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lieu commun

1 novembre 2009

Vincensini - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

livre_Vincensini_je_dors_parfois_couv

- Paul Vincensini -

Paul Vincensini, qui se disait archiviste du vent, est né en 1930. Il a disparu en 1985, mais vous le trouverez encore à cette adresse .

"Quand je dis " archiviste du vent", je parle non de titre honirifique mais de fonction.
Il me faut préciser cependant qu'étant déjà - et de longue date - affecté à la Poussière, les multiples tâches que cela implique font que je ne suis mis à la disposition du vent qu'à titre de vacataire
 [...].  Je m'y suis formé à l'École des Mouches. [...] "

Paul Vincensini

Ses recueils sont pour la plupart aujourd'hui épuisés. On trouve malgré tout une grande partie de ses textes dans l'ouvrage qui reprend le titre de l'un de ses recueils : "Archiviste du vent", au cherche midi éditeur (première parution en 1986). L'humour de Paul Vincensini est souvent noir, voire désespéré, et grinçant, mais toujours très imagé. Les quelques textes choisis ici nous semblent parmi les plus adaptés au thème et aux élèves. "Archiviste du vent" est à se procurer (autour de 10 € en librairie), pour dénicher d'autres textes selon vos projets et mesurer la diversité de l'humour de son auteur.

L'ouvrage dont la couverture est reproduite ci-dessus est paru en 2007. Vincensini en aurait aimé les illustrations (Galeron).

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Un enfant veut répondre

Un enfant veut répondre
Il a levé le doigt
Dans une vieille école
Qui n'existe plus.
La neige a fondu sous les bancs
Il fait chaud comme à l'écurie
Et l'instituteur
A souligné tous les verbes à la craie bleue.
L'enfant qui veut répondre
Fait claquer ses doigts
Tachés d'encre violette
Dans la vieille école
Qui n'existe plus.

Paul Vincensini (recueil "Le point mort" - éditions Chambelland - 1969)

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L'arbre

Par la violence de son vertige
L'arbre a jailli du sol vaincu
Dans l'air où les oiseaux pleuraient
 
Une fleur au travail
Une abeille au galop
Un couteau dans son poitrail
Le sang du cheval blanc coule au trot
 
La chaleur arrondit la montagne
Mais glisse sur le tronc de l'arbre
Les feuilles et les tiges
Comme caillou dans la main
 
Une rivière suffit au rocher
Pour qu'il devienne enfant
 
La nuit le vent peuple l'arbre
De vieilles femmes aux dessous blancs
Mais à l'aurore ce sont déjà des fleurs
Qui se travaillent en fruits
 
Tout oiseau qui a touché à l'arbre
Doit mourir de son chant
Ses poussières et son chant.

Paul Vincensini (recueil "Des paniers pour les sourds" - éditions Chambelland - 1969)

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Moi j'ai toujours peur du vent

Me voici
Mes poches
Bourrées de cailloux
Pour rester avec vous
Ne pas m'envoler dans les arbres

Paul Vincensini (recueil "Toujours et jamais" - édition Culture et pédagogie - 1982)

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Le petit grillon

Le petit grillon qui garde la montagne
A bien du mérite croyez-moi
Quand de partout
Coucous et hiboux font ou
Coucou coucou
ou ouh ouh ouh ouh
A d'autres coucous
ou d'autres hiboux
qui font à tout coup
ou coucou coucou
ou ouh ouh ouh ouh
Toute toute toute la nuit
Le petit grillon vaillant
a bien du mérite
Et qu'est-ce qui le retient
Dites-le moi
Messieurs
De se croiser les bras
et de dormir longtemps
Sa tête
Entre ses deux yeux.

Paul Vincensini (recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? " - éditions Saint-Germain-des-Prés - 1975)

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Le parapluie

Un parapluie
Prit le train pour Paris
En compagnie d'une mamanrapluie.

Il pleuvait beaucoup ce soir-là
Mais dans le train
Il n'y avait personne

Elle pleura un peu
Puis ils se plurent beaucoup

Au retour tout le ciel était bleu

Paul Vincensini (recueil "Toujours et jamais" - édition Culture et pédagogie - 1982)

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Le poème qui suit, le plus connu de l'auteur, avait été initialement publié en 1975 dans le recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? ". Il est rangé pour "Archiviste du vent" (1986) avec les textes d'un recueil postérieur auquel Paul Vincensini avait donné ce même titre : "Toujours et Jamais" (1982). Simple, non ?

Toujours et Jamais

Toujours et Jamais étaient toujours ensemble
Ne se quittaient jamais
On les rencontrait dans toutes les foires
On les voyait le soir traverser le village
Sur un tandem
Toujours guidait
Jamais pédalait
C'est du moins ce qu'on supposait...
Ils avaient tous les deux une jolie casquette
L'une était noire à carreaux blancs
L'autre blanche à carreaux noirs
A cela on aurait pu les reconnaître
Mais ils passaient toujours le soir
Et avec la vitesse...
Certains d'ailleurs les soupçonnaient
Non sans raison peut-être
D'échanger certains soirs leur casquette
Une autre particularité
Aurait dû les distinguer
L'un disait toujours bonjour
L'autre toujours bonsoir
Mais on ne sut jamais
Si c'était Toujours qui disait bonjour
Ou Jamais qui disait bonsoir
Car entre eux ils s'appelaient toujours
Monsieur Albert Monsieur Octave.

Paul Vincensini (recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? " - éditions Saint-Germain-des-Prés - 1975)

logo_cr_ation_po_tique Création poétique : Voir  Monsieur, Monsieur de Jean Tardieu, pour des situations similaires.

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Moi dans l'arbre

T'es fou !
Tire pas !

C'est pas des corbeaux,
C'est mes souliers !

Je dors parfois dans les arbres.

Paul Vincensini (recueil "Le point mort" - éditions Chambelland - 1969)

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Les papillons

Les papillons
sont renseignés
sur toutes les fleurs.

Ils portent leur courrier
sans jamais se tromper.

C'est pas qu'ils y voient clair
Mais ils ont du nez.

Paul Vincensini (recueil "De bleu et d'ombre" - éditions Roche Sauve - 1977)

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Un texte pour la mauvaise saison, où l'humour noir et la familiarité ne parviennent pas à cacher la tendresse de l'auteur :

Moi l'hiver je pense

Moi l'hiver je pense
Aux petits oiseaux
Qui couvent des œufs glacés
Dans les arbres

Moi l'hiver je pense
Aux petits poissons
Qui se gèlent les bonbons
La nuit
Dans les rivières.

Paul Vincensini (recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? " - éditions Saint-Germain-des-Prés - 1975)

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Qu'est-ce qu'ils bouffent

Les noiseaux mangent des noisettes
Les crapauds des pâquerettes
Les chats des chalumettes
Quand il fait frais
Des chalumeaux
Quand il fait chaud.

Paul Vincensini (publié initialement dans la revue Poésie 1 n° 28-29,  "L'enfant et la poésie" (1973) , dans "Archiviste du vent" et dans le recueil "Je dors parfois dans les arbres" - éditions Motus 2007, posthume)



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1 novembre 2009

Voidies, Wouters - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Jean-Pierre Voidies -

Jean-Pierre Voidies (1926-1996) est un poète et un grand Résistant. Il avait été arrêté par la Gestapo, torturé puis déporté en Allemagne, avant d'entamer une carrière d'enseignant. Il a écrit de très nombreux contes, des recueils de poésie, des romans, des nouvelles. En 1981, par une transformation réelle de personnalité et d'identité, il devient Ovida Delect, "écrivaine et poétesse, citoyenne de France et du Monde", aboutissement d'un désir indispensable. (référence :  le film document "Appelez-moi Madame", de Françoise Romand, 1986, dans lequel Jean-Pierre Voidies livre sa recherche identitaire - lien pour un extrait du film : http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/CPA87004352/appelez-moi-madame.fr.html)

Son recueil "Par la plume du ballon bleu", poèmes pour enfants, est paru en 1975 chez Le Pavillon, Roger Maria éditeur.

La Roulotte

La roulotte brinquebale
Sur la route. Elle contient
Un jongleur avec ses balles
Un savant tout petit chien
La roulotte sonne tinte

Ça descend – Serrez le frein
Belle boîte fraîche peinte
Sur des roues jaune serin
Elle quitte mon village

Le grand bourg l’attire au loin
Elle emporte avec ramage
Des grelots de tambourin

ponctuation et orthographe originales respectées
Jean-Pierre Voidies (recueil "Par la plume du ballon bleu", poèmes pour enfants - Le Pavillon, Roger Maria éditeur -  repris dans La Fête en poésie, collection de poche Folio Junior, Gallimard).

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L'arbre qui chante

Écoute, écoute : un arbre chante
Car un nid s'est caché dedans

Qui trouvera, qui trouvera
Dans tout ce vert de sophora
Dans cette boule caressante
Le bateau chaud que la tourmente
Jamais, jamais ne brisera ?

Qui trouvera, qui trouvera ?

Mais laisse-donc, enfant, tais-toi

Pour une fois qu'un arbre chante ...

ponctuation et orthographe originales respectées
Jean-Pierre Voidies (recueil "Par la plume du ballon bleu", poèmes pour enfants - Le Pavillon, Roger Maria éditeur -  repris dans La Fête en poésie, collection de poche Folio Junior, Gallimard).

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Quand la nuit tombe ...

On épie, on écoute … et qui frôle ce mur ?
Ah ! c'est le lézard chaud, cliquetant comme un sabre !

Qui donc s'enfonce au cœur de l'arbre le plus dur ?
C'est l'insecte qui cherche une cache introuvable

Au-delà du tournant, qui donc ainsi palabre ?
Le vent fait tout frémir et plus rien n'est très sûr

la rose s'est fermée sur son parfum bien mûr
La rose s'est bouclée, c'est un nid confortable
C'est un nid rassurant pour ses pétales purs.

ponctuation et orthographe originales respectées
Jean-Pierre Voidies (recueil "Par la plume du ballon bleu", poèmes pour enfants - Le Pavillon, Roger Maria éditeur -  repris dans La Fête en poésie, collection de poche Folio Junior, Gallimard).

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Le torrent

Torrent, de caillou en galet
Tu sautes comme un moineau
Tu picores ton rocher
Bats de l'aile ton roseau

Tu te fais ton nid de mousse
Et tu tires du profond
De leurs graines, de leurs gousses
Les boutons d'or et les ajoncs

Tu glousses, tu glousses, tu glousses
Torrent, mon petit pipeau
D'eau claire — O mon petit roseau

Oiseau chanteur en verte mousse.

ponctuation et orthographe originales respectées
Jean-Pierre Voidies (recueil "Par la plume du ballon bleu", poèmes pour enfants - Le Pavillon, Roger Maria éditeur -  repris dans La Fête en poésie, collection de poche Folio Junior, Gallimard).



- Liliane Wouters -

Liliane Wouters est née en 1930.

