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lieu commun

1 avril 2008

COMPTINES, CHANSONS, HAÏKUS - Des femmes poètes

Une sélection de COMPTINES, CHANSONS, HAÏKUS et petits poèmes écrits par des femmes (Les textes de Corinne Albaut sont placés à la suite dans cette page), tous thèmes confondus  - on trouvera des comptines et haïkus sur le thème du féminin dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE 

COMPTINES 

Hirondelles

Cinq hirondelles,
Dix hirondelles,
Quinze hirondelles ...
Qu'attendent-elles ?
D'autres hirondelles !
Combien seront-elles ?
Des dizaines
Et des dizaines d'hirondelles !

Marie Tenaille

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Les âges de la femme, caricaturés par une femme :

La bavarde

Ell'gigote
Ell'zozote
Babille babillant
Elle a trois ans.
Ell'papote
Ell'parlote
Jacasse jacassant
Elle a treize ans.
Ell'jabote
Ell'marmotte
Bavarde bavardant
Elle a trente ans.
Ell'radote
Ell'tricote
Bredouille bredouillant
Elle a cent ans.

Anne Froissard

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Le carnaval

Un éléphant
En tutu,
Un ours
En chapeau pointu,
Un Zorro
Et deux Indiens,
Une fée
Et un magicien
Ont traversé mon jardin.
Je crois bien que vous rêvez.
Pas du tout,
Ils vont au bal
Pour fêter le carnaval.

Sophie Arnould


HAÏKUS 

  Françoise Naudin est née en 1949, elle est l'auteure de recueils de haïkus, poèmes courts :

La petite fille
A enjambé la chenille
D'un pas de géante

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Le soleil couchant
A germé
Dans les citrouilles

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Les haïkus Françoise Naudin qui suivent sont empruntés à  http://brestetmoi.blogs.letelegramme.com/

L’eau a toujours
la lumière
à la bouche

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Les oiseaux
chantent
quand on les écoute
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A travers les pins
le bleu du ciel
tiré à quatre épingles
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Dans la cruche
l’eau
a le ventre rond
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Le silence
est peut-être
le parfum des pierres

Françoise Naudin


CHANSON

Emmanuelle Parrenin, interprète elle aussi (album "Maison Rose"), a écrit le texte de cette chanson, reprise par Anne Sylvestre et Manick :

La chanson des 12 mois

C'est janvier le premier né,
sa couronne sur la tête,
il dévore une galette!

Février c'est le second,
qui s'enrhume et qui grelotte,
qui réclame une bouillotte.

Regardez le mois de mars,
il dessine sur les branches
des pétales de soie blanche.

Le suivant s'appelle avril
et c'est le mois qui réveille
les oiseaux et les abeilles.

Quand le mois de mai s'en vient,
il met tout le monde à l'aise
devant un panier de fraises.

Pour fêter le mois de juin,
il faut entrer dans la danse
du soleil et des vacances.

En juillet s'en va dormir
entre deux bottes de paille
la chevelure en bataille.

Le mois d'août n'est qu'un voyou,
il invente des orages
pour taquiner les nuages.

Et septembre tout doré
prend la route de l'école
sous les feuilles qui s'envolent.

C'est octobre le suivant
qui te fait une frimousse
parsemée de tâches rousses.

Et novembre tout en gris
se dépêche dans la brume
d'attraper son premier rhume.

C'est décembre le dernier
qui réclame à tous ses frères
des cadeaux d'anniversaire.

Emmanuelle Parrenin


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1 avril 2008

PP 09 - COMPTINES DIVERSES

- Comptines diverses -

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1. Comptines anonymes et traditionnelles :

Le cheval de bois

Dame, belle dame, au pas grave et lent,
Une, deux,
De ton fier cheval, de ton cheval blanc,
Sans me regarder, tu vas fièrement,
Une, deux.

Si je le voulais, j'irais comme toi
Une, deux,
Sur un vrai cheval, mais le mien, à moi,
M'obéit bien mieux, car il est en bois.
Une, deux.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Une souris verte

Une souris verte,
Qui courait dans l'herbe,
Je l'attrape par la queue,
Je la montre à ces messieurs.

Ces messieurs me disent :
" Trempez-la dans l'huile,
trempez-la dans l'eau,
ça fera un escargot tout chaud !

Traditionnel

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C’est qui ?

C’est la poule grise,
Qui pond dans l’église,
C’est la poule noire,
Qui pond dans l’armoire,
C’est la poule brune,
Qui pond dans la lune,
C’est la poule blanche,
Qui pond sur la planche.

Comptine traditionnelle du Périgord

logo_cr_ation_po_tique

Comptine "C'est ... qui..."

Répétition de la même structure, jeu avec les rimes et les assonances.
exemple : Drôles d'oiseaux
C'est le moineau / Qui fait son nid dans un tonneau

C'est l'alouette / Qui fait son nid dans la brouette
C'est ...

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Deux comptines qui jouent sur les sonorités :

Amstramgram*

plouf plouf
amstramgram*
pique et pique et colégram
bourre et bourre et ratatam
amstramgram

*variante :

Am, stram, gram

Am, stram, gram
Pic et pic et colégram
Bour et bour et ratatam
Am, stram, gram

Comptine traditionnelle

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Timélou lamélou

Timélou lamélou
Panpan timéla
Padi lamélou
Coucoudou
La baya
ah!

Comptine traditionnelle (datée de La Belle époque)

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Un petit bonhomme

Un petit bonhomme
Assis sur pomme,
La pomme dégringole,
Le petit bonhomme s’envole
Sur le toit de l’école.

