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15 mai 2009

Philippe JACCOTTET, Max Jacob, Francis JAMMES - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

Des poètes suisses de langue française sont présents dans cette catégorie : Nicolas Bouvier, Blaise Cendrars, Alexandre Voisard, Charles-Ferdinand Ramuz, et Philippe Jaccottet ci-dessous.

Philippe Jaccottet (deux "t", deux "c") est un poète suisse d'expression française, né en 1925.
En préface du recueil "Poésie, 1946-1967" paru en Poésie/Gallimard, Jean Starobinski écrit : "La poésie de Jaccottet tirera sa force, non de l'énergie improvisatrice ni de l'ingéniosité combinatoire, mais de l'exigence constante de la véracité"...

Quelques passages de ce recueil :

Celui-ci est la première partie du poème "Les eaux et les forêts"

Les eaux et les forêts (début)

I

La clarté de ces bois en mars est irréelle,
tout est encor si frais qu’à peine, insiste-t-elle.
Les oiseaux ne sont pas nombreux ; tout juste si,
très loin, où l’aubépine éclaire les taillis,
le coucou chante. On voit scintiller des fumées
qui emportent ce qu’on brûla d’une journée,
la feuille morte sert les vivantes couronnes,
et suivant la leçon des plus mauvais chemins,
sous les ronces, on rejoint le nid de l’anémone,
claire et commune comme l’étoile du matin.

Philippe Jaccottet ("L'Effraie et autres poésies", Gallimard, 1953 - réédité en Poésie/Gallimard, 1971 sous le titre "Poésie, 1946-1967")

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Nouvelles notes pour la semaison 

Maintenant la terre s’est dévoilée
et la lumière du soleil en tournant comme un phare
fait les arbres tantôt roses tantôts noirs.
Puis elle écrit sur l’herbe avec une encre légère.

Un soir, le ciel resta plus longtemps clair
sur les grands jardins verts et noirs
couleur des pluies de la veille.
Les globes luirent trop tôt.
Alors dans le nid des branches
apparut le chant du merle
et ce fut comme si l'huile de la lumière
brûlait doucement dans cette faible lampe noire,
ou la voix même de la lune
venue prédire la nuit de mars aux passagers..
.

Philippe Jaccottet ("L'ignorant", Gallimard, 1957 - réédité en Poésie/Gallimard, 1971 sous le titre "Poésie, 1946-1967")

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Deux passages de poèmes plus difficiles, réunis sous le titre "Oiseaux, fleurs et fruits" dans le recueil "Airs" :

sans titre

Je marche
dans un jardin de braises fraiches
sous leur abri de feuilles
un charbon ardent sur la bouche

Philippe Jaccottet ("Airs", Gallimard, 1967 - réédité en Poésie/Gallimard, 1971 dans le recueil "Poésie, 1946-1967")

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Fruits

Dans les chambres des vergers
Ce sont des globes suspendus
Que la course du temps colore
Des lampes que le temps allume
Et dont la lumière est parfum
On respire sous chaque branche
Le fouet colorant de la hâte
Ce sont des perles parmi l’herbe
De nacre à mesure plus rose
Que les brumes sont moins lointaines
Des pendeloques plus pesantes
Que moins de linge elles ornent
Comme ils dorment longtemps
Sous les mille paupières vertes !
Et comme la chaleur
Par la hâte avivée
Leur fait le regard avide !

Philippe Jaccottet ("Airs", Gallimard, 1967 - réédité en Poésie/Gallimard, 1971 dans le recueil "Poésie, 1946-1967")

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Du recueil "Pensées sous les nuages" :

L’aurais-je donc inventé ?... (titre suggéré pour ce passage)

L’aurais-je donc inventé, le pinceau du couchant
sur la toile rugueuse de la terre,
l’huile dorée du soir sur les prairies et sur les bois ?

C’était pourtant comme la lampe sur la table avec le pain.

Philippe Jaccottet ("Pensées sous les nuages", Gallimard, 1983)

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Jour à peine plus jaune .... (titre suggéré pour ce passage) 

Jour à peine plus jaune sur la pierre et plus long,
ne vas-tu pas pouvoir me réparer ?
Soleil enfin moins timoré, soleil croissant,
ressoude-moi ce coeur.