Sur le thème de l'ENFANCE perdue , un poème d'adulte :

À l'enfant que je n'ai pas eu ...

À l'enfant que je n'ai pas eu
mais que d'un homme je reçus
septante fois sept fois et davantage, à l'enfant sage
dont je formai le souffle et le visage...
enfant conçu, toujours inachevé,
qu'on me fait, que je fais, à chaque fois que j'aime,
qui se défait en moi pour donner un poème...

Liliane Wouters



7 octobre 2009

FIN DE BLOG - SUITE SUR LE SITE

lieucommun a déménagé ses tréteaux

RETROUVEZ MAINTENANT VOS BROCANTES ICI

http://www.planetelieucommun.fr/

BROCANTE - FOIRE À TOUT - VIDE-GRENIER
BRADERIE - RÉDERIE - BRIC-À-BRAC - TROC ET PUCES - FOUZOU ...

dans

 

  • tout le département des Yvelines (78) et du Val d'Oise (95)
  • le nord-est de l'Eure (27) - limite Évreux
  • le sud-ouest de l'Oise (60) - limite Beauvais


  • lieucommun n'a rien à vendre, les publicités insérées entre les messages sont indépendantes de notre volonté


28 mai 2009

PRINTEMPS DES POÈTES 2009

 

lettre___Monsieur_Lapin_apl

ci-dessus, exemple d'objet poétique à créer proposé :
Lettre à Monsieur Lapin

Veuillez trouver dans ce colis
en promotion "chasse et nature"
vos bouchons d'oreille anti-bruit.
Nous régler avant ouverture.*
* de la chasse

Sérieux s'abstenir, le thème du
Printemps des poètes 2009 
est "en rires"
Voici un choix de textes et d'idées
de création poétique pour la classe
 sur le thème de l'humour
cliquez sur les liens :

PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes (divers auteurs)
et
PRINT POÈTES 2009 : JEAN TARDIEU
(choix de textes de Jean Tardieu)

lever_du_jour_DR_fen<< Voir aussi LES CATÉGORIES en MAJUSCULES POUR LA CLASSE

et puisqu'il arrive :    UNE SAISON en POÉSIE - été

<< L'été ou presque !

Le blog http://jourssemisentre2.canalblog.com/
propose des créations en arts plastiques pour les textes


 

 POÈME À LA DEMANDE

Vous cherchez le texte, le titre ou l'auteur d'une poésie ou d'une chanson ?
Laissez votre recherche précise ci-dessous, en commentaire de ce message
et lisez ICI les textes en recherche et ceux trouvés

NB. Le lien "contacter l'auteur" ne fonctionne pas toujours, préférez les commentaires


S_villa___septembre_2008___portrait_mur
Un mur, Sévilla, sept 2008 : décrépitude naturelle  (photo lieucommun)

Portrait dégoûtant

Il avait mauvaise mine
une langue de vipère
un nez de fouine
des oreilles de cocker
des dents de loup
des yeux de mouche
mais surtout
une bouche d'égoût.

C'est pourquoi
il ne se sentait pas bien du tout.

Antoine Bial


Les textes qui suivent seront rangés dans la nouvelle catégorie : Antoine Bial : Actus

Actualité de la semaine : samedi 23 avril 2009
 Contexte : Le 72e Festival de Cannes, strass et paillettes, montée des marches pour les stars, poses photo sur la plage pour les starlettes d'un jour.

Cinémas 

La Croisette déroule son tapis rouge,
Festival de Cannes,

prestige de stars.
La montée des marches fait tourner les têtes.

La Croisette déroule son tapis de sable,
festival de cannes,

vertige de starlettes
qui ne tournent que sur place.

La Croisette déroule son tapis bleu,
estival de Cannes,

la starlette arrête son cinéma.
Silence on tourne
la page.

Antoine Bial


 

Actualité de la semaine : lundi 20 avril 2009
 Contexte : Dialogue de malentendus à l'Elysée. Le Président et des journalistes.

Samedi 18 avril, Frédéric Lefebvre a accusé Libération de "ressembler de plus en plus à un tract". Selon lui, le quotidien, "après avoir perdu ses lecteurs, perd sa crédibilité". Le quotidien, citant des participants, avait mis dans la bouche du chef de l'Etat des commentaires notamment sur le président du gouvernement espagnol Zapatero, qui auraient été tenus lors d'un déjeuner avec des parlementaires.

Bien entendu

Bien entendu je n'ai rien dit
à ce propos,
je sais que vous l'avez compris
à demi-mot.
D'ailleurs je déments à l'avance
ce que je pense.
Ne jouez pas avec les mots.

- Bien entendu on reste sourd
à vos propos.
Comptez sur nous,
on rendra compte
mot pour mot.
On n'a pas le tract* pour le dire,
On va l'écrire
dans le journal.

* D'autres ont eu le trac de confirmer les propos.

Antoine Bial


Actualité de la semaine : vendredi 10 avril 2009
 Contexte : un député socialiste raconte...

"Alors que j'étais ce matin en réunion [...] à l'Assemblée pour préparer une proposition de loi que nous devons déposer la semaine prochaine, une collaboratrice de notre groupe m'a appelé pour me signaler que le vote allait bientôt intervenir sur ce texte et que, compte tenu du rapport de forces, il y avait une chance qu'il ne soit pas adopté. Lorsque j'ai accouru à l'hémicycle, j'ai constaté que plusieurs députés socialistes restaient groupés derrière la porte de l'hémicycle ou plus exactement derrière le rideau qui sépare le sas d'entrée du bas de l'hémicycle. J'ai évidemment compris qu'il s'agissait d'attendre là, la fin de l'intervention de la ministre pour faire une entrée groupée.[...] Comme quoi le vote d'un texte tient parfois à un rideau qui se lève ou se baisse au bon moment !"


Coup de théâtre

Le compte est bon
la voie est libre.
Le rideau s'ouvre
sur la première mise en pièces
d'Hadopi
(©tous droits réservés).

De leurs voix bien placées
les acteurs exécutent le texte
en un seul acte délibéré.
La majorité de la salle applaudit.

Très touchés,
les auteurs promettent
une prochaine représentation.

On leur souhaite
le même succès.

Antoine Bial


Actualité de la semaine : 21 mars 2009
 Contexte : On vide les entreprises mais on se remplit les poches. Le gouvernement menace de légiférer ...

Chut(e) !

On touche à ses valeurs
fondamentales,
on conteste les options qu'il a prises
en stock,
on lui reproche même
ses bonnes actions,
et quand il veut rendre des contes,
on  lui taille un costard
dans le parachute doré ...

Alors
il s'écrase.

Antoine Bial

 


 

 

 

17 mai 2009

PRINT POÈTES 2011 - Michel Butor, René Depestre, André Velter et Kenneth White

sens_interdit_sourire_et_tristeLes textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une demande d' autorisation.
  Les ayants droit peuvent nous en demander le retrait.

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paysage_palette_3"d'infinis paysages"

"Exprimer les liens profonds qui unissent l'homme à la nature, les célébrer ou les interroger est un des traits les plus constants de la poésie universelle. Mers et montagnes, îles et rivages, forêts et rivières, ciels, vents, soleils, déserts et collines, la plupart des poèmes porte comme un arrière-pays la mémoire des paysages vécus et traversés.
Se reconnaître ainsi tributaire des infinis visages du monde, c'est sans doute, comme le voulait Hölderlin, habiter en poète sur la terre".

Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes

fl_che_fine_rouge_bas Dans cette page et les suivantes, des textes de
Michel Butor, René Depestre, André Velter, et Kenneth White,
"coureurs d'horizon"...

  Quelques pistes pour la création poétique accompagnent les textes
Beaucoup d'autres sont rangées dans les catégories précédentes
du Printemps des Poètes, et en particulier
>> PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes

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Textes (dérouler cette unique page, tous les textes y sont)

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fl_che_fine_rouge_basMichel Butor

Dé - Jour de cafard - Lectures transatlantiques - Outre-Harrar - Terres africaines - Regards regards - Sous les yeux des blockhaus désaffectés - La fontaine de jouvence - Le bourgeonnement du désert - Drapés de laques - Arborescences

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René Depestrefl_che_fine_rouge_basfl_che_fine_rouge_bas

Rage de vivre - Non-assistance à poètes en danger - Hasta la vista ... - Le temps des loups - Le temps des flamboyants - Minerai noir - Hommage à la terre natale - Nostalgie - Intempéries 99 - Libre éloge de la langue française - L'éclipse du 11 août 1999 - La rivière - Retour à un jardin de l'enfance - Identité

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fl_che_fine_rouge_basfl_che_fine_rouge_basfl_che_fine_rouge_basAndré Velter

Vers Samyé - (altitude) - Ce qui murmure de loin - Tombeau de Chantal Mauduit : Élégie ; Où que tu sois, je t'aime ; Quand je ne pense pas à toi ...  ; Je n'accepte pas ... - La vie en dansant : La poésie ne peut être coupée ni du sacré ni du réel ... ; Tout est départ ... - L'autre - Je vais plus loin que la route - Une fresque peinte sur le vide - (Ladakh)

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Kenneth Whitefl_che_fine_rouge_basfl_che_fine_rouge_basfl_che_fine_rouge_basfl_che_fine_rouge_bas

Sciure de neige - Vers l'hiver - Scènes d'un monde flottant - Les cygnes sauvages (extrait) - La lande de Rannoch - dans le train, un matin d'hiver - Au-dessus des herbes ... - Lumière du matin - Retrouvailles avec la rivière - Deux lettres de Bretagne - Le grand rivage - Finisterra - Marée basse à Landrellec - Wakan - Lumière de Scalpay - Sept vues de Virgin Gorda - Fin décembre au détroit de Jura - Le grand rivage - La vallée blanche



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17 mai 2009

Michel BUTOR - PRINT POÈTES 11 : Butor Depestre Velter White

Michel Butor, homme d'expériences

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livres_Butor_modification

quelques-unes des différentes "Modifications" apportées au roman de Michel Butor

"... Butor sait manier le langage comme un peintre sa palette ou un musicien son instrument, il veut tout signifier, tout suggérer, tout recréer, qu’il s’agisse d’un tableau, d’une mélodie ou d’un périple en eaux profondes..." (André Velter)

Michel Butor, né en 1926, a connu le succès littéraire et obtenu le prix Renaudot en 1957 avec son troisième roman, "La Modification" (éditions de Minuit), ouvrage qui implique le lecteur (voir le lien interview ci-dessous) et fait entrer son auteur dans la catégorie des écrivains du "nouveau roman" (en compagnie d'Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Claude Simon ...) Mais les étiquettes glissent sur Michel Butor, perpétuel aventurier de la littérature, ouvert à toutes les expériences, et "Degrés", roman publié en 1960, est sa dernière contribution à l'écriture linéaire.

