para Antonio y "los del destierro", todos / pour Antoine et "ceux de l'exil", tous
funambules sur la ligne Pyrénées nuit d'Espagne noche de nieve y de estrellas ciegas (1)
funambules sur la ligne barbelée jours de France días de soles fríos prisioneros de arena*(2)
funambules sur la ligne de vie noche y día
jour et nuit
así como viven los hombres
dejando siempre al final
un oscuro arco iris en el espejo de los sueños (3)
Antoine Bial
traduction :
(1)Nuit de neige et d'étoiles aveugles . (2)jours de soleils froids. prisonniers de (ou du) sable
(2)comme vivent les hommes abandonnant toujours à la fin un sombre arc-en-ciel dans le miroir des songes
* référence aux camps d'internement pour les réfugiés, sur les plages du Roussillon (Rivesaltes, Saint-Cyprien, Gurs...)
Salman Masalha est né en 1953 à al-Maghar, en Israël. Il enseigne la littérature arabe à l'Université.
La fillette de Gaza
Avec les plumes de la mer La fillette de Gaza confectionne des nids. L'homme qui derrière la muraille se tient debout Abrite sous son regard Un collier de souvenirs. Après avoir traversé la rue, Les légendes, dans les nids, Éclosent comme des oeufs Des enfants courent se blottir Dans la couleur du temps Ils recueillent la voix timide Des sables du désert Le soir venu, les larmes se dispersent Et mouillent la route de la mer La nuit sourit à l'exil Le poète rend son dernier soupir.
Salman Masalha
(texte paru dans la revue trimestrielle "Poésie 1/Vagabondages" n°27 de septembre 2001 consacrée à La Poésie arabe contemporaine - Le cherche midi éditeur) - Traduction d'Abdul Kader El Janabi revue par Charles Illouz et Mona Huerta.
Haïm Gouri est né en 1926 à Tel-Aviv, en Israël. Il a publié plusieurs recueils de poésie et traduit des poètes français.
Autrefois une colombe
Autrefois une colombe descendit sur mon épaule, des cieux, très légère, des toits de la ville compatissante.
Nous étions silencieux tous deux une heure entière et le vent entre nous. Je voulais lui dire : innocente, colombe innocente, j'ai trouvé un abri pour toi.
Autrefois une colombe se précipita vers mon épaule. Blanche, chaude.
Quand je la touchai de mes lèvres son plumage devint rouge.
Haïm Gouri
Texte paru dans "SaLaM Ve CHaLoM, Anthologie de poèmes pacifistes juifs et arabes", de Jacques Eladan - Noël Blandin éditeur, 1990 et dans la revue"Poésie 1" (bimestrielle première série), n°116 de mars-avril 1984, consacrée à La Nouvelle poésie israélienne - Le cherche midi éditeur)
Ce poème de Jacques Prévert s'impose, aujourd'hui que les lignes brisées du CAC 40 voudraient nous faire oublier le cours de la vie (photomontage lieucommun).
Le cours de la vie
Dans douze châteaux acquis pour douze bouchées de pain douze hommes sanglotent de haine dans douze salles de bains Ils ont reçu le mauvais câble la mauvaise nouvelle du mauvais pays là-bas un indigène debout dans sa rizière a jeté vers le ciel d’un geste dérisoire une poignée de riz.
Jacques Prévert ("Histoires" - Les Éditions du Point du Jour, 1946 et Gallimard, 1963)
Préface au livre (image) "La terre nous est étroite" :
” Je suis celui que l’on désigne comme "le poète de la Palestine", et l’on requiert de moi de fixer mon lieu dans la langue, de protéger ma réalité du mythe et de maîtriser l’une et l’autre, pour être tout à la fois partie de l’Histoire et témoin de ce qu’elle m’a fait subir. C’est pourquoi mon droit à un lendemain requiert révolte contre le présent et défense de la légitimité de mon existence dans le passé. Mon poème se retrouve ainsi changé en preuve d’existence ou de néant. “
Cette catégorie (poème du jour) n'est pas la rubrique nécrologique du blog, même si aujourd'hui, Mahmoud Darwich s'est éteint, comme on pourrait dire si le flambeau qu'il portait ne se transmettait pas. Le poète palestinien exilé a mis des points de suspension à son œuvre terrestre, pour que nous puissions en prolonger la lecture à l'infini. Il était né en Galilée en 1941. Voici des liens pour mieux connaître l'homme et l'œuvre, et deux poésies (la seconde est tirée du livre ci-dessus) :
"Je veux un lieu à la place du lieu pour revenir à moi-même "... Au centre de sa poésie, la terre de Palestine et l'identité, toujours revendiquées
Identité (extrait de ce poème, écrit en 1964)
Inscris ! Je suis Arabe [...] Mes racines... Avant la naissance du temps elles prirent pied Avant l'effusion de la durée Avant le cyprès et l'olivier ...avant l'éclosion de l'herbe Mon père... est d'une famille de laboureurs N'a rien avec messieurs les notables Mon grand-père était paysan - être Sans valeur - ni ascendance. Ma maison, une hutte de gardien En troncs et en roseaux Voilà qui je suis - cela te plaît-il ? [...] Inscris Que je suis Arabe Que tu as raflé les vignes de mes pères Et la terre que je cultivais Moi et mes enfants ensemble Tu nous as tout pris hormis Pour la survie de mes petits-fils Les rochers que voici Mais votre gouvernement va les saisir aussi ...à ce que l'on dit ! [...] Mahmoud Darwich - ("Chronique de la tristesse ordinaire" traduit par Oliver Carré - Éditions du Cerf, 1989) La version de ce poème en langue arabe est ici : http://www.col-monnet-strasbourg.ac-strasbourg.fr/identite.html
Sécheresse (texte intégral du poème écrit entre 1966 et 1999)
Cette année est difficile, L'automne ne nous a rien promis, Nous n'avons pas attendu les messagers Et la sécheresse est telle qu'en elle-même : une terre souffrante Et un ciel doré. Que mon corps soit mon temple.
...À toi d'atteindre le pain de mon âme Pour te connaître toi-même. Et je suis sans limites, Si je le désire : Avec un épi, j'agrandis mon champ. Et j'élargis cet espace avec une tourterelle. Que mon corps soit mon pays.
La sécheresse scrute le fleuve, regarde les palmiers, Mais elle ne remarque pas mon puits profond. Et par toi je suis infini... L'automne, le ciel est authentique.
Imagine-toi, ne serait-ce qu'une fois, femme, Et tu verras ce que je vois. Mon corps est mon maître.
La sécheresse est toujours là. Chaque fois Qu'une idée tarit, fleurit le chœur Des flatteurs : Que d'eau, que d'eau! Qu'ai-je besoin de la prophétie ? Alors que les anges Bons sont les hôtes du nuage des rêveurs ? Qu'ai-je besoin de ton livre, quand ce qui est en toi est en moi ? Mon corps éclôt dans mon corps.
Et la sécheresse fait ses adieux aux années maigres. Il faudra une trêve dans la ville, Des chèvres qui broutent l'herbe Dans les livres des Babyloniens ou des autres Pour que le ciel devienne authentique... Éclaire donc de ton vin mon obscurité et mon sang Et élis demeure avec moi dans mon corps !
Mahmoud Darwich - ("La terre nous est étroite et autres poèmes, 1966-1999" traduction d'Élias Sanbar* - Éditions Poésie-Gallimard, 2000)
* Élias Sanbar est un poète et écrivain palestinien, ami de Mahmoud Darwich.