Traditionnel

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Les mensonges

Ah ! j'ai vu, j'ai vu.
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une vache,
Qui dansait sur la glace,
À la Saint Jean d'été.
Compèr' vous mentez.

Ah ! j'ai vu, j'ai vu.
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une grenouille,
Qui faisait la patrouillle,
Le sabre au côté.
Compèr' vous mentez.

Ah, j'ai vu j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu un loup,
Qui vendait des choux,
Sur la place Labourée*. *
variante : "du marché"
Compèr' vous mentez.

Oh, j'ai vu j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une anguille,
Qui coiffait sa fille,
Pour s'aller marier.
Compèr' vous mentez.

Chanson-comptine traditionnelle du XVIIIe siècle

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Jamais on n'a vu...

Jamais on n'a vu, vu, vu
jamais on n'verra, ra, ra
la queue d'une souris, ris, ris
dans l'oreille d'un chat, chat, chat.

Comptine traditionnelle

Il y a des variantes, en voici une :

Jamais on n'a vu
Jamais on n'verra
Un petit chien
Porter des lunettes
Jamais on n'a vu
Jamais on n'verra
Le nez d'une souris
dans l'oreille d'un chat.

logo_cr_ation_po_tique Comptines sur les modèles "Ah j'ai vu, j'ai vu..." et "Jamais on n'a vu ..."

"Ah j'ai vu, j'ai vu..."
Le premier modèle compose un dialogue, dont on peut garder le personnage ou lui donner un nom (Compère est un vieux mot), remplacé par X dans l'exemple qui suit. Les deux premiers vers riment (loup/chou ; vache/glace - assonance) et le dernier vers du mensonge devra rimer si possible en "é" avec "mentez". On acceptera, puisqu'elle est dans la version originale, l'apparente contradiction entre le tutoiement et le vouvoiement.
Une autre option consiste à ne pas utiliser la forme dialogue à chaque strophe, mais une suite de "mensonges" qui réunit toutes les productions retenues. On peut alors introduire la comptine par Compèr qu'as-tu vu ? , énoncer la suite de mensonges, et terminer par Compèr' vous mentez.

Ex : Ah ! j'ai vu, j'ai vu... / X qu'as-tu vu ? /
J'ai vu une poule /qui jouait aux boules /avec un oeuf carré /
X vous mentez

"Jamais on n'a vu ..."
La rime ici est un son voyelle commun à deux finales de vers. Sur cette structure question-réponse : Jamais on n'a vu, vu, vu, jamais on n'verra, ra, ra... on pourra proposer un jeu phonologique oral avec des sons voyelles (a, i, o, u , ou...). Les mots seront regroupés par rime commune. On cherchera à construire des situations impossibles et amusantes, comme dans la comptine. 

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2. Comptines d'auteurs divers :

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Les trois classes

Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.

Dans la classe
de Madame Levert

(...)

  • La suite plus bas au paragraphe Corinne Albaut , avec des idées pour la création poétique.

Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

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Comptine du trappeur (début du texte)

Toi, renard bleu,
je t’aime un peu.
Toi, castor blanc,
passablement.
...


Bernard Lorraine - voir le paragraphe de l'auteur pour la suite

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Les petits lapins

Deux petits lapins,
quatre pommes de pin
ont déjeuné à Moscou,
ont soupé à Tombouctou,
sont rentrés coucher
chez
               nous.

Guy-Charles Cros

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Le clown Coquelicot

Un clown rigolo
Qui s'appelait Coquelicot
Je lui donne une claque
Ca le rend patraque
Je lui donne un baiser
Il tombe de côté
Il tombe sur un os
Ca lui fait une bosse
Il tombe dans le feu
Ca lui fait des bleus
Ouie ! Aïe ! Ca me fait mal !
J'ai le nez qui mouille
Comme une grenouille

Roland Topor (dans "60 poèmes et 60 comptines" - éditions Le Centurion)

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Cache-cache

Dans la maison
Broute un bison.
Dans le buffet
Rit un orvet.
Dans le tiroir
S’éveille un loir.
Dans le placard
Guette un guépard.
Dans le fauteuil
Niche un bouvreuil.

Jean-Claude Renard

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La linotte

Je suis idiote
dit la linotte.
J'ai oublié mes bottes,
ma redingotte,
et ma culotte.

[…]

Le dromadaire

Un jour au Caire
un dromadaire
entra chez un libraire
et prit une grammaire.
C'est pas vrai, ça fait rien,
ça sera vrai demain

[…]

Le kangourou

Le papa kangourou
N’est pas un loup-garou,
C’est un sauteur,

[…]

lire la suite de ces trois comptines au paragraphe de l'auteur :
Paul Savatier

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Dans le panier

Qu’y a-t-il dans le panier ?
- De la paille.
Qu’y a-t-il dans la paille ?
- Une poule.
Qu’y a-t-il sous la poule ?
- Un oeuf.
Qu’y a-t-il dans l’oeuf ?
- Le blanc.
Qu’y a-t-il dans le blanc ?
- Le jaune.
Qu’y a-t-il dans le jaune ?
- Une aiguille.
Qu’y a-t-il dans l’aiguille ?
- Un trou.
Qu’y a-t-il dans le trou ?
- Une grosse bête qui court après toi.

Georges Jan ("Il était une fois, la poésie" - Éditions Messidor La Farandole, 1974)

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Le petit pou

Assis sur le genou
d'un hibou
le petit pou
cherchant son joujou
...


