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1 mars 2008

Albert SAMAIN - le féminin en poésie

Albert Samain (1858-1900) est un poète symboliste.

La dame de printemps

 

Ses longs cheveux d’aurore ogivant son front lisse,
la dame de printemps, en un songe éternel,
au bord du lac où sonnent les cors d’Avenel
mire les fleurs de sa robe de haute lisse.

 

Parmi l’avril épars, et les tièdes délices,
limpide, elle sourit à l’azur fraternel.
Ses yeux ont la couleur du lac originel,
et son corps se balance au rythme des calices.

 

L’étendard bleu frissonne au vent sur les tourelles :
or le doux mal qui chante au coeur des tourterelles
en son coeur berce un rêve ineffable à saisir.

 

C’est la langueur d’aimer qui brame sur la berge,
et de ses longues mains, elle flatte, la vierge,
à ses pieds allongé son tigre, le désir.

Albert Samain 1858-1900 ("Le Chariot d’or")



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1 mars 2008

Georges SCHÉHADÉ - le féminin en poésie

Georges Schehadé (1910-1989) est un poète libanais d'expression française.

raconteDans la pièce dramatique autour de l'histoire de Vasco de Gama, l'auteur met en scène Marguerite, une jeune fille, qui raconte, endormie, le rêve qu'elle est en train de faire à son père :

Le rêve de Marguerite 

"J'avance merveilleuse et abandonnée
En protégeant mes pas
Comme si j'étais noisette au corps léger.
L'ombre ici est une seconde lumière
Qui double tout ce que je vois
Ainsi l'ombre de la rose est une rose plus
légère.
Voici que le jour me quitte en me laissant
Ses mains et ses pas de violettes
Dans un jardin.
L'eau n'a pas de bruit.
Et je serais morte de faim dans ce lieu de
lumière
N'était la mangeoire d'un cheval
Pleine de bleuet et de pain"
. 

georges Shéhadé ("Histoire de Vasco*" - éditions Gallimard, 1957)   -  * Vasco de Gama.



1 mars 2008

Léopold SÉDAR SENGHOR - le féminin en poésie

Léopold SÉDAR SENGHOR (1906-2001) est un poète, écrivain et homme politique sénégalais. Élu en 1960 président de la République du Sénégal, il dirige ce pays pendant 20 ans.
source Wikipédia : Sa poésie essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences."

Par ailleurs il approfondira le concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire, en la définissant ainsi : "La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture".

Femme noire

Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Été et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée.

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or rongent ta peau qui se moire.

Á l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.

Léopold Sédar Senghor ("Chants d'Ombre - Éditions du Seuil, 1945)



1 mars 2008

Philippe SOUPAULT - le féminin en poésie

Philippe Soupault (1897-1990) est un poète et romancier surréaliste. Il a appartenu au mouvement Dada (voir André Breton). Il est l'auteur avec André Breton du premeir grand texte surréaliste : Les Champs magnétiques, et tout comme Breton, il s'est éloigné du Mouvement surréaliste qu'il avait contribué à fonder.

On trouvera de nombreux textes sur le blog ici : PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes

Pour Alice

Est-ce un oiseau qui aboie
une lampe qui fume
cet enfant qui verdoie

C'est un lapin qui chante
un homme qui rit
un prêté pour un rendu

Alice ma fille ma plume
jouons enfin au plus fin
au jugé à la tartelette

Il faut nous donner la main
les lunettes sur nos cheveux
et les cheveux sur nos lunettes

Philippe Soupault  ("Chansons" -  Éditions Eynard, 1949) Ce texte a été mis en musique et la chanson est interprétée dans le disque "Suite pour un jeune poète n°1")  par Hélène Martin. On y trouve aussi "Chassé-croisé".

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Mélancolie

Mélancolie Mélancolie
quel joli nom pour une jeune fille
Neurasthénie Neurasthénie
quel vilain nom pour une vieille fille

Je cherche un nom pour un garçon
un nom d'emprunt un nom de guerre
pour la prochaine et la dernière
pour la dernière des dernières

Esprit, peut-être Agénor
ou Singulier ou Dominique
un nom à coucher dehors
au temps des bombes atomiques

Mais je préfère Nuit
pour celle que j'aime et chéris
Nuit brune, nuit douce
Nuit claire comme eau de source

Philippe Soupault  ("Chansons" -  Éditions Eynard, 1949 et "Poèmes et poésies" - Éditions Grasset, collection Les Cahiers rouges, 1987)

 

fille_verte_cr_ation__PP10Prénoms, surnoms féminins

Imaginer une fillette, une jeune fille ou  une femme portant un nom commun imagé comme prénom, nom ou surnom. Trouver  des arguments, comparaisons, métaphores, pour le défendre ou le critiquer . On peut construire son poème sur la structure de "Mélancolie" en terminant par un choix personnel.



