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15 mai 2009

Charles CROS, Lise DEHARME - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Charles Cros (1842–1888) est un poète français ("Le Collier de griffes", "Le Coffret de santal") méconnu de ses contemporains et quelque peu oublié aujourd'hui. Il reste quand même son hareng saur, sec, sec, sec, qui se balance aux murs des écoles. Charles Cros est aussi un inventeur dépossédé : qui sait ce qu'il a apporté à la photographie ? Et le phonographe, qu'il avait théorisé, a été réalisé par Thomas Edison.

On observera que les paysages qu'aime Charles Cros sont, à l'image du personnage et de son oeuvre, surprenants :

Songe d'été

À d’autres les ciels bleus ou les ciels tourmentés,
La neige des hivers, le parfum des étés,
Les monts où vous grimpez, fiertés aventurières
Des Anglaises. Mes yeux aiment mieux les clairières
Où la charcuterie a laissé ses papiers,
Les sentiers où l’on sent encor l’odeur des pieds
Des soldats avec leurs payses, la presqu’île
De Gennevilliers, où croît l’asperge tranquille
Sous l’irrigation puante des égouts...
On ne dispute pas des couleurs ni des goûts.

Charles Cros ("Le Coffret de santal", 1873 - Gallimard poésie 1972)



Lise Deharme (1907-1981), est une romancière et poétesse française, proche d'André Breton et des Surréalistes. On trouvera ses d'autres textes de cette auteure sur le blog ici : l'humour de Lise Deharme et ici : des femmes poètes

Le pêcheur endormi

La ligne d'or
danse sur l'eau :
de chaque rayon
sort un oiseau.

Pêcheur qui dort
abasourdi
croit que le lac
est plein de nids.

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)

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Un paysage-visage *. De quoi donner des idées de création plastique autrement qu'à la Arcimboldo, non ? ...

Curieuse

Tes cheveux sont des araignées noires et griffues
ton front un désert de sable blond
ton nez une vague de son
tes dents ont faim
ta bouche est fine
ton menton
une colline aiguë
mais tes yeux sont deux cratères
de lave et de gouffres ouverts
semés d'étincelles et de feu
Tes yeux sont deux mondes perdus.

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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* Ce poème me renvoie à une chanson qu'interprétait Claude Vinci, à contre-courant, dans les années 60, et dont l'auteur, qui l'a chantée lui aussi, est sans doute Max Rongier.* On y trouve le mot "censure", qui n'est pas une coquetterie de langage, mais une réalité de ce temps là ... * ce texte sera rangé dans un paragraphe "Max Rongier", s'il se confirme qu'il en est bien l'auteur... on compte sur vous ?

Ci-dessous, la pochette du 33 tours "Chansons pour vivre", qui contient "Ta chanson", jamais réédité (aucun des deux CD de Claude Vinci ne reprend ce titre), c'est bien dommage. Le nom de l'auteur doit se trouver sur ce disque, mais là on ne peut proposer qu'une image, trouvée sur un site marchand d'occasion ...

Claude_Vinci_Chansons_pour_vivre

Ta chanson *

Tes joues de près ce sont des plages
Tes yeux des lacs, tout bêtement,
Et ta bouche frileusement
C'est une fabrique à nuages

Ton front c'est déjà la forêt
Il y a peut-être des panthères
Tes cheveux quel raz-de-marée
Tout ruisselants de vrai mystère

Bref ton visage déluré
C'est un monde
Et je ne dis rien
De ta poitrine censurée
Dont je pense beaucoup de bien

Ce grain de beauté sur ton cou
C'est un soleil en pleine éclipse
Je n'ose le dire à mon goût
Il brûle mes doigts et je glisse

Voici tes bras comme les branches
De l'arbre de la tentation
Tes mains vaudraient une passion
Quand elles effleurent tes hanches

N'insistons pas et restons sages
Nous chanterons à l'unisson
Les secrets de tes paysages
Ailleurs que dans une chanson.

Max Rongier (sous réserves, pour les paroles) - * pas de confusion, ce titre est aussi celui d'une chanson de Jean Ferrat. Ferrat, Max Rongier et Claude Vinci se connaissaient bien, ayant beaucoup d'idées "communes". Vinci a chanté Ferrat, mais les deux chansons n'ont en commun que leur titre.



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