Robert Clausard - voir le paragraphe de l'auteur pour la suite

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Comptine du pacha

Le pacha
Des émirats
A plus de chats
Que de rats

Les souris
Se le sont dit
Et sont parties
Pour Paris

Le pacha
Ébaudi
Et ses chats
Ébahis
Restent là
Aujourd'hui
Et c'est toi
Qui es sorti.


Bernard Clavel ("Rouge pomme" - Éditions L'École des Loisirs, 1982)

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Les comptines sont en général très rythmées. Les enfants utilisent celle-ci dans un jeu d'"élimination". Ils forment un cercle, et le meneur de jeu désigne successivement chacun des participants en scandant la comptine syllabe par syllabe. Celui sur qui "tombe" le "hors" de "dehors" est éliminé. D'autres comptines, c'est leur rôle initial, serviront au contraire à désigner quelqu'un.

Quelle heure est-il ?

Bonjour Madame.
Quelle heure est-il ?
Il est midi.

Qui est-ce qui l'a dit ?
La petite souris.

Où est-elle ?
Dans la chapelle.

Qu'y fait-elle ?
De la dentelle.

Pour qui ?
Pour les dames de Paris
Qui portent des souliers gris.

Pin pon d'or
La plus belle, la plus belle,

Pin pon d'or
La plus belle est en dehors.

Traditionnel

logo_cr_ation_po_tique Comptines questions-réponses

Les comptines qui précèdent s'apparentent à un jeu question-réponse. Sur ce modèle, on peut imaginer un dialogue autour d'un thème.

  • La première comptine est construite en "poupées russes" (comme le poème de Charpentreau Dans notre ville il y a ...). On apportera de la fantaisie avec des contradictions, des impossibilités, et peut-être une surprise finale.
  • La seconde comptine, fait penser au dialogue "loup y-es tu ?" (en moins inquiétant). De la même manière, on pourra s'amuser à décaler les réponses aux questions avec des rimes ou des assonances.

exemple (proposé par le blog) :

Bonjour madame la souris
Qu'avez-vous mangé à midi ?
-  Un très gros chat
-  Je ne vous crois pas
-  Alors c'était une vache à lait
-  Je le crois, vous vous êtes tâchée.

  • En gardant la structure dialogue mais avec  des éléments de phrase indépendants, dissociés, l'exercice se rapproche du  jeu du Cadavre exquis (cf André Breton).


1 avril 2008

PP 09 - l'humour des HAÏKUS

- Haïkus -

Les haïkus de ce paragraphe sont empruntés à "Ploc, la revue du haïku" , publication gratuite proposée à l'adresse www.100pour100haiku.fr. au format pdf.

La revue consacre une grande partie de son intéressant n°18 de décembre 2008 à l'humour dans le haïku, documenté et classé par genre. Vous y trouverez forcément d'autres textes et des idées pour en produire avec les élèves.

D'autres haïkus sur ce blog avec une présentation de ce type de poésie ici : HAÏKUS - poésies des saisons

Auteurs traditionnels ou modernes japonais :

après avoir mangé
des pommes volées
mal au ventre

- - - -

je veux dormir
tue les mouches
mais sans bruit !

- - - -

Dites leur bien
que j’étais un mangeur de kakis
aimant les haïkus

Shiki Masaoka (1866-1902)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Dans la vapeur du bain
Se dressent
Deux crânes rasés

Natsume Sōseki (1867-1916)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

sur la cane qui la frappe
se pose
la libellule

Kôhyô (1866-1903)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

sous le divin nez
du divin Bouddha
pend une morve de glace

- - - -

Début de printemps
Aux sottises s’ajoutent
De nouvelles sottises

Kobayashi Issa (1763-1828)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

j’ai manqué mon coup
la tête du clou
est toute tordue

Hosai Ozaki (1885-1926)

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Auteurs modernes occidentaux :

Voies désaffectées
plus de trains à regarder
des vaches ruminent

Patrick Druart (France ,contemporain)

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Somnolant dans l'herbe
J'ai servi de montagne
À deux ou trois fourmis

Thierry Cazals

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Le soleil couchant
A germé
Dans les citrouilles

Françoise Naudin

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La petite fille
A enjambé la chenille
D'un pas de géante

Françoise Naudin

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une poule dans la rue
le coq fait une drôle de tête
derrière le grillage

Luc Bordes (France, contemporain, dans "L’esprit du promeneur", éditions Publibook, 2003)

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la cheminée démontée
grand-père continue
à casser du bois

Klaus-Dieter Wirth (Allemagne,contemporain, traduction)

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Bras croisés
Sous la lune
Au milieu des vaches

Jack Kerouac (États-Unis d'Amérique, 1922-1969, traduction)

logo_cr_ation_po_tiqueHaïkus et poèmes courts

Dans sa forme traditionnelle et codifiée, le haïku est essentiellement un poème court de 3 lignes sur le thème des saisons. Les 3 vers comptent 5, 7 et 5 syllabes.
On pourra s'affranchir de cette règle stricte en gardant  à l'esprit que le contenu du haïku est une image, un instantané qui doit donner une représentation forte de la scène suggérée.

exemple : janvier tout blanc / feuille d'automne au cerisier / un rouge-gorge



1 avril 2008

PP 09 - JEUX POÉTIQUES : CHARADES, DEVINETTES, ACROSTICHES, SUITE DE SYLLABES

logo_cr_ation_po_tique

- Jeux poétiques proposés par le blog - 

1. Charade

La charade prendra la forme d'un petit poème, avec rimes ou assonances.
Choisir un mot à découper en deux, trois ou quatre parties. Chaque partie devra être phonétiquement un mot d'une ou deux syllabes qui fera l'objet d'une définition plus ou moins énigmatique.

