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1 avril 2008

PP 09 - L'humour d'HENRI DÈS

- Henri Dès -

Henri Dès, né en 1940, un chanteur connu des enfants.
Il est même passé à l'Olympia (la preuve en image avec le CD ci-contre).
Plus de 20 albums.

Le site officiel du chanteur, où on peut écouter des extraits de tous les titres, rangés par album, et imprimer est ici :
http://www.henrides.net/

On trouve une sélection de textes (31) avec partition, ici :
http://perso.orange.fr/partitions/primaire/des/des.htm

Voici le début d'une chanson extraite du CD Les bêtises (photo):

Avec les copains

On aime bien avec les copainsHenri_D_s_b_tises
Aller faire un tour dans le bois tout près.
On y passe l'après-midi
On fait les malins
On est comme des fous.

On aime bien avec les copains
Aller faire un tour en forêt
On y passe l'après-midi
La forêt elle est rien qu'à nous.

On prend des fusils de chasse
Bout de bois sur un bout d'tuyau
On se frotte la figure
Les deux mains trempées dans de la boue.

On dit qu"on part à la chasse
Dans le pays des zozos
Ça nous fait une drôle d'allure
Y a des loups garous partout ...

Henri Dès (CD "Les bêtises" - Disques Mary Josée, 1999)

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Un deuxième texte, extrait d'un autre disque :

La marche des chapeaux

Quand je mets mon chapeau gris
C'est pour aller sous la pluie

Quand je mets mon chapeau vert
C'est que je suis en colère
Et je mets mon chapeau mou
Quand ça ne va plus du tout

Quand je mets mon galurin
C'est pour aller au jardin

Quand je mets mon chapeau bleu
C'est que ça va déjà mieux
Et je mets mon chapeau blanc
Quand je suis très content

Quand je mets mon p'tit béret
C'est pour aller au muguet

Et je mets mon chapeau rond
Pour aller aux champignons
Avec une plume au bout
C'est pour aller partout

Quand je mets mon grand chapeau
C'est pour jouer du piano

Quand je mets ma p'tite casquette
C'est pour jouer d'la trompette
Et je mets mon capuchon
Pour jouer du violon

Henri Dès (dans le disque "Flagada" -  Disques Mary Josée, 2005)

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1 avril 2008

Alice Cluchier, Chantal Couliou, Anne Creuchet, Jocelyne Curtil

Alice Cluchier, contemporaine, est l'auteur de plusieurs recueils de poésie. 

La bulle

Cette transparence irisée,
Dans laquelle le ciel se mire,
Flotte sur l'aile du zéphire
Où, gracile, elle s'est posée.

Bulle ! ballon en miniature,
Seul mon regard peut te frôler ;
Tu n'existes que pour voler
Et te briser d'une éraflure.

Je t'adore, bulle légère,
Poussière d'eau, cristal d'embrun,
Mousseline de l'éphémère
Sur la nacelle d'un parfum.

Alice Cluchier

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Tristesse

Déferlement gris de nuages,
L’esprit déserte ses mirages.
Sur le pré s’étend une mer
Que forme l’écharpe des brumes ;
Un voile cendre l’univers.
La nostalgie errante fume.
Rien n’est doux, plus rien n’est amer.
La tristesse en mon cœur s’allume.
Comme ils sont noirs mes cyprès verts !

Alice Cluchier ("Cris et tourments")

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Pluie printanière (extrait) 
...

Par l'échelle de la treille
L'escargot descend du mur
Pour grignoter une oseille
Ou quelque baie au goût sur.

Une humidité déferle
Sur l'herbe et sur le plantain ;
La pluie enfile ses perles
Au fil de fer du jardin.

Elle défripe, elle lisse
Une anémone aux longs cils.
Elle lustre la mélisse,
Rafraîchit le cœur d'avril.
...