Lumière qui te voûtes pour soulever l'ombre
et secouer le froid de tes épaules,
je n'ai jamais cherché qu'à te comprendre et t'obéir.

Ce mois de février est celui où tu te redresses
très lentement comme un lutteur jeté à terre
et qui va l'emporter -
soulève-moi sur tes épaules,
lave-moi de nouveau les yeux, que je m'éveille,
arrache-moi de terre, que je n'en mâche pas
avant le temps comme le lâche que je suis.

Je ne peux plus parler qu'à travers ces fragments pareils
à des pierres qu'il faut soulever avec leur part d'ombre
et contre quoi l'on se heurte,
plus épars qu'elles.

Mais chaque jour, peut-être, on peut reprendre
le filet déchiré, maille après maille,
et ce serait, dans l'espace plus haut,
comme recoudre, astre à astre, la nuit ...

Philippe Jaccottet ("Pensées sous les nuages", Gallimard, 1983)

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Chemins de montagne (titre suggéré pour ce passage)

Maintenant nous montons dans ces chemins de montagne,
Parmi les prés pareils à des litières
D’où le bétail des nuages viendrait de se relever
Sous le bâton du vent.
On dirait que de grandes formes marchent dans le ciel.

La lumière se fortifie, l’espace croît,
les montagnes ressemblent de moins en moins à des murs,
elles rayonnent, elles croissent elles aussi,
les grands portiers circulent au-dessus de nous –
et le mot que la buse trace lentement, très haut,
si l’air l’efface, n’est-ce pas celui que nous pensions
ne plus pouvoir entendre ?
Qu’avons-nous franchi là ?
Une vision, pareille à un labour bleu ?
Garderons-nous l’empreinte à l’épaule, plus d’un instant, de cette main ?

Philippe Jaccottet ("Pensées sous les nuages", Gallimard, 1983)



Max Jacob (1876-1944) était écrivain, poète et peintre, ami de peintres cubistes comme Pablo Picasso, Georges Braque et Juan Gris, et de poètes, comme Guillaume Apollinaire, puis plus tard, de Jean Cocteau, Modigliani, ou encore Marcel Béalu, Michel Manoll, René-Guy Cadou, Jean Rousselot ...
Il est auteur de contes pour enfants, et de nombreux recueils de poésie, certains en prose ("Le Cornet à dés" est d'abord édité en 1917 à compte d'auteur).
Voir la suite de cette présentation
ici sur le blog, avec le poème "Amour du prochain".

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C'est le pays natal, la campagne bretonne, dans l'estuaire de l'Odet, qui est ici évoqué, à l'heure du départ pour la ville :

Le départ

Adieu l’étang et toutes mes colombes
Dans leur tour et qui mirent gentiment
Leur soyeux plumage au col blanc qui bombe,
Adieu l’étang.
Adieu maison et ses toitures bleues
Où tant d’amis, dans toutes les saisons,
Pour nous revoir avaient fait quelques lieues,
Adieu maison.

[...] deux quatrains ont été sautés

Adieu vergers, les caveaux et les planches
Et sur l’étang notre bateau voilier,
Notre servante avec sa coiffe blanche,
Adieu vergers.
Adieu aussi mon fleuve clair ovale,
Adieu montagne ! Adieu arbres chéris !
C’est vous qui êtes ma capitale
Et non Paris.


Max Jacob ("Le laboratoire central", Gallimard, 1921)


Francis Jammes (1868-1938) est l'auteur de "La Prière", poème chanté par Georges Brassens (voir la catégorie BRASSENS chante les poètes) et de "J'aime l'âne si doux" :
"J'aime l'âne si doux / marchant le long des houx. / Il a peur des abeilles /et bouge ses oreilles...
Qualifié parfois de "poète naturaliste", il porte une tendresse particulière à cet animal. Une autre de ses poésies, comme toute son oeuvre empreinte de mysticisme, s'intitule d'ailleurs "Prière pour aller au Paradis avec les ânes".