Exemples et solutions :
Dans l'exemple 1A (écho-logis), le mot est coupé  en deux parties de deux syllabes chacune. On peut proposer 2 parties imbriquées, comme dans la charade 2B (école / logis), ou même 4 parties (haie / col / eau / gît)...

charade 1A

Mon premier n'est pas un perroquet
mais il répète sans raison.


Mon second est peut-être une maison.

Mon tout s'intéresse forcément
à notre environnement. 

- - - -  - - - - - - - - - - - - - -- -  - - - - - - - - - --

charade 1B

Tu vas à mon premier
en quittant mon second,
la maison,

et tu  apprends mon tout dans mon premier
pour respecter
la nature et les êtres
car l'environnement
c'est important
pour la planète.

Dans l'exemple 2 (té / ver - fin du mot "hiver"), le mot est composé de deux parties "naturelles". 

- - - -  - - - - - - - - - - - - - -- -  - - - - - - - - - --

charade 2

Mon premier se boit et se voit à la fin de l'été
chaud ou froid comme vous voulez

Mon second marque la fin de l'hiver
c'est la couleur que je préfère

Et mon tout se prépare
et se sert
à cinq heures en Angleterre.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -  - - - - - - - - - - - - - - - - -

logo_cr_ation_po_tique 2. Devinette (les solutions sont écrites en petit et à l'envers)

La devinette prendra également la forme d'un petit poème.
Le mot à deviner, en général objet ou animal (mais on peut jouer par exemple avec les noms de métiers) peut se trouver caché dans le poème, en acrostiche (voir plus bas), en anagramme  (exemple 2), ou sous la forme d'une rime incomplète qui termine le dernier vers (ex 1).

Exemple 1 (rime manquante) :

Devinette-rime

J'en fais voir de toutes les couleurs
Je me déguise, me confonds
Changez d'idée cent fois dans l'heure
On vous traitera de  - ?? -

- - - - - - - - - - -- - - - - -  solution : (noélémac)

Exemple 2

Principe : deux anagrammes du mot à trouver sont cachés dans les 2 premiers vers :

Devinette-anagramme

Je ne règle pas la circulation (tnega)
et ne suis pas très très très grand,
(tnaég)
pour me voir à l'occasion
suivez des grenouilles le chant.

- - - - - - - - - - -- - - - - -  solution : (gnaté)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -  - - - - - - - - - - - - - - - - -

logo_cr_ation_po_tique 3. Acrostiche

Toujours sous la forme d'un petit poème.
Le mot ou la phrase cachés apparaissent à la lecture verticale des premières lettres, premières syllabes ou premiers mots de chaque vers. On peut compliquer la lecture (un mot ou une lettre sur deux, dernières lettres, deuxièmes mots, etc) pour transformer l'acrostiche en énigme.

On choisira un prénom, un nom d'animal, d'objet, de métier...  que le poème décrira sans le nommer.
L'acrostiche se rapproche de la devinette (voir ci-dessus) quand l'objet ou l'animal décrit peut être découvert par n'importe quel lecteur.
C'est un exercice différent si l'anagramme est dédié par exemple à une personne particulière qu'il décrit, pour en faire la critique ou l'éloge.

Exemples (initiale du premier mot de chaque vers, anagrammes de portée générale) :

Sous les pieds*
Ou sous les doigts* *
La danse a besoin de toi.

* le sol, le parquet, **sol, la note de musique

- - - - - - - - - - -

C'est
L'objet de l'
Énigme.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -  - - - - - - - - - - - - - - - - -

logo_cr_ation_po_tique 4. Suite de syllabes (Marabout, bout d'ficelle)

Ce jeu est bien connu. Il consiste à construire une suite de mots liés comme les maillons d'une chaîne, par une (ou deux) syllabe(s) commune(s). On retombe si possible sur le mot de départ pour fermer la chaîne. La suite des mots peut constituer un poème quelque peu loufoque. 

Exemple 1 :    (avec quelques approximations et une mise en texte - on peut faire moins sinistre !)

serpent / pendu / dune / noeud coulant / lentement / mesonge / jeté / termine / minuit / idée / désert / serpent*  * lien orthographique mais pas phonétique

serpent_se_mord_la_queueSerpent

serpent ,
pendu sur la
dune déserte,
noeud coulant
lentement refermé ...
Mensonge ? songe ?
Je,  là où
termine,
à minuit, cette
idée tordue dans le
sert :
serpent
pendu ...


marabout_texte_image_serpentMise en image :

À partir d'une suite similaire à cet exemple, où l'on a choisi intentionnellement le serpent "enroulé", envisager une illustration graphique de la chaîne de mots  représentant un serpent qui se mord la queue.

Avec d'autres mots de départ, la mise en images sera adaptée.


Exemple 2 illustré ci-dessus à partir du même mot : 

serpent /pantin / timbale / baleine / lainage / agenda / dadais / dessert / serpent ...

Exemple 3 :  courte suite de mots composés :

cheval de bois
 bois de feu
feu de paille
paille de fer
fer à cheval
cheval de bois

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -  - - - - - - - - - - - - - - - - - 

logo_cr_ation_po_tique 5. Virelangue

Il s'agit de proposer des comptines ou de "simples" phrases contenant des difficultés de diction et aussi de compréhension, car le résultat est quand même souvent très tordu, afin de mettre en difficulté celui qui les prononce. Le virelangue joue le plus souvent sur la répétition de consonnes phonétiquement proches.

