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15 mai 2009

Bernard LORRAINE, Olivier de MAGNY - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Bernard Lorraine (1933-2002) a publié 27 recueils  (Vitriol, Voilà, Provocation, Sentences, Burlesques ...) et 10 anthologies poétiques (Trésors des épigrammes satiriques ; Une Europe des poètes ; Le cœur à l'ouvrage : anthologie de la poésie du travail ; Un poème, un pays, un enfant ...) ainsi que des essais et des pièces de théâtre.

(...)
"Je te porte en mes pas dans le jour des trottoirs
Flânant aveugle et sourd sans ta voix ni tes yeux".

(hommage de Robert Vigneau à Bernard Lorraine)

Le paysage se construit, de l'inanimé au vivant :

Au début ...

Il y avait un ciel
il y eut un nuage
Il y avait la boue
il y eut une plage
Il y avait une eau
il y eut un poisson
Il y avait un arbre
il y eut un oiseau
Il y avait la nuit
il y eut une femme
Il y avait le jour
et il y eut un homme
Il y avait l'amour
il y eut un silence
Mais il y eut un cri
et c'était un enfant
Et ce fut un poète
puisqu'il y eut un chant

Bernard Lorraine



Olivier de Magny (1529-1561) est un poète contemporain de Louise labé (voir la catégorie du blog PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES ), dont il tombe amoureux, et de Joachim du Bellay (présenté quelques pages ci-avant). Il est l'auteur de recueils de sonnets, inspirés de Ronsard. (source Wikipédia, recoupée)

À sa demeure des champs

Petit jardin, petite plaine
Petit bois, petite fontaine,
Et petits coteaux d'alentour,
Qui voyez mon être si libre,
Combien serais-je heureux de vivre,
Et mourir en votre séjour !

Bien que vos fleurs, vos blés, vos arbres,
Et vos eaux ne soient près des marbres,
Ni des palais audacieux (1),
Tel plaisir pourtant j'y retire
Que mon heur, si je l'ose dire,
Je ne voudrais quitter aux dieux :

Car ou soit qu'un livre je tienne,
Ou qu'en rêvant je me souvienne
Des yeux qui m'enflamment le sein,
Ou qu'en chantant je me promène,
Toute sorte de dure peine
Et d'ennui me laisse soudain.

Toutes fois il faut que je parte,
Et faut qu'en partant je m'écarte
De vos solitaires détours,
Pour aller en pays étrange
Sous l'espoir de quelque louange
Mâlement travailler mes jours.

Ô chaste vierge Délienne,
De ces montagnes gardienne,
Si j'ai toujours paré ton dos
D'arc, de carquois et de sagettes,
Couronnant ton chef de fleurettes
Et sonnant sans cesse ton los
(2) :

Fais que longtemps je ne séjourne,
Ainçois
(3) que bien tôt je retourne,
En ces lieux à toi dédiés,
Revoir de tes nymphes la bande,
Afin qu'en ces autels j'appende
(4) 
Mille autres hymnes à tes pieds.

Mais soit qu'encore je revienne
Ou que bien loin on me retienne,
Il me ressouviendra toujours
De ce jardin, de cette plaine,
De ce bois, de cette fontaine
Et de ces coteaux d'alentour.

(1) sans doute un clin d'oeil à du Bellay en référence au poème "heureux qui, comme Ulysse" ? - (2) "ton los" : "tes louanges" - (3) "ainçois" peut avoir le sens de "plutôt que", "en attendant", "auparavant ...", on proposera ici, vu le sens général du passage:  "en attendant que", mais il peut y avoir des avis contraires !  - (4 ) "appendre" = suspendre, dans le sens d'accrocher 

Voici de ce poème lexte original en ancien français, juste pour le plaisir :

Petit jardin, petite plaide
Petit boys, petite fontaine,
Et petits coustaux d'alentour,
Qui voyez mon estre si libre,
Combien serois-je heureux de vivre,
Et mourir en vostre séjour I

Bien que vos fleurs, vos bleds, vos arbres.
Et vos eaux ne soyent près des marbres,
Ny des palais audacieux.
Tel plaisir pourtant j'y retire
Que mon heur, si je l'ose dire,
Je ne vouldroy quitter aux dieux :

Car ou soit qu'un livre je tienne.
Ou qu'en resvant il me souvienne
Des yeux qui m'enflamment le sein,
Ou qu'en cliantant je me promeine,
Toute sorte de dure peine
Et d'ennuy me laisse soubdain.

Toutes fois il fault que je parte,
Et fault qu'en partant je m'escarte
De vos solitaires destours,
Pour aller en pays estrange,
Sous l'espoir de quelque louenge
Malement travailler mes jours.

Chaste vierge Delienne,
De ces montagnes gardienne,
Si j'ay tousjours paré ton dos
D'arc, de carquois et de sagettes,
Couronnant ton chef de fleurettes
Et sonnant sans cesse ton los :

Fais que long temps je ne séjourne,
Ainçois que bien tost je retourne.
En ces lieux à toy dédiez.
Revoir de tes nymphes la bande.
Afin qu'en ces autels j'appende
Mille autres hymnes à tes pieds.

Mais soit qu'encore je revienne
Ou que bien loing on me retienne,
Il me resouviendra tousjours
De ce jardin, de ceste plaine,
De ce boys, de ceste fontaine
Et de ces coustaux d'alentour.

Olivier de Magny (textes à retrouver dans ses "Œuvres poétiques complètes", Textes de la Renaissance, 1999)



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