Sur ce blog dans la catégorie PRINT POÈTES 2008 : L'AUTRE (Monde) on trouvera en écho, le poème qui suit, de Mourid al-Barghouti (dans "La poésie palestinienne contemporaine" - choix des textes et traduction de Addellatif Laâbi - éditions Le temps des cerises et la Maison de la Poésie Rhône-Alpes, 2002)
Exception
Tous parviennent à destination le fleuve, le train la voix, le navire la lumière, les lettres le télégramme de condoléances l'invitation au dîner la valise diplomatique le vaisseau spatial Tous parviennent à destination sauf... mes pas vers mon pays
Mourid al-Barghouti
La date de ce message du 9 août 2008 a été modifiée pour la présentation sur le blog
Zut, lieucommun a laissé passer son 10 000e visiteur (le compteur est au bas de la page), sans célébrer l'événement ! À y bien réfléchir, pourquoi le 10 000e visiteur aurait-il droit au collier de fleurs fanées que nous avions mis de côté pour l'occasion (les nouilles sont hors de prix), et pas le 1507e,ou le 2109e ou n'importe lequel tiré au sort ? En tous cas, merci à tous ceux qui se risquent dans ce capharnaüm, le mot est faible mais restons corrects, au risque de s'y perdre. Lot de consolation : photo offerte aux regards - chat à Mantes-la-Jolie août 2008. clic pour agrandir
La date de ce message du 3 septembre 2008 a été modifiée pour la présentation sur le blog
"L'été comme un enfant s'est installé
Sur mon dos Et c'est très lourd à porter
Un enfant tout un été
Sans cigales
Avec des hiboux ensoleillés
Comme les enfants du mois de mai
Qui reviendront cet automne
Après l'été de mil sept cent quatre-vingt-neuf
Ça ira ça ira ça ira ..."
(Léo Ferré, disparu il y a 15 ans, le 14 juillet 1993)
L'été 68 a juste quarante berges, où nous n'avons jamais su aborder ...
André Velter est né en 1945 dans les
Ardennes françaises. À 19 ans, il écrit des poèmes en commun avec Serge Sautreau dans la revue Les Temps Modernes
(dirigée par Jean-Paul Sartre). Dans ce même numéro d'octobre 1964 figure aussi Georges Perec, et deux
années plus tard, le premier recueil de poésie, Aisha *, porte la
double écriture de Serge Sautreau et d'André Velter (Gallimard, 1966). "un des textes qui avec les "Épiphanies" de Pichette reste l'une des œuvres majeures du surréalisme de l'après-guerre." (Gérard Noiret / La Quinzaine Littéraire / 16-30 juin 1998). André Velter est un homme de rencontres, de
complicités, d'amitiés, de collaborations, auxquelles il restera fidèle, par-delà
les mauvais tours de l'existence. C'est d'abord Marie-José Lamothe, écrivaine
et photographe, "femme de lumière", qui lui ouvre les portes de l'orient
tibétain (voir ci-dessous la bibliographie). Marcheur, alpiniste en même temps que poète à la découverte de l'autre, il reste aimanté par l'Orient asiatique, le Tibet, l'Afghanistan, le
Népal, l'Inde... On retrouve dans le recueil Le Haut-Pays suivi de
la traversée du Tsangpo, Gallimard, 2007, les poèmes écrits au Tibet
et dans
l'Himalaya. Il publie des ouvrages avec
des peintres et dessinateurs, particulièrement Ernest Pignon-Ernest (bibliographie). Il rencontre d'autres poètes,
comme Henri Michaux et René Char. 1998 est l'année terrible de la disparition, à quelques
semaines d'intervalle, de Marie-José Lamothe et de Chantal Mauduit. Pour
l'alpiniste de l'extrème, et parce que l'écriture est un chemin de vie, il écrit un tryptique amoureux : Le septième sommet, en 1998, L'amour extrème, en 2000, etUne autre altitude, en
2001. Ouvert à
d'autres expériences, il entre avec
Bartabas dans l'univers de Zingaro suite équestre (Gallimard, 1998). Persuadé que la poésie se dit et s'écoute, il anime une émission sur France-Culture : Poésie sur parole, et "met en scène" ses poèmes : spectacles musicaux et productions audio-visuelles.
On trouvera sur le site de l'auteur, où une partie des informations du blog ont été empruntées, bien plus qu'une biographie et une bibliographie complètes, l'univers humain et poétique d'André Velter : http://www.andrevelter.com (copier-coller le lien)
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éléments de
bibliographie (hors tirages limités)
Poésie (choix subjectif) :
Aisha (avec Serge Sautreau, éditions Gallimard,
1966, réédité en 1998)
Du Gange à Zanzibar ( éditions
Gallimard, 1993 - prix Louise Labé)
Passage en force (1971-1974) (Le Castor Astral/ Les Écrits des Forges, 1994)
Étapes
brûlées (1974-1978) (Le
Castor Astral/ Les Écrits des Forges,
1996)
Ouvrir le chant (Le Castor Astral/ Les Écrits des Forges,
1994)
L’Arbre-Seul (éditions Gallimard, 1990, prix
Mallarmé - réédité en Poésie/Gallimard 2001)
Le
Haut-pays (éditions Gallimard, 1995 - réédité
avec suivi de La Traversée du Tsangpo, Gallimard, 2007)
Le septième sommet, poèmes
pour Chantal Mauduit (éditions
Gallimard, Poésie/Gallimard, 1998)
L'amour extrème,
poèmes pour Chantal Mauduit (éditions
Gallimard, 2000)
Une autre altitude,
poèmes pour Chantal Mauduit (éditions
Gallimard, 2001)
La vie en dansant (éditions
Gallimard, 2000)
L'amour extrème et autres poèmes pour Chantal Mauduit - Poésie/Gallimard 2007 - cet ouvrage regroupe les poèmes des trois recueils précédemment cités)
Des recueils ont été publiés avec des
dessins d'Ernest Pignon-Ernest, en particulier ceux-ci : Zingaro suite équestre(éditions
Gallimard, 1998, réédité avec et Un piaffer de plus
dans l'inconnu en
Folio/Gallimard, 2000 et en Gallimard
collection Blanche, 2005). Extases(éditions
Gallimard, 2008 ).
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Ouvrages illustrés,
en édition commerciale (choix) :
Peuples du toit du monde (avec
des photographies de Marie-José Lamothe*,
Chêne-Hachette, 1981) Ladakh Himalaya (avec des photographies
de Marie-José Lamothe*, Albin Michel, 1987 et A-M Métailié, 1991) Les Bazars de Kaboul (avec Emmanuel Delloye et des photographies
de Marie-José Lamothe*, Hier et Demain, 1979) Et ce superbe grand livre, fruit d'un long travail de
recherche, de photographie et d'écriture, qui rend hommage aux artisans
de France : Le
Livre de l'outil(auteurs : André Velter et
Marie-José Lamothe* ; photographies de Jean Marquis* - préface de René Char*, postface de Serge Sautreau* ;aux éditions "Hier et Demain",
1976 et "Temps Actuels", 1983 ; ouvrage épuisé mais il a été
heureusement réédité aux éditions Phébus, en 2003) *
Marie-José Lamothe, (1945-1998), photographe et écrivaine, spécialiste de
la
civilisation tibétaine, a consacré plusieurs ouvrages au Tibet et à la vie de
Milarépa, yogi et maître spirituel bouddiste tibétain du XIe siècle, dont elle a traduit l'oeuvre complète ("Milarépa, Les cent mille chants", Fayard, 2006). Elle a collaboré
avec André Velter pour d'autres ouvrages. Jean Marquis
est lui aussi photographe. Le poète René Char est présent sur ce blog. On trouvera des textes et
une présentation ici : Des
POÈTES et de la POÉSIE. Serge Sautreau est poète et essayiste.
