TEXTES EN ATTENTE

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Sextius Michel 1827-1906) est né à Sénas (Provence). Il "monté à Paris", avec ses premiers poèmes. Il sera président des félibres (voir ci-dessus Frédéric Mistral) de Paris et maire du XVe arrondissement, de 1871 à sa mort.

Il est le fondateur d'une des premières Caisses des écoles de Paris, pour financer les cantines scolaires, d'une colonie de vacances, ainsi que d'une mutualité scolaire (en 1900).

Les hirondelles (légende)texte_hirondelles_orig

Les hirondelles ont fait leur nid
dans la toiture ensoleillée
d'un petit château. L'aube rit
aux piaulements de la nichée.

Vivait dans ce paradis
une charmante dame adorée
d'un galant jouvenceau du pays.
Oh ! Quels tendres embrassements !

Un jour, crime ou folie,
on la trouva morte dans son lit,
la jeune dame, hélas ! toute seule.

L'amant avait disparu.
Revient l'été avec le ciel bleu,
mais ne reviennent pas les hirondelles.

Sextius Michel ("Le long du Rhône et de la mer") ("Long dóu Rose e de la mar" - Flammarion et Roumanillo 1892)

... (lire la traduction du poème  "Li dindouleto" en cliquant sur l'image ci-contre >)

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Louisa Paulin (1888-1944) a vécu dans le Tarn (naissance à Réalmont), où elle a été institutrice. Elle écrit ses poèmes d'abord uniquement en français, puis en français et en occitan.

On retrouve les textes de Louisa paulin dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES

“Je me suis mise à la langue d'Oc par repentir d'avoir si longtemps ignoré mon pays et peut-être de l'avoir un peu méprisé”

On ne connaît généralement de Louisa Paulin que ses poèmes en français. Voici deux textes qu'elle a écrits dans les deux langues :

La cançon del silenci.

Vèni, ausirem, anuèit, la Cançon del silenci,
la cançon que comença,
quand s'escantís, la nuèit, lo cant del rossinhòl ;
la cançon que s'ausís al doç cresc de l'erbeta,
la cançon de l'aigueta
que se pausa, un moment, al rebat d'un ramèl ;
la cançon de la branca
que fernís e que dança
desliurada del pes amorós d'un ausèl ;
la secreta conçon breçant l'ombra blavenca
del lir còrfondut de promessa maienca,
qu'espèra, per florir, un signe del azur.

en français :

La chanson du silence

Viens, nous entendrons, ce soir, la chanson du silence,
la chanson qui commence,
quand s'achève, la nuit, le chant du rossignol ;
la chanson qu'on entend à la douce croissance de l'herbe,
la chanson de l'eau vive
qui se repose, un moment, au reflet d'un rameau ;
la chanson de la branche
qui frissonne et qui danse
délivrée du poids amoureux d'un oiseau ;
la secrète chanson berçant l'ombre bleuâtre
du lis défaillant de promesse printanière,
qui attend, pour fleurir, un signe de l'azur.

Louisa Paulin

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Fum 

Non, non, anuèit vòli fugir l'ostal !
Vòli lo fial de lum que s'estira suls camps
Quand lo lauraire aluca un fuòc d'erbassas.
O fial de fum, vèni ligar un raive,
Un rave que m'escapa
– coma tu, lial de fum –
Per fugir cap a las estelas.

Louisa Paulin ("Sorgas")

en français :

Fumée

Non, non, ce soir je veux fuir la maison !
Je veux le fil de fumée qui s'étire sur les champs
Quand le laboureur allume un feu de mauvaises herbes.
Ô fil de fumée, viens lier un rêve,
Un rêve qui m'échappe
– comme toi, fil de fumée –
Pour fuir vers les étoiles.

Louisa Paulin ("Sources")
 

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Béatrice de Die (XIIe siècle). C'est en Provence et en langue d'oc que les poèmes de la comtesse Béatrice de Die sont chantés par les troubadours.

Voici un poème, en occitan, suivi de sa traduction en français moderne (source : www.horslesmurs.ning.com )
 

Estat ai en greu cossirier (extrait)

Estat ai en greu cossirier
per un cavallier qu'ai agut,
e vuoil sia totz temps saubut
cum ieu l'ai amat a sobrier;
ara vei qu'ieu sui trahida
car ieu non li donei m'amor
don ai estat en gran error
en lieig e quand sui vestida.

Ben volria mon cavallier
tener un ser en mos bratz nut,
qu'el s'en tengra per ereubut
sol qu'a lui fezes cosseillier;
car plus m'en sui abellida
no fetz Floris de Blanchaflor:
ieu l'autrei mon cor e m'amor
mon sen, mos huoillis e ma vida.
...

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Grande peine m'est advenue
(extrait)

Grande peine m'est advenue
par un chevalier que j'ai eu.
je veux qu'on sache toujours
que j'ai pour lui tant d'amour.
à présent me voilà trahie,
pour ne lui point donner d'amour
quand je fus en grande folie,
au lit comme toute vêtue.

Je voudrais mon chevalier
tenir un soir dans mes bras nus ;
il en serait comblé de joie
si je lui servais de doux coussin;
je suis plus amoureuse de lui
qu'un jour Flore de Blanchefleur,
je lui donne mom amour et ma vie,
mon âme, mes yeux et mon coeur.
...