Exemples, souvent connus :
"Les chaussettes de l'archiduchesse sont sèches et archi sèches."
"Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien."
"Si six scient scient cent cyprès, six cent six scies scient six cent six cyprès".
"
Ton thé t'a-t-il ôté ta toux ?"
"Le geai gélatineux geignait dans le jasmin" (cité par René de Obaldia, voir son paragraphe).

Voici une adresse intéressante avec une présentation, des exemples, une démarche et des productions de virelangues :
http://www.csdm.qc.ca/fseguin/classe/janine/virelangues/realisations/index.htm

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -  - - - - - - - - - - - - - - - - -

logo_cr_ation_po_tique 6. Tautogramme 

Proche du virelangue, c'est un énoncé dont tous les mots commencent par la même lettre.
Voir le paragraphe Yak Rivais pour son texte : "Cauchemar", et des exemples de création.



1 avril 2008

PP 09 - L'humour de CORINNE ALBAUT

- Corinne Albaut -

livre_comptines_rentr_eCorinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits.
Elle dirige aussi la collection "Les Romans Bleus" (Gulf Stream éditeur - 2006), pour les ados de 11 à 14 ans, dans laquelle elle a écrit Chicago Blues. D'autres romans sont parus chez Acte Sud junior.
Dans la jolie collection
"Les Petits Bonheurs", toujours chez Acte Sud junior, on trouvera plusieurs petits recueils intitulés "Comptines pour ...", à commander et à recommander aussi aux parents (6,50 € chacun en librairie).

Les trois classes

Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.

Dans la classe
de Madame Levert,
On cultive des primevères.

Dans la classe
de Mademoiselle Legris,
On cultive des radis.

Dans son bureau
La directrice, elle
fait pousser des myosotis.

Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

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Une autre comptine, trouvée dans le recueil "Comptines pour compter" :
 

Sept jours sur sept 

Sept jours, dans la semaine,
    Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
    Mardi, mon pull gris souris,
    Mercredi, mon short kaki,
    Jeudi, mon bermuda fleuri,
    Vendredi, ma chemise bleu nuit,
    Samedi, mon polo cramoisi,
    Dimanche, ma casquette blanche.

Chic, des pieds à la tête,
    Sept jours sur sept.

Corinne Albaut ("Comptines pour compter" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

logo_cr_ation_po_tique À la manière de Corinne Albaut : " Dans la classe de ... "

On trouve dans le recueil cité deux autres variantes de cette comptine. Leur structure peut être reprise et adaptée au cours d'une séance de création poétique orale en maternelle. L'occasion de jouer avec les sons, les rimes. Voyez ICI un exemple de ce travail dans une classe de CP.

À la manière de " Sept jours sur sept ... "

Cette comptine se prête également à l'humour, et pas uniquement avec les vêtements :

Exemple proposé par le blog, avec des rimes  ou assonances diverses :

Une semaine de vacances

Sept jours, dans la semaine,
Pour faire tout ce que j'aime.
Lundi, gagner à la loterie
Mardi, acheter un hélicoptère
Mercredi, faire le tour de la Terre

Jeudi, acheter un paquebot
Vendredi, voyager jusqu'à Rio
Samedi, ouf la semaine s'achève,
Dimanche, me reposer de mes rêves.

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Et ce dernier texte, bien dans le thème de l'humour dans le recueil "Comptines pour jouer à avoir peur" :

Avoir un dragon chez soi 

Avoir un dragon chez soi
Ce n'est pas si mal que ça,
Surtout lorsqu'il fait très froid.

Quand on lui tire la queue
Ça le rend tellement furieux
Que sa gueule crache du feu.

Il réchauffe l'appartement,
Il sèche les vêtements,
Les parents sont tout contents.

Corinne Albaut ("Comptines pour jouer à avoir peur" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1996)

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de PIERRE ALBERT-BIROT

- Pierre Albert-Birot -

livre_albert_birot_amusements_naturelsPierre Albert-Birot (1876-1967), est un écrivain, poète, metteur en scène et dramaturge de théâtre. Sculpteur aussi avec "La veuve", oeuvre monumentale commandée par l'état.
Il a côtoyé, dans la revue SIC (Sons, Idées, Couleurs et Formes) dont il est le fondateur, Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, Max Jacob, Pierre Reverdy, Philippe Soupault, Tristan Tzara ...

Proche des surréalistes, sans vraiment appartenir à ce mouvement, il joue avec les mots, les sons et les graphies.

"Que vas-tu peindre, ami ?
- L'invisible.
- Que vas-tu dire, ami ?

- L'indicible, Monsieur,
car mes yeux sont dans ma tête".


N'ayez pas peur, c'est un poète.

Pierre Albert-Birot

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Le jardin suspendu (calligramme)

calligramme_Albert_Birot_jardin

Pierre Albert-Birot ("Les amusements naturels" - éditions Rougerie, 1985)
 

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Poème à crier et à danser

êêêê    èèè     éé
a   ouou        a   ouou        êê
(1) Bing - - - - - - - - - bing - - - - - - - -
(1) brrrrrrr  - - - - brrrrrrrr         tzinnn
(1) ô - - - - ô - - - - ôôô
a  iii     a  iii     a  iii        i   i   i
âo     âo     âo     âo     âo     âo      tzinnn
âo     âo     âo     âo     âo     âo      tzinnn
rrrrrrrrr          rrrrrrrrr
rrrrrrrr
(2) ououououououououououou
(3) uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
i

notes de l'auteur : (1) prolonger le son - (2) mettre la main en soupape sur la bouche - (3) mettre la main en porte-voix
Pierre Albert-Birot ("Poème à crier et à danser" - chant 3 - ces poèmes sont parus en 1917 dans la revue SIC).

