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1 novembre 2009

Norac, Norge - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Carl Norac -

Carl Norac, né en 1960 est un poète et romancier belge, auteur de recueils de poésie et d'albums pour la jeunesse. C'est le fils de Pierre Coran (son nom d'auteur est un anagramme).

Ci-après, un poème-acrostiche - voir le paragraphe JEUX de la page 1 de cette catégorie (par retour au sommaire) pour d'autres acrostiches et des idées de création livre_Carl_Norac_lettres_du_g_ant

Étoile ou étincelle

Pour qu'elle soit plus belle*,
Osons déshabiller nos phrases
Et nos pensées.
Surprise, elle devient
Imaginairement
Etoile ou étincelle
.

* au singulier, puisque la phrase se réfère à la poésie, sous-entendue, à lire en acrostiche.
Carl Norac (dans "Lettres du  géant à l’enfant qui passe suivi du ..." - Labor Éditions, collection Espace Nord, 2002)

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Poème du cartable rêveur

Pendant que tu étais
Sur la plage, cet été,
Ou bien dans la forêt,
As-tu imaginé
Que ton cartable rêvait ?
Il rêvait d’avaler
Des crayons, des cahiers,
Puis d’aller, comme on vole,
Sur le chemin de l’école.

Carl Norac



- Géo Norge -

Géo Norge (1898-1990), qui signe la plupart du temps "Norge" tout court, est un poète belge.

Zoziaux

Amez bin li tortorelle,
Ce sont di zoziaux
Qui rocoulent por l’orelle
Di ronrons si biaux.

Tout zoulis de la purnelle,
Ce sont di zoziaux
Amoreux du bec, de l’aile,
Du flanc, du mousiau.

Rouketou, rouketoukou
Tourtourou torelle
Amez bin li roucoulou
De la tortorelle.

On dirou quand on l’ascoute
Au soleil d’aoûte
Que le bonhor, que l’amor
Vont dorer tozor.

Géo Norge ("La Langue verte", Œuvres poétiques - Seghers, 1978)

crayon lieucommunLe langage enfantin

Il est naturellement celui de l'enfant débutant dans la vocalise, dont le lexique et la structuration s'enrichit, devançant l'articulation correcte.
Il est aussi celui des poètes qui ont, comme Norge, imité et brodé à partir de phrases d'enfant.
On s'exercera à cet exercice, à l'exemple de Norge,
Jehan Rictus ou Jean Tardieu (voir les paragraphes de ces auteurs).

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Monsieur
      
Je vous dis de m’aider,
Monsieur est lourd.
Je vous dis de crier,
Monsieur est sourd.
Je vous dis d’expliquer,
Monsieur est bête.
Je vous dis d’embarquer,
Monsieur regrette.
Je vous dis de l’aimer,
Monsieur est vieux.
Je vous dis de prier,
Monsieur est Dieu.
Éteignez la lumière,
Monsieur s’endort.
Je vous dis de vous taire,
Monsieur est mort.

Géo Norge ("Famines", Œuvres poétiques - Seghers, 1978)

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Oubli

Il y pensa beaucoup.
Puis il y pensa moins
Il y pensa très peu.
Puis il n'y pensa plus.

Il trouva même très drôle
d'y avoir tant pensé.
Puis ne pensa plus même
qu'il y pensa jamais.

Géo Norge ("Eux les anges" - éditions Flammarion, 1978)

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Avertissement : "Totaux" est présenté ici en version intégrale.  En version scolaire, les deux vers en italique couleur sont absents :

Totaux

Ton temps têtu te tatoue
T’as-ti tout tu de tes doutes ?
T’as-ti tout dû de tes dettes ?
T’as-ti tout dit de tes dates ?
T’a-t-on tant ôté ta teinte ?
T’a-t-on donc dompté ton ton ?
T’as-ti tâté tout téton ?
T’as-ti tenté tout tutu ?

T’es-ti tant ? T’es-ti titan ?
T’es-ti toi dans tes totaux ?
Tatata,tu tus ton tout.

Géo Norge ("La Langue Verte" - éditions Gallimard, 1954)
Irrésistible ! Ecoutez ici trois interprétations de ce texte, qu'a diffusées la RTBF (Radio belge) :
http://www.vousprendrezbienunvers.be/actions/radio.html

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La Faune

    Et toi, que manges-tu, grouillant ?
— Je mange le velu qui digère
le pulpeux qui ronge le rampant.

Et toi, rampant, que manges-tu ?
— Je dévore le trottinant qui bâfre
l’ailé qui croque le flottant.

Et toi, flottant, que manges-tu ?
— J’engloutis le vulveux qui suce le ventru
qui mâche le sautillant.

Et toi sautillant que manges-tu ?
— Je happe le gazouillant qui gobe
le bigarré qui égorge le galopant.

Est-il bon, chers mangeurs, est-il
bon, le goût du sang ?
— Doux, doux ! tu ne sauras jamais
comme il est doux, herbivore !

Géo Norge ("Famines" - éditions Stols, 1950)

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On peut se tromper

— Tiens… c'est une girafe
Et j'ai cru si longtemps que c'était un pommier.
— Alors ces pommes que j'aimais tant ?
— C'était de la crotte, Aristide.
— De la crotte ! Alors j'aimais de la crotte ?
— Mais oui, Aristide, on peut se tromper…
Et le principal c'est d'aimer.

Géo Norge ("Cerveaux brûlés" - éditions Flammarion, 1969)

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Chant du merle

La roue en avait assez
De trimballer la charrette.
Le poivre en avait assez
D'assaisonner la blanquette.
Assez que l'eau chaude avait
De cuire à point les navets,
Le feu d'exciter l'eau chaude,
Le four d'enfler la farine
Et le poète ses odes.
La rose était écœurée
De caresser les narines.
Un dormant raz de marée
Couvrit toute la machine.
Assez ! assez, plus qu'assez
Geignaient mille pots cassés.
Le cœur lui-même était las,
Oh ! las de voler si bas.
Tout dormait, dorma, dormut
Dans les vieux pays fourbus.
Et tout dormirait encore,
Tout dormirait à jamais,
Si, tout à coup dans l'aurore
D'un joli mai qui germait,
Perlant, fusant à la ronde,
Le chant d'un merle jeunet
N'avait réveillé le monde.

Géo Norge ("La Belle Saison" - éditions Flammarion, 1993)

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SI...Si

    Avec des si, on verrait picorer les vaches, on verrait brouter les poules. Les cochons butineraient
et l'on ferait du boudin d'abeille. D'ailleurs la gauche serait la droite et personne n'en saurait rien.
Le monde est toujourts naturel.

Géo Norge ("Mirlitons"- éditions de L'École des loisirs, 1978)



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