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lieu commun
2 janvier 2009

Poètes du Proche-Orient et du Moyen-Orient - Iran, Palestine - Israël - Liban ...

Paysages du Proche-Orient et du Moyen-Orient 

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Iran

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Salah Al Hamdani est né en 1951 à Bagdad. Exilé depuis 30 ans en France. il écrit en arabe et en français, des pièces de théâtre, des récits, des nouvelles et des poèmes (Bagdad mon amour, 2003 - Ce qu’il reste de lumière, 1999 -  Au large de Douleur, 2000 - Le Doute, 1992).

Voici un poème écrit après la guerre d'Irak et la chute du régime de Saddam Hussein :

Trente jours après trente ans
 
N’ai-je pas à nommer les choses
comme une main tendue au naufragé,
comme le déroulement des saisons ?
 
N’ai-je pas dit
qu’une chose s’achève toujours au dépens de ce qui commence ?
 
Un flux de poussière achemine une odeur d’enfance
tandis que son cortège emporte mon incertitude
lentement
glissant sur la racine du jour ...
 
Je veux venir tout près de toi,
avec, dans les mots, ce que l’exilé laisse d’inachevé
 
L’aurore se lève sur Bagdad
et sa morsure se répand sur moi
 
Ma mère, comme la lumière,
n’a pas besoin du procès de l’obscurité
mais d’un peu de silence
quand son fils, l’exilé de retour,
se pose sur sa branche
en compagnie d’une étoile tatouée par la brume
 
Car il revient chez lui
comme un réfugié de passage
un fugitif qui cherche le partage :
un sourire,
un morceau de pain
un coin de lit
et le témoignage de la noyade du crépuscule.

Salah Al Hamdani ("Bagdad à ciel ouvert" - illustrations de Salah Ghiad" - éditions Écrits des forges, 2007)


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Israël

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Marlena Braester est une poète contemporaine israëlienne. Le recueil "Caractères" est paru en 2009.

les couleurs dansent

les couleurs dansent jusqu’au noir
dans la lumière
à un signe de l’air
elles se jettent aveugles de tous côtés
dans le vertige éblouissant
elles dansent jusqu’au noir
les ombres saignent
soudain
une couleur passe
les autres rentrent en-dessous
comme des pas étouffés dans les tapis de lumière
puis reprennent
la danse jusqu’au noir
derrière les couleurs
guette la lumière

Marlena Braester ("Poèmes" - Caractères, 2009)

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quelle langue parlent ces rues ?

quelle langue parlent ces rues
qui viennent vers nous
de leur lointain
horizon éclaté ?

Marlena Braester ("Poèmes" - Caractères, 2009)


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Liban

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On trouvera des poètes (au féminin) libanaises d'expression française (certaines ont vécu une grande partie de leur vie en France), dans la catégorie : PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES

Vénus Khoury-Ghata,  Etel Adnan, Nouad Es-Sahad

sans oublier Andrée Chedid ici : PRINT POÈTES 2010 : ANDRÉE CHEDID


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Palestine

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Palestine, région du Proche-Orient aux contours incertains, tourmentés, revendiqués, inclus, exclus, paradoxale Terre Sainte-terre d'affrontements. La poésie de Palestine est à la fois poésie ancienne de toute la région, avant les découpages historiques, et poésie contemporaine de résistance et d'identité des "Territoires palestiniens".

Mahmoud Darwich est né en Galilée en 1941. Il est mort en 2008. ” Je suis celui que l’on désigne comme "le poète de la Palestine", et l’on requiert de moi de fixer mon lieu dans la langue, de protéger ma réalité du mythe et de maîtriser l’une et l’autre, pour être tout à la fois partie de l’Histoire et témoin de ce qu’elle m’a fait subir. C’est pourquoi mon droit à un lendemain requiert révolte contre le présent et défense de la légitimité de mon existence dans le passé. Mon poème se retrouve ainsi changé en preuve d’existence ou de néant"...

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"Je veux un lieu à la place du lieu pour revenir à moi-même "...
 

Au centre de sa poésie, la terre de Palestine et l'identité, toujours revendiquées

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Les oiseaux meurent en Galilée (passages)

pluie douce en un automne lointain
les oiseaux sont bleus, bleus
la terre en fête
Ne dis pas : Je suis un nuage suspendu sur le port
car je ne veux
de mon pays tombé de la fenêtre du train
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle

pluie douce en un automne étrange
les fenêtres sont blanches, blanches
le soleil, un verger vespéral
et moi
je suis une orange spoliée
Pourquoi donc t’évades-tu de mon corps
alors que je ne veux
du pays des couteaux et du rossignol
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle ?

pluie douce en un automne triste
les rendez-vous sont verts, verts
et le soleil argile
Ne dis pas : Nous t’avons vu quand le jasmin fut piétiné
vendant la mort et les calmants
ma face était nuit
ma mort un embryon
et moi je ne veux
de mon pays qui a oublié le langage des absents
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle

pluie douce en un automne lointain
les oiseaux sont bleus, bleus
la terre en fête
les oiseaux se sont envolés vers un temps irrévocables
veux-tu malgré tout connaître mon pays
et ce qui nous unit ?

(...)

... je ne veux
de mon pays qui m’a tranché la gorge
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle

(...)

Mahmoud Darwich ("Al-'Asafir tamut fi al-jalil, Les oiseaux meurent en Galilée" - 1970)

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Poème écrit entre 1966 et 1999, le texte intégral était déjà sur le blog, ici : http://lieucommun.canalblog.com/archives/poeme_du_jour/index.html)

Sécheresse (début du poème)

Cette année est difficile,
L'automne ne nous a rien promis,
Nous n'avons pas attendu les messagers
Et la sécheresse est telle qu'en elle-même : une terre souffrante
Et un ciel doré.
Que mon corps soit mon temple.

...À toi d'atteindre le pain de mon âme
Pour te connaître toi-même. Et je suis sans limites,
Si je le désire :
Avec un épi, j'agrandis mon champ.
Et j'élargis cet espace avec une tourterelle.
Que mon corps soit mon pays.

La sécheresse scrute le fleuve,
regarde les palmiers,
Mais elle ne remarque pas mon puits profond.
Et par toi je suis infini...
L'automne, le ciel est authentique.

[...]

Mahmoud Darwich - ("La terre nous est étroite et autres poèmes, 1966-1999" traduction d'Élias Sanbar* - Éditions Poésie-Gallimard, 2000)


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