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L'oreille fine (titre proposé)

L'herbe dites-vous
Ne fait aucun bruit pour pousser
L'enfant pour grandir
Le temps pour passer
Vous n'avez vraiment pas l'oreille fine.

Pierre Albert-Birot (Poème 88 à lire dans "Cent dix gouttes de poésie" - éditions Seghers, 1952)

 

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Chatterie

Chat chat chatte
Noir et blanc
Jour couchant
Prends ma patte
Dans ta main
Trop humain
Trop humain
Trop félin
Trop félin
Ton nez rose
Me repose
Des maisons
Des raisons
Mes prisons
Tu t'en fiches
Tu te niches
Sur mon cou
Ton miaou
Me câline
Dodeline
Ton ronron
Me fait rond
Le coeur blond
Amoureuse
Et frileuse
Tu me dis
Mon ami
L'heure sonne
Mais personne
Que nous deux
Poil soyeux
Qui se joue
Sur ma joue
L'allumeur
Le bruit meurt
Chatte et homme
Font un somme
Plus un bruit
C'est la nuit

Pierre Albert-Birot ("Les amusements naturels" - éditions Rougerie, 1985)

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Poème-pancarte 1

albert_Birot_po_me_ralentissez_paysages

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Poème-pancarte 2

albert_Birot_po_me_soleil_escalier

Pierre Albert-Birot (poèmes-pancarte dans "La Lune ou le Livre des poèmes" - éditions Burdy, 1924) Ce recueil a été réédité aux éditions Rougerie, 1992 dans la trilogie intitulée "La Triloterie", volume 2 : "Poésie II, 1916-1924)

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour d'ALPHONSE ALLAIS

- Alphonse Allais -

Alphonse Allais (1854-1905) est un poète, nouvelliste, journaliste, humoriste français, plus connu par ses nouvelles et ses facéties de journaliste (entre autres un pseudo-courrier des lecteurs et des compte-rendus de soi-disants faits divers loufoques), que par ses poésies.
chat_noir_cabaretC'est au cabaret du Chat noir, avec d'autres humoristes, écrivains et poètes, qu'Alphonse Allais a pratiqué divers jeux de poésie.
Alphonse Allais était né au Havre (Calvados), et bien que disparu, La Bibliothèque de Lisieux nous donne à cette adresse de bonnes nouvelles de l'écrivain :
http://www.bmlisieux.com/litterature/allais/allais.htm

"Le caoutchouc serait un matériau très précieux, n'était son élasticité
qui le rend impropre à de nombreux usages."

Alphonse Allais

Le texte qui suit est-il une lettre d'humour ou une  lettre d'amour ? Une excellente occasion en tous cas de "révisionner" votre subjonctif. On trouve ce texte souvent raccourci. Il est ici intégral et conforme à l'original :

Complainte amoureuse

Oui dès l'instant où je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes.
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
Combien de soupirs je rendis ?
De quelle cruauté vous fûtes ?
Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les vœux que je vous offris !
En vain je priai, je gémis,
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis ;
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid, voir ce que je mis.
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu'ingénument je vous le dise,
Qu'avec orgueil vous vous tussiez ;
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et qu'en vain je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez !

Alphonse Allais (texte publié dans "Le Journal")
C'est aussi une chanson, que Juliette Gréco a interprétée, sur une musique de Jean Spanos.

  • Un internaute nous signale que la complainte amoureuse attribuée à Allais s'intitule "Romance subjonctive".Cette chanson (paroles de Briollet et Léo Lelièvre,musique de Gaston Maquis) a été interprétée par Dranem(entre autres).On peut trouver les paroles dans le livre d'Alain Boussière "le bar du subjonctif" page 55 et 56.On peut trouver ce livre au format PDF sur le site http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits.

note du blog : [Cette chanson date de 1905, année de la disparition d'Alphonse Allais. Alors ?]

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- Distiques -

Voici deux distiques (poèmes composés de deux vers), petites fantaisies, ceux-ci en vers holorimes, (sonorités quasi identiques), parmi les moins obscurs de l'auteur  :

Exhortation au pauvre Dante :

Ah ! vois au pont du Loing de là, vogue en mer, Dante
Have oiseau, pondu loin de la vogue ennuyeuse.
(La rime n'est pas très riche, mais j'aime mieux ça que la trivialité*.) *note d'A.Allais

Alphonse Allais d'la mer sort et pique un plongeon.
Ah ! l'fond salé d'la mer, sort épique. On plonge, on…

Alphonse Allais (paru dans le journal "Le Sourire",1900)

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et ce dialogue, en vers holorimes aussi, qui mérite une lecture (et relecture) attentive :

Le boeuf à la vache :

D'où te vint
L'air boulot ?
L'herbe ou l'eau ?
Doute vain

Elle sort là ? bas des menthes,
La belle Ève à l'âme hantée
Et le sort l'abat démente
L'abbé laid va lamenter.

O Seigneur !
Quelle panse!
Qu'elle pense
Au saigneur!

Réponse de la vache :

J'ai mi-saoule
Gémi sous le
Faix nouveau.
Aide ! Grâce !
Et de grasse
Fais-nous veau !