Il s'évade, si on peut dire, de la forme romanesque avec des collages (Mobiles, 1962), des livres-objets poétiques, manuscrits, en collaboration avec d'autres artistes, plasticiens, peintres, photographes, renouvelant ainsi en toute liberté la symbiose écriture-graphisme expérimentée par les Surréalistes (Paul Éluard, Max Ernst). Il écrit aussi, toujours en collaboration avec des artistes, sur la peinture et les peintres (Alechinsky, Rembrandt, Giacometti, Paul Delvaux ...).
Son œuvre poétique se caractérise par l'inventivité du langage et l'évolution vers d'autres univers artistiques dans lesquels elle s'inscrit. Michel Butor n'écrit pas des poèmes à illustrer, mais on pourrait pratiquement dire qu'il illustre  de ses textes les créations artistiques ("Travaux d'approche", Poésie/Gallimard, 1972) ; "Lectures transatlantiques" (avec toile peinte de Pierre Leloup,1991). L'humour, et l'auto-dérision  sont prégnants dans l'observation des comportements sociaux. On est bien embarrassé pour classer les œuvres manuscrites de Michel Butor (ah, cette manie des étiquettes !) dans la catégorie "poésie" ou "art plastique" ou toute autre (peut-être "tout-autre" ?). 

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Voici comment Michel Butor termine sa propre biographie, pour Le Dictionnaire de littérature française contemporaine, en 1988 actualisée pour la réédition (Éditions Mille et une nuits, 2004) :
"Tout en continuant à courir le monde, il s’efforce de mettre un peu d’ordre dans ses papiers et dans sa tête".

livre_ZOO_Butor

"Zoo", de Michel Butor, pour les enfants, illustrations d'Olivier Tallec (Rue du Monde, 2001)

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Petite bibliographie poétique

  • Anthologie nomade (Poésie/Gallimard, 2004) ;  L’horticulteur itinérant (Éditions Léo Scheer, 2004) ; Collation (édité par "L'Instant perpétuel", 1991, avec 15 encres de Michel Sicard, et réédité plus simplement par Seghers en 2003), Travaux d'approche (Poésie/Gallimard, 1972) ; À la frontière, (éditions de La Différence 1996) ...
  • D'autres ouvrages mêlant textes poétiques, peintures, collages... ont été édités par "L'Instant perpétuel", ainsi en 2008, Sous les yeux des blockhaus désaffectés, dont on trouvera plus loin un passage.
  • Une auto-biographie augmentée de textes : Michel Butor par Michel Butor, présentation et anthologie - Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 2003). Le livre Michel Butor par François Aubral (dans la même collection Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1973) n'est plus disponible, mais on peut le trouver encore en occasion.
  • Après plusieurs ouvrages, les éditions de La Différence entreprennent en 2004 la publication des Œuvres complètes de Michel Butor. Douze volumes sont prévus, au rythme de deux par an. Le XIIe tome, le dernier selon le projet (mais Michel Butor se porte bien, il en faudra davantage !) vient de paraître, en octobre 2010 (Œuvres complètes de Michel Butor, sous la direction de Mireille Calle-Gruber, Poésie 3, éditions de La Différence, 2010 -1120 pages, 49 €). Il regroupe des textes poétiques de l'auteur de 2004 à 2009. Voici le résumé de présentation de l'éditeur : Ce volume XII des oeuvres complètes est un recueil de livres eux-mêmes recueils de textes différents, où Butor voyage selon plusieurs moyens de locomotion : tantôt avec l’alphabet, tantôt avec les images des peintres et celles des paysages, tantôt encore avec les légendes et les monuments archéologiques. Il invente ainsi une façon poétique de « cultiver son jardin » et d’acclimater tout ce qui fleurit sur la terre et dans la rhétorique des langues. Des textes poétiques étaient déjà parus dans les Oeuvres Complètes : le volume IV (Poésie - Tome 1, 1948-1983) et le volume IX (Poésie - Tome 2, 1984-2003).

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Une interview de Michel Butor par Pierre Dumayet, en 1957, à propos de La modification est visible sur le site de l'INA (copier-coller le lien) : http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/I00013072/michel-butor-a-propos-de-la-modification.fr.html

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Quelques-uns des poèmes qui suivent sont empruntés au site fabuleux qu'Henri Desoubeaux a dédié à Michel Butor, et où il a rassemblé, avec le "dictionnaire Butor", bien d'autres textes (copier-coller le lien) : http://henri.desoubeaux.pagesperso-orange.fr

Mais les deux premiers textes ("Dé" et "Jour de cafard") ont été empruntés sur le site que Michel Butor gère lui-même, et où il poste des poésies "au jour le jour".
On peut y prendre, avec modération, de bonnes nouvelles de l'auteur ;-) - copier-coller le lien pour une visite : http://michel.butor.pagesperso-orange.fr/Poesie_au_jour_le_jour_1.html

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                  pour Julius B.

Un Toi
Deux Nous
Trois Ciel
Quatre Couleurs
Cinq Main
Six Dé Jouez

Michel Butor (Livre Baltazar*)
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Jour de cafard

pour Henri Maccheroni

D'abord on n'a pas entendu le réveil et se levant en toute hâte
on se meurtrit le gros orteil contre un outil oublié

En se rattrapant au mur on fait tomber une gravure précieuse
dont la vitre vole en éclats les plombs sautent

Dès qu'ils sont enfin réparés le facteur sonne
apportant un avis recommandé du contrôleur des contributions

Alors on voit qu'un bouton manque au col de la chemise qu'on vient d'enfiler
c'est le moment que choisit la dent creuse pour vous rappeler
qu'il est urgent de la faire soigner
 
Michel Butor (Livre Maccheroni*) *les mentions mises ici entre parenthèses suivent le texte

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Lectures transatlantiques

                                 pour Pierre Leloup (1)

Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
interpréter moindre signe
se prélasser dans les sables
se conjuguer dans les herbes
fleurir de toute sa peau
Plonger avec le dauphin
naviguer de phrase en phrase
goûter le sel dans les voiles
aspirer dans le grand vent
la guérison des malaises
interroger l'horizon
sur la piste d'Atlantides

Se sentir pousser des ailes
adapter masques et rôles
planer avec le condor
se faufiler dans les ruines
caresser des chevelures
brûler dans tous les héros
s'éveiller s'émerveiller

(1) Le peintre Pierre Leloup a illustré cet ouvrage dans l'édition de 1991.
Michel Butor, 1991 ("Lectures transatlantiques" dans "À la frontière" - éditions de La Différence 1996)

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Outre-Harrar (1)

                  encore in memoriam A. R.  (2)

Frère au très loin je tourne
depuis des années sournoisement
autour de ton ombre gardée
farouchement par des spécialistes
dont tu aurais détesté la plupart
Ce qui m'a mené en maint continent
déserts ou forêts villes ou sargasses
nullement à la recherche de tes traces
mais d'un lieu pluriel d'écoute et vision
d'où poursuivre ta tentative

Stoppée par le sort après tant d'avatars
malgré tous les soins et préparations
communique-moi ta force d'écart
et ce silence à l'intérieur de tous les mots
dont la mort ne pourra qu'augmenter le pouvoir

(1) Harrar est le lieu où le poète (2) Arthur Rimbaud a vécu en  Éthiopie, à la fin de sa vie. 
Michel Butor ("Lectures transatlantiques" dans "À la frontière" - éditions de La Différence 1996)

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Terres africaines

L'épaisse peau du ventre tendu vibrant comme un arc
l'épaisse pluie sur les ténèbres de la case
l'épaisse nuit marbrée d'éclairs et de grondements
l'épaisse chaleur dégoulinant de sueur et de sève
d'épaisses larmes de lait de sang d'urine et de sperme
l'épaisse foule de solitudes croisant leurs jambes dans la danse
l'épaisse rumeur de l'épaisse forêt dans un infime coin de l'espace désert


Michel Butor ("Lectures transatlantiques" dans "À la frontière" - éditions de La Différence 1996)

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Regards regards

Ouvrez les yeux
    tournez autour
des yeux d’autrui
    des feux de joie
d’amour ou de mélancolie
    des jeux d’autrui
des feux de bois
    des yeux des roses
des iris au bord des étangs
    de rage ou de divination
des yeux des choses
    du bois d’autrui
des feux d’iris
    des yeux des murs
des jeux des rois
    ouvrez les bois
tournez autour
    des feux d’autrui
de leurs étangs
    de rage ou de mélancolie
plongez au fond
    des yeux des roses
iris d’autrui
    feux des étangs
ouvrez les murs
    autour des yeux
d’amour ou de divination
    réchauffez-vous
éclairez-vous
    enivrez-vous
aux rois des jeux
    aux feux des choses

Michel Butor ("L’horticulteur itinérant", Éditions Léo Scheer, 2004)

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Les textes de Michel Butor ci-dessous sont, parmi d'autres, proposés par le site du Printemps des Poètes à l'adresse: http://www.printempsdespoetes.com (copier-coller le lien)
On peut en lire beaucoup d'autres sur le site que l'auteur gère lui-même, et où il poste ces "poésies au jour le jour" : http://michel.butor.pagesperso-orange.fr/Poesie_au_jour_le_jour_1.html (copier-coller le lien)

La fontaine de jouvence

pour Claude Viallat

1
Ruissellement
Nuages dans le ciel
vagues sur la mer
torses dans les plis
oiseaux dans les bois
Ce sont des gouttes
Nuages sur la mer
torses dans les bois
promesses des livres
caravelles sous le vent
Ce sont des sables
qui glissent
Nuages sur les bois
promesses du vent
sargasses dans la tourmente
vitraux sur la ville
Ce sont des gouttes
et des sables
qui glissent entre mes lèvres
Nuages dans le vent
sargasses de flammes
îles sur le fleuve
poissons dans la nuit
Ruissellement de sable

Michel Butor (extrait de "poésie au jour le jour 2", site de l'auteur)

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Le bourgeonnement du désert

pour Mona Saudi

1
Dans la nuit des temps
il y eut l'errance
avec les pierres dans l'attente
Dans le lointain
il y eut les premiers feux
avec la patience des pierres
Dans la distance
il y eut les peuples qu'on ne sait pas nommer
avec la taille des pierres
Dans l'oubli
il y eut les cavernes
avec l'érosion des pierres

2
Dans le silence et dans la nuit
il y eut les premières tombes
avec l'éclatement des pierres
Dans la hantise et le lointain
il y eut les premiers outils
avec le façonnement des pierres
Dans la transparence et la distance
il y eut les premiers villages
avec la solitude des pierres
Dans la mémoire et l'oubli
il y eut les premiers tissages
avec la permanence des pierres

Michel Butor (extrait de "poésie au jour le jour 5", site de l'auteur)

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Drapés de laques

pour Béatrice Mazzuri

C'est l'enveloppement d'un ciel du soir
autour des épaules de l'horizon
puis l'ombre se cristallise en braises
d'où germe un rosier de flammes
qui lèchent et carbonisent la forêt
C'est une agitation de bannières
devant les sillons qui se tordent
sous la fumée des feuilles mortes
roulement de vagues mouillées
dans le chuchotement de l'automne
C'est une rafale de neige
douce comme une caresse
au long des jambes du paysage
qui se blottit au creux du lac
entre les portes des glaciers
C'est une étole de cristaux
taillés en écailles si fines
qu'elles ruissellent sur les yeux
au moindre pas le long des falaises
dans le vertige des embruns


