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1 novembre 2009

Obaldia, Paulin - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- René de Obaldia -

René de Obaldia est né en 1918. Auteur de théâtre (Le Satyre de la Villette, Le Banquet des méduses, Du vent dans les branches de sassafras ...) et de romans (Tamerlan des coeurs, Le centenaire), il est membre de l'Académie française depuis 1999.

Déjà présentes dans d'autres catégories du blog, revoici pour l'humour du Printemps des Poètes 2009, quelques textes choisis de René de Obaldia.

livre_innocentines"Innocentines" (1969 - collection "Les cahiers rouges" - Grasset) est un de ses quatre recueils de poésies. Du bonheur pour 8 euros, vraiment un livre de poésie à se procurer. (Photo : Lieucommun)

Le sous-titre annonce : "Poèmes pour les enfants et quelques adultes".
René de Obaldia y prend avec le langage et les situations, toutes les libertés, privant ainsi (pour notre plaisir quand même), les élèves de l'accès à la plupart des textes.

On retrouvera certains poèmes dans d'autres catégories pour la classe.

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Dimanche

Charlotte
fait de la compote

Bertrand
suce des harengs

Cunégonde
se teint en blonde

Épaminondas
cire ses godasses

Thérèse
souffle sur la braise

Léon
peint des potirons

Brigitte
s'agite, s'agite

Adhémar
dit qu'il en a marre

La pendule
fabrique des virgules

Et moi dans tout cha ?
Et moi dans tout cha ?
Moi, ze ne bouze pas
Sur ma langue z'ai un chat

René de Obaldia

logo_cr_ation_po_tique Poèmes à la manière de "Dimanche" 

Document autour de ce texte, avec commentaires et exploitation ici à cette adresse :
http://www.gommeetgribouillages.fr/CP/Dimanche.pdf
(copier-coller dans votre navigateur, le lien s'ouvrira avec Acrobat Reader - fichier protégé en copie).
 

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Moi j'irai dans la lune

Moi, j'irai dans la lune
Avec des petits pois,
Quelques mots de fortune
Et Blanquette, mon oie.

Nous dormirons là-haut
Un p'tit peu de guingois
Au grand pays du froid
Où l'on voit des bateaux
Retenus par le dos.

Bateaux de brise-bise
Dont les ailes sont prises
Dans de vastes banquises
Et des messieurs sans os
Remontent des phonos.

Blanquette sur mon coeur
M'avertira de l'heure :
Elle mange des pois
Tous les premiers du mois.

Elle claque du bec
Tous les minuits moins sept.
...
Pas besoin de fusée
Ni de toute une armée,
Je monte sur Blanquette
Hop ! on est arrivé.

René de Obaldia

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J’ai trempé mon doigt dans la confiture  

J’ai trempé mon doigt dans la confiture
turelure
Ça sentait les abeilles
Ça sentait les groseilles
Ça sentait le soleil
J’ai trempé mon doigt dans la confiture
Puis je l’ai sucé
Comme on suce les joues de bonne grand-maman
Qui n’a plus mal aux dents
Et qui parle de fées...
Puis je l’ai sucé
Sucé
Mais tellement sucé
Que je l’ai avalé

René de Obaldia

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Le texte suivant (en version réduite) est aussi pour la classe :

Chez moi (extrait)

Chez moi, dit la petite fille
On élève un éléphant.
Le dimanche son oeil brille
Quand Papa le peint en blanc.

Chez moi, dit le petit garçon
On élève une tortue.
Elle chante des chansons
En latin et en laitue.

Chez moi, dit la petite fille
Notre vaisselle est en or,
Quand on mange des lentilles
On croit manger un trésor.

Chez moi, dit le petit garçon
Vit un empereur chinois.
Il dort sur le paillasson
Aussi bien qu’un Iroquois.

Iroquois ! dit la petite fille.
Tu veux te moquer de moi.
Si je trouve mon aiguille,
Je vais te piquer le doigt !

René de Obaldia (Innocentines")

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En voici la version intégrale, pour les grands enfants que certains d'entre-nous sont restés :

Chez moi

Chez moi, dit la petite fille
On élève un éléphant.
Le dimanche son œil brille
Quand papa le peint en blanc

Chez moi, dit le petit garçon
On élève une tortue.
Elle chante des chansons
En latin et en laitue.

Chez moi, dit la petite fille
Notre vaisselle est en or.
Quand on mange des lentilles
On croit manger un trésor.

Chez moi, dit le petit garçon
Nous avons une soupière
Qui vient tout droit de Soissons
Quand Clovis était notaire.

Chez moi, dit la petite fille
Ma grand-mère a cent mille ans.
Elle joue encore aux billes
Tout en se curant les dents.