Alice Cluchier

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Le petit monde des enfants

Le ciel enveloppe nos jeux ;
Nos cris sont ceux de l'hirondelle,
Un papillon nous rend heureux,
Nos bras battent comme des ailes.

En nous le soleil resplendit,
Tous les instants sont des arômes,
Le sol reflète un paradis :
Celui de la fée et des gnomes.
Le frais encens venu des tiges,
Du sang végétal et des troncs
Nous donne de joyeux vertiges,
Que les songes étoileront.

Nous sommes des rais de lumière
Pris à l'éclat de la beauté.
Notre regard reste fixé
Sur l'entrelacs de la chimère
Et le cristal des puretés.

Alice Cluchier ("Cris et tourments")



Chantal Couliou est née en 1961.  

Caresses

Le vieux marronnier
N'aime
Ni les vacances
Ni les jours fériés
Il préfère
Les caresses
Des petites mains d'écoliers.

Chantal Couliou

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Crayons de couleur

Le vert pour les pommes et les prairies,
Le jaune pour le soleil et les canaris,
Le rouge pour les fraises et le feu,
Le noir pour la nuit et les corbeaux
Le gris pour les ânes et les nuages,
Le bleu pour la mer et le ciel
Et toutes les couleurs pour colorier
Le monde.

Chantal Couliou



Anne Creuchet, contemporaine, est romancière ("Irène du Péloponnèse" - Encre bleue, 2001 et HB éditions, 2004), biographe et confidente de Jean Guitton ("Monsieur Chrétien, souvenirs de Jean Guitton - éditions Bayard Centurion, 2009) et poète.
Deux recueils parmi d'autres, celui dont est extrait le poème ci-dessous  : "Poèmes du cherche-midi" - Chambelland éditeur, 1972 et un recueil récent : Poèmes du clair-obscur - Sac à mots édition, 2009.

Le texte du poème "Depuis que la lumière" (titre proposé apr le blog), avait été présenté ci-dessous sans vérifications suffisantes, dans une mauvaise version, "tronqué et mutilé", comme nous l'a écrit l'auteure). Il s'agit d'une erreur de saisie, doublée il faut l'admettre, d'une absence coupable de vérification. Nous l'avions retiré après ce courrier. Après échanges de courriels avec l'auteure, Anne Creuchet a l'amabilité de nous autoriser à le publier dans sa version authentique. Nos excuses à l'auteure et aux lecteurs privés de ce beau poème pendant quelques mois. Le voici :

 Depuis que la lumière ...

Depuis que la lumière
A pris racine en ce jardin
Un oiseau invisible
Dans l’escalier des feuilles
Monte et descend
Et du cœur de l’érable
Je pousse les nuages
Au fur et à mesure
Pour dégager mon cœur.

Anne Creuchet ("Poèmes du cherche-midi")



Jocelyne Curtil est une auteure contemporaine. 

Un premier texte, énigmatique :

Petites maisons basses

Petites maisons basses
en pantoufles de son.
Tout contre
un arbre cornu
poussé dans un écrou
échange avec les Dieux
d'insaisissables signes.
Personne aujourd'hui ne t'ouvrira la Barrière.

Jocelyne Curtil ("Le Point de non-retour" - éd Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Je me cache dans les bagages du soleil

Le soleil aujourd'hui,
Je me le suis donné.
J'en ai mis plein mes poches
Et dans d'autres endroits
Où mes mains ne vont pas.
Je peux escalader
Ce qui me séparait.
Je peux montrer aux gens
Comment c'est, la lumière.
Je me cache dans les bagages du soleil, à liserés de source,
à serrures de cigales.
Le soleil meurt : son sang ruisselle aux devantures.

Jocelyne Curtil ("Le soleil sous la peau" - éd Chambelland, 1967)

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Un poème plus accessible :

Le jour de mon anniversaire

Ne me dérangez pas.
Le jour de mon anniversaire
Je suis occupé à grandir.

