Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lieu commun
15 mai 2009

Anne SCHWARZ-HENRICH, Léopold SÉDAR SENGHOR, Victor SEGALEN, Pierre SEGHERS, Alain SERRES - PRINT POÈTES PAYSAGES en français

Anne Schwarz-Henrich est une poète contemporaine, auteure de recueils pour les enfants : "Du coq à l'âne" (paru en 2005), "Au clair de ma plume"...

 L'autre monde

Quand je ferme les yeux,
J'allume les lumières
Des plafonds merveilleux
Que déploient mes paupières

Et qui m'éclairent les lieux
Où je viens, solitaire,
Glaner des rêves bleus
Dans la nuit, sur mes terres.

Anne Schwarz-Henrich



Léopold Sédar Senghor (1906-2001) est un poète, écrivain et homme politique sénégalais. Élu en 1960 président de la République du Sénégal, il a dirigé 20 ans son pays.
source Wikipédia : Sa poésie essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences."
Par ailleurs il approfondira le concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire, en la définissant ainsi : "La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture".

Un poème descriptif d'un village africain, entrant dans la nuit, dont ces deux strophes sont en général données dans les classes :

Nuit de Siné (passage)

[...]
Qu’il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons
Battre le pouls profond de l’Afrique dans la brume des villages perdus.

Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que s'alourdit la langue des chœurs alternés.

C'est l'heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s'éteint dans l'intimité d'odeurs âcres et douces.

[...]

Léopold Sédar Senghor ("Chants d'Ombre" - Éditions du Seuil, 1945)

----------------------------------------

Je suis seul

Je suis seul dans la plaine
Et dans la nuit
Avec les arbres recroquevillés de froid
Qui, coudes au corps, se serrent les uns contre les autres.

Je suis seul dans la plaine
Et dans la nuit
Avec les gestes de désespoir pathétique des arbres
Que leurs feuilles ont quittés pour des îles d'élection.

Je suis seul dans la plaine
Et dans la nuit.
Je suis la solitude des poteaux télégraphiques
Le long des routes
Désertes.

Léopold Sédar Senghor ("Oeuvre poétique" - Éditions du Seuil, 1964)



Pierre Seghers (1906-1987) est un poète et un éditeur de poésie révélateur de poètes (Les éditions Seghers sont toujours actives).
Il est le créateur de la revue des poètes de la Résistance : Poésie 40, qui publie, aussi des textes actuels. Il a créé et dirigé aussi la collection "Poètes d’aujourd’hui", et il est l'auteur de nombreuses anthologies poétiques. On trouve Pierre Seghers avec d'autres textes dans la catégories PRINT POÈTES 2008 : L'AUTRE (France) et  PAROLES et musique sur ce blog, ainsi que dans
PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE.

Les paysages intérieurs, à entretenir :

Décourage en toi le chagrin
(sans titre, ce titre est proposé par le blog)

Décourage en toi le chagrin. Les caroubiers, les lauriers-roses
De ton jardin, arrose-les pour les oiseaux,
Réjouis-toi quand tu t'éveilles d'une journée toujours la même,
Ton coeur te dit à chaque instant que ta durée va de son pas
Régulier comme un pas d'horloge. Invente des gazons
Pour reposer ta vue, et fais, comme à Grenade
Ruisseler l'eau du temps sous les roses. Je sais,
Cette Tour Capitaine est tout imaginaire,
Mais si tu vis comme un poète dans ce haut lieu
Dis-moi, où est la réalité ? Sur le dedans
Ouvre les yeux et découvre en toi d'autres chambres,
D'autres allées. Les narcisses dans le désert
Refleuriront. Invente en toi d'autres rivages
Où le roc se dérobe, où le reflet n'est plus
Qu'un tapis où marcher sur l'eau du ciel. Invente
Une ville déserte, un Pompéï vacant
Et fais tourner sur l'écliptique
Pour mieux jouir de l'ombre et des grands pans déserts
La lumière et l'obscur. Fais-toi de la chaleur
Des souvenirs en creux dans tes mains. Puis, va-t'en
Défricher les cent mille hectares de ton domaine
Intérieur. Décourage en toi le chagrin.