Chez moi, dit le petit garçon
Mon grand-père a une barbe
Pleine pleine de pinsons
Qui empeste la rhubarbe.

Chez moi, dit la petite fille
Il y a trois cheminées
Et lorsque le feu pétille
On a chaud de trois côtés.

Chez moi, dit le petit garçon
Passe un train tous les minuits.
Au réveil mon caleçon
Est tout barbouillé de suie.

Chez moi, dit la petite fille
Le pape vient se confesser.
Il boit de la camomille
Une fois qu’on l’a fessé.

Chez moi, dit le petit garçon
Vit un Empereur chinois.
Il dort sur un paillasson
Aussi bien qu’un Iroquois.

Iroquois ! dit la petite fille
Tu veux te moquer de moi !
Si je trouve mon aiguille
Je vais te piquer le doigt !

Ce que c’est d’être une fille !
Répond le petit garçon.
Tu es bête comme une anguille
Bête comme un saucisson.

C’est moi qu’ai pris la Bastille
Quand t’étais dans les oignons.
Mais à une telle quille
Je n’en dirai pas plus long !

René de Obaldia (Innocentines")

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Celui-ci, plus difficile, est très représentatif du recueil "Les Innocentines" :

Le plus beau vers de la langue française

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »
Voici, mes zinfints
Sans en avoir l’air
Le plus beau vers
De la langue française.
Ai, eu, ai, in
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin…
Le poite aurait pu dire
Tout à son aise :
« Le geai volumineux picorait des pois fins »
Eh bien ! non, mes infints
Le poite qui a du génie
Jusque dans son délire
D’une main moite
A écrit :
« C’était l’heure divine où, sous le ciel gamin,
LE GEAI GÉLATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN. »

Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji.
Là, le geai est agi
Par le génie du poite
Du poite qui s’identifie
À l’oiseau sorti de son nid
Sorti de sa ouate.
Quel galop !
Quel train dans le soupir !
Quel élan souterrain!
Quand vous serez grinds
Mes zinfints
Et que vous aurez une petite amie anglaise
Vous pourrez murmurer
À son oreille dénaturée
Ce vers, le plus beau de la langue française
Et qui vient tout droit du gallo-romain:
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin. »
Admirez comme
Voyelles et consonnes sont étroitement liées
Les zunes zappuyant les zuns de leurs zailes.
Admirez aussi, mes zinfints,
Ces gé à vif,
Ces gé sans fin

René de Obaldia ("Innocentines")

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Celui-ci, plutôt direct, également :

Manège

Les chevaux de bois sont pas tous en bois
Les petits cochons vont pas tous en rond.

La dernière fois
Le cheval de bois
Que j'avais monté
Voulait m'renverser.
J'ai pris son oreille
Je lui ai mordu
Le sang de l'oreille
Je lui ai tout bu.
Alors il m'a dit :
"Pourquoi tu m'fais mal ?
Je n'suis qu'un cheval
Tu n'es pas gentil."
Et il m'a promis
Que quand je voudrais
Il m'emporterait
Jusqu'au Paradis !

Le petit cochon
Aux yeux de mouton
Que j'avais monté
Un beau jour d'été
Voulait s'échapper
Des autres cochons.
Il courait si vite
Qu'il faillit me tuer,
Ça sentait les frites
De tous les côtés !
Mais j'tirai si fort
Sur sa queue en or
Qu'elle me resta
Entre les dix doigts.
Je l'ai rapportée
L'soir à la maison,
Ça sert aux dîners
Comme tir'bouchon.

Les chevaux de bois sont pas tous en bois
Les petits cochons vont pas tous en rond.

René de Obaldia ("Innocentines")

Quelques autres titres de textes, pour vous donner envie  :
"Une dame très très morte", "Yous pique angliche", "Le col du fémur", "Berceuse de l'enfant qui ne veut pas grandir", "Ouiquenne", "Julot-Mandibule", "Antoinette et moi" ... il y a en tout soixante-dix textes, ça fait quoi ... à peine 10 centimes d'euro le poème, et on a quoi sinon, pour 10 centimes d'euro ?



- Louisa Paulin -

Louisa Paulin (1888-1944) a vécu dans le Tarn, où elle a été institutrice. Elle écrit ses poèmes d'abord uniquement en français, puis en français et en occitan.
“Je me suis mise à la langue d'Oc par repentir d'avoir si longtemps ignoré mon pays et peut-être de l'avoir un peu méprisé”.

Chat

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- Je viens du fond de la nuit,
je viens de jouer sans bruit
avec le vent et la lune.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- Je viens d'aiguiser mes dents
à l'or du soleil levant
je l'ai cardé de mes griffes.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- Je viens de lustrer mon corps
sous la pluie des gouttes d'or
et ma fourrure étincelle.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- D'un pays silencieux
qui dort au fond de mes yeux
à l'abri de mes paupières.