Michel Butor ("poésie au jour le jour 3", site de l'auteur)

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Textes manuscrits et collages composent l'ouvrage "Géographie parallèle", édité à peu d'exemplaires en 1998. Cette œuvre comprend 50 textes. Elle est l'objet d'expositions, et de textes d'accompagnements supplémentaires, tous lisibles sur le site de Michel Butor. Parmi ces textes, celui-ci a été retenu par le Printemps des Poètes : 

Arborescences

pour Joël Leick

Les poussières
de l'Afrique
se sont fourrées
sous nos ongles
entre nos orteils
nos paupières
nos cheveux
et nos dents
à l'intérieur
de nos oreilles
de nos narines
où elles germent
en minuscules
radicelles
qui s'allongent
au long de nos veines
et de nos nerfs

Ainsi la brousse

et la savane
ont envahi
notre poitrine
une rauque fêlure
transforme notre voix
des baobabs
encore nains
décorent nos paumes
métamorphosant
nos lignes de vie
et de chance
il suffit maintenant
de les appliquer
à nos tempes
et nous entendons
le feulement des hyènes

Tout notre corps
est tatoué de lianes
creusées çà et là
de bassins boueux
où viennent boire
gnous et koudous
soucis et hantises
courant sur nos ventres
pour se faufiler
entre les branches
de nos genoux
notre Zambèze intérieur
quand il déborde
transfigure les vallées
qui nous entourent
en l'arbre interdit
de notre royaume perdu

Michel Butor ("Géographie parallèle", Coaraze, Amourier, collection "Carnets", 1998)


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17 mai 2009

René DEPESTRE - PRINT POÈTES 11 : Butor Depestre Velter White

René Depestre, l'éternel dissident

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"... j'avance les pieds nus
dans l'herbe de ma négritude" ...

 (René Depestre, extrait du poème "Prélude" dans le recueil "Un arc-en-ciel pour l'Occident chrétien", 1967)

  Depestre_livre_rage_de_vivre

René Depestre - Rage de vivre (Œuvres poétiques complètes, Seghers, 2006) - Cet ouvrage rassemble ses écrits poétiques, en vers et en prose, jusqu'en 2006 . Le titre "Rage de vivre", inscrit comme une devise sur le front de l'auteur, résume plutôt bien son parcours de poète et d'homme libre.

"Rage de vivre", expression qui revient souvent dans les écrits de René Depestre, est aussi le titre d'un poème :

Rage de vivre

Seuls les oiseaux confiants de l’enfance peuvent
aider un homme en exil à voyager jusqu’aux
premières années de sa vie. Ce matin d'août
le sûr radar d'un colibri guide mon sang
dans l'espace le plus secret d'un amandier
où je découvre enfin la rage et l'art de vivre
tout près de l'ordre esthétique des grands arbres
.

René Depestre ("En état de poésie" - Éditeurs Français Réunis, 1980)
 

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René Depestre est né en Haïti en 1926 (la même année que Michel Butor). Son premier recueil de poésie, Étincelles, paraît en 1945 et le fait connaître bien au-delà des rivages de son île. Avec d'autres auteurs haïtiens, il fonde l'hebdomadaire La Ruche, à la fois revue poétique et journal contestataire, qui appelle à résister au gouvernement dictatorial d'Elie Lescot. Cette prise de position a pour conséquence l'interdiction de la revue et vaut à René Depestre un séjour en prison, mais le dictateur est renversé peu de temps après par la révolte des Haïtiens.
René Depestre participe à la création du Parti marxiste haïtien et publie un second recueil, Gerbe de sang (1946), avant d'être expulsé du pays par un nouveau régime militaire.
Il séjourne en France jusqu'en 1950, et côtoie d'autres artistes, notamment poètes et proches de ses idées : Louis Aragon, Tristan Tzara, Guillevic, Pierre Seghers, Paul Éluard, Blaise Cendrars, Édouard Glissant, Claude Roy ...
Expulsé de France pour ses prises de position contre la colonisation (fondation de la revue Présence africaine), il trouve refuge dans divers pays de l'Est, dont il critique les régimes staliniens.
Le Cuba du dictateur Battista l'attire, sans doute pour sa grande proximité avec Haïti, son île natale, mais là encore, il est banni du territoire. Après un périple qui le conduit dans divers territoires d'Amérique du Sud, où il recontre Pablo Neruda (au Chili), puis à nouveau en France, il poursuit son oeuvre poétique, plus que jamais engagée, politiquement et socialement. "Minerai noir" paraît en 1956, avec pour thème l'esclavage. C'est aussi cette année-là qu'il rompt définitivement avec le stalinisme.
Son retour à Haïti en 1957 n'est évidemment pas un heureux événement, puisque le pays vit alors sous la dictature de François Duvalier, (appelé "Papa Doc", d'où la "papadocratie", que maintiennent les tristement célèbres "Tontons Macoutes"). En 1959, séduit par l'aventure révolutionnaire cubaine, et  à l'invitation du poète Nicolas Guillèn, René Depestre rejoint Fidel Castro et Che Guevara à Cuba.
Mais cet éternel dissident finira par rompre avec le régime castriste. René Depestre vit aujourd'hui dans le sud-ouest de la France ("... très loin du désert cubain qui pipait les dés du fond de mon âme"...  "7 poèmes d'adieu à la révolution cubaine", 1992). 

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"... Moi, je n'ai jamais connu cette sorte de malaise existentiel dû à l'exil, parce que j'emporte avec moi partout où je vais Haïti, mon chez-soi haïtien; mon chez-soi insulaire m'a toujours accompagné, mon natif natal fait parti de mon nomadisme si je peux dire" ... (René Depestre, dans un entretien avec Frantz Leconte, en 1995 - voir plus bas dans cette page).

"Haïti, il y a des centaines d'années que j'écris ce nom sur le sable, et la mer toujours l'efface."
René Depestre ("Étincelles", 1945)

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petite bibliographie

  • Poésie : Étincelles, (Port-au-Prince,Haïti, Imprimerie de l'État, 1945) ; Gerbe de sang (1946) ; Végétations de clarté (1951) ; Traduit du grand large (1952) ; Minerai noir (dans la revue Présence africaine, 1956) ; Journal d'un animal marin (1964, réédité sous le même titre en 1990, augmenté d'autres recueils) ; Un arc-en-ciel pour l'Occident chrétien (1967) ; Cantate d'octobre (1968) ; Un poète à Cuba (1976) ; En état de poésie (1980) ; Au matin de la négritude (1990) ; Anthologie personnelle (1993, Prix Apollinaire) ; Un été indien de la parole (2001) ; Non-assistance à poètes en danger (2005) ; Rage de vivre (sous titré "Œuvres poétiques complètes", Seghers, 2006).
  • Romans : Le Mât de cocagne, 1979 ; Hadriana dans tous mes rêves (Gallimard, 1988, Prix Théophraste Renaudot) ; L'oeillet ensorcelé, 2006.
  • Essais : Pour la révolution pour la poésie, 1974 ; Bonjour et adieu à la négritude (1989) ; Le Métier à métisser, 1998 ; Ainsi parle le fleuve noir, 1998.

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Non-assistance à poètes en danger

La tendresse des poètes voyage
en baleine bleue autour du monde :
aidez-nous à sauver cette espèce
en voie de disparition
.

René Depestre (dans le chapitre "Mythes en perdition du recueil "Non-assistance à poètes en danger" - Seghers, 2005)

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C'est pour avoir contribué, comme René Depestre, au soulèvement de 1946 contre la dictature de Lescot que le déjà poète, peintre, écrivain et futur reporter-photographe engagé Gérald Bloncourt est expulsé d'Haïti, à l'âge de vingt ans. C'est en France qu'il développera ses talents  :

"J’ai vécu une bonne partie de ma vie en France, j’y ai vécu des aventures, j’y ai vécu l’amour... mais Haïti, je l’ai toujours gardée dans les entrailles". (Gérald Bloncourt)

Hasta la vista ...

à mon camarade Gérald Bloncourt

Bourreaux rendez-moi mon ami
bourreaux rendez-moi la colère de ses yeux
entre mille trahisons
vous avez choisi un lourd matin d'exil !
Mais là-bas aussi il luttera contre vous.

Que savez-vous des lèvres qui s'entendent
que savez-vous de lui, que savez-vous de la Révolution
pour vous le monde a des limites
pour vous la vie est un petit cercle
mais les buts sont pareils sur la terre de France !

Vous n'avez pas détruit nos foyers
vous n'avez pas coupé notre entente
bien haut par-dessus vos têtes d'assassins
bien haut par-dessus tant de crimes
nos mains sont soudées par l'unique espérance.

Qu'importe la distance qu'importent les vagues
qu'importe ce départ qu'importe l'au revoir
le même soleil nous éclaire
la même colère nous soulève
la Révolution est toute notre vie !

Il y eut des hommes à Guernica
il y a des hommes dans mon pays
il y a des hommes sur la terre de France
le même sang, le même espoir, le même amour.

Que ce soit ici que ce soit Paris
que ce soit Rio que ce soit Boston
le seul soir qui compte,
est celui de la Révolution !

Bourreaux rendez-moi mon ami !
Vous ne l'avez pas tué
vous ne l'avez pas brisé
Bourreaux rendez-moi son âge
que vous avez trahi !

Mais déjà il y a des feux sur les rivages
de France
mille visages attendent mille espoirs renaissent
debout, soldats de la Révolution
Voici venir Gérald BLONCOURT.

René Depestre (dans la revue hebdomadaire qu'il a fondée, "La Ruche", février 1946) 

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Le temps des loups

(…)
Nous vivons un temps mal défendu contre la strangulation
demain quand je serai Roi de mes créations
quand je serai roi de chaque goutte de ma sueur
j'inventerai une morale pour les hommes
une vertu pour les femmes
une conduite pour les gosses
quand on sera tous ensemble sur la terre
comme des dents d'une même bouche.
O quel temps de chacals !

René Depestre  ("Gerbe de sang" - Imprimerie de l'État, Port-au-Prince, Haïti, 1946)

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Le temps des flamboyants

Le poète a enfin choisi sa route
par ce matin où
il y a des flamboyants dans tous les yeux
il a pris sa revanche contre la tête hideuse du monde
De toute sa colère empruntée au vent d’août
il a fracassé la boîte osseuse de ce siècle fou

Ô délices du poète devant ce rouge réveil des hommes
toutes les rumeurs ensemble qui se lèvent
et font penser au petit matin de la prison
le chant du coq et la voix enrouée d’une gaillarde
le frottement d’un balai et des amours qui se meurent
d’autres métamorphoses Ô la chance de vivre
et de tenir son pouls là comme une bille qui bouge
et ces monstres qui reviennent Filles de mes dégoûts
et toi infernale Enfant Notre-Dame de la diablesse
de rude écorce et si souvent câline

moi je ne sors ni d’un hôtel ni d’un château
bas-fonds-des-villes abris-sans-lumière
je lance mon pus dans le jeu et le chaos
comme le seul espoir que mes mains tiennent avec amour
Voici que je reviens plus féroce de tous mes éreintements
je reviens avec comme ressources vingt ans de sorcellerie
je reviens avec dans mes veines la foudre noire de l’innocence
je reviens et j’ai choisi d’être tigre quand tous les hommes sont loups

ce matin il y a des flamboyants autour de mes pensées
il y a des flamboyants partout où l’on peut aimer
et je redis encore pour ceux dont les oreilles sont dures

Voici le temps maudit où le poète a choisi de vivre.