Béatrice de Die (la traduction en français est de Pierre Seghers)


FRANCE d'OUTREMER

MARTINIQUE

Marie-Magdeleine Carbet, née en 1902 en Martinique, était romancière, auteur de contes pour enfants, et poète ("Mini-poèmes sur trois méridiens" - 1977).

Le ruisseau

Le ruisseau qui glisse

Son filet d'eau claire
Parmi l'herbe lisse
En sait long
La lon laire
En sait long
Laire lon


Marie-Magdeleine Carbet

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L’acacia

Le vent
Passait, pleurant.
L’acacia dit :
Vent d’automne
Au front gris,
Tu t’ennuies :
Je te donne
Mes feuilles.
Prends, cueille
Et va jouer au volant
Avec ton amie
La pluie.
Le printemps,
En son temps,
M’en fera de plus jolies !

Marie-Magdeleine Carbet


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1 mai 2008

féminin des autres - Océanie

OCÉANIE

NOUVELLE CALÉDONIE

La Nouvelle-Calédonie, cet archipel d'Océanie, ancienne colonie française, a acquis un statut d'autonomie, et selon les accords de Nouméa négociés en 1998, un référendum doit décider, à partir de 2014, de son indépendance ou de son maintien dans la République française.
Les kanak (en français canaques) sont les Mélanésiens autochtones. Le mot "kanak", invariable, signifie "homme".
La langue officielle est le français, mais ils parlent de nombreuses langues locales indigènes (dont le drehu, dans les Îles Loyauté), la plupart étant des langues orales.
Le drehu possède aujourd'hui une écriture et une grammaire et est enseigné à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales. On peut écouter ici un récit en drehu, une des langues kanak parlées en Nouvelle-Calédonie (à Ouvéa).
Erratum: un lecteur nous signale que "la langue drehu est parlée à Lifou et non Ouvéa (où on parle le Iaai)". Vous voudrez bien accepter nos excuses. Un lien ici, qui précise que le drehu est la langue kanak qui a le plus de locuteurs : http://fr.wikipedia.org/wiki/Drehu

Déwé Gorodey, née en 1949 est une écrivaine kanak. Elle occupe des fonctions importantes dans le gouvernement Calédonien.

Araucaria

Araucaria
pin colonnaire*
qui troue le ciel de mon pays
de son tronc s'étirant
vers les souvenirs inavoués
de mon peuple humilié
réfugié dans le ciel des prières

pour oublier

Araucaria
arbre à palabres
de clans et tribus trahis
sur cette terre qui est leur
leurs paroles figées
dans ta dure résine solide
je les dirai en face car je ne veux

PAS OUBLIER

Je les écrirai
là où je le pourrai
du mieux que je le pourrai
ici et maintenant car

j'ai beau chercher
la nuit le jour
je ne vois rien d'autre dans le ciel que
pour éclairer ma mémoire

Le pin colonnaire, comme son nom l'indique, est un arbre qui pousse tout en hauteur et qui peut s'élever jusqu'à 50 m.
Dewe Gorodey ("Sous les Cendres des Conques", 1974)

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Le passage ci-dessous est emprunté ici : http://www.ac-noumea.nc/histoire-geo/progexam/doc/placeteroledelafemme.pdf

Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier

Peut-être est-ce depuis ce temps là que, parfois, seule aux champs, j’entends les voix de la Terre. Ces voix de la Terre, enseignait donc ma grand-mère Utê Mûrûnû, n’étaient autres que celles de la mère, celle de la femme. Et elles s’adressaient en premier lieu à nous les femmes qui, mieux que personne, pouvions les comprendre. Porteuses de semences, nous étions lardées d’interdits, marquées de tabous comme autant de pierres pour obstruer la vie. [..] Ädi, perles noires du mariage coutumier, nous étions échangées comme autant de poteries scellant une alliance entre deux guerres. Voies et pistes inter claniques, nous survivions tant bien que mal à nos enfances et à nos pubertés trop souvent violées par des vieillards… »

Peu après le retour à la terre de notre grand-mère Utê Mûrûnû, qui s’éteignit au tout début de ce siècle, nos pères et nos grands-pères m’accompagnèrent chez nos utérins de l’autre coté, pour m’offrir à l’un de nos vieux cousins, polygame dont je devins alors la plus jeune des femmes. [….] J’étais à peine pubère et aucun garçon ne m’avait approchée. Les grands-mères, tantes et soeurs aînées qui étaient là, les premières épouses, se chargèrent de parfaire mon éducation. […] Les unes et les autres me nourrissaient, m’épouillaient, me soignaient. Les unes et les autres m’ordonnaient les tâches quotidiennes, m’emmenaient aux champs, m’initiaient au tissage et à la vannerie, m’apprenaient les récits du clan, les chants et les danses de femmes. Ce fut la plus vieille d’entre elles […] qui m’accompagna au fil des nuits dans la case de notre grand cousin.

 

Déwé Gorodey ("Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier" -  Grain de sable, EDIPOP, 1994)

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AUSTRALIE

Dorothea Mackellar (1885-1968).

J'aime un pays ...

J'aime un pays brûlé par le soleil,
Terre des vastes plaines,
Des chaines de montagne déchiquetées,
De la sécheresse et des inondations.
J'aime ses horizons lointains,
J'aime le bijou qu'est sa mer,
Sa beauté et sa terreur
La grande terre brune pour moi !

Dorothea Mackellar ("My Country", 1908)



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