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11 novembre 2009

Auteurs P 1 - PP 2013 EN FRANÇAIS - Louisa Paulin - Georges Perec - Benjamin Péret

- Louisa Paulin -

Louisa Paulin (1888-1944) a vécu dans le Tarn (naissance à Réalmont), où elle a été institutrice. Elle écrit ses poèmes d'abord uniquement en français, puis en français et en occitan.
“Je me suis mise à la langue d'Oc par repentir d'avoir si longtemps ignoré mon pays et peut-être de l'avoir un peu méprisé”. Un texte se trouve rangé dans la catégorie
 POÉSIES PAR THÈME : le calendrier, Noël, le nouvel an ...

D'autres textes, dans les deux langues sont rangés ici : éloge de l'autre, page 5

Cette "Chanson de mariage" a été mise en musique par Henri Rys. On la trouve souvent sans les troisième et quatrième couplets :

Chanson de mariage

La pie veut se marier,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie veut se marier,
C'est pour rire et pour pleurer.

Elle épousera le geai,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Elle épousera le geai,
C'est pour rire et s'amuser.

C'est un fort joli garçon,
C'est pour rire, c'est pour rire,
C'est un fort joli garçon,
C'est pour rire sans façon.

Il a un bel habit bleu,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Il a un bel habit bleu,
C'est pour rire quand on peut.

La pie est folle du geai,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie est folle du geai,
C'est pour rire et pour chanter.

Quand ils se sont fiancés,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Quand ils se sont fiancés,
On a ri, chanté, dansé.

Le jour ils se sont griffés,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Le jour ils se sont griffés,
Ce n'est que pour commencer.

Demain ils s'épouseront,
C'est pour rire, c'est pour rire,
Demain ils s'épouseront,
Et le soir ils se battront.

La pie veut se marier,
C'est pour rire, c'est pour rire,
La pie veut se marier,
C'est pour rire et pour pleurer.

Louisa Paulin (dans l'anthologie d'Armand Got "Pin Pon d'or" - éditions Colin-Bourrelier, 1972)

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Tout comme celle-ci, dont on fera peut-être l'économie du dernier couplet, ou alors il faut resituer ... :

Chanson pour rire

Le Rat, la Rate sont partis
Quel beau voyage !
Le Rat, la Rate sont partis
Pour voir Paris.

Ils sont partis en avion
Quel beau voyage !
Ils sont partis en avion
avec Raton.

En arrivant se sont assis
Quel beau voyage !
En arrivant se sont assis
Pour voir Paris.

Sur Notre-Dame de Paris
Quel beau voyage !
Sur Notre-Dame de Paris
Quel beau pays !

Ils ont mangé la Tour Eiffel
Quel beau voyage !
Ils ont mangé la Tour Eiffel
Au caramel.

Ils reviendront tous par sans-fil
Quel beau voyage !
Ils reviendront tous par sans-fil
Ainsi soit-il !

Louisa Paulin (dans l'anthologie d'Armand Got "Pin Pon d'or" - éditions Colin-Bourrelier, 1972)

logo_cr_ation_po_tique Une chansonnette à la manière de Louisa Paulin

Des classes se sont amusées ici à créer des comptines chantées à la manière de ces deux chansons de Louisa Paulin. A vous de voir si...
En maternelle : http://www.perigord.com/asso/asco/pages/ecoles.htm
En Cycle 3 (CM) : http://www.ac-nancy-metz.fr/ia88/Lubine/chansons_pour_rire.htm



- Georges Perec -

Georges Perec (1936-1982), écrivain, poète, a placé la majeure partie de son oeuvre sous les contraintes de l'Oulipo. Voir le paragraphe consacré à ce Mouvement littéraire et à Raymond Queneau, ainsi que Jean Lescure. Perec est l'auteur de La Vie Mode d’emploi (éditions Hachette/POL 1978) et de La disparition (éditions Denoël, 1969), roman de 300 pages sans la lettre E (voir ci-dessous).

Les contraintes de l'OULIPO, en dehors du plaisir que peut prendre l'auteur au jeu de construction lui-même, produisent parfois d'étonnants effets. On cherchera ici la meilleure diction, pour cette accumulation d'infinitifs.

Exercice de mémorisation difficile pour restituer à haute voix cette suite sans liens logiques apparents ...