René Depestre ("Gerbe de sang" - Imprimerie de l'État, Port-au-Prince, Haïti, 1946)

"Minerai noir marque un tournant dans ma poésie qui est devenue beaucoup plus diversifiée et qui ouvre, finalement, l'œuvre d'un poète de la négritude". (René Depestre, dans un entretien avec Frantz Leconte, en 1995) - Vous pourrez lire et écouter entièrement cet entretien de 85 minutes ici, après avoir copié-collé ce lien dans votre navigateur : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/depestre_entretien.html

 

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Minerai noir

Quand la sueur de l'Indien se trouva brusquement tarie par le soleil
Quand la frénésie de l'or draina au marché la dernière goutte de sang indien
De sorte qu'il ne resta plus un seul Indien aux alentours des mines d'or
On se tourna vers le fleuve musculaire de l'Afrique
Pour assurer la relève du désespoir
Alors commença la ruée vers l'inépuisable
Trésorerie de la chair noire
Alors commença la bousculade échevelée
Vers le rayonnant midi du corps noir
Et toute la terre retentit du vacarme des pioches
Dans l'épaisseur du minerai noir
Et tout juste si des chimistes ne pensèrent
Au moyen d'obtenir quelque alliage précieux
Avec le métal noir tout juste si des dames ne
Rêvèrent d'une batterie de cuisine
En nègre du Sénégal d'un service à thé
En massif négrillon des Antilles
Tout juste si quelque curé
Ne promit à sa paroisse
Une cloche coulée dans la sonorité du sang noir
Ou encore si un brave Père Noël ne songea
Pour sa visite annuelle
À des petits soldats de plomb noir
Ou si quelque vaillant capitaine
Ne tailla son épée dans l'ébène minéral
Toute la terre retentit de la secousse des foreuses
Dans les entrailles de ma race
Dans le gisement musculaire de l'homme noir
Voilà de nombreux siècles que dure l'extraction
Des merveilles de cette race
Ô couches métalliques de mon peuple
Minerai inépuisable de rosée humaine
Combien de pirates ont exploré de leurs armes
Les profondeurs obscures de ta chair
Combien de flibustiers se sont frayés leur chemin
À travers la riche végétation des clartés de ton corps
Jonchant tes années de tiges mortes
Et de flaques de larmes
Peuple dévalisé peuple de fond en comble retourné
Comme une terre en labours
Peuple défriché pour l'enrichissement
Des grandes foires du monde
Mûris ton grisou dans le secret de ta nuit corporelle
Nul n'osera plus couler des canons et des pièces d'or
Dans le noir métal de ta colère en crue

René Depestre ("Minerai noir" - dans la revue Présence africaine, 1956)

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Hommage à la terre natale

Me voici
citoyen des Antilles
l’âme vibrante
je vole à la conquête des bastilles nouvelles.
Je glane dans les champs ensoleillés
des moissons d’humanité
j’interroge le passé
je mutile le présent
j’enguirlande l’avenir
tout mon être aspire au soleil!

Me voici
fils de l’Afrique lointaine
partisan des folles équipées.
Je cherche la lumière
je cherche la vérité
je suis amoureux de l’âme de ma patrie.

Me voici
nègre aux vastes espoirs
pour lancer ma vie
dans l’aventure cosmique du poème
j’ai mobilisé tous les volcans
que couvait la terre neuve de ma conscience
et j’ai renversé
par un pompeux coup d’État
toutes les disciplines nuageuses de mon enfance.

Me voici
prolétaire
je sens gronder en moi la respiration des foules
je sens vibrer en moi la rage des exploités
le sang de toute l’humanité noire
fait éclater mes veines bleues
j’ai fondu toutes les races
dans mon cœur ardent.

Me voici
poète
adolescent
poursuivant un rêve immense d’amour et de liberté.

René Depestre  ("Étincelles" - Imprimerie de l'État, Port-au-Prince, Haïti, 1945)

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Nostalgie

Ce n’est pas encore l’aube dans la maison
La nostalgie est couchée à mes côtés.
Elle dort, elle reprend des forces,
Ça fatigue beaucoup la compagnie
D’un nègre rebelle et romantique.
Elle a quinze ans, ou mille ans,
Ou elle vient seulement de naître
Et c’est son premier sommeil
Sous le même toit que mon cœur.

Depuis quinze ans ou depuis des siècles
Je me lève sans pouvoir parler
La langue de mon peuple,
Sans le bonjour de ses dieux païens
Sans le goût de son pain de manioc
Sans l’odeur de son café du petit matin.
Je me réveille loin de mes racines,
Loin de mon enfance,
Loin de ma propre vie.

Depuis quinze ans ou depuis que mon sang
Traversa en pleurant la mer
La première vie que je salue à mon réveil
C’est cette inconnue au front très pur
Qui deviendra un jour aveugle
À force d’user ses yeux verts
À compter les trésors que j’ai perdus.

René Depestre ("Journal d'un animal marin", Seghers, 1964 - réédition Gallimard, 1990)

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Un mois avant la tempête du 31 décembre 1999 qui a mutilé les forêts françaises, d'importantes inondations dévastent plusieurs départements du sud-ouest, l'Aude en particulier. Lézignan-Corbières, où vit aujpurd'hui René Depestre, est une des communes les plus touchées. Pierre Tournier, décédé en juillet 1999 en était le Maire :

Intempéries 99

à Pierre Tournier

Au-delà des vignes naufragées
au-delà des maisons éventrées
et des rêves partis en fumée,
au-delà des yeux qui ont tout perdu,
au-delà des vies que la pluie a humiliées,
dans la blessure la plus vive de l'esprit
la cicatrice fait son oeuvre de tendresse :
des oiseaux innocents réapprennent
à chanter dans le silence des gens.

Lézignan-Corbières, novembre 1999

René Depestre ("Non-assistance à poètes en danger", Seghers, 2005)

 

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Libre éloge de la langue française

à Olivier Germain-Thomas

De temps à autre il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec les herbes parfumées
qui poussent bien en amont
de nos vertiges d’ancien nègre marron.

Ce beau travail me fait avancer à cheval
sur la grammaire à notre Maurice Grevisse :
la poésie y reprend du poil de la bête
mes mots de vieux nomade ne regrettent rien
ils galopent de cicatrice en cicatrice
jusqu’au bout de leur devoir de tendresse.

Debout sur les cendres de mes croyances
mes mots ont la vigueur d’un épi de maïs,
mes mots à l’aube ont le chant pur de l’oiseau
qui ne vend pas ses ailes à la raison d’État.
Mes mots sont seulement des matins de labours
éblouis de sève qui forcent avec amour
les portes du désert cubain qu’on leur a fait.

Ce sont les mots frais et nus d’un Français
qui vient de tomber du ventre de sa mère :
on y trouve un lit, un toit, un gîte
et un feu pour voyager librement
à la voile des mots de la real-utopie!
laissez-moi apporter les petites lampes
de la créolité qui brûle en aval
des fêtes et des jeux vaudous de mon enfance :
les mots créoles qui savent coudre les blessures
au ventre de la langue française,
les mots qui ont la logique du rossignol
et qui font des bonds de dauphin
au plus haut de mon raz-de-marée;
les mots sans machisme aucun qui savent grimper
toutefois à la saison bien lunée des femmes
mes mots de joie et d’ensemencement profond
au plus dru et au plus chaud du corps féminin,
tous les mots en moi qui se battent
pour un avenir heureux
oui je chante la langue française
qui défait joyeusement sa jupe
ses cheveux et son aventure
sous mes mains amoureuses de potier
.

René Depestre ("Anthologie personnelle", Actes Sud, 1993)

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Ci-dessous, des textes, parmi ceux proposés pour ce thème 2011 du paysage, par le site du Printemps des Poètes à l'adresse (à copier-coller) : http://www.printempsdespoetes.com :

L'éclipse du 11 août 1999

La galaxie compte un nombre infini
de sphères au gaz incandescent.
L'étoile qui protège ma rage de vivre
est une inconnue entre des milliards d'autres :
aussi banale que la pluie d'août mon amie rouge
concède à ma vie trois minutes de douceur
lors d'un éphémère soir de tendresse.

René Depestre ("Non-assistance à poètes en danger", Seghers, 2005)  

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La rivière

Voilà, c'est fait, je suis devenu une rivière.
Ce sera une grande aventure jusqu'à la mer.
Quel nom me donnera-t-on sur les cartes ?
D'où vient ce cours d'eau inconnu ?
Quel ciel reflète-t-il dans ses flots ?
Quelle paix, quelle faim, quelle douleur ?
Pardonnez-moi messieurs les géographes
Je ne l'ai pas fait exprès
J'aimais voir couler l'eau
Sur toutes les soifs
Il y a tant d'assoiffés dans le monde
Pour eux me voici changé en rivière !
Je n'aimais pas voir couler les larmes
Étant rivière je pourrai qui sait
Couler à leur place.
Je n'aimais pas voir verser le sang
Étant rivière je pourrai
Être versé partout à sa place.
Mon destin est peut-être d'emporter
À la mer toutes les peines !

René Depestre ("Journal d'un animal marin", Seghers, 1964 - réédition Gallimard, 1990)

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Une belle opportunité de visiter la flore et la faune d'Haïti, et peut-être de créer son propre jardin d'enfance avec des végétaux et des animaux réels ou imaginaires ...

Retour à un jardin de l'enfance

En ce temps-là mon foyer était un jardin
je suivais le seul feu de mes voisins-arbres
le goyavier imitait pour moi l'éléphant
je voyageais sur son dos aussi loin
que le permettait le manguier
qui se méfiait des animaux trop amicaux
l'oranger partageait avec moi les pastèques
le tamarinier était un oncle
qui racontait des histoires de cyclones fabuleux
le quenêpier pour me plaire
mettait un singe à chacune de ses branches
tandis que le bananier changeait son régime en volée de perroquets
l'acajou-enfant me révéla un matin :
- lorsque je serai grand je confierai mon bois
aux mains d'une fée qui fabrique des pianos.

René Depestre ("En état de poésie, Les Éditeurs Français Réunis, 1980)

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Cette simple identification parallèle à un élément du paysage ouvre aussi d'intéressantes pistes de création poétique...