------ Œuvres sonores et visuelles (choix) :
"Il n’est de poésie
qu’orale. Un poème qui ne se peut dire, qui n’engage ni le souffle ni
le corps ressemble à un violon dont l’âme a été volée ou faussée.
Il est sans harmonie, sans magie, sans amplitude." (1) "Qu'elle se murmure ou qu'elle se crie, la poésie, comme la vie, ne tient qu'à un souffle. Je suis pour la parole haute et vive, pas pour le papier mâché." (2) ..."Ce qui ne veut pas dire que la
lecture solitaire, silencieuse, celle que l’on entreprend pour soi,
n’est pas nécessaire". (3) (1) André
Velter, entretien paru dans la revue de poésie
Flache, en 1989 / (2) André Velter "Autoportraits, Paroles d'Aube, 1993) / (3) dans le
journal "Lyon Capitale" en 1999 (cité par Sophie Nauleau dans sa thèse
"André Velter,
troubadour au long cours" - Sorbonne, 1999)
Le Grand Passage, CD (Paroles d’Aube, 1994). On attend la parution en janvier 2011 chez Gallimard d'un livre-CD intitulé "Paseo Grande". C'était l'Afghanistan, Portrait d'un pays perdu, CD (Frémeaux et Associés, 2002) Tombeau de Chantal Mauduit, CD ; pièces musicales, avec des poèmes d'André Velter, dits par Alain Carré
(Frémeaux et Associés, 2002) La traversée du Tsangpo, CD ; poème d'André Velter dit par l'auteur et Laurent Terzieff , musique originale de Jean Schwarz, chansons traduites en tibétain et interprêtées par Tenzin Gönpo (Célia Records, Élios Productions et les Éditions Thélème, 2004) Décale-moi l'horaire, CD ; Chansons parlées d'André Velter sur des musiques originales de Jean Schwarz et Benoît Charvet (EPM littérature 2005) La vie en dansant, CD ; poèmes d'André Velter, dits par l'auteur et Alain Carré (Autrement Dit, 2002)
------ Une anthologie poétique:
Les poètes du Chat noir (Poésie/Gallimard, 1996)
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"La poésie trouve ici une unité de lieu : l’altitude. Celle du Tibet et de l’Himalaya, celle de ce Toit du Monde qui ne recouvre rien mais donne sur le ciel dans une autre lumière. [...] Il va sans dire que ce parcours n’est pas celui d’un dévot. La rencontre avec le bouddhisme tibétain intervient d’abord et tout naturellement dans le sens de la marche : c’est une approche physique, pas un acte de piété, même si la traversée du Tsangpo mène à Samyé, le monastère des origines. Poème et polyphonie à la suite, ce livre n’accueille en effet que des ascèses toniques où le corps est en fête et l’esprit des plus libres". André Velter, dans sa présentation de l'ouvrage Le
Haut-payssuivi de La Traversée du Tsangpo (Gallimard, 2007 )
"Le
Haut-pays" est dédié à Marie-José Lamothe. "La traversée du Tsangpo", dans la dernière partie du livre, s'ouvre par ce quatrain-dédicace :
Un quatrain-dédicace à M-J
J'entendrai pour toujours
Ta voix tes cris ton rire
Cette façon de dire
Nous allons sans détour
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Vers Samyé (premières strophes du poème)
le temps est un vertige sous le miroir des eaux ce qui sombre est si sombre on dirait un chaos de pierres de lune et d’or
vers Samyé nous allons comme au centre du monde dans cet écho profond qui n’appartient qu’au ciel et au secret de nous
le corps le cœur l’esprit se découvrent si vaste que le chant de nos lèvres est une âme infinie qui tremble sur la terre
partout il y avait
des joyaux dans les pierres
des prophéties cachées
voire de simples prières
à la chance au soleil
partout à chaque pas
le passage était là
au bord du précipice
où la mort est fugace
où le souffle est lumière
[...]
André Velter ("Le
Haut-payssuivi de La Traversée du
Tsangpo", Gallimard,
2007)
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Dans le chapitre "Une fresque peinte sur le vide - III" du même ouvrage :
(altitude)
Petit nuage sur le chemin
de Tangyud Gompa. *
Rien que du vide et du vent,
une touffe de chardons bleus,
des marques de pas.
Rien que le soleil sur les crêtes
et les ombres qui s’allongent
entre les rochers.
Rien que ce rien
qui n’est pas moins que tout.
*monastère bouddique du Spiti(note de l'auteur) - l'auteur a mis le titre entre parenthèses
André Velter ("Le
Haut-payssuivi de La Traversée du
Tsangpo", Gallimard,
2007)
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Avant de prendre place dans "Le Haut-pays", "Ce qui murmure de loin" est un recueil de 48 pages, publié en 1985 aux éditions Fata Morgana, avec deux illustrations originales du peintre graveur Ramón Alejandro (tirage limité).
101 quatrains composent ce "chant secret". En proposer ici quelques images dissociées ne rend évidemment pas la dimension de l'œuvre. Comment faire autrement pour donner au lecteur l'envie de s'aventurer dans l'intégralité du poème ? C'est un pari...
Introduction de l'auteur pour ce texte dans le livre :
Chant secret d'une voix qui écoute, la poésie vit d'une aventureuse nécessité.
Avec les mots des hommes et le silence des dieux s'irriguent la lumière, la chance, le partage des nuits.
La solitude reçoit l'oracle des pierres.
Le feu cherche l'oubli.
Une barque s'éloigne sous le miroir des nuages.
Nous inventons les voiles de fièvres inconnues, un rire si haut que l'infini préfère y jouer son va-tout,
une fleur invisible qui est aussi fille du soleil et du sang.
Le temps s'est voulu nomade, nous sommes de toutes ses migrations, complices d'une aile qui passe comme aucune autre aux lèvres de l'écho ...
Ce qui murmure de loin(quatrains choisis du poème)
à Bruno Roy *
1
Parti partant déjà délié de l'ombre
Un voleur de tous les vents
S'éloigne dans la vie du voyage
Où l'on se veut présent
2
Il porte l'or en dedans
Feu de ce lieu d'absence
Quand la danse
A quitté les danseurs
3
Et le fou du royaume joue du vide
Comme d'autres du violon
Il a l'oreille du rien
L'art du passage
[...]
16
Rêve éveillé entre réel et réalité
L'oeil touche l'illusion
L'issue est dans l'ici
Il suffit d'un rien pour défaire un monde
[...]
20
La neige exprime l'haleine des dieux
Le silence suspend l'espace
L'instant prend corps
Avec la beauté en regard
[...]
36
En altitude rien ne blesse la lumière
La haine s'épuise dans les glaciers
Le chemin connaît l'odeur du roc
L'abîme a le réveil sonore
[...]
45
Être du fond de la nuit brève
Une trace sans repère
L'écho à la voix blanche
Le chant d'un amour inconnu
46
Être du fond de l'univers
Une parcelle de regard et de ciel
Une trouée que l'on nomme
À peine moins que l'oubli
[...]
49
De la cime au ravin
Je me lie d'un souffle
Le but vient du chemin où je vais
Pour rester à distance
[...]
55
Dans cette lumière
Il y a une aile et un visage
Un arbre et une flamme
L'esprit brûlé d'une femme
56
Je te vois
Nuit de chaque instant
Silex noir
qui porte son feu à l'intérieur
[...]