L'association Francis Jammes possède un site où on trouvera des informations complémentaires, et où nous avons emprunté le poème "Un jour bleu de l'été" :
http://www.francis-jammes.com/index.html

Un jour bleu de l'été ...

Un jour bleu de l'été que nous nous promenions,
Le petit que j'étais et la vieille servante,
Nous vîmes, sur le foin aux vagues reluisantes,
Battre des ailes un énorme papillon.

Et, m’avançant avec mille précautions,
Je posai brusquement sur cette fleur vivante
Mon chapeau, sous lequel je la pris pantelante,
Puis l'emportai dans une boîte à la maison.

Et mon cœur se serra d'indicible tristesse
Quand je montrai l'insecte à mes parents. Qu'était-ce ?
Comment le reconnaître ? Ah ! Il n'était plus tel

Que tout à l'heure... O mes frères en poésie !
Il n'avait plus autour des ailes la prairie
Qui me l'avait fait croire aussi grand que le ciel.

Francis Jammes ("La Vierge et les Sonnets", Sonnets pour commencer, VII - Mercure de France, 1919)

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On choisira des passage de ce texte, qui n'est, on s'en doute, jamais intégralement proposé :

Le vieux village

            À André Gide

Le vieux village était rempli de roses
et je marchais dans la grande chaleur
et puis ensuite dans la grande froideur
de vieux chemins où les feuilles s’endorment.

Puis je longeai un mur long et usé ;
c’était un parc où étaient de grands arbres,
et je sentis une odeur du passé,
dans les grands arbres et dans les roses blanches.

Personne ne devait l’habiter plus...
Dans ce grand parc, sans doute, on avait lu...
Et maintenant, comme s’il avait plu,
les ébéniers luisaient au soleil cru.

Ah ! des enfants des autrefois, sans doute,
s’amusèrent dans ce parc si ombreux...
On avait fait venir des plantes rouges
des pays loin, aux fruits très dangereux.

Et les parents, en leur montrant les plantes,
leur expliquaient : celle-ci n’est pas bonne...
c’est du poison... elle arrive de l’Inde...
et celle-là est de la belladone.

Et ils disaient encore : cet arbre-ci
vient du Japon où fut votre vieil oncle...
Il l’apporta tout petit, tout petit,
avec des feuilles grandes comme l’ongle.

Ils disaient encore : nous nous souvenons
du jour où l’oncle revint d’un voyage aux Indes ;
il arriva à cheval, par le fond
du village, avec un manteau et des armes...

C’était un soir d’été. Des jeunes filles
couraient au parc où étaient de grands arbres,
des noyers noirs avec des roses blanches,
et des rires sous les noires charmilles.

Et les enfants couraient, criant : c’est l’oncle !
Lui descendait avec son grand chapeau,
du grand cheval, avec son grand manteau...
Sa mère pleurait : ô mon fils... Dieu est bon...

Lui, répondait : nous avons eu tempête...
L’eau douce a bien failli manquer à bord.
Et la vieille mère le baisait sur la tête
en lui disant : mon fils tu n’es pas mort...

Mais à présent où est cette famille ?
A-t-elle existé ? A-t-elle existé ?
Il n’y a plus que des feuilles qui luisent,
aux arbres drôles, comme empoisonnés...

Et tout s’endort dans la grande chaleur...
Les noyers noirs pleins de grande froideur...
Personne là n’habite plus...
Les ébéniers luisent au soleil cru.

Francis Jammes ("De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir" - Mercure de France, 1898)

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Le texte qui suit n'est pas situé dans l'œuvre de l'auteur. Il est emprunté au site de Tournay (Pyrénées Atlantiques), la ville natale de Francis Jammes. On enquête ... adresse (cliquer ensuite sur "patrimoine") : http://www.ville-tournay.fr/accueil.html

Le pays natal (titre proposé)

Non loin de mon pays natal, les Pyrénées,
Qui jusque-là mêlaient leurs ailes tourmentées,
Se posent comme un vol d’outardes sur les prés.

Elles ont la couleur même des minerais
Qu’elles portent, avec quelques filets de neige.

