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lieu commun
2 janvier 2009

Poètes d'AMÉRIQUE du SUD - Brésil, Chili, Argentine ...

Paysages d'Amérique du Sud 

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Chili

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Pablo Neruda (1904-1973) est le poète chilien le plus connu.
Dans le recueil "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" les poèmes ne portent aucun titre, ils sont numérotés de I à XX.

"Los Veinte poemas de amor y una canción desesperada son un libro doloroso y pastoril que contiene mis más atormentadas pasiones adolescentes, mezcladas con la naturaleza arrolladora del sur de mí patria" ...

Pablo Neruda dans son autobiographie "J'avoue que j'ai vécu" ("Confieso que he vivido")

(Passages)

XIV

Juegas todos los días con la luz del universo.
Sutil visitadora, llegas en la flor  y en el agua.
Eres más que esta blanca cabecita que aprieto
como un racimo entre mis manos cada día.

A nadie te pareces desde que yo te amo.
Déjame tenderte entre guirnaldas amarillas.
¿Quién escribe tu nombre con letras de humo entre las estrellas del sur ?
¡Ah, déjame recordarte cómo eras entonces, cuando aún no existías !

(...)

Hasta te creo dueño del universo.
Te traeré de las montañas flores alegres, copihues,
avellanas oscuras, y cestas silvestres de besos.

Quiero hacer contigo
lo que la primavera hace con los cerezos.

Tu joues tous les jours avec la lumière de l'univers ...

Tu joues tous les jours avec la lumière de l'univers.
Subtile visiteuse, tu viens sur la fleur et dans l'eau.
Tu es plus que cette blanche et petite tête que je presse
Comme une grappe entre mes mains chaque jour.

Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes.
Qui inscrit ton nom avec des lettres de fumée parmi les étoiles du sud ?
Ah laisse-moi me souvenir comment tu étais alors, quand tu n'existais pas encore.

(...)

Je te crois même reine de l'univers.
Je t'apporterai des fleurs joyeuses des montagnes, des copihues,
des noisettes foncées, et des paniers sylvestres de baisers.

Je veux faire avec toi
ce que le printemps fait avec les cerisiers.
(...)

XVI

En mi cielo al crepúsculo eres como una nube
y tu color y forma son como yo los quiero.
Eres mía, eres mía, mujer de labios dulces
y viven en tu vida mis infinitos sueños

(...)

Tu es au crépuscule ...

Tu es au crépuscule un nuage dans mon ciel,
ta forme, ta couleur sont comme je les veux.
Tu es mienne, tu es mienne, ma femme à la lèvre douce
et mon songe infini s'établit dans ta vie.

(...)

Pablo Neruda ("Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée", 1998 - paru en Poésie/Gallimard)

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Du recueil de Pablo Neruda "Cien sonetos de amor", ce XXVe sonnet avec sa traduction, pour le paysage :

Soneto XXIV

Amor, amor, las nubes a la torre del cielo
subieron como triunfantes lavanderas,
y todo ardió en azul, todo fue estrella:
el mar, la nave, el día se desterraron juntos.

Ven a ver los cerezos del agua constelada
y la clave redonda del rápido universo,
ven a tocar el fuego del azul instantáneo,
ven antes de que sus pétalos se consuman.

No hay aquí sino luz, cantidades, racimos,
espacio abierto por las virtudes del viento
hasta entregar los últimos secretos de la espuma.

Y entre tantos azules celestes, sumergidos,
se pierden nuestros ojos adivinando apenas
los poderes del aire, las llaves submarinas.

Pablo Neruda ("Cien sonetos de amor")

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 traduction proposée par  Lieucommun :

Sonnet XXIV

Amour, amour, à la tour du ciel les nuages
montèrent telles de triomphantes lavandières,
et tout brûla en bleu d'azur, tout fut étoile :
la mer, le navire, le jour s'exilèrent ensemble.

Viens voir les cerisiers dans leur eau constellée
viens voir la ronde clef de l'univers rapide,
Viens toucher le feu de l'azur instantané,
viens avant que ses pétales se consument.

Il n'est ici que lumière, abondance*, grappes,
espace ouvert par les vertus du vent
jusqu'à livrer les derniers secrets de l'écume.

Et parmi tant de bleus célestes, submergés,
nos yeux se perdent, devinant à peine
les pouvoirs de l'air et les clefs de la mer.

Pablo Neruda ("La Centaine d'amour" - éditions Gallimard, 1995)

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Gabriela Mistral (1889-1957), est une poète chilienne, contemporaine de Pablo Neruda, qu’elle a côtoyé en Europe.
Ses premiers poèmes, dont "Junto al Mar" (Au bord de la mer) sont publiés en 1904 dans un journal chilien local.
Son pseudonyme, Mistral est emprunté au poète provençal français Frédéric Mistral.
Elle reçoit en 1945 le Prix Nobel de Littérature.

Où ferons-nous la ronde ?

Où ferons-nous la ronde ?
La ferons-nous au bord de la mer ?
La mer dansera de toutes ses vagues,
tressant des fleurs d’oranger.
La ferons-nous au pied de la montagne ?
La montagne nous répondra :
Ce sera comme si les pierres du monde entier
Se mettaient à chanter.
Mieux, la ferons-nous dans la forêt ?
Des chants d’enfants et d’oiseaux
tresseront des baisers dans le vent.
Nous ferons une ronde infinie :
Nous irons la danser dans la forêt,
nous la ferons au pied de la montagne,
et sur toutes les plages du monde.