1 mars 2008

Pierre SEGHERS - le féminin en poésie

Pierre Seghers (1906-1987) est un poète et un éditeur de poésie révélateur de poètes (Les éditions Seghers publient toujours).
Il est le créateur de la revue des poètes de la Résistance : Poésie 40, qui publie, aussi des textes actuels et de la collection "Poètes d’aujourd’hui", ainsi que de nombreuses anthologies poétiques. On trouve Pierre Seghers avec d'autres textes dans la catégories PRINT POÈTES 2008 : L'AUTRE (France) et  PAROLES et musique sur ce blog.

sans titre (titre proposé : le temps des merveilles)

Ta robe ne sera pas de brocart, mais de soie,
invisible comme une fumée s’enroulant
autour de la rosée d’un glaïeul. Ni l’ambre
ni le musc ne t’oindront des parfums d’Arabie
plus lourds que les pesants bijoux, mais dans la nuit
le chèvrefeuille s’ouvrira, transparent et frais. L’aube naîtra,
le soleil reviendra d’un coup, comme une boule dans les persiennes
pour le jeu du bonheur égaré, renaissant. On écoutera la pacotille
et les fruits inconnus s’échanger dans la rue
dans des échoppes de couleurs. On reverra
comme en rêve, glisser la rivière bleutée
sur ton dos de vanille et je t’entendrai rire ...
 

Pierre Seghers ("Le temps des merveilles", éditions Seghers, 1978) 



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1 mars 2008

Jean SÉNAC - le féminin en poésie

Jean Sénac (1926-1973) est un poète et un combattant pour l'indépendance de l'Algérie, le pays où il avécu et où il est mort assassiné.

Miroir de l'églantier

Feu de sarments dans tes yeux
Feu de ronces sur tes joues
Feu de silex sur ton front
Feu d'amandes sur tes lèvres
Feu d'anguilles dans tes doigts
Feu de laves sur tes seins
Feu d'oranges dans ton coeur
Feu d'oeillets à ta ceinture
Feu de chardons sur ton ventre
Feu de glaise à tes genoux
Feu de bave sous tes pieds
Feu de sel et feu de boue
un incendie réel
tout droit sur la falaise
un faisceau de saveurs
où je me reconnais

Mère ma ténébreuse.

Jean Sénac ("Poèmes" - Éditions Gallimard - collection "Espoir" dirigée par Albert Camus, 1954)



1 mars 2008

SULLY PRUDHOMME - le féminin en poésie

René-François Sully Prudhomme (1839–1907), dont on a oublié le prénom, a publié Stances et poèmes en 1865.

La Folle

Errante, elle demande aux enfants d'alentour
Une fleur qu'elle a vue un jour en Allemagne,
Frêle, petite et sombre, une fleur de montagne.
Au parfum pénétrant comme un aveu d'amour.

Elle a fait ce voyage, et depuis son retour
L'incurable langueur du souvenir la gagne :
Sans doute un charme étrange et mortel accompagne
Cette fleur qu'elle a vue en Allemagne un jour.

Elle dit qu'en baisant la corolle on devine
Un autre monde, un ciel, à son odeur divine,
Qu'on y sent l'âme heureuse et chère de quelqu'un.

Plusieurs s'en vont chercher la fleur qu'elle demande,
Mais cette plante est rare et l'Allemagne est grande ;
Cependant elle meurt du regret d'un parfum.

Sully Prudhomme ("Les Epreuves" - éditions Lemerre)

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Les Danaïdes

Toutes, portant l’amphore, une main sur la hanche,
Théano, Callidie, Amymone, Agavé,
Esclaves d’un labeur sans cesse inachevé,
Courent du puits à l’urne où l’eau vaine s’épanche.

Hélas ! le grès rugueux meurtrit l’épaule blanche,
Et le bras faible est las du fardeau soulevé :
"Monstre, que nous avons nuit et jour abreuvé,
Ô gouffre, que nous veut ta soif que rien n’étanche ?"

Elles tombent, le vide épouvante leurs coeurs ;
Mais la plus jeune alors, moins triste que ses soeurs,
Chante, et leur rend la force et la persévérance.

Tels sont l’oeuvre et le sort de nos illusions :
Elles tombent toujours, et la jeune Espérance
Leur dit toujours : " Mes soeurs, si nous recommencions !"