85
Je dis nous
Et c'est peu
Dans les chantiers
Du monde
86
Je dis nous
Et c'est clair
Dans les ténèbres
Du temps
87
Je dis nous
Et c'est Un
Dans le secret
Du chant
[...]
André Velter ("Ce qui murmure de loin", éditions Fata Morgana, 1985 et "Le
Haut-payssuivi de La Traversée du
Tsangpo", Gallimard,
2007) - * Bruno Roy
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Tombeau de Chantal Mauduit
"L'amour extrème,
et autres
poèmes pour Chantal Mauduit" (Poésie/Gallimard, 2007), regroupe les recueils
dédiés par André Velter à son amie, l'alpiniste de l'extrème, morte accidentellement le 13 mai 1998 sur les pentes du Dhaulagiri, au Népal : Le septième sommet, L'amour
extrême, et Une
autre altitude. Un CD reprend en 2002 des textes de ces recueils, dits par Alain Carré
: "Tombeau de Chantal Mauduit (Frémeaux et Associés, 2002)
Un "Tombeau", au sens poétique et ancien, se définit comme une œuvre composée d'un ou plusieurs recueils, écrite en principe par plusieurs auteurs pour honorer la mémoire d'un défunt. André Velter a édifié seul, de 1998 à 2000 ce monument littéraire :
"Les poèmes qui se sont écrits* après la mort de Chantal ont été pour moi des textes de survie, sans le moindre souci littéraire. [...]. Ils étaient le seul oxygène que je pouvais respirer. [...] On ne peut pas, et je dirai on ne doit pas, vivre sans cette absence au cœur, ce soleil noir en soi, à jamais. [...] Ce que nous avons passionnément aimé, follement aimé, absolument aimé, ne meurt pas si nous restons sur le qui-vive. En alerte, sans espoir factice. Pour être encore digne d’un tel amour". André Velter (entretien avec Aymen Hacen, dans le supplément littéraire du quotidien tunisien "La Presse", décembre 2009) * [..."se sont écrits", comme si l'écriture elle-même avait guidé l'auteur (note du blog)]
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(extraits)
" J'ai pour te bâtir un tombeau des mots du soleil et des rêves, rien qui appartienne au poids du monde
rien qui t'impose une mort enchaînée, rien qui ralentisse ta course plus haut que tous les sommets."
[...]
André Velter ("Le
septième sommet", 1998)
Pour Chantal Mauduit, sa "mariée du ciel", "femme soleil" disparue et présente à jamais, André Velter écrit successivement trois recueils de poèmes, dans lesquels son infinie douleur interroge le paysage d'absence, où le temps s'est arrêté.. En suivant avec lui ce chemin d'écriture et d'absolue mémoire, on songe irrésistiblement au recueil "Le temps déborde", de Paul Éluard, écrit après la disparition de sa compagne, Nush, et à ce passage :
"Nous ne vieillirons pas ensemble. Voici le jour En trop : le temps déborde. Mon amour si léger prend le poids d’un supplice". - Paul Éluard ("Le temps déborde", 1947)
et bien sûr au poème de Catherine Pozzi (1882-1934), dont le premier vers fait écho ici:
"Très haut amour, s'il se peut que je meure Sans avoir su d'où je vous possédais, En quel soleil était votre demeure En quel passé votre temps, en quelle heure Je vous aimais," [...]" Catherine Pozzi (début du poème "Ave", publié en 1935 dans la revue "Mesures") - réédité sous le titre "Poèmes" par Gallimard en 1987, et en Gallimard/Poésie en 2002 : "Très haut amour : poèmes et autres textes")
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"Le septième sommet", est Le Dhaulagiri, ("Montagne blanche"), celui que Chantal Mauduit n'atteindra jamais après avoir gravi les six précédents. Elle avait décidé de tenter l'ascension, dans l'Himalaya, des quatorze sommets de plus de huit mille mètres, dans des conditions difficiles choisies : en style alpin et sans oxygène.
Voici la deuxième
strophe du poème "Élégie", dans lequel se répète le vers en italique, imité de Catherine Pozzi :
Élégie (passage)
[...]
Très haut amour à
présent que tu meures
La neige a tué mon plus bel
horizon, la neige a bloqué les
issues et les rêves,
la neige de la grande nuit a ruiné
notre ciel.
Très haut amour à présent que tu
meures
André Velter ("Le
septième sommet", éditions
Gallimard, 1998) - repris dans "L'amour extrème,
et autres
poèmes pour Chantal Mauduit (Poésie/Gallimard 2007) - voir la
bibliographie
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Où que tu sois, je t'aime
Pour te rejoindre nul parcours sur la terre, il y faut l'ascension de la montagne immense qui me déchire le coeur.
Là tout est vertical, de l'abîme du sang aux mille soleil de l'âme, une épée de lumière et pas un seul sentier.
Est-ce mon amour au souffle fragile, à la fougue patiente et légère, qui va ouvrir la septième voie ?
Amour sauvage que tu voulais libre du chasseur et de la proie, amour qu'inventait l'amour sans un appui sans une corde, amour absolu, tout à toi.
(Écrit le 21 mai, jour de l'Ascension.) *
*
précision de l'auteur qui figure sous ce poème, écrit le
21 mai 1998, une semaine après la disparition de Chantal Mauduit.
André Velter ("Le
septième sommet", éditions
Gallimard, 1998) - repris dans "L'amour extrème,
et autres
poèmes pour Chantal Mauduit (Poésie/Gallimard 2007) - voir la
bibliographie
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À l'infini
Là-haut, tu es. Là-haut quoiqu'il advienne, femme-soleil d'un miracle à jamais que rien ne sépare de la pure lumière ni du souffle ascendant de notre amour promis
à une autre altitude. Tu es là, hors d'atteinte, hors du monde où meurent les âmes et les corps. Tu danses sur l'horizon que je porte en moi pour abolir l'espace et le temps. Tu vis à l'infini.
André Velter ("L'amour extrème,
poèmes pour Chantal Mauduit",
éditions
Gallimard, 2000) - repris dans "L'amour extrème,
et autres
poèmes pour Chantal Mauduit (Poésie/Gallimard 2007) - voir la
bibliographie
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sans
titre
Quand je ne pense pas à
toi, je pense à toi. Quand je parle d’autre chose, je parle de toi.
Quand je marche au hasard, j’avance vers toi.
Je quitte les livres où tu n’entres pas. Je jette les poèmes qui ne
trouvent pas tes lèvres. J’efface les tableaux qui n’attirent pas tes
yeux. J’éteins les chansons qui n’éveillent pas ta voix.
André Velter "L'amour extrème,
poèmes pour Chantal Mauduit", éditions
Gallimard, 2000) - repris dans "L'amour extrème,
et autres
poèmes pour Chantal Mauduit (Poésie/Gallimard 2007) - voir la
bibliographie
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Le recueil "Une
autre altitude" est ainsi commenté par Michèle Gazier (hebdomadaire "Télérama" du 25 août 1999) : "un livre de douleur pour apprivoiser la douleur, pour retenir dans les mots la lumière que la mort voudrait éteindre. Ces poèmes bouleversants sont traversés par l'image de l'absente qui invite, toujours, à "vivre au plus haut".
sans
titre
Je n’accepte pas Mais
j’entre dans ta mort Comme un enfant Qui n’a pas dit son premier
mot Je n’accepte pas Mais je porte hors du fleuve La barque
bleue de la seconde naissance
André Velter ("Une
autre altitude", éditions
Gallimard, 2001) - repris dans "L'amour extrème,
et autres
poèmes pour Chantal Mauduit (Poésie/Gallimard 2007) - voir la bibliographie
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"J’ai dansé sagement, comme un fou."