Alphonse Allais

 Ces poèmes holorimes sont empruntés au site http://www.fatrazie.com/Holo_Allais.htm

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Un autre distique, mais pas holorime, c'est fait exprès :

Distique d'un genre différent des précédents
pour démontrer l'inanité de la consonne d'appui

Les gens de la maison Dubois, à Bône, scient
Dans la froide saison du bois à bon escient.
(C'est vraiment triste, pour deux vers, d'avoir les vingt-deux dernières lettres pareilles, et de ne pas arriver à rimer.)*

Alphonse Allais (dans "Le Journal" du 15 février 1896, et dans le recueil "Par les bois du Djinn Parle et bois du gin" - Poésie-Gallimard, 1997)
* Cette conclusion est encore d'Alphonse Allais, qui se désolidarise ainsi de sa propre production... pour la forme.

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Un dernier distique, avec toujours un titre de présentation et un commentaire de l'auteur :

Conseils à un voyageur timoré qui s’apprêtait
à traverser une forêt hantée
par des êtres surnaturels


Par les bois du Djinn, où s’entasse de l’effroi,
Parle et bois du djinn ou cent tasses de lait froid

(le lait absorbé froid, en grande quantité est bien connu pour donner du courage aux plus pusillanimes).

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- Fables-express - (les titres des fables sont proposés)

Alphonse Allais est un adepte des fables-express. On en trouvera quelques-unes ainsi que d'autres petits chefs-d'oeuvres à cette adresse  : http://pedroiy.free.fr/piweb/gens/allais.htm

Un général anglais...

 

Un général anglais, dans une bataille,
Eut les deux fesses emportées par la mitraille.
Il en fit faire une autre paire en bois,
mais jamais il ne les paya.
Moralité : Fesses que dois !

Alphonse Allais (dans "Le Journal" en octobre 1899)

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La fille du vieux Peau Rouge

 

La brune Shemulpa, fille du vieux Peau Rouge,
Apprenait à danser avec que sa maman.
Or, sa maman lui dit : " Eh là, ma pauvre enfant,
Tu sautes bien fort.
C'est le ventre qui bouge,
Non tout le corps.
Danse avec moi et fais le pas très sagement."
Moralité : Le pas sage de la mère rouge

Alphonse Allais (dans "Le Journal" en novembre 1899)

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Le chat

Lorsque tu vois un chat de sa patte légère,
Laver son nez rosé, lisser son poil si fin,
Bien fraternellement embrasse ce félin.
Moralité :
S'il se nettoie, c'est donc ton frère.

Alphonse Allais

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logo_cr_ation_po_tique Fables-express 

Voir aussi Gabriel Macé (fables de Jean de la Futaille), et Tristan Bernard ci-après.

Pour ces petits textes tordus, on peut imaginer qu'Alphonse Allais, spécialiste de l'exercice, a cherché une expression, un dicton ou un proverbe, qui se prête à l'écriture holorime d'une conclusion. La difficulté est de prendre en compte le double-sens (Ce n'est pas le cas dans "le passage de la Mer rouge / Le pas sage de la mère rouge"). On peut détourner une fable classique et en faire une fable-express, à la manière d'Alphonse Allais.

Un dernier exemple de fable-express, celui-ci est de l'humoriste Tristan Bernard, qui a emprunté les deux premiers vers de la fable de La Fontaine "les deux pigeons", dont voici le début ...

Les deux pigeons

Deux Pigeons s’aimaient d’amour tendre.
L’un d’eux s’ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L’autre lui dit : « Qu’allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ? .....

Jean de La Fontaine

pour en faire ceci ... 

Les deux pigeons

Deux Pigeons s’aimaient d’amour tendre.
Moralité : L’un d’eux s’ennuyait au logis.

Tristan Bernard

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de MARC ALYN

- Marc Alyn -

Marc Alyn est né en 1937. Il est romancier (Le Déplacement, 1964) et poète (une vingtaine de recueils, dont Le Temps des autres, prix Max Jacob 1957 ; Les Alphabets de Feu, Grand Prix de Poésie de l'Académie Française, 1994).
Il est aussi critique d'art, essayiste (Le Piéton de Venise, "roman contemporain", prix Henri-de-Régnier 2005 de l'Académie française) et auteur d'un "opéra-verbe" (Le Grand Labyrinthe, 1971).

On dit... (titre proposé)

On dit : " bête comme une oie ",
Mais moi, j'en ai vu, des oies,
Qui parlaient latin, chinois !

On dit : " sournois comme un chat ",
Mais mon matou Attila
Tricote aux souris des bas !

On dit : " crier comme un veau ",
Mais celui de Marengo
Chantait mieux que Caruso !

On dit : " fort comme un taureau ",
Mais, à la ferme, Noirau
Pèse à peine trois kilos !

On dit : " sale comme un porc ",
Mais le cochon, dans le Nord,
Change de peau quand il sort !

On dit ci et on dit ça,
Tantôt couci, puis couça
Et patati et patata :
Vraiment, on dit n'importe quoi ! "

Marc Alyn ("L'Arche enchantée" - éditions Ouvrières, 1979)

logo_cr_ation_po_tique Jouer avec les expressions

Sur le principe de ce poème, lister des expressions imagées (à l'aide par exemple d'un dictionnaire des expressions et des proverbes) et inventer une situation contradictoire. On pourra comme Marc Alyn privilégier le thème des animaux.

3 exemples de mise en phrase :

On dit "muet comme une carpe"
mais la carpe dans l'étang 
à côté de ma maison 
me fait la conversation.
- - -  - - - - - - - -
On dit "moche comme un pou"
Moi j'en ai un dans les cheveux
qui est plus joli que vous
quand il se maquille un peu.
- - - - - -  - - -
Je ne dirai plus jamais
"doux comme un agneau"
il a dévoré un loup
celui que j'ai adopté
.