Identité

à François Hébert

Un homme tendre du Québec
un jour d'été dans une forêt natale,
murmura : je suis un sapin.
Moi, loin de Jacmel, un soir d'hiver,
j'ai susurré* : je suis un cocotier.
Le monde entier en nous deux
a reconnu des fils jumeaux de sa beauté.

René Depestre ("En état de poésie, Les Éditeurs Français Réunis, 1980) - * susurrer prend bien deux "r" (attention à la faute de frappe sur le document du "Printemps" des Poètes")


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15 mai 2009

PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français - SOMMAIRE

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paysage_palette_3"d'infinis paysages"

"Exprimer les liens profonds qui unissent l'homme à la nature, les célébrer ou les interroger est un des traits les plus constants de la poésie universelle. Mers et montagnes, îles et rivages, forêts et rivières, ciels, vents, soleils, déserts et collines, la plupart des poèmes porte comme un arrière-pays la mémoire des paysages vécus et traversés.
Se reconnaître ainsi tributaire des infinis visages du monde, c'est sans doute, comme le voulait Hölderlin, habiter en poète sur la terre".

Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes

  Quelques pistes pour la création poétique accompagnent les textes
Beaucoup d'autres sont rangées dans les catégories précédentes
du Printemps des Poètes, et en particulier
>> PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes

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sommaire  (cliquer sur le n° de page ou sur les textes souhaités)

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-  page 1 (vous y êtes) : comptines, chansons... et A B -

comptines, chansons, haïkus

COMPTINES et CHANSONS
HAÏKUS

auteurs de langue française

page 1 (vous y êtes) : Adrover à Besse 

Claudia ADROVER  - La Loire au plus près
Corinne ALBAUT - Les gratte-ciel
Pierre ALBERT-BIROT
  - Admiration ; Le jardin suspendu ; L'oreille fine ; Poème-pancarte
Guillaume APOLLINAIRE   - Automne ; Automne malade ; Saltimbanques
Marc ALYN   - Un printemps tout neuf ; Bulletin de santé 
Paul ARÈNE  - Paysage ; Chronique d'automne 
Théodore de BANVILLE - À la Forêt de Fontainebleau ; L'hiver
Charles BAUDELAIRE   - L'étranger : L'Homme et la mer ; Invitation au voyage ; Harmonie du soir ; Le coucher de soleil romantique ; Le soleil ; Paysage
Pierre BÉARN   - Usine de campagne
Luc BÉRIMONT - La nuit d'aube ; Comme des eaux qui se dénouent ; Je t'attends aux grilles des routes
Michel BESNIER   - Mes résidences
Robert BESSE   - L'arc-en-ciel ; Le lézard 

page 2 (cliquez sur l'auteur recherché) : Bonnefoy à Chesneau 


Yves BONNEFOY / Que ce monde demeure ; Rouler plus vite ; La maison natale ; Le soir ; La seule rose ; La charrue ; Les flambeaux ; Une voix ; La tâche d'espérance ; De grands blocs rouges ; Le nuage rouge
Alain BOSQUET / Un enfant m'a dit ; Arbre ; J'écrirai ; Mer
Alain BOUDET / Elle souffle sur la lune ... ; L'éclair joint le feu à la source ...
Nicolas BOUVIER
/ Les Indes galantes ; Les feuilles des noyers ; Novembre ; Printemps kurde ; Morte saison
Jacques BREL / Le plat pays ; Les Marquises
Michel BUTOR / voir la catégorie dédiée (en haut de page)
Hélène CADOU
/ Plus d'avenir ; Le temps réconcilié ; L'arbre ; Encore un dimanche à rêver ... ; Il faut laver ce que tu dis ...
Maurice CARÊME / Entre Margny et Breux ; Le ciel ; L'automne ; Le nuage ; La grille est toute blanche ; Le brouillard ; Automne en ville ; L'homme et l'enfant ; Il a neigé ; Le sentier se perdait ; Que la mer est belle ! ; Je sais ... ; La mer ; Sur la plage ; Gare isolée ; Étranges fleurs ; L'écureuil  
André CASTAGNOU / Le fleuve
Blaise CENDRARS / Prose du Transsibérien ; Mississipi ; Paysage ; Îles ; Coucher de soleil ; Couchers de soleil ; A tribord Bahia ; Bleus ; Trouées ; Dans le train
Gilbert CESBRON / Les nuages blancs
Anne-Marie CHAPOUTON / Rêve 4
René CHAR / La Sorgue
Jacques CHARPENTREAU / Les fils de la vierge ... ; La clé des champs ; La mer s'est retirée
Andrée CHEDID / Les routes
Marc CHESNEAU / Paysage

page 3 (cliquez sur l'auteur recherché) : Clancier à Gamarra 

Georges-Emmanuel CLANCIER / Les ajoncs, la pierraille ... ; Escales ; Le guet
Paul CLAUDEL / Salut, pays ! Paysage français
Pierre CORAN / Orage
Charles CROS / Songe d'été
Lise DEHARME / Le pêcheur endormi ; Curieuse ( avec texte de Max Rongier)
Robert DESNOS / Les rivières claires ; Le carré pointu ; Par un point situé sur un plan ... ; L'anneau de Moebius ; Ma sirène
Robert DESNOUES / Marche en Provence ; La mort du peintre
Joachim DU BELLAY / Heureux qui, comme Ulysse ... ; D'un vanneur de blé aux vents
Chantal DUPUY-DUNIER
/ Saorge
Marie-Jeanne DURRY / Chanson
Paul ÉLUARD / Monde ébloui, Monde étourdi ; Je te l'ai dit ; La terre est bleue
Pierre EMMANUEL / Par delà les vergers ... ; Dédicace d'Orphée
Jean FERRAT / La montagne ; Ma France ; Raconte-moi la mer ; autres passages de chansons
Maurice FOMBEURE / Images du village ; "Terre-Terre" ; Le coquillage ; Présence des automnes
Paul FORT / La mer ; La ronde autour du monde ; Autour de l'océan ; La Méditerranée ; Montagne ; La pluie
André FRÉNAUD / Pays retrouvé ; Où est mon pays ?
Pierre GAMARRA / Barcarolle dans la ville ; Paysage ; Secrets ; La pluie

page 4 (cliquez sur l'auteur recherché) : Gautier à Leconte de l'Isle   

Théophile GAUTIER / Décembre ; Le pin des Landes ; Le sentier ; Soleil couchant ; Premier sourire du printemps ; Promenade nocturne ; La fleur qui fait le printemps ; Paysage ; Pensées d'automne ; En allant à la Cahrtreuse de Miraflorès
Rosemonde GÉRARD / L'année ; Paysage ; Le jardin vivant ; Les peupliers
Marie GEVERS / Octobre ; Chanson pour apprendre aux cinq sens à aimer la pluie ; Repas du matin
Marc-Adolphe GUÉGAN / Poèmes courts (6 textes)
Yvan GOLL et Claire GOLL / Renouveau ; Faal ; Le semeur d'hexagones ; Transmutations ; d'Yvan à Claire
Julien GRACQ / Aubrac ; L'Èvre ; Qu'est-ce qui nous parle dans un paysage ?
Luce GUILBAUD / Arbre au bord de la route ... ; Le nuage ; Une petite maison ; Le vent ; J'étais perdue ; Je jouais
Louis GUILLAUME / Noir comme la mer ; Soir ; Maison de vent
GUILLEVIC / La plaine, les vallons plus loin ... ; Recette ; Image ; Le vent ; La pomme ; Le soleil ; Arbre l'hiver ; LA forêt ; Inclus ; L'arbre ; La saison ; La vague ; L'arbre (deuxième texte) ; Requis ; Habitations ; Un mur ; Cerisier ; Hirondelle ; Regarder ; Carnac ; Azur ; Transparences ; Rivière
Anne HÉBERT / La neige ; La nuit ; Leçons de ténèbres
Franz HELLENS / Manège d'hiver
Émile HENRIOT / Le village ; Paysages ; Aquarelles
José María de HEREDIA / Les conquérants ; Le récif de corail ; Bretagne
Victor HUGO / Le semeur ; Printemps ; Le feu du ciel ; Une nuit qu'on entendait la mer sans la voir ; La source ; L'expiation ; Stella ; Le poète s'en va dans les champs ; Va-t-en, me dit la bise ; Bièvre ; Promenade dans les rochers ; Spectacle rassurant ; Pluie d'été ; Joie des choses ; Le matin - En dormant ; Le Vésuve
Philippe JACCOTTET / Les eaux et les forêts ; Nouvelles notes pour la semaison ; Je marche dans un jardin ... : Fruits ; L'aurais-je donc inventé ? ... ; Jour à peine plus jaune ... ; Chemin de montagne
Francis JAMMES / Un jour bleu de l'été ... ; Le vieux village ; Le pays natal ; Ô Jammes (poème de Charles Guérin)
Georges JEAN / Ville inconnue ; Dans un bistrot
Vénus KHOURY-GHATA / À Yasmine ; La forêt a peur ; La surface d'un automne ; La voie lactée ... ; À quoi sert l'école ? ;  À quoi sert un nuage ?
Jules LAFORGUE / Chanson d'automne ; Couchant d'hiver ; Crépuscule de dimanche d'été
Alphonse de LAMARTINE / Milly ou la terre natale (I) ; Milly ou la terre natale (II) ; Le vallon
Luce LAURAND / Le chemin
Guy LAVAUD / Nocturne ; Un pin ; Combats
Philéas LEBESGUE / Petit village ; Le village ; Terre d'amour ; Le plus beau pays du monde
Charles-Marie LECONTE DE L'ISLE /
Les éléphants ; La panthère noire ; Le rêve du jaguar ; La forêt vierge ; Paysage polaire ; Midi

page 5 (cliquez sur l'auteur recherché) : Lebrau à Nerval   

 
Jean LEBRAU / Dans les Corbières ; Octobre ; La fleur rose ; Fin d'octobre ; Le vent
Madeleine LE FLOCH / Vers exclusif
Madeleine LEY / La fin des vacances ; Dans les bois noirs
Bernard LORRAINE / Au début ... 
Olivier de MAGNY / À sa demeure des champs
Jeanne MARVIG / Le ruisseau ; La voiture roulait ; L'Arbre
Stéphane MALLARMÉ / Renouveau ; Peindre un paysage
Guy de MAUPASSANT / Nuit de neige ; Le moulin
Pierre MENANTEAU / Qu'elle est belle la Terre ; Ah ! que la Terre est belle !
Henri MICHAUX / Arbres des tropiques ; Contre ! ; Dans ce pays, il n'y a pas de feuilles ... ; Equateur ; La forêt ; La Cordillera de los Andes ; Arbres
Jean MORÉAS / La feuille des forêts ; Dans l'âtre brûlent les tisons ... ; Memento ; La lune d'argent ; Eau printanière, pluie harmonieuse ... ; Ô mer immense ...Quand je viendrai m'asseoir dans le vent ...
Jean-Luc MOREAU / L'oncle Octave
Georges MOUSTAKI / Mon Île de France
Alfred de MUSSET / À mon frère, revenant d'Italie 
Gérard de NERVAL / Avril ; Le coucher du soleil