Pierre Seghers ("Dialogue", éditions Seghers, 1965)
 

----------------------------------------

Automne

Pour caresser l'odeur des bois
Une main aux cent mille doigts

Pour aller dans l'enfance ancienne
Une main pour tenir la tienne

T'en souvient-il ? Un grand ciel blanc
Dans l'étang luisant et le vent

Passant sur un château détruit
Avec ses feuilles et sa pluie

Sur la route du Cœur-Volant
T'en souvient-il ? C'était au temps

Des saisons, au temps des nuages
Nous étions comme eux de passage

Et si parfois tu sens sur toi
Comme aujourd'hui comme autrefois

Une main aux cent mille doigts
Redis-toi toujours que c'est moi.

Pierre Seghers ("Le Cœur-volant", Les Écrivains réunis, 1954) 



Victor Segalen (1878-1919) est  un poète breton de langue française, médecin de marine, ethnographe et archéologue français. Ses attaches sont partout : grand voyageur et découvreur, c'est en Chine (mais en français) que paraît d'abord Stèles, en 1912, dans une édition très restreinte et non commerciale. Le texte qui suit en est tiré.

Les "stèles" sont des monuments chinois de forme rectangulaire et portant des inscriptions. L'édition de Pékin du recueil de Segalen s'en inspire : format et illustrations bien définis (image). Elle comprend 81 exemplaires hors commerce sur papier de Corée et environ 200 exemplaires sur vélin parcheminé. Elle est en 1914 augmentée de 16 nouveaux poèmes.
Stèles est paru en 1999 en collection Poésie / Gallimard, et on trouve exceptionnellement ici l'intégralité de l'ouvrage original : steles.net

 

Conseils au bon voyageur

 
Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne choisis donc pas l'une ou l'autre, mais l'une et l'autre bien alternées.
Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la : plaine ronde libère. Aime à sauter roches et marches ; mais caresse les dalles où le pied pose bien à plat.
Repose-toi du son dans le silence, et, du silence, daigne revenir au son. Seul si tu peux, si tu sais être seul, déverse-toi parfois jusqu'à la foule.
Garde bien d'élire un asile. Ne crois pas à la, vertu d’une vertu durable : romps-la de quelque forte épice qui brûle et morde et donne un goût même à la fadeur.
Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans mérites ni peines, tu parviendras, non point, ami, au marais des joies immortelles,
Mais aux remous pleins d'ivresses du grand fleuve Diversité.


Victor Segalen ("Stèles", Presses du Pei-t’ang, Pékin, 1912 et éditions Crès, Paris, 1922)
 

---------------------------------------- 

Stèles du bord du chemin

Terre jaune


D'autres monts déchirent le Ciel, et portant le plus haut qu'ils peuvent les tourments de leurs sommets, laissent couler profondément la vallée.

Ici, la Terre inversée cache au creux des flancs ses crevasses, tapit ses ressauts, étouffe ses pics -- et tout en bas

Les vagues de boue chargées d'or, délitées par les sécheresses, léchées par les pleurs souterrains gardent pour quelque temps la forme des tempêtes.

- - - - - - - - -

Alors que, supérieure, ignorant les tumultes, droite comme une table et haute à l'égal des cimes, -- la plaine étendue

Nivelle sa face jaune sous le Ciel quotidien des jours qu'elle recueille dans son plat.
 

Victor Segalen ("Stèles")

----------------------------------------

Les trois hymnes primitifs     

 

Les lacs (premier des trois hymnes)  

 
Les lacs, dans leurs paumes rondes noient le visage du Ciel :
J'ai tourné la sphère pour observer le Ciel.
Les lacs, frappés d'échos fraternels en nombre douze :
J'ai fondu les douze cloches qui fixent les tons musicaux.

- - - - - - - - -

Lac mouvant, firmament liquide à l'envers, cloche musicale,
Que l'homme recevant mes mesures retentisse à son tour sous
le puissant Souverain-Ciel.
Pour cela j'ai nommé l'hymne de mon règne : Les Lacs.

[...] deux autres hymnes suivent : "L'abîme" et "Nuées"

Victor Segalen ("Stèles")



Alain Serres est né en 1956. Il a publié de nombreux textes, histoires et poèmes pour enfants et adolescents.

Voici un paysage intérieur caché :

Toi-même

C'est fou ce qu'il y a de merveilles
Dans le creux de ton oreille
C'est fou ce qu'il y a de chemins
Dans le creux de ton poing
C'est fou ce qu'il y a de poèmes
Dans le creux de toi-même.

Alain Serres



Publicité
Commentaires
Publicité