[...]
André Velter ("La vie en
dansant ", 2000)
"La vie en dansant" est publié la même année que "L'amour extrème", mais, commencé avant 1998, il porte plusieurs années d'écriture. C'est aussi en 2002 un CD de 45 minutes (éditions Autrement Dit), avec les voix de l'auteur et d'Alain Carré.
La vie en dansant (extraits)
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La poésie ne peut être coupée ni du sacré ni du réel. Elle n’est pas un réservoir de mots d’ordre. Elle a du souffle et pas de frontières. Sa langue lui appartient, mais elle appartient à la rumeur des langues. Opaque à tout populisme, elle n’a pas à craindre d’être populaire. Si elle est vécue, elle change la vie.
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Tout est départ. Du mouvement il n’y a pas à démordre. Du mouvement dans l’azur ou l’asphalte, les volcans ou les glaces. Le moindre geste a semé des étoiles sur la terre. Qui ne sent la cavalcade, le carnaval, la migration des corps et des pierres ? Le moindre écart a jeté des outrages au ciel. Qui n’accueille les cahots, les blasphèmes, les caresses et les traces ? Le moindre pas a levé d’autres horizons. Qui ne vit d’alertes, de temps anéantis, de souffles brûlants et d’ombres ? Tout est dépense. Tout est désert. Au grand miroir de nos mains vides.
André Velter ("La vie en
dansant ", éditions
Gallimard, 2000)
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"J’ai une idée très absolue de l’amitié" André Velter(1979, cité par Sophie Nauleau dans sa thèse, voir biblio)
"Du Gange à Zanzibar" a obtenu le prix Louise Labé. André Velter en dédie le premier texte à son ami Stéphane Thiollier, disparu lui aussi, écrivain, humanitaire d'une association franco-afghane, avec qui il avait entrepris en 1977 un voyage en Afghanistan :
L'autre
Tu es celui Et tu es moi Qui s'est guéri Par la lumière Tu es cela D'or et de fée Vivant réel Sous le soleil Tu es ici Autre départ Le jeu cruel Absent dès l'aube Tu es sans toi - Mais le soleil
André Velter ("Du Gange à Zanzibar", éditions
Gallimard, 1993)
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Ci-dessous, des textes proposés pour ce thème 2011 du paysage, par le site du Printemps des Poètes à l'adresse (à copier-coller) : http://www.printempsdespoetes.com :
Je vais plus loin que la route ... (titre proposé)
Tel un vagabond Je pars pour les montagnes désertes. Milarépa
Je vais plus loin que la route, plus haut que les alpages près des rochers ou rien ne pousse. La lionne suit la ligne des neiges, l'aigle tourne dans l'azur, j'entends les cris des petits singes. Le vent s'est fait mon équipage, la nuit la compagne de mon coeur et le soleil m'offre à boire. Si tout me manque rien ne manque, prenez les braises de mon foyer, je vis d'un souffle de feu. (Le vagabond se joue des apparences, le vagabond met l'infini dans son jeu, il chante follement sa folle liberté.) Je vais plus loin que mon refuge, plus haut que l'écho des vallées près de la seule lumière.
André Velter ("Du Gange à Zanzibar", éditions
Gallimard, 1993)
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Une fresque peinte sur le vide(extraits) … L'Himalaya n'appartient pas au commun du chaos. Surgi de l'au-delà de l'ombre, ultime ivresse du magma, il aspire à la transparence, dans l'exaltation du soleil et des glaces. Sa lumière crée l'infini, sa pureté terrifie ou transfigure, il mêle l'obsession inhumaine du désert et le défi des plénitudes. Il est mystère, miracle, miroir. Il est, plus fortement que l'éternité. En ce séjour des neiges, l'harmonie rejoint la réalité portée à blanc. Sacrilège semble la vie, tout mouvement venu de l'éphémère. À la rigueur imagine-t-on un aigle, et seulement quand il plane. Les autres relèvent de l'impossible, des marges d'erreur qui improvisent : les autres, les hommes, les autres hommes. … Ici l'on passe d'une absence à une autre. Chaque étape est une île sur l'océan de la terre. Chaque soir s'éclaire d'un chant d'argile sèche.
André Velter ("Le Haut-Pays", dans "Le
Haut-payssuivi de La Traversée du
Tsangpo", Gallimard,
2007)
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Hors limite, hors refuge, oubliés bergers, ascètes, vautours, l'acharnement du vivace, la floraison en longue attente de semailles in-extremis, avec armoises aux lèvres des glaciers et lichens pareils à de la cendre d'étoile. C'est au pays des cols, au pays sans repos, royaume toujours perdu, que l'on passe par le haut.
André Velter ("Le Haut-Pays", dans "Le
Haut-payssuivi de La Traversée du
Tsangpo", Gallimard,
2007)
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"Ce n’est pas seulement un question de géographie, c’est une question de paysage mental... Il faut sortir, approfondir les lieux, ouvrir l’espace. Écrire la lumière qui passe." ("Le Rôdeur des confins" - éditions Albin Michel, 2006)
Kenneth White - "Terre de diamant "(Les
Cahiers Rouges, Grasset, 1983)
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"Pourquoi écrire ? Pour ne pas devenir fou de cette ivresse blanche qui
est le sang de l'écriture" Kenneth White
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Dans son essai"Une stratégie paradoxale" *, Kenneth White écrit : "J'aime la définition que donne Élie Faure du poète : Le poète ne s'attache à aucun port, mais poursuit une forme qui vole à travers la tempête et se perd sans cesse dans un perpétuel devenir". Kenneth White poursuit : ..."étant donné l'ambiance nationaliste post-totalitaire que nous connaissons, le complexe, voire l'idéologie identitaires qui sévissent, créent une première série de difficultés. J'ai personnellement renoncé à toute identité de ce genre, et les réputations locales (ces "représentants culturels" de telle ou telle nation, sans parler de telle ou telle région) me font sourire"... *"Une stratégie paradoxale, essais de résistance culturelle" (Presses Universitaires de Bordeaux, 1998)
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Kenneth White est né en 1936. Il vit en France depuis une trentaine d'années, actuellement à Trébeurden, village breton du Trégor, sur la côte de Granit rose. Lieu qui le rapproche sans doute de son Écosse natale, la région de Glasgow. Kenneth White étudie la littérature et la philosophie en Allemagne, vit un temps à Paris, puis en Ardèche, avant un premier retour à Glasgow, où il enseigne la poésie et la littérature à l'Université, là-même où il a été étudiant. En 1967, il s'installe au Pays basque français, base de multiples voyages, essentiellement en Extrème-Orient... Poète, écrivain, essayiste, philosophe (mais en recherche permanente), actif et voyageur, il est l'inventeur de la "géopoétique", et fonde en 1989, l’Institut international de géopoétique : "Tout a commencé pour moi dans un territoire de vingt kilomètres carrés sur la côte ouest de l’Écosse, et dans un rapport direct avec les choses de la nature. [...] Afin de renouveler et d’étendre mon expérience initiale radicale, j’ai traversé divers territoires, toujours dans le but d’amplifier mon sens et ma connaissance des choses. Et je continue à le faire, car il ne faut jamais perdre le contact entre l’idée et la sensation, la pensée et l’émotion". On lira sur son site la présentation de cette "théorie-pratique transdisciplinaire applicable à tous les domaines de la vie et de la recherche, qui a pour but de rétablir et d’enrichir le rapport Homme-Terre depuis longtemps rompu"...