page 6 (cliquez sur l'auteur recherché) : Noailles à Serres 

Anna de NOAILLES / Chaleur ; Le jardin et la maison (Crépuscule) ; Il fera longtemps clair ce soir ... ; Matin de printemps ; Matin d'été ; Les bords de la Marne
Marie NOËL / Chant de rouge-gorge ; L'île ; Chant de nourrice ; Si j'étais plante
Germain NOUVEAU / En forêt
Jean ORIZET / Sur la prunelle des saisons ; L'or sous le givre ; Haute ponctuation du silence
Louisa PAULIN / voir la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES - traductions
Charles PÉGUY / Présentation de la Beauce à Notre-Dame-de-Chartres
Benjamin PÉRET / Les temps révolus
Cécile PÉRIN / Aube ; Danse ; Arc-en-ciel ; Oasis ; Chant à voix basse
Louis PIZE / Montagne
Gisèle PRASSINOS / Dans tes yeux il y a la mer ; La neige
Jacques PRÉVERT /
Soyez polis ; Chanson pour chanter à tue-tête et à cloche-pied ; Le paysage changeur ; Immense et rouge ; Un vent fou ; Le ruisseau ; La plage des sables blancs ; Exilé des vacances ; Les palmes et les branches ; La couleur locale ; Tournesol ; Sables mouvants ; Nuages ; Le vrai jardinier ... ; La pluie ...
Raymond QUENEAU / Pins, pins et sapins ; Port ; Vesper
Jeanne RAMEL-CALS / Robes de printemps
Charles-Ferdinand RAMUZ / Le pays ; Le saule ; Chaleur
Henri de RÉGNIER / Le jardin mouillé ; Paysage ; Les pins ; le bois de pins ; Soir d'automne ; La lune jaune ; Promenade ; En forêt
Pierre REVERDY /  Calme intérieur ; De la pierre à l'eau ; Horizon ; Heure ; Son de cloche ; La neige tombe ; Temps couvert ; En face ; Les ardoises du toit
Jean RICHEPIN / Le chemin creux ; La neige est belle
Madeleine RIFFAUD / Nuit
Ann ROCARD / Bien au chaud
Pierre de RONSARD /  Ode à la Fontaine Bellerie ; Contre les bûcherons de la forêt de Gastine ; Ciel, air et vents, plains et monts découverts
Jacques ROUBAUD / Un matin ; Rondeau étrange des visages et paysages ; mettons ; square de Louvois ; rue de Bretagne ; Les mouettes
Jean ROUSSELOT / On n'est pas n'importe qui ; Pas de vacances
Claude ROY / Météorologie ; L'enfant qui battait la campagne ; La clef des champs ; Étourdis étourneaux ; Les quatre éléments
Marc-Antoine de SAINT-AMANT / L'automne des Canaries
Annie SALAGER / Oyats ; Traces ; Aimez-vous la mer ? ; Tu cours superbe, ô Rhosne, flourissant  ; La mer
Albert SAMAIN / Mélancolie ; Chanson d'été ; J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym
SAMIVEL / La Vanoise, L'automne, Les galets
Cécile SAUVAGE / Le jour ; La lune blanche ; Fumées
Anne SCHWARTZ-HENRICH / L'autre monde
Léopold Sédar SENGHOR / Nuit de Siné ; je suis seul
Victor SEGALEN / Conseils au bon voyageur ; Terre jaune ; Les lacs
Pierre SEGHERS / Décourage en toi le chagrin ; Automne
Alain SERRES / Toi-même

page 7 (cliquez sur l'auteur recherché) : Sodenkamp à Voisard 


Andrée SODENKAMP
/ Le printemps ; Les loups ; La fenêtre est un livre d'images ; Terre
Philippe SOUPAULT / Pleine lune
Jules SUPERVIELLE / Je caresse la mappemonde ; Elle lève les yeux ; Oiseau des Îles 
Henri THOMAS / Hiver, Novembre, Message du bonhomme de neige
Hamid TIBOUCHI / La rouille
Paul-Jean TOULET / En Arles ; L'été ; "Les Contrerimes" , Dimanche
Paul VALÉRY / Le cimetière marin
Charles VAN LERBERGHE / Image
Angèle VANNIER / Forêt sans muguet
Émile VERHAEREN / Le chant de l'eau ; Le port ; À la gloire du vent ; La plaine
Paul VERLAINE / Dans l'interminable ennui de la plaine ; La lune blanche ; Le ciel est par-dessus le toit ; Soleils couchants ; Clair de lune ; L'heure du berger ; L'ombre des arbres dans la rivière embrumée ; Promenade sentimentale
Anne VERNON / La plage ... ; certains jours ... ; Parfois ... ; Mes questions frangent le silence ...
Gabriel VICAIRE / Matins de neige ; Paysages ; La mer ; Clairs de lune
Gilles VIGNEAULT / Mon pays
Charles VILDRAC / La petite maison
Paul VINCENSINI / Le champ de blé ; Le vent ; L'ombre est bleue ; Le chemin ; L'arbre ; Moisson ; Petite nuit ; Le vent (autre texte) ; Plein ciel ; Moi au printemps j'ai tout ; Hiver
Renée VIVIEN / TRoses du soir ; Chanson ; Les arbres ; À la bien-aimée
Alexandre VOISARD / Écrit sur un mur ; Le muguet perdu ; L'artiste à l'œuvre ; Légende des ingénieurs ; Le pasteur égaré ; Un goûter à l'orée ; Au rendez-vous des alluvions ; La longue nuit soupçonneuse ; L’arbre que terrasse la tempête ; Solitaire au bout du rameau 

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15 mai 2009

COMPTINES et PETITS POÈMES - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

COMPTINES

1, 2, 3, j'irai dans les bois

1, 2, 3, j'irai dans les bois
4, 5, 6, cueillir des cerises
7, 8, 9, dans un panier neuf
10, 11, 12, elles seront toutes rouges

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1,2,3, dans les bois

1, 2, 3,
le lapin
est dans les bois,

4, 5, 6,
il va faire
de l’exercice,

7, 8, 9,
il court plus vite
que le bœuf,

10, 11, 12,
c’est la poule
qui est jalouse !

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1, 2, 3, vous trouverez là

1, 2, 3, vous trouverez là
3, 2, 1, près d’un vieux sapin
1, 2, 3, une maison en bois
3, 2, 1, cachée dans le thym.

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1, 2, 3 tout au fond des bois

1, 2, 3, tout au fond des bois
3, 2, 1, un petit chemin
1, 2, 3, vous mène tout droit
3, 2, 1, chez le roi des nains
1, 2, 3, vous trouverez là
3, 2, 1, près d’un vieux sapin
1, 2, 3, maisonnettes en bois
3, 2, 1, cachées dans le thym.

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Les poules

Quand trois poules
Vont aux champs
La première va devant
La deuxième suit la première
La troisième va derrière
Quand trois poules
Vont aux champs
La première va devant.
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Y a une pie dans le poirier

Y a une pie dans le poirier,
J'entends la mère qui chante
Y a une pie dans le poirier,
J'entends la mère chanter.
J'entends, j'entends, j'entends la mère qui chante
J'entends, j'entends, j'entends la mère chanter

Y a deux pies dans le poirier…

Y a trois pies dans le poirier, etc.

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Six pommes

Six pommes,
rouges bien mûres,
s’ennuient sur le pommier.
1,2,3,4,5,6.
Six pommes
voudraient s’en aller.
1,2,3,4,5,6.
Moineau
ou jardinier,
venez les chercher !
1,2,3,4,5,6.
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Tous les sept

Un coquelicot et un souci
Se sont pris par la main
Avec un pissenlit,
Puis une pomme verte
Et un bleuet
Et encore une prune
Un iris violet.

Et sur la prairie,
Tous les sept, en ribambelle,
Ont joué à l’arc-en-ciel.
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Six pommes

Six pommes,
rouges bien mûres,
s’ennuient sur le pommier.
1,2,3,4,5,6.
Six pommes
voudraient s’en aller.
1,2,3,4,5,6.
Moineau
ou jardinier,
venez les chercher !
1,2,3,4,5,6.

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Un ciel bleu

Un ciel bleu
Deux grands yeux
Trois nuages
Quatre images
Cinq longs doigts
Et voilà !

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Les nuages

Trois petits nuages
S’en venaient de Paris,
Mais oui, mais oui.
Mon Dieu, qu’ils étaient jolis !
Derrière eux le vent riait.
Allez, allez !
Et claque, claque son fouet.
Le premier nuage
Etait léger comme un duvet.
Le second petit nuage
Avait de beaux cheveux frisés.
Passant trop près du soleil,
Le pauvre petit dernier
S’y était brûlé le nez.
Tant pis, tant pis
Ils ne pouvaient pas s’arrêter
Pensez !
Trois petits nuages
S’en allaient au Paradis !
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Il pleut, il mouille

Il pleut, il mouille
C'est la fête à la grenouille
Il mouille, il pleut
C'est la fête au poisson bleu
Il pleut, il fait beau temps
C'est la fête au paysan.

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Un têtard dans la mare

Un têtard dans la mare
Deux fourmis sur le tapis
Trois gros rats sous le hangar
Quatre lézards au bord du trottoir
Cinq lapins
Cachés dans le foin
Autant de petits enfants
Courant dans les champs !

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De 1 à 10

Et de 1,
je cours au soleil


Et de 2,
sa lumière me rend heureux !

Au bord du bois,
Je trouve un trèfle,
un trèfle à 3 feuilles,
ça se voit parfois ;


mais un trèfle
à 4 feuilles,
alors, ça ! ça m’épate !


Autour de moi,
5 papillons font un tourbillon,


6 jolies coccinelles
s’en mêlent.
quelle fête !


Une colonne de criquets
font la causette.
je les compte,
ils sont 7 !


Dans le champ
8 poules font
un bruit assourdissant.


Ce matin, dans mon chapeau,
j’ai trouvé un œuf.
ce soir, ils sont 9
tout ronds et tout chauds.


10, m’a dit un myosotis,
c’est le printemps aujourd’hui.
qu’est-ce que tu en dis ?

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Cette nuit, j’ai vu…

Cette nuit, j’ai vu…

une libellule
éteindre la lune.

Deux oies
casser des noix.

Trois limaçons
jouer du violon.

Quatre canards
courir sur la mare.

Cinq chevaux
cueillir des poireaux

Six souris
manger des radis

Sept poulettes
danser en chaussettes

Huit lapins
faire du patin

Neuf hirondelles
démonter la Tour Eiffel

Et dix fourmis
en chemise de nuit
qui m’ont crié :
réveille-toi !
assez dormi !

