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15 mai 2009

Jules SUPERVIELLE - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Jules Supervielle, poète franco-uruguayen de langue française, est né en 1884 à Montevideo, et il est mort à Paris en 1960.
Il a partagé son existence entre deux pays, deux continents, d'où lui vient peut-être cette approche du monde.

..."L'étoile dit : je tremble au bout d'un fil, si nul ne pense à moi, je cesse d'exister."

Je caresse la mappemonde

Je caresse la mappemonde
Jusqu'à ce que sous mes longs doigts
Naissent des montagnes, des bois,
Et je me mouille en eau profonde
Des fleuves, et je fonce avec eux
Dans l'océan vertigineux
Débordant de partout mes yeux
Dans la fougue d'un autre monde.

Jules Supervielle (poème et citation empruntés à "Poèmes pour les jeunes du temps présent" - Jacques Charpentreau - Les Editions Ouvrières - 1974)

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Le passage de ce poème pourrait être avantageusement titré "Oiseau des Îles" :

Le petit bois

J’étais un petit bois de France
Avec douze rouges furets,
Mais je n’ai jamais eu de chance
Ah ! que m’est-il donc arrivé ?

Je crains fort de n’être plus rien
Qu’un souvenir, une peinture
Ou le restant d’une aventure,
Un parfum, je ne sais pas bien.

Ne suis-je plus qu’en la mémoire
De quelque folle ou bien d’enfants,
Ils vous diraient mieux mon histoire
Que je ne fais en ce moment.

Mais où sont-ils donc sur la terre
Pour que vous les interrogiez,
Eux qui savent que je dis vrai
Et jamais je ne désespère.

Mon Dieu comme c’est difficile
D’être un petit bois disparu
Quand on avait tant de racines. (1)
Comment faire pour n’être plus ?

Jules Supervielle (""1939-1945", Collection Blanche, éditions Gallimard, 1945 et "Le lac endormi et autres poèmes" de  Jules Supervielle,  illustré par Charlotte Labaronne, Gallimard jeunesse / Enfance en poésie) -  (1) En l'absence de ponctuation à la fin de ce vers, nous avons placé un point. C'est évidemment discutable !

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Elle lève les yeux

Elle lève les yeux et la brise s'arrête,
Elle baisse les yeux, la campagne s'étend,
Elle tourne la tête une rose se prend
Au piège et la voilà qui tourne aussi la tête
Et jusqu'à l'horizon plus rien n'est comme avant
.

Jules Supervielle ("Naissances" dans "Naissances, suivi de En songeant à un art poétique", La Pléiade - Gallimard, 1951)

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Le passage de ce poème pourrait être avantageusement titré "Oiseau des Îles" :

Une étoile tire de l'arc (passage, fin du texte)

[...]

Oiseau des Îles outreciel
Avec tes nuageuses plumes
Qui sais dans ton coeur archipel
Si nous serons et si nous fûmes,

Toi qui mouillas un jour tes pieds
Où le bleu des nuits a sa source,
Et prends le soleil dans ton bec,
Quand tu le trouves sur ta course,

La terre lourde se souvient,
Oiseau, d'un monde aérien,

Où la fatigue est si légère
Que l'abeille et le rossignol
Ne se reposent qu'en plein vol
Et sur des fleurs imaginaires.

Une étoile tire de l'arc
Perçant l'infini de ses flèches
Puis soulève son étendard
Qu'une éternelle flamme lèche,

Un chêne croyant à l'été
Quand il n'est que l'âme d'un chêne
Offre son écorce ancienne
Au vent nu de l'éternité
.

Jules Supervielle ("Gravitations", Poésie/Gallimard, 1994)



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