Bien que maîtrisant parfaitement notre langue, c'est en anglais que Kenneth White rédige son oeuvre poétique et ses récits. Avec Marie-Claude White, son épouse, avec Philippe Jaworski et d'autres traducteurs, il participe lui aussi à l'adaptation en français(voir la bibliographie succinte et subjective
ci-dessous). La plupart de ses ouvrages publiés en France le sont en édition bilingue.
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éléments de bibliographie
Poésie (texte original en anglais sauf *) : En toute candeur
(édition bilingue - traduction de Pierre Leyris - Mercure de France, 1964) Le Grand rivage
(édition bilingue - traduction de Patrick Guyon, Marie-Claude White et Kenneth White - Les Éditions du Nouveau Commerce, 1980) Scènes d'un monde flottant
(édition bilingue - traduction
de Marie-Claude White - éditions Grasset,
1983) Terre de diamant (édition bilingue - traduction de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983) Atlantica
(édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Grasset, 1986) *L'Anorak du goéland, haïkus (L’Instant Perpétuel, 1986) Les Rives du silence
(édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 1997) Limites et marges
(édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2000) Le Passage extérieur
(édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Mercure de France, 2005) Un monde ouvert - Anthologie personnelle, édition en français, dans laquelle on retrouve des textes de la plupart des recueils précédents (traducteurs cités - Poésie/Gallimard, 2007).
Récits : Lettres de Gourgoumel (édition bilingue - traduction de Gil et Marie Jouanard - Presses d'Aujourd'hui, 1980 et Grasset et Fasquelle, 1979) Le Visage du vent d’est, voyage en Chine (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Presses d'Aujourd'hui, 1980) La Route bleue, voyage au Canada, Québec, Labrador (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Grasset et Fasquelle, 1983 - prix Médicis) Les Cygnes sauvages, voyage au Japon (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Grasset, 1990) La Maison des Marées (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Albin Michel, 2005) Le Rôdeur des confins (édition bilingue - traduction de Marie-Claude White - Albin Michel, 2006).
Essais (écrits en français par l'auteur) : La Figure du dehors (Grasset,
1982) L'Esprit nomade (Grasset,
1987) Le Plateau de l'albatros -
Introduction à la géopoétique (Grasset,
1994) Une stratégie paradoxale, essais de résistance culturelle (Presses Universitaires de Bordeaux,
1998).
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Sciure de neige
Neige Sciure D'anciennes forêts jetées bas Les branches qui naguère Portaient l'espoir de mon vagabondage Ne désignent plus Le lointain rivage Où le soleil Attendait que j'advienne
Tous les sentiers sont recouverts Et ce qui était par delà est mort
Plus rien Hors moi Qui tombe Sciure Neige
Kenneth
White ("En toute candeur", chapitre "Poèmes du
Monde blanc", traduction de Pierre Leyris - Mercure de France, collection "Domaine anglais", 1964)
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Pierre Leyris, dans ce recueil bilingue, en donne la version française, dans une adaptation non littérale, avec une modification de disposition. Voici le poème original de Kenneth White, en anglais :
Snowdust
Snow sawdust of ancient forests branches that held the hopes of my wandering now no more point to the distant shore where the sun awaited my advent
now all the paths are hid and what was beyond is dead
there is only the presence of me falling sawdust snow
Kenneth White
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Autre texte du même recueil, suivi de la traduction de Pierre Leyris :
Vers l'hiver
Vienne à présent l'hiver
Ciel chargé comme un bœuf Froide écume aux rivières Nudité de la lande Brume dans la forêt Vienne à présent l'hiver
La bleue foulée des bêtes Dans la neige qui fond Le soleil fourbi (1) dur Des oiseaux et des baies L'ombre couleur de bronze L'eau mince et glaciale La croûte noire de la terre L'éclat blême de la roche Vienne à présent l'hiver
des algues sur la lune Le vent herse le golfe Les îles luisent dans la brume Je pêche dans les eaux froides Ma barque est noir-goudron Et les tolets (2) fourchus Grincent sous l'aviron
Vienne à présent l'hiver
Kenneth
White ("En toute candeur", chapitre "Poèmes du Monde blanc", traduction de Pierre Leyris - Mercure de France, 1964) - (1) sic - (2) Pierre Leyris a traduit "the sun polished hard" par "fourbi dur", donc rendu brillant, mais d'un aspect froid et dur - (3) supports de l'aviron à l'arrière de la barque
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Texte original du poème de
Kenneth White, en anglais :
Near winter
Let winter now come
ox-laden sky cold spume of rivers nakedness of moors mist in the forest let winter now come
the spoor of animals blue melting in the snow th sun polished hard birds and berries bronzen shadow water icy and thin black crust of the earth hoar glint of stone let winter now come
seaweed covers the moon wind harrows the firth the islands glint in fog I fish in cold waters my boat black as tar the horned rowlocks creak to the oar
let winter now come
Kenneth White
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Extrait de la présentation de son récit de voyage au
Japon "Les Cygnes sauvages", par Kenneth
White sur son site (adresse ci-dessus) :
1
Brume chaude et blanche sur la baie
une vieille jonque s'éloigne
pesamment -
quelque chose aimerait voir durer cette paix ...
mais le jour s'est levé : grues qui tournent,
gens qui se pressent, moteurs qui toussent,
sirènes qui hurlent, téléphones qui sonnent -
Hong Kong quitte ses rêves pour faire de l'argent
2
Coup d'oeil sur le marché aux poissons :
le soleil rouge fait chatoyer
les gros-yeux, les brèmes, les raies
les requins, les barracudas et les serpents de mer
alors qu'une fumée bleue monte des bâtons d'encens
allumés par des pêcheurs las
pour remercier la Reine du Ciel de sa bonté et
d'un retour sains et saufs au port des Parfums
Kenneth White ("Scènes d'un monde
flottant", traduction
de Marie-Claude White - éditions Grasset,
1983)
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Extrait de la présentation de son récit de voyage au Japon "Les Cygnes sauvages", par Kenneth White sur son site (adresse ci-dessus) : "Depuis quelque temps, l'idée mûrissait dans mon esprit d'une virée au Japon, qui serait un pélerinage géopoétique de plus : un hommage aux choses du Japon (choses précieuses et précaires) et un voyage-haïku dans le sillage de Basho*, un récit rêveur de routes et d'îles, un plongeon elliptique dans le Vide – bref, un petit livre nippon extravagant, plein d'images et de pensées zigzaguantes, écrit dans le « style blanc volant », comme disent les peintres. [...]
Un passage :
Il n'y avait pas beaucoup de mouettes sur la Sumida ce matin d'octobre quand je suis allé visiter l'ermitage de Basho, mais il y en avait une, ce qui fut pour moi l'occasion d'écrire ce petit haïku :
Ce matin-là sur les eaux de la Sumida une mouette solitaire
Kenneth White ("Les Cygnes sauvages" - traduit de l'anglais par Marie-Claude White - éditions Grasset 1990) *Basho (Bashō Matsuo, 1644-1694) est le plus connu des auteurs japonais de haïkus "classiques". Voir en page 1 de la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français, sous le sommaire, la rubrique HAÏKUS.
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Deux autres haïkus, avec le texte original et la traduction de Marie-Claude White :
Rannoch Moor
Dark heather wisp of wool buzzing fly.
La lande de Rannoch
Bruyère brune touffe de laine mouche qui bourdonne ----------
Winter Morning Train
Between Béziers and Narbonne vineyards under frost and a big red sun running mad on the horizon.