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Bonjour monsieur Soleil

Bonjour monsieur Soleil que faites-vous donc là ?
je fais mûrir des bananes pour tous ces enfants là !
Bonsoir madame la Lune, que faites-vous là ?
je fais mûrir des prunes, pour tous ces enfants-là
Bonjour monsieur le Soleil, que faites-vous là ?
je fais mûrir des groseilles pour tous ces enfants-là.
Bonjour monsieur soleil que faites-vous donc là ?
je fais mûrir des bananes pour tous ces enfants là !

etc.

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Dans le ciel bleu

Dans le ciel bleu
les nuages passent
le bleu s'efface
Puis les remplace
le beau ciel bleu.

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Do ré mi, la perdrix

Do ré mi, la perdrix
mi fa sol, elle s'envole
fa mi ré, dans le pré
mi ré do, tombe à l'eau.

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Les feuilles

En automne,
plein de feuilles
En hiver,
plus de feuilles
Au printemps,
petites feuilles
En été,
grandes feuilles.

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Pomme de reinette et pomme d'api

Pomme de reinette et pomme d'api
tapis tapis rouge
Pomme de reinette et pomme d'api
tapis tapis gris

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Sapin

Sapin vert
t
out l'hiver,
Sapin blanc

p
ar moments,
Sapin bleu

m
erveilleux,
Sapin mort

j
ette dehors.

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La comptine du muguet

Il était, dans la mousse, un tout petit muguet.
Il avait l'âme douce, embaumant la forêt.
Soudain, une fillette passe par le chemin
et voyant la fleurette, la coupe avec la main.
Pourquoi m'as-tu coupée ? dit la fleur de muguet,
tu m'as toute blessée pour parer ton bonnet.
Non, répond la fillette, oh muguet, mes amours,
je ne suis pas coquette, je veux t'aimer toujours.

 

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Les deux comptines qui suivent ont été trouvées ici : http://www.momes.net/comptines


    Paysage d'Afrique
 
Le crocodile
Croque Odile.
Le féroce rhinocéros
S’est fait des bosses.
L’hippopotame
Joue du tam-tam.
À une branche,
Le serpent se pend.
Le léopard repart.
Et mademoiselle la gazelle
Se trouve très belle
Dans son miroir.

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Brousse
 
 Brousse, brousse
J'aime ma brousse
J'aime ma brousse
Et ma jolie savane (2 fois)
 
Y'a des tigres, y'a des lions
Y'a des léopards
J'aime ma brousse
Et ma jolie savane (2 fois)
 
 (On recommence en accélérant)

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CHANSONS

Monsieur le vent

Soufflez monsieur le vent,
faites danser les nuages
et les cheveux des enfants sages.

Soufflez monsieur le vent,
Emportez les papiers
et le chapeau du jardinier

Fernande Huc - lien pour la partition musicale, d'autres comptines chantées, et des pistes pédagogiques détaillées : http://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/maternelle/aria/aria.htm#monsieur

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Derrière chez moi

Derrière chez moi devinez ce qu'il y a* ? (bis)

Y a un arbre, le plus bel arbre, arbre du bois
petit bois derrière chez moi

Et la lon là lon lère et la lon là lon là
Et la lon là lon lère et la lon là lon là


Et sur cet arbre devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une branche, la plus belle branche, branche sur l'arbre, arbre du bois,
Petit bois derrière chez moi
Et la lon là lon lère et ...

Et sur cette branche devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une feuille, la plus belle feuille, feuille sur la branche,

branche sur l'arbre, arbre du bois
Petit bois derrière chez moi


Et sur cette feuille devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un nid, le plus beau des nids, nid sur la feuille,

feuille sur la branche, branche sur l'arbre, l'arbre du bois
Petit bois derrière chez moi


Et dans ce nid, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une aile...


Et sur cette aile, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une plume...


Et sur cette plume, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un poil..


Et dans ce poêle, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un feu...


Et dans ce feu devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un arbre, le plus bel arbre, arbre du bois
Petit bois derrière chez moi

 

* variante, pour détourner un peu le langage : "devinez quoi qui n'y a..."



15 mai 2009

HAÏKUS - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français

HAÏKUS

Le poème court appelé haïku obéït à certaines règles de construction, voir HAÏKUS - poésies des saisons.
Quelques recueils :

  • Jean-Hugues Malineau : "Petits Haïkus des saisons" (L'école des Loisirs, 1996) et "Trente Haïkus rouges et bleus" (Éditions Pluie d'étoiles, 2000)
  • "Le parfum de la lune" poèmes de Buson Yosa (Éditions Moundarren)
  • "Le mangeur de kakis qui aime les haïkus" poèmes de Shiki (Éditions Moundarren)
  • "Cent-onze Haïku", Matsuo Bashô (Éditions Verdier, 1998, bilingue, traduit du japonais par Joan Titus-Carmel)
  • "Haïkus : Anthologie", Moritake, Onitsura, préfaces de Yves Bonnefoy et Roger Munier
  • "Anthologie du poème court japonais", Corinne Atlan et Zéno Bianu (Poésie/Gallimard, 2002) et également "Haiku du XXe siècle : Le poème court japonais d'aujourd'hui", Corinne Atlan et Zéno Bianu(Poésie/Gallimard, 2007)
  • "Fourmis sans ombres, le livre du haïku",  Maurice Coyaud (Phébus,1999)
  • "Mille poètes, mille poèmes brefs", Michel-François Lavaur (L'arbre à paroles, 1997)
  • Jean-Hugues Malineau et Françoise Naudin, plusieurs titres, dont : "Onze Haïku et un poème, à propos des pivoines" (éditions "Commune Mesure", 1995)

Auteurs québécois :

  • "Chevaucher la lune, anthologie du haïku contemporain en français", 600 haïkus d'auteurs francophones de tous pays, réunis par par André Duhaime, illustrations de Gernot Nebel (couverture) et de Joscelyn Vaillancourt (Éditions David - Canada, 2001).
  • "Les couleurs du vent, haÏkus", Micheline Beaudry (Éditions David - Canada, 2004)
  • "Soleil rouge", "Arbres lumière", Michel Pleau (Éditions David - Canada, 2004 et 2005)
  • "Le sourire de l'épouvantail", "Les saisons de l'épouvantail", Jessica Tremblay (Éditions David - Canada, 2003 et 2004)

Quelques-uns des haïkus qui suivent ont été empruntés ici : http://pages.infinit.net/haiku

Haïkus et poèmes courts modernes
auteurs contemporains de langue française

La rivière
change
de
déshabillé
avec
chaque
tournant

 

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La pluie
barbouillée
de vent
alla
se laver
les yeux
dans l’étang

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La lumière
mit la main
dans le sac du soir
et en tira
une étoile.

Malcolm de Chazal (extraits de "Sens magique")

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Le jeu du soleil
sur le tronc du chêne
le temps d'un bonheur

Guillevic ("Du Domaine")

 

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Au ciel la lune brille laiteuse
comme une perle
au doigt d’une brune

Jacques Charpentreau

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brouillard matinal
sur la montagne
un seul arbre

Jessica Tremblay (Québec)

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Les moutons dans la neige
broutent la vie sauvage
à même le brouillard

Michel-François Lavaur

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des arbres
les couleurs tombées
s'enfoncent sous la terre

Micheline Beaudry (Québec)

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Une perle
au doigt du peuplier
pleine lune

Jean-Hugues Malineau

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À travers les pins
le bleu du ciel
tiré à quatre épingles

Françoise Naudin

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Dans l'immense plaine
un bouquet d'arbres en fleurs
comme un île au loin

Jean-Claude Touzeil

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silence
la lune est prise
dans les branche
s

Michel Pleau (Québec)

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Haïkus traditionnels japonais

paysages

Les montagnes lointaines
se reflètent dans les prunelles
de la libellule

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Splendide la voie lactée
à travers les déchirures
du mur

Kobayashi Issa  (1763-1828)

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Jour de bonheur tranquille
le Mont Fuji voilé
dans la pluie brumeuse

Matsuo Bashô (1644-1694)

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Midi haut perché
À tue-tête
Une alouette et un nuage

Shiki Masaoka (1867-1902)

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printemps

La fumée
dessine à présent
le premier ciel de l'année

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Ces fleurs de cerisier
qui tant me ravissaient
ont disparu de la terre

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Tremblant dans les herbes
des champs
le printemps s'en va

Kobayashi Issa  (1763-1828)

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Par-dessus la mer
le soleil couchant
dans le filet de la brume

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Au clair de lune
le prunier blanc redevient
un arbre d'hiver

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Le halo de la lune
n'est-ce pas le parfum des fleurs de prunier
monté là-haut ?

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Dans les fleurs tardives du cerisier
le printemps qui s'en va
hésite

Buson Yosa (1716-1784)

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été

Montagnes au loin
où la chaleur du jour
s'en est allée

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La brise fraîche
emplit le vide ciel
de la rumeur du pin

Uejima Onitsura (1660-1738)

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Cheminant par la vaste lande
les hauts nuages
pèsent sur moi

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Sous les pluies d'été
le sentier
a disparu

Buson Yosa (1716-1784)

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 automne

Claire lune automnale
les lapins traversent
le lac Suwa

Buson Yosa (1716-1783)

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Les herbes se couvrent
d'automne
Je m'assieds

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Sur une branche morte
repose un corbeau :
soir d'automne !

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Une rafale de vent
puis les feuilles
se reposent

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Ce chemin
personne ne le prend
que le couchant d'automne

Matsuo Bashô (1644-1694)

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Sur la feuille de lotus
la rosée de ce monde
se distord

Kobayashi Issa (1763-1827)

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Appuyé contre l'arbre nu
aux rares feuilles
une nuit d'étoiles
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Comme des chapeaux alignés
des chaînes de montagne
vent d’automne
 

Shiki Masaoka (1867-1902)

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 hiver

La bruine d'hiver
paisiblement imbibe
les racines du camphrier

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Dans le clair de lune glacé
de petites pierres
crissent sous les pas

Buson Yosa (1716-1783)

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Ces mêmes montagnes
mon père les eut devant les yeux
dans l'isolement de l'hiver

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Solitude hivernale
ce soir écoutant
la pluie dans la montagne

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Dans la gelée blanche du sentier
épanoui oublié
un pissenlit

Kobayashi Issa (1763-1827)

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Un oiseau s'envole
le vieux cheval tressaille
sur la lande désséchée

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Une baie rouge
a roulé
sur la gelée blanche du jardin

Shiki Masaoka (1867-1902)

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Une nuit, au clair de la lune
l'énorme silhouette du mont Fuji apparaît
Quel froid !

Dakotsu Iida (1885-1962)

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Haïkus contemporains japonais

paysages

Les autoroutes de Tokyo
ressemblent à des intestins
sous la pleine lune

Sei Imai (né en 1950)

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Plage d'Ichiburi
les crêtes des vagues

se cramponnent à la neige.

Mutsuo Takahashi (né en 1937)

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Le soleil fait briller le grand lac
de tout son éclat
jusqu'à ce qu'il le renverse

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Funérailles du printemps
des arbres s'arrêtent
dans la colline

Goro Wada (né en 1923)


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