Sully Prudhomme ("Les Epreuves" - éditions Lemerre)

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Réalisme

Elle part, mais je veux, à mon amour fidèle,
La garder tout entière en un pieux portrait,
Portrait naïf où rien ne me sera soustrait
Des grâces, des défauts, chers aussi, du modèle.

Arrière les pinceaux ! sur la toile cruelle
Le profane idéal du peintre sourirait :
C'est elle que je veux, c'est elle trait pour trait,
Belle d'une beauté que seul je vois en elle.

Mais, ô soleil, ami qui la connais le mieux,
Qui prêtes à son coeur, quand nous sommes ensemble
Tes rayons les plus purs pour luire dans ses yeux,

Artiste dont la main ne cherche ni ne tremble,
Viens toi-même au miroir que je t'offre imprimer
Chacun de ces rayons qui me la font aimer.

Sully Prudhomme ("Les Epreuves" - éditions Lemerre)

1 mars 2008

jules SUPERVIELLE - le féminin en poésie

Jules Supervielle, poète franco-uruguayen de langue française, est né en 1884 à Montevideo, et il est mort à Paris en 1960.
Il a partagé son existence entre deux pays, deux continents, d'où vient peut-être cette approche du monde.

..."L'étoile dit : je tremble au bout d'un fil, si nul ne pense à moi, je cesse d'exister." (Supervielle)

Elle lève les yeux

Elle lève les yeux et la brise s'arrête,
Elle baisse les yeux, la campagne s'étend,
Elle tourne la tête une rose se prend
Au piège et la voilà qui tourne aussi la tête
Et jusqu'à l'horizon plus rien n'est comme avant
.

Jules Supervielle ("Naissances" dans "Naissances, suivi de En songeant à un art poétique", La Pléiade - Gallimard, 1951)

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Madame

O dame de la profondeur,
Que faites-vous à la surface,
Attentive à ce qui se passe,
Regardant la montre à mon heure ?

Madame, que puis-je pour vous,
Vous qui êtes là si tacite,
Ne serez-vous plus explicite,
Vous qui me voulez à genoux ?

Ce regard solitaire et tendre
Aimerait à se faire entendre ?
Et c'est à lui que je me dois
Puisque vous n'avez  pas de voix ?

Grande dame des profondeurs,
O voisine de l'autre monde,
Me voulez-vous en eaux profondes
Aux  régions de votre coeur ?

Pourquoi me regarder avec des yeux d'otage,
Jeunesse d'au-delà les âges ?
Votre fixité signifie
Qu'il faut à vous que je me fie ?

Pour quelle obscure délivrance
Me demandez-vous alliance ?

O vous toujours prête à finir,
Vous voudriez me retenir
Sur ce bord même de l'abîme
Dont vous êtes l'étrange cime.

Dame qui me voulez fidèle à votre image
Voilà que maintenant vous changez de visage ?
Comment vous suivre en vos détours,
Je suis simple comme le jour.

Comment pourrais-je me fier
A ce que vous sacrifiez,
Ou pensez-vous ainsi me dire
Que changer n'est pas se trahir
Que vous vous refusez au gel
Définitif de l'éternel ?

Devez-vous donc, quoi qu'il arrive,
Demeurer secrète et furtive ?
Ecoutez, mon obscure reine,
II est tard pour croire aux sirènes.

O vous dont la douceur étonne
Venez-vous de jours sans personne ?

Est-ce la cendre de demain
Que vous serrez dans votre main ?
Fille d'un tout proche avenir,
Venez-vous m'aider à finir

Avec ce délicat sourire
Qui veut tout dire sans le dire ?

O dame de mes eaux profondes
Serais-je donc si près des ombres ?
Ou venez-vous m'aider à vivre
De tout votre frêle équilibre ?

Que faire d'un si beau fantôme
Dans mes misérables bras d'homme ?

Oh si profonde contre moi
Vous mettez toute une buée
Fragile, bien distribuée
Dessus mon plus secret miroir.

Déjà méconnaissable à tous vos changements
Pourquoi vous voilez-vous le visage à présent ?
Est-ce pour retrouver enfin votre figure
Véritable, après tant de touchante imposture ?
 