Cantaoü-Tuzaguet (1) ! Combien mon cœur s’allège
Quand je vois que ta plaine est mêlée à tes cieux,
Et qu’il me suffirait pour arriver chez Dieu,
D’être comme l’enfant que j’étais au village
Et qui touchait du doigt les monts et les nuages.

Francis Jammes - (1) "Cantaoü-Tuzaguet" est le nom occitan de ce village du Pays Basque proche de Lannemezan. On l'écrit en français "Cantaous-Tuzaguet"

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Un autre poème du même recueil, le même village peut-être :

Le village à midi

Le village à midi. La mouche d'or bourdonne
    entre les cornes des bœufs.
    Nous irons, si tu le veux,
si tu le veux, dans la campagne monotone.

Entends le coq... Entends la cloche... Entends le paon...
    Entends là-bas, là-bas, l'âne...
    L'hirondelle noire plane.
Les peupliers au loin s'en vont comme un ruban.

Le puits rongé de mousse ! Écoute sa poulie
    qui grince, qui grince encor,
    car la fille aux cheveux d'or
tient le vieux seau tout noir d'où l'argent tombe en pluie.

La fillette s'en va d'un pas qui fait pencher
    sur sa tête d'or la cruche,
    sa tête comme une ruche,
qui se mêle au soleil sous les fleurs du pêcher.

Et dans le bourg voici que les toits noircis lancent
    au ciel bleu des flocons bleus ;
    et les arbres paresseux
à l'horizon qui vibre à peine se balancent. 

Francis Jammes ("De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir" - Mercure de France, 1898)

ajout mai 2012 : un internaute nous fait parvenir cette superbe traduction en espagnol du poème. On se presse de le remercier et de le mettre en ligne :

El pueblo a mediodía

El pueblo a mediodía. La mosca de oro zumba
entre los cuernos de los bueyes.
Iremos si lo quieres,
si lo quieres, por el campo que retumba.

Oye al gallo... Oye la campana... Oye al pavo...
Escucha allí, allí al burro...
La golondrina negra en vuelo duro,
los álamos a lo lejos se van como en desmayo.

El pozo roído de espuma! Escucha la polea
que chirría, que chirría en coro,
pues la chica con cabellos de oro
sostiene el viejo balde negro donde la plata alea.

La chiquilla se va de un paso que tambalea
en su cabeza de oro al cántaro,
su cabeza como un relámpago,
que se enreda en el sol bajo la flor inquieta.

Y en el burgo los tejados ennegrecidos tiran
al cielo azul copos azules;
y los árboles gandules
del horizonte que vibra apenas si suspiran. 

(traduit en espagnol par Robín García)

Francis Jammes ("De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir" - Mercure de France, 1898)

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On clôturera ce paragraphe Francis Jammes par un poème dont il n'est pas l'auteur, mais qui lui est chaleureusement adressé par son ami poète Charles Guérin (1873-1907), disparu prématurément bien avant lui. Le poète est ici partie prenante de son paysage natal, ou est-ce l'inverse ? 

Ô Jammes ... (passages)

Ô Jammes, ta maison ressemble à ton visage.
Une barbe de lierre y grimpe ; un cèdre ombrage
de ses larges rameaux les pentes de ton toit,
et comme lui ton coeur est sombre, fier et droit.
Le mur bas de ta cour est habillé de mousse.
La maison n'a qu'un humble étage. L'herbe pousse
dans le jardin autour du puits et du laurier.
Quand j'entendis, comme un oiseau mourant, crier
ta grille, un tendre émoi me fit défaillir l'âme.
Je m'en venais vers toi depuis longtemps, ô Jammes,
et je t'ai trouvé tel que je t'avais rêvé.
[...]
Ta fenêtre pensive encadre l'horizon ;
une vitrine, ouverte auprès d'elle, reflète
la campagne parmi tes livres de poète.
Ami, puisqu'ils sont nés, les livres vieilliront ;
où nous avons pleuré d'autres hommes riront :
mais que nul de nous deux, malgré l'âge, n'oublie
le jour où fortement nos mains se sont unies.
Jour égal en douceur à l'arrière-saison;
nous écoutions chanter les mésanges des haies,
les cloches bourdonnaient, les voitures passaient...
[...]
Jammes, quand on se met à ta fenêtre, on voit
des villas et des champs, la montagne et ses neiges ;
au-dessous c'est la place où ta mère s'assoit.
Demeure harmonieuse, ami, vous reverrai-je ?
[...]
Ce soir, un des plus lourds des soirs où j'ai souffert,
tandis que, de leur flamme éparse sur la mer,
les rayons du soleil couchant doraient la grève,
les cheveux trempés d'air et d'écume, j'allais,
roulé comme un caillou par la force du rêve.
La terrible rumeur des vagues m'appelait,
voix des pays brûlés, des volcans et des îles ;
et, le cœur plein de toi, j'ai marqué d'un galet,
veiné comme un bras pur et blanc comme du lait,
le jour où je passai ton seuil, fils de Virgile.