(exemples proposés par le blog)

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1 avril 2008

PP 09 : l'humour de GUILLAUME APOLLINAIRE

- Guillaume Apollinaire -

Guillaume Apollinaire (1880-1918), poète français ami de Picasso et de Max Jacob écrit ses premiers poèmes à l'âge de 17 ans.

Le paon

En faisant la roue, cet oiseau,
Dont le pennage traîne à terre,
Apparaît encore plus beau,
Mais se découvre le derrière.

Guillaume Apollinaire ("Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée" - éditions de la Sirène, 1919)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Deux calligrammes, pas vraiment dans le thème de l'humour pour le second, mais qui peuvent servir d'exemple pour la création poétique :

La cravate

calligramme_Apollinaire_cravate

Il pleut

calligramme_apollinaire_il_pleut

transcription horizontale :

Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir.
c’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes !
et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires
écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas

Guillaume Apollinaire ("Calligrammes", 1918 et éditions Gallimard, 1970, pour ces deux images)

logo_cr_ation_po_tiqueCalligramme

Un calligramme est le tracé par l'écriture seule ou accompagnée d'éléments dessinés, de l'objet décrit dans le poème.
On fera varier la forme des lettres, leur taille et leur couleur. L'humour est souvent contenu dans le texte seul. On peut le renforcer par un effet de contraste entre le contenu textuel et sa forme graphique (par exemple un poème décrivant une jolie fée et dont le tracé dessine le visage d'une sorcière).

Une adresse (lien à copier-coller) où vous trouverez de nombreuses productions d'élèves, tous thèmes confondus :
http://www.csdm.qc.ca/SJdelaLande/lesclasses/5web/Projets%202003-2004/Calligramme/calligrammes.htm
et d'autres calligrammes dans les paragraphes Jeux poétiques, Madeleine le Floch et Max Jacob.

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de JEAN ARP

image_Jean_Arp_collage

- Jean (Hans) Arp -

(image : collage de Jean Arp)  Jean (ou Hans) Arp (1886-1966), poète, sculpteur et peintre français (d'Alsace), a appartenu au Mouvement Dada, qu'il a contribué à fonder, et au Mouvement surréaliste. Un ouvrage est paru en 1966, posthume, réunissant son oeuvre écrite en français : Jours effeuillés  (éditions Gallimard). Arp a aussi écrit et édité en allamand ("Unsern täglichen Traum" [Nos rêves quotidiens], 1955). 

Un ouvrage est paru en 1966, posthume, réunissant son oeuvre écrite en français : Jours effeuillés  (Gallimard). Arp a aussi écrit et édité en allamand ("Unsern täglichen Traum", 1955).

"Nous ne voulons pas copier la nature. (...) Nous voulons produire comme une plante qui produit un fruit et ne pas reproduire. Nous voulons produire directement et non par truchement. Comme il n'y a pas la moindre  trace d'abstraction dans cet art nous le nommons : art concret."                   
                  
                  "L'homme fait à tous les instants des déclarations définitives sur la vie, l'homme et l'art, et ne sait pas plus que le champignon ce qu'est la vie, l'homme et l'art."

Jean Arp

De ce "Bestiaire sans prénom" de Jean Arp, on a isolé chaque paragraphe, comme de petits poèmes. On trouve souvent le dernier paragraphe présenté seul et titré "La puce",  et plus rarement le paragraphe "le papillon".

Bestiaire sans prénom

l'éléphant est amoureux du millimètre
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
l'escargot est fier
sous son chapeau d'or
son cuir est calme
avec un rire de flore
il porte son fusil de gélatine
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
l'aigle a des gestes de vide présumé
son pis est rempli d'éclairs
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le lion porte une moustache
en pur gothique flamboyant
et des souliers pâles et purgés
comme un néo-soldat
après une défaite de lune
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la langouste descend du mât
échange sa canne contre une baguette
et remonte avec son bâton
le long du tronc d'arbre
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la mouche avec un regard ronflant
repose son nez sur un jet d'eau
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la vache prend le chemin de parchemin
qui se perd dans un livre de chair
chaque poil de ce livre
pèse une livre
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le serpent saute avec picotement et picotement
autour des cuvettes d'amour
remplies de cœurs percés de flèches
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le papillon empaillé
devient un papapillon empapaillé
le papapillon empapaillé
devient un grandpapapillon grandempapaillé

- - - - - - - - - - - - - - - - - -
le rossignol frère du sphinx
arrose des estomacs des cœurs des cerveaux des tripes
c'est-à-dire des lys des roses des œillets des lilas
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
la puce porte son pied droit
derrière son oreille gauche
et sa main gauche
dans sa main droite
et saute sur son pied gauche
par-dessus son oreille droite


Jean Arp (écrit en 1940 et paru dans un recueil posthume : "Jours effeuillés", Poèmes, Essais, Souvenirs, 1920-1965 - éditions Gallimard, 1966)

- - - - - - - - - - - - - - - -  - - - - - - - -

Firi

lion de nuit é pli
dépli ivri par pli
débranche si pi si pli
firi firi
i
gli
car rond ton son piri
tiu tiu en voute
ilion ti piri
lion signole ré mi
si illicide lyrie
inique isis si pli
son ton é rond enchante
invoute empli la nuit
tiu tiu é glu
supu tiu glu
glu supu
tulu

Jean Arp (écrit en 1924, mêmes références)

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