Dans le train, un matin d'hiver
"Autonome et émancipé, il va de-ci de-là, comme une feuille au vent des Samskara". ("Astavakra Gita" *)
Entre Béziers et Narbonne vignes sous le givre et un gros soleil rouge qui court, ivre, sur l'horizon.
Kenneth White ("Terre de diamant", traduction
de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983) *la citation de K.W. fait référence au livre de poèmes d'Alexandra David-Neel
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Poèmes courts en forme de haïku :
(sans
titre)
Au-dessus des herbes deux
papillons
blancs papillonnant. Plage blanche un matin d'été la
mer
qui monte à travers la brume.
Kenneth
White ("L'Anorak du goéland, haïkus" - L’Instant Perpétuel, 1986)
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Lumière du
matin
Alors que j'écris ceci un héron gris se
tient immobile dans la première lumière du matin à
Loch Sunart.
Kenneth
White ("Terre de diamant", traduction
de Pierre Leyris et Kenneth White - Grasset, 1983)
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Retrouvailles avec
la rivière
Fin d'après-midi à Govan au
confluent de la Clyde et de la Kelvin pluie sur la pierre
morne
flottant sur les eaux froides et noires un cygne solitaire.
Kenneth
White ("Le Passage extérieur", traduction de Marie-Claude
White - Mercure de France,
2005) *
La Clyde est le fleuve qui traverse Glasgow, la plus grande ville d’Écosse et u port de commerce transatlantique important. Govan, en aval, au confluent avec la Kevin, est une banlieue de Glasgow.
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Image de Bretagne, quand sous le regard du poète, un autre paysage se dessine à l'horizon :
Deux lettres de Bretagne (extraits)
1. Sur la route de Gwenadur (début du poème)
Sous un ciel aux nuages pressés l'automne prend fin
la mer là-bas gris-vert piquetée d'éclats blancs
[...]
2. En ce lieu maintenant
Colloque à La Hague : "en 1900 l'Himalaya avait 10 000 glaciers à présent 2000 de moins
au cours du dernier siècle et demi la masse glaciaire des Alpes s'est réduite de moitié
les glaciers de l'Alaska ont diminué de vingt pour cent ces cinquante dernières années"
ils disent que la planète se réchauffe ils prévoient des tempêtes et des inondations
de nombreuses terres basses vont disparaître
assis en ce lieu sur un promontoire rocheux de l'Europe je regarde passer les nuages et j'écoute la rumeur de la mer
Kenneth
White ("Le Passage extérieur", traduction de Marie-Claude
White - Mercure de France,
2005)
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Deux passages consécutifs du recueil "Le Grand rivage", qui comporte 53 parties numérotées :
Le Grand rivage (titre du recueil)
[...]
13
comme au détour du sentier dans le bois d'avril: ce monde concentré complexe fortuit trempé de lumière terre pierres herbe mouillée et les rouges branches de l'aubépine - dehors rien que landes nues âpres vallées glaciaires
14
ou comme ce champ de fleurs des Alpes sur les hauteurs de Ben Lawers * : saxifrages pensées sauvages gentianes anémones des bois roses des montagnes compagnons angéliques soucis - assemblage unique dû à une série de coÏncidences une petite couche de roche idéale bien minéralisée pas trop acide comme les couches voisines sur des monts si élevés que des souches précaires ont subsisté là depuis la fin des glaciers : les plantes se sont établies dans une faille leurs racines ont crevé le roc lentement leurs pousses et leurs feuilles ont enfermé des fragments de pierre portés par le vent ou entraînés par les eaux et la terre s'est accumulée les fleurs y trouvent substance et la beauté croît
[...]
Kenneth
White ("Le Grand rivage", traduction de Patrick Guyon, Marie-Claude White et Kenneth White - Les
Éditions du Nouveau Commerce, 1980) * La montagne du Ben Lawers, au nord de Glasgow, région natale de l'auteur, est renommée pour ses plantes alpines.
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Finisterra ou La logique de la baie de Lannion(extraits)
C'est dans la forme des caps c'est dans la façon qu'ont les vagues de se briser sur la côte (avec un long et lent chpouf contre les rocs) c'est dans la lumière changeante c'est dans le clair silence de ce matin d'avril
là-bas au Yaudet
[...] on peut voir le Léguer (qui rappelle la Loire ainsi que toutes les autres eaux ligures) courir vers son estuaire dans l'éclat bleu-vert de ses eaux
après cela marcher sur le chemin côtier depuis, disons, la vallée de Goaslagorn jusqu'à la plage de Pors Mabo c'est aller entre fleurs et flots cherchant quelle blancheur ajouter à ces blancheurs
[...] les avancées qui viennent à l'esprit sont le Dourven (au large, le naufrage de l'Azalée) Bihit qui cache à la vue l'île de Milo
[...] et tout au loin perdu dans la brume et la lumière Roscoff, la fin des terres
épines, pins et bruyères ajoncs et genêts dévalent vers l'anse sableuse des plages et c'est un grand arc de terre indiquant l'Atlantique qui s'étend, là, devant soi
[...] – Je me contente de regarder.
de regarder ce lieu de regarder dans ce lieu et tout à la fois dans les circuits de mon cerveau
dans les aubes de l'été dans les soirs dorés de l'automne dans les brumes glacées de l'hiver
[...] en homme qui a étudié la grammaire du granit j'ai marché en ce lieu en homme qui voudrait faire l'équation entre paysage et pensée j'ai marché en ce lieu en homme qui aime les voies et les vagues du silence j'ai marché en ce lieu
qui sait, peut-être dans les temps futurs un peu après la dernière catastrophe un touriste curieux venu de l'espace marchera-t-il sur ce même sentier conscient de mon fantôme : toujours ici à suivre les lignes toujours à regarder dans la lumière.
Kenneth White ("Les Rives du Silence", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France,
1997)
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Marée basse à Landrellec
1. Mer pleine encore
mouettes immaculées sur les hauts promontoires
calme océanique.
2. Lente, très lente la mer quitte les rochers
laissant une frange d’algues archaïques
qu’un corbeau avide fourrage avec fièvre.
3. Les sables à présent dénudés tantôt lisses, tantôt cannelés
la mer un scintillement bleu au loin long après-midi de silence
brisé seulement par le cri des goélands
4. Plus bas entre les rochers étrange vie marine
baroque beauté
cette éruption de rugueuses balanes
berniques
fermées comme des Chinois
Là-bas
bleue et noire
une épaisse plaque de moules
l'herbe ondulante des posidontes
5. Dans cette flaque tranquille
parmi les éponges jaune vert
les hydraires roses
et le bleu des mousses irlandaises
des crabes tâtonnent
de leurs pattes maladroites
6. Dans cette autre
gelées lunaires
Les vertes couronnes de chair
des anémones
une étoile hyperboréenne
7. Un crabe (de Jonas ?)
calé dans une crevasse
remuant ses antennes
attend
8. Murmure de la marée
qui remonte à présent
brissements blancs çà et là
le long de la baie
Soleil déclinant or froid
Kenneth
White ("Les Rives du Silence", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France,
1997)
---------------------------------------- Wakan
This is beautiful, this is beautiful nothing is more beautiful than this
blue light breaking in the mountains moon going down through the rain
nothing is more beautiful than this.
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Wakan *
"J'ai senti quelque chose dans ma tête".
Que c’est beau, que c’est beau il n’y a rien de plus beau
la lumière bleue qui point sur la montagne la lune qui descend dans la pluie
rien, il n’y a rien de plus beau.