Charles Guérin ("Le Cœur solitaire", Mercure de France, 1904)



 

 

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Commentaires
A
C'est un grand plaisir de lire Francis Jammes en espagnol, je la placerai dans le paragraphe qui lui est consacré (catégorie Paysages).<br /> <br /> Mille excuses pour le retard que j'ai mis à vous répondre, dû à quelques ennuis avec la gestion des messages et des commentaires sur le blog.<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> AB
S
Si ce n´est un abus, voici cette autre traduction en espagnol;<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Un día azul de estío <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Un día azul de estío en que todo reposa,<br /> <br /> El niño que yo era y la vieja sirvienta,<br /> <br /> Vimos, sobre el heno de ola que impacienta,<br /> <br /> Batir sus alas una enorme mariposa.<br /> <br /> <br /> <br /> Y adelantándome con mil precauciones,<br /> <br /> posé bruscamente sobre esa flor de vida<br /> <br /> Mi sombrero, sin que quedara herida,<br /> <br /> Y la llevé en una caja a mis rincones.<br /> <br /> <br /> <br /> Pero mi corazón se ciñó de indecible tristeza<br /> <br /> Cuando mostré el insecto a mis padres. ¿Qué era?<br /> <br /> ¿Cómo reconocerla? ¡Ay! Ya no era el rielo<br /> <br /> <br /> <br /> De antes... ¡O hermanos de canto!<br /> <br /> Ya no tenía en torno a sus alas el campo<br /> <br /> Por lo que la creí tan grande como el cielo.<br /> <br /> <br /> <br /> (Francis Jammes, Traducción de Robín García)
A
Merci beaucoup pour cette belle traduction, qui sera utile je pense à tous les hispanophones amateurs de poésie - Elle vient d'être placée dans la catégorie PAYSAGES en français, et complète le paragrahe consacré à Francis Jammes.
R
Permettez moi de vous offrir une traduction mienne en espagnol d´un des poémes de Jammes:<br /> <br /> <br /> <br /> El pueblo a mediodía<br /> <br /> <br /> <br /> El pueblo a mediodía. La mosca de oro zumba <br /> <br /> entre los cuernos de los bueyes. <br /> <br /> Iremos si lo quieres,<br /> <br /> si lo quieres, por el campo que retumba.<br /> <br /> <br /> <br /> Oye al gallo... Oye la campana... Oye al pavo...<br /> <br /> Escucha allí, allí al burro...<br /> <br /> La golondrina negra en vuelo duro,<br /> <br /> los álamos a lo lejos se van como en desmayo.<br /> <br /> <br /> <br /> El pozo roído de espuma! Escucha la polea<br /> <br /> que chirría, que chirría en coro,<br /> <br /> pues la chica con cabellos de oro<br /> <br /> sostiene el viejo balde negro donde la plata alea.<br /> <br /> <br /> <br /> La chiquilla se va de un paso que tambalea<br /> <br /> en su cabeza de oro al cántaro,<br /> <br /> su cabeza como un relámpago,<br /> <br /> que se enreda en el sol bajo la flor inquieta.<br /> <br /> <br /> <br /> Y en el burgo los tejados ennegrecidos tiran<br /> <br /> al cielo azul copos azules;<br /> <br /> y los árboles gandules<br /> <br /> del horizonte que vibra apenas si suspiran.
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