Gabriela Mistral ( "Désolation"  - 1922) (traduction proposée par  Lieucommun)

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¿En dónde tejemos la ronda?

¿En dónde tejemos la ronda?
¿La haremos a orillas del mar?
El mar danzará con mil olas,
haciendo una trenza de azahar.
¿La haremos al pie de los montes?
El monte nos va a contestar.
¡Será cual si todas quisiesen,
las piedras del mundo, cantar !
¿La haremos, mejor, en el bosque ?
La voz y la voz va a trenzar,
y cantos de niños y de aves
se irán en el viento a besar.
¡Haremos la ronda infinita!
¡La iremos al bosque a trenzar,
la haremos al pie de los montes
y en todas las playas del mar !

Gabriela Mistral ("Desolación"  - 1922)

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Dans ce deuxième texte, l'auteur décrit "trois arbres" de Patagonie, cette région à l'extrème pointe de l'Amérique du Sud, à la frontière du Pôle sud. Terre de glace et "terre de feu" (les volcans), avec à l'ouest des forêts millénaires.
C'est en Patagonie que se trouve la ville d' Ushuaïa (l'émission de télévision sur la nature sauvage lui a emprunté son nom : "baie qui pénètre vers le couchant" dans la langue des indiens).

Trois arbres

Trois arbres tombés
sont restés au bord du sentier.
Oubliés du bûcheron, ils s'entretiennent*,
fraternellement serrés, comme trois aveugles.

Le soleil couchant verse
son sang vif dans les troncs éclatés,
les vents emportent le parfum
de leur flanc ouvert.

L'un, tout tordu, tend un bras immense,
frissonnant de feuillage, vers l'autre
et ses blessures sont pareilles
à des yeux pleins de prière.

Le bûcheron les a oubliés.
La nuit viendra. Je resterai avec eux.
Je recueillerai dans mon cœur
leurs douces résines, elles me tiendront lieu de feu.
Muets, pressés les uns contre les autres,
que le jour nous trouve monceau de douleur**.

* dans le sens de converser     -   ** traduction de Mathilde Pomès : "deuil" - lieucommun préfère traduire "duelo" par "douleur", vous choisirez ....

Gabriela Mistral ("Paysages de Patagonie, dans le recueil "Désolation"  - 1922). 
Traduction de Mathilde Pomès, auteur de "Gabriela Mistral" (collection Poètes d'aujourd'hui - éd Pierre Seghers - 1963)

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Tres árboles

Tres árboles caídos
quedaron a la orilla del sendero.
El leñador los olvidó, y conversan
apretados de amor, como tres ciegos.

El sol de ocaso pone
su sangre viva en los hendidos leños
¡y se llevan los vientos la fragancia
de su costado abierto!

Uno torcido, tiende
su brazo inmenso y de follaje trémulo
hacia el otro, y sus heridas
como dos ojos son, llenos de ruego.

El leñador los olvidó. La noche
vendrá. Estaré con ellos.

Recibiré en mi corazón sus mansas
resinas. Me serán como de fuego.
¡Y mudos y ceñidos,
nos halle el día en un montón de duelo* !

** traduction de Mathilde Pomès : "deuil" - lieucommun préfère traduire "duelo" par "douleur", vous choisirez ....

Gabriela Mistral ("Paisajes de la Patagonia" en "Desolación"  - 1922)
Ce texte a été chanté (en espagnol) par le chilien Angel Parra (en 1995 dans "Gabriela Mistral: "amado, apresura el paso")

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Vicente Huidobro (1893-1948) est un poète surréaliste et écrivain chilien, connu "pour être le fondateur du Créationnisme*, poésie caractérisée par l'absence de signes de ponctuation, la disposition des vers, les thèmes non transcendantaux et les images extraordinaires" - source Wikipédia

* Le Créationnisme n'a ici rien à voir avec la théorie du Dessein intelligent, qui professe que "le monde n’a pas plus de dix mille ans, qu'il a été créé en six jours et que l’être humain n’a aucun ancêtre commun avec d’autres espèces vivantes", niant ainsi toute théorie de l'évolution, initiée par Darwin.

Le début d'un poème :

Balada de lo que no vuelve

Venía hacia mí por la sonrisa
Por el camino de su gracia
Y cambiaba las horas del día
El cielo de la noche se convertía en el cielo del amanecer
El mar era un árbol frondoso lleno de pájaros
Las flores daban campanadas de alegría
Y mi corazón se ponía a perfumar enloquecido
(…)

- - - -

traduction (adaptée) par le blog lieucommun :

Ballade de ce qui ne revient pas 
 
Elle venait vers moi par le chemin de son sourire
Par le sentier de sa grâce
Elle changeait les heures du jour
Le ciel de la nuit devenait ciel d'aurore
La mer était un arbre au feuillage plein d'oiseaux
Les fleurs lançaient des chants joyeux
Et mon coeur affolé s'emplissait de parfums
(…)

Vicente Huidobro


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