Chat, chat, d'où viens-tu ?
- D'un pays où je suis roi
moi, j'en viens, vous n'irez pas,
vous n'irez pas, demoiselle !

Louisa Paulin ("Poèmes")

 

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La nouvelle année

Nouvelle année, année nouvelle,
Dis-nous, qu’as-tu sous ton bonnet ?
J’ai quatre demoiselles
Toutes grandes et belles.
La plus jeune est en dentelles.
La seconde en épis.
La cadette est en fruits,
Et la dernière en neige.
Voyez le beau cortège !
Nous chantons, nous dansons
La ronde des saisons.

Louisa Paulin

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Cette "Chanson de mariage" a été mise en musique par Henri Rys. On la trouve souvent sans les troisième et quatrième couplets

Chanson de mariage

La pie veut se marier,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie veut se marier,
C'est pour rire et pour pleurer.

Elle épousera le geai,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Elle épousera le geai,
C'est pour rire et s'amuser.

C'est un fort joli garçon,
C'est pour rire, c'est pour rire,
C'est un fort joli garçon,
C'est pour rire sans façon.

Il a un bel habit bleu,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Il a un bel habit bleu,
C'est pour rire quand on peut.

La pie est folle du geai,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie est folle du geai,
C'est pour rire et pour chanter.

Quand ils se sont fiancés,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Quand ils se sont fiancés,
On a ri, chanté, dansé.

Le jour ils se sont griffés,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Le jour ils se sont griffés,
Ce n'est que pour commencer.

Demain ils s'épouseront,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Demain ils s'épouseront,
Et le soir ils se battront.

La pie veut se marier,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie veut se marier,
C'est pour rire et pour pleurer.


Louisa Paulin (dans l'anthologie d'Armand Got "Pin Pon d'or" - éditions Colin-Bourrelier, 1972)

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L'Escalier de verre

Pour arriver dans cette terre
Passez par l'Escalier de verre.

Alors quittez vos lourds sabots,
Le verre est fin, les pieds sont gros.

Je suis allée dans un pays
Où l'on attelait les fourmis.

Je suis entrée dans les maisons
Où l'on y sucrait les jambons.

Je suis allée à l'écurie
On y déployait un tapis ;

La lune brillait tout le jour,
Le soleil était dans le four.

Le pain cuisait à la fontaine
Et les hommes filaient la laine.

Le feu pleurait des larmes d'eau,
La fermière plumait un veau.

Le vin coulait à l'abreuvoir
Et l'eau ruisselait du pressoir.

Les vaches paissaient les nuages
Et tous les enfants étaient sages.

Les loups berçaient les nourrissons
Et leur murmuraient des chansons.

Les renards allaient à confesse
Et le lutin chantait la messe.

L'église dansait la polka
Et les maisons la mazurka
 
Alors pour quitter cette terre
J’ai repris l'Escalier de verre
J'ai dit à tous ceux que j'ai vu
Et personne, alors, ne m'a cru.

Mais si vous voulez tout savoir
Fermez les yeux, allez-y voir.

Je prends la clé et je la serre
Au bas de l'Escalier de verre.

Celui qui la retrouvera
Mon petit conte achèvera.

Personne n'a trouvé la clé.
Cric ! Crac ! Mon conte est achevé.


Louisa Paulin ("L'escalier de verre")

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Chanson pour rire

Le Rat, la Rate sont partis
Quel beau voyage !
Le Rat, la Rate sont partis
Pour voir Paris.

Ils sont partis en avion
Quel beau voyage !
Ils sont partis en avion
avec Raton.

En arrivant se sont assis
Quel beau voyage !
En arrivant se sont assis
Pour voir Paris.

Sur Notre-Dame de Paris
Quel beau voyage !
Sur Notre-Dame de Paris
Quel beau pays !

Ils ont mangé la Tour Eiffel
Quel beau voyage !
Ils ont mangé la Tour Eiffel
Au caramel.

Ils reviendront tous par sans-fil
Quel beau voyage !
Ils reviendront tous par sans-fil
Ainsi soit-il !

* "par sansfil", référence non pas au Wifi actuel mais plus probablement aux ondes radio

Louisa Paulin (dans l'anthologie d'Armand Got "Pin Pon d'or" - éditions Colin-Bourrelier, 1972)

fille_verte_cr_ation__PP10Une chansonnette à la manière de Louisa Paulin

Des classes se sont amusées à créer des comptines chantées à la manière de ces deux chansons de Louisa Paulin. A vous de voir si...
En maternelle : http://www.perigord.com/asso/asco/pages/ecoles.htm
En Cycle 3 (CM) : http://www.ac-nancy-metz.fr/ia88/Lubine/chansons_pour_rire.htm



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