Jules Supervielle ("Oublieuse mémoire" dans "La fable du monde – Oublieuse mémoire" - Poésie/Gallimard)

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À une enfant

Que ta voix à travers les portes et les murs
Me trouve enfin dans ma chambre, caché par la poésie,
O enfant qui es mon enfant,
Toi qui as l'étonnement de la corbeille peu à peu garnie de fleurs et d'herbes odorantes
Quand elle croyait oubliée dans un coin,
Et tu regardes de mon côté comme en pleine forêt l'écriteau qui montre les routes.
La peinture est visible à peine,
On confond les distances
Mais on est rassuré.
O dénuement !
Tu n'es même pas sûre de posséder ta petite robe ni tes pieds nus dans les sandales
Ni que tes yeux soient bien à toi, ni même leur étonnement,
Ni cette bouche charnue,
As-tu seulement le droit de regarder du haut en bas ces arbres qui barrent le ciel du jardin
Avec toutes ces pommes de pin et ces aiguilles qui fourmillent ?
Le ciel est si large qu'il n'est peut-être pas de place pour en dessous pour un enfant pour ton âge,
Trop d'espace nous étouffe autant que s'il n'en avait pas assez,
Et pourtant il te faut, comme les personnes grandes,
Endurer tout l'univers avec son sourd mouvement ;
Même les fourmis s'en accommodent et les petits des fourmis.
Comment faire pour acueillir les attelages sur les routes, à des vitesses différentes,
Et les chaudières des navires qui portent le feu sur la mer ?
Tes yeux trouveraient dans les miens le secours que l'on peut tirer
De cette chose haute à la voix grave qu'on appelle un père
 dans la maison.
S'il ne suffisait de porter un regard clair sur le monde
.

Jules Supervielle ("Gravitations" dans "Gravitations, précédé de Débarcadères" en Poésie/Gallimard)



1 mars 2008

Jean-Louis VANHAM - le féminin en poésie

EN ATTENTE



1 mars 2008

Jean TARDIEU - Le féminin en poésie

Jean Tardieu (1903-1995) est un écrivain français, poète, auteur de théâtre et romancier. On trouvera de nombreux textes de Jean Tardieu sur le blog dans cette catégorie : PRINT POÈTES 2009 : JEAN TARDIEU.

Les erreurs
(La première voix est posée, polie, maniérée et prétentieuse; l’autre est rauque, méchante et dure.)

Je suis ravi de vous voir
bel enfant vêtu de noir.

- Je ne suis pas un enfant
je suis un gros éléphant.

Quelle est cette femme exquise
qui savoure des cerises ?

- C’est un marchand de charbon
qui s’achète du savon.

Ah! que j’aime entendre à l’aube
roucouler cette colombe !

- C’est un ivrogne qui boit
dans sa chambre sous le toit.

Mets ta main dans ma main tendre
je t’aime ô ma fiancée!

- Je n’suis point vot’ fiancée
je suis vieille et j’suis pressée
laissez-moi passer !

Jean Tardieu ("Monsieur monsieur" Gallimard 1951)

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La môme néant
(Voix de marionnette, voix de fausset, aiguë, nasillarde, cassée, cassante, caquetante, édentée.)

Quoi qu’a dit* ?
- A dit rin.

Quoi qu’a fait ?
- A fait rin.

A quoi qu’a pense ?
- A pense à rin.

Pourquoi qu’a dit rin ?
Pourquoi qu’a fait rin ?
Pourquoi qu’a pense à rin ?

- A’xiste pas.

* Qu'est-ce qu'elle dit ? - Elle ne dit rien.
Jean Tardieu ("Monsieur monsieur" Gallimard 1951)

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Conseils donnés par une sorcière
(À voix basse , avec un air épouvanté, à l’oreille du lecteur.)

Retenez vous de rire
dans le petit matin !

N’écoutez pas les arbres
qui gardent les chemins !

Ne dites votre nom
à la terre endormie
qu’après minuit sonné !

À la neige, à la pluie
ne tendez pas la main !

N’ouvrez votre fenêtre
qu’aux petites planètes
que vous connaissez bien !

Confidence pour confidence :
vous qui venez me consulter,
méfiance, méfiance !
On ne sait pas ce qui peut arriver.

Jean Tardieu ("Monsieur monsieur" Gallimard 1951)

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La nièce attentionnée

Séraphine dans sa main
Tient quatre fleurs du jardin
Qu'elle a cueillies à quatre pattes
Quatre fois un quatre

Va au marché, choisit des truites
Quatre fois deux huit

Qu'elle pose dans sa blouse
Quatre fois trois douze

Achète un panier de fraises
Quatre fois quatre seize

Une bouteille de vin
Quatre fois cinq vingt

Un cornet de belles dattes
Quatre fois six vingt-quatre

Puis une douzaine d'huîtres
Quatre fois sept vingt-huit

Puis un ananas juteux
Quatre fois huit trente-deux

Enfin des grappes de cassis
Quatre fois neuf trente-six

Pour la fête de sa tante
Quatre fois dix quarante.

Jean Tardieu ("Il était une fois, deux fois, trois fois ... - Gallimard, 1947)



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