Kenneth
White ("Terre de diamant", traduction
de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)
* le mot "Wakan" désigne les esprits alliés au dieu Wakan Tanka en langue amérindienne sioux
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A hight blue day on Scalpay
This is the summit of contemplation, and no art can touch it blue, so blue, the far-out archipelago and the sea shimmering, shimmering no art can touch it, the mind can only try to become attuned to it to become quiet and space itself out, to become open and still, unworlded knowing itself in the diamond country, in the ultimate unlettered light.
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Lumière de Scalpay *
Voici le sommet de la contemplation, et nul art ne saurait l’atteindre bleu, si bleu, le lointain archipel, et la mer qui miroite, miroite nul art ne saurait l’atteindre, l’esprit ne peut que tenter de s’y accorder de s’apaiser, de s’espacer, tenter de s’ouvrir, tranquille, au-delà du monde révélé à lui-même en terre de diamant, dans la lumière au-delà des mots.
Kenneth
White ("Terre de diamant", traduction
de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)
* Scalpay est une île d'Écosse
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Sept vues de Virgin Gorda *(deux des sept "vues")
1
Un horizon d'îles brumeuses et, portés par les alizés les cris des mouettes rieuses.
[...]
5
Soir sur l'archipel : dans l'espace infini du ciel les éclats du phare de l'Île-aux-Bœufs.
[...]
Kenneth
White ("Limites et marges", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France,
2000)
* Virgin Gorda (littéralement "la Grosse Vierge"), appartient à l'archipel des îles Vierges britanniques, territoire d'outre-mer du Royaume-Uni, dans les Petites Antilles
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Les textes qui suivent, jusqu'à la fin du paragraphe consacré à Kenneth White, aussi bien dans leur version originale que dans leur traduction, sont accessibles dans la Poéthèque du site du Printemps des Poètes à l'adresse (à copier-coller) : http://www.printempsdespoetes.com
Late december by the sound of Jura * Red braken on the hills rain snow hail and rain the deer are coming down the lochs are gripped in ice the stars blue and bright I have tried to write to friends but there is not continuing - I gaze out over the Sound and see hills gleaming in the icy sun.
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Fin décembre au détroit de Jura *
Fougères rouges sur les collines
pluie neige et grêle et pluie encore
les cerfs descendent des hauteurs
les lacs sont saisis par la glace
au ciel, les étoiles bleues
essayé d'écrire aux amis
mais mieux vaut y renoncer -
levant les yeux je vois l'île au loin
qui miroite sous un soleil glacé.
Kenneth
White ("Terre de diamant", traduction
de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)
* Nous ne sommas pas ici évidemment dans le Jura français, mais encore en Écosse, dans les monts de Jura, du côté du Loch Fyne et de la péninsule du Kintyre.
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South Road, Summer 1. Mid-afternoon blue light flickering on the silent crags. 2. Where did the wind go ? - dawn coming quietly over the hills.
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Route du sud, été 1. Au milieu de l’après-midi une lumière bleue vacille sur les crêtes silencieuses.
2. Où est parti le vent ? - l’aube se lève doucement sur les collines.
Kenneth
White ("Terre de diamant", traduction
de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)
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Stones of the cloudy forest
In memoriam Hiang Pi Fong
1.Where the path ends the change beging and the rocks appear ideas of the earth 2. Lying in the mist among red rocks admiring the lessons of wind and rain 3. As the old man said up in the mountains close by the sky every rock looks a lotus
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Pierres de la forêt brumeuse
In memoriam Hiang Pi Fong 1. Où s'arrête le chemin les changements commencent et les rochers surgissent idées de la terre 2. Allongé dans la brume parmi les rochers rouges attentif aux leçons du vent et de la pluie 3. Au dire du vieil homme ici dans la montagne tout contre le ciel chaque rocher est un lotus
Kenneth
White ("Terre de diamant", traduction
de Pierre Jaworsky et Marie-Claude White - Grasset, 1983)
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Le grand rivage(extrait de ce recueil-poème de 53 sections)
13 comme au détour du sentier dans le bois d'avril : ce monde concentré complexe fortuit trempé de lumière terre pierres herbe mouillée et les rouges branches de l'aubépine - dehors rien que landes nues âpres vallées glaciaires
14 ou comme ce champ de fleurs des Alpes sur les hauteurs de Ben Lawers : saxifrages pensées sauvages gentianes anémones des bois roses des montagnes compagnons angéliques soucis - assemblage unique dû à une série de coïncidences une petite couche de roches idéales bien minéralisée pas trop acide comme les couches voisines sur des monts si élevés que des souches précaires ont subsisté là depuis la fin des glaciers : les plantes se sont établies dans une faille leurs racines ont crevé le roc lentement leurs pousses et leurs feuilles ont enfermé des fragments de pierre portés par le vent ou entraînés par les eaux et la terre s'est accumulée les fleurs y trouvent subsistance et la beauté croît
Kenneth
White ("Le Grand rivage", traductions de Patrick Guyon, Marie-Claude White et Kenneth White - Les Éditions du Nouveau Commerce, 1980)
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La vallée blanche
Peu de choses à voir dans cette vallée quelques lignes, beaucoup de blanc c'est une fin de monde, ou bien un commencement peut-être le retrait des glaces du quaternaire
jusqu'à présent nulle vie, nul bruit de vie pas même un oiseau, pas même un lièvre rien que le vagissement du vent
pourtant l'esprit se meut ici à l'aise avance dans le vide
respire *
et ligne après ligne quelque chose comme un univers se dessine sans trop vouloir nommer sans briser l'immensité du silence discrètement, secrètement
quelqu'un dit
je suis ici ici, je commence.
Kenneth
White ("Limites et marges", traduction de Marie-Claude White - Mercure de France,
2000) - *en italique dans le texte
retour au sommaireButor, Depestre, Velter, White ?cliquez ICI
Les
textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une
demande d' autorisation. Les ayants droit peuvent nous en demander le
retrait.
Dans cette catégorie, des textes de femmes poètes et des textes sur le thème du féminin de poètes hommes d'autres cultures (francophones ou traduits) *Auteurs traduits de langues étrangères ou régionales en majorité, parfois écrits originellement en français .
There were some itty bitty fishes In an itty bitty pool There was a momma fish A daddy fish A baby fish too They swam and they swam just as fast as they can And they swam themselves right over the dam.
(Chanson)
Il y avait de tout petits petits poissons
Il y avait de tout petits petits poissons Dans un tout petit petit trou Il y avait une maman poisson Un papa poisson Un bébé poisson aussi Ils ont nagé, nagé, aussi vite qu'ils pouvaient Et jusqu'au barrage ils ont remonté.
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Little Bo-Peep
Little Bo-Peep has lost her sheep And can't tell where to find them. Leave them alone, And they'll come home, Wagging their tails behind them
libre adaptation (proposée par Lieucommun) :
Little Bo-Peep a perdu ses moutons Elle ne sait plus où ils sont. Laissons faire les moutons, Ils rentreront tout seuls à la maison En remuant la queue derrière eux.
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Polly, put the kettle on
Polly, put the kettle on, We'll all have tea.
Blow the fire and make the toast, Put the muffins on to roast, Blow the fire and make the toast, We'll all have tea.
Sukey, take it off again, They've all gone away.
libre adaptation (proposée par Lieucommun) :
Polly, mets la bouilloire à chauffer, Nous allons tous prendre le thé.
Allume le feu, grille le pain, et réchauffe les muffins, Attise le feu, grille le pain, Nous allons tous prendre le thé.