Maman m’excuse :
"Toujours  dans la lune, ce petit"
dit-elle aux invités.

Moi, je sais que
Si je les regarde
Je deviendrai vieux.

Jocelyne Curtil



1 avril 2008

PP 09 : l'humour de ROBERT DESNOS

- Robert Desnos -

Robert Desnos (1900-1945) a fait partie avec Benjamin Péret et André Breton du mouvement Dada et du  surréalisme. Il rompra plus tard avec eux. Auteur de nombreux textes poétiques, ses poèmes pour les enfants sont très connus ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, 1952).

"Je suis un acrobate de fortune
qui termine son numéro
dans l'exacte nuance de dérisoire."
Robert Desnos, poème "Identité"

Des textes de Desnos sont déjà présents sur le blog dans les catégories C2 et C3 pour la classe (La fourmi - Le pélican - L'escargot - La grenouille aux  souliers percés - Les hiboux - Le zèbre - L'oiseau du Colorado - Il était une feuille). Une autre série de textes, souvent plus graves*, sont rangés dans la catégorie du "Printemps des Poètes  2008 : l'Autre"  - *voir le complément à la biographie de Desnos dans cette catégorie. 

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Ce poème joue sur les échanges de lettres ou de syllabes,  à la manière (mais sans l'intention grivoise évidemment), de contrepèteries, et l'invention de mots :

Le canapé de Paméla

Le canapé de Paméla
Le Panapé de Caméla
Le Panala de Camépé

Est un beau canaquois
Est un nabeau est un naquois
Charmante Panapé
Charmante Paméla

Le charme de Paméla
Le charme du canapé
Il est passé par ici
Il repassera par là
C’est un nabeau c’est un naquois
Charmante Paméla
Délicieux canapé

Robert Desnos ("Youki 1930 Poésie" - publication posthume dans "Destinée arbitraire" - Gallimard, 1975)

logo_cr_ation_po_tique Jouer avec les syllabes

Les élèves peuvent rechercher des mots connus dans le dictionnaire en suivant, comme dans le poème de Robert Desnos, certains critères : le même nombre de syllabes et des voyelles communes, ou pas. Ils s'exercent à la permutation simple de syllabes entre deux mots, et en vérifient le possible effet amusant. On construit ensuite autour des mots appariés un texte structuré, en enrichissant le thème développé, sur le mode humoristique.

L'exemple  ci-dessous, avec des prénoms et quelques entorses à la règle pour rester dans le thème choisi est déjà placé au paragraphe Jacques Charpentreau :

Mes trouvailles 

J'ai cueilli des radis pour Annie
des rideaux et des radeaux pour Anna ...
(texte complet au paragraphe Charpentreau)

On retrouvera avec d'autres auteurs [Boby Lapointe par exemple] d'autres procédés basés sur les jeux de mots.
Voir également "La Belle Lisse Poire du prince de Motordu" de Pef, ainsi que les autres livres de la série, et le "Dictionnaire des mots tordus ", du même auteur.

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Dans le texte qui suit, on observera l'emboîtement des vers. Seule la partie en couleur de ce texte est proposée en élémentaire.

Chant du ciel

La fleur des Alpes disait au coquillage : « tu luis »
Le coquillage disait à la mer : « tu résonnes »
La mer disait au bateau : « tu trembles »
Le bateau disait au feu : « tu brilles »
Le feu me disait : « je brille moins que ses yeux »
Le bateau me disait : « je tremble moins que ton coeur quand elle paraît »

La mer me disait : « je résonne moins que son nom en ton amour »
Le coquillage me disait : « je luis moins que le phosphore du désir dans ton rêve creux »
La fleur des Alpes me disait :« elle est belle »
Je disais : « elle est belle, elle est belle, elle est émouvante ».

Robert Desnos ("Corps et biens", les ténèbres - Gallimard,1930 et Poésie/Gallimard, 1968)

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Dans celui-ci, l'humour est sujet du poème :

Le souci

Et pour qui sont ces six soucis ?
Ces six soucis sont pour mémoire.
Ne froncez donc pas les sourcils,
Ne faites donc pas une histoire,
Mais souriez, car vous aussi,
Vous aussi, aurez des soucis.

Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)

[La première édition réunit les recueils Chantefables (1944*) et Chantefleurs (1952)  ainsi que des jeux de langages, des "poèmes à dire, à chanter, à danser", que Robert Desnos avait écrits pour les enfants de ses amis pendant l'occupation. La préface est de sa compagne, Youki, et les textes sont illustrés par  Gabrielle Sauvain.] source : www.marelibri.com *Robert Desnos a été arrêté en 1944 et déporté, avant d'avoir vu la parution de "Chantefables".

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C'était un bon copain

Il avait le cœur sur la main
Et la cervelle dans la lune
C'était un bon copain
Il avait l'estomac dans les talons
Et les yeux dans nos yeux
C'était un triste copain
Il avait la tête à l'envers
Et le feu là où vous pensez
Mais non quoi il avait le feu au derrière
C'était un drôle de copain
Quand il prenait les jambes à son cou
Il mettait son nez partout
C'était un charmant copain
Il avait une dent contre Étienne
A la tienne Étienne à la tienne mon vieux
C'était un amour de copain
Il n'avait pas la langue dans sa poche
Ni la main dans la poche du voisin
Il ne pleurait jamais dans mon gilet
C'était un copain
C'était un bon copain.

Robert Desnos ("Corps et biens" - Gallimard,1930 et Poésie/Gallimard, 1968)

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L’hippocampe

Gloire, gloire au bel hippocampe,
Cheval marin, cheval de trempe,
Qu’aucun jockey n’a chevauché,
Hip ! Hip ! Hip ! pour l’hippocampe.

Gloire ! Gloire au bel hippocampe,
Dans une poche, sur son ventre,
Il porte et il couve ses œufs.
Là, ses petits sont bien chez eux.
Hip ! Hip ! Hip ! pour l’hippocampe.

Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)

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Les hiboux

Ce sont les mères des hiboux 
Qui désiraient chercher les poux 
De leurs enfants, leurs petits choux, 
En les tenant sur les genoux.

Leurs yeux d'or valent des bijoux 
Leur bec est dur comme cailloux, 
Ils sont doux comme des joujoux, 
Mais aux hiboux point de genoux !

Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ? 
Ou dans la cabane bambou ? 
A Moscou ? Ou à Tombouctou ? 
En Anjou ou dans le Poitou ? 
Au Pérou ou chez les Mandchous ?

Hou ! Hou ! 
Pas du tout, c'était chez les fous.

Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)

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Le pélican

Le capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient,

Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.

Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.

Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.

Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)

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Le blaireau

Pour faire ma barbe 
Je veux un blaireau, 
Graine de rhubarbe, 
Graine de poireau.

Par mes poils de barbe ! 
S'écrie le blaireau, 
Graine de rhubarbe, 
Graine de poireau,

Tu feras ta barbe 
Avec un poireau, 
Graine de rhubarbe, 
T'auras pas ma peau.

Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)

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Illustr_Desnos_fourmi

Fourmi_au_feutre_ind_l_bile_JSE2<< ci-contre, fourmi au feutre indélébile sur fond  gouache et huile. Techniques d'illustration visibles sur le blog
http://jourssemisentre2.canalblog.com/

La fourmi

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi parlant français;
Parlant latin et javanais,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ?

Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)

logo_cr_ation_po_tique À la manière de "une fourmi de dix-huit mètres ..."

voici une adresse où vous trouverez des textes imités de "La fourmi" : http://clicnet.swarthmore.edu/rire/textes/desnos.html

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La dame pavot nouvelle épousée

La dame pavot nouvelle épousée
a demandé à son mari
Quelle est l'année ?
Quel est le mois ?
Quelle est la semaine ?