Déménager

Quitter un appartement. Vider les lieux.
Décamper. Faire place nette. Débarrasser le plancher.
Inventorier, ranger, classer, trier.
Éliminer, jeter, fourguer.
Casser.
Brûler.
Descendre, desceller, déclouer, décoller, dévisser, décrocher.
Débrancher, détacher, couper, tirer, démonter, plier, couper.
Rouler.
Empaqueter, emballer, sangler, nouer, empiler, rassembler, entasser, ficeler, envelopper, protéger, recouvrir, entourer, serrer.
Enlever, porter, soulever.
Balayer.
Fermer.
Partir.

Georges Perec ("Espèces d'espaces" - éditions Galilée, 1974)

logo_cr_ation_po_tique L'infinitif à l'infini

Ce procédé a été tenté par des élèves de collège (5e) ici :
http://paroles2.free.fr/demenager.html

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Georges Perec, dans son roman "La Disparition", s'est interdit d'utiliser la lettre "E", la plus fréquente en français. C'est ce qu'on appelle un lipogramme.
Ci-dessous, extrait de cet ouvrage, "Vocalisations" est la réécriture sans "E" du poème "Voyelles", d'Arthur Rimbaud (l'original est à la suite).
Évidemment, il fallait s'attendre à quelques difficultés, pour l'auteur ... et pour le lecteur.

Mais à "vocaliser", donc ...

Vocalisations

A noir, (Un blanc), I roux, U safran, O azur:
Nous saurons au jour dit ta vocalisation :
A, noir carcan poilu d'un scintillant morpion
Qui bombinait autour d'un nidoral impur,

Caps obscurs; qui, cristal du brouillard ou du Khan,
Harpons du fjord hautain, Rois Blancs, frissons d'anis ?
I, carmins, sang vomi, riant ainsi qu'un lis
Dans un courroux ou dans un alcool mortifiant;

U, scintillations, rond divins du flot marin,
Paix du pâtis tissu d'animaux, paix du fin
Sillon qu'un fol savoir aux grands fronts imprima;

O, finitif clairon aux accords d'aiguisoir,
Soupirs ahurissant Nadir ou Nirvâna :
O l'omicron, rayon violin dans son Voir !

Georges Perec ("Espèces d'espaces" - éditions Galilée, 1974)

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Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Arthur Rimbaud (écrit en 1871, édité en 1883 dans "Lutèce")



- Benjamin Péret -

 Benjamin Péret (1899-1959) est un poète français surréaliste ("Le Grand jeu", 1928 édité dans la collection  Poésie/Gallimard en 1969). Membre actif du Mouvement Dada (voir Breton, Desnos, Tzara...), il est celui qui a le plus exploré et pratiqué l'écriture automatique. Dans ses poèmes, il dérange avec humour le sens du texte et des mots, en toute liberté. Révolutionnaire, contre toutes les institutions, il s'engage aux côtés des Républicains en 1936 pendant la guerre civile d'Espagne.
Sur sa tombe on peut lire cette épitaphe qui lui avait sans doute tenu lieu de règle de vie : "Je ne mange pas de ce pain-là."

On s'essouflera peut-être à dire ce texte :

 

S'essoufler
 à Max Morisse

Ah fromage voilà la bonne madame
Voilà la bonne madame au lait
Elle est du bon lait du pays qui l'a fait
Le pays qui l'a fait était de son village

Ah village voilà la bonne madame
Voilà la bonne madame fromage
Elle est du pays du bon lait qui l'a fait
Celui qui l'a fait était de sa madame

Ah fromage voilà du bon pays
Voilà du bon pays au lait
Il est du bon lait qui l'a fait du fromage
Le lait qui l'a fait était de sa madame

 

Benjamin Péret ("Le grand jeu", 1928,  Gallimard, réédité en Poésie-Gallimard, 2001)

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Les temps révolus

Le soleil de ma tête est de toutes les couleurs

C'est lui qui brûle les maisons
de paille
où vivent les seigneurs échappés des cratères
et les belles dames qui naissent chaque matin
et meurent chaque soir
comme les moustiques
Moustique de toutes les couleurs
que viens-tu faire ici
II fait un soleil de chien
et la houle secoue les montagnes
maintenant que les montagnes
nagent sur une mer de lumière
une mer sans vie sans poids sans chaleur
où je ne mettrai pas le bout de mon pied

Benjamin Péret ("Le grand jeu", 1928,  Gallimard, réédité en Poésie-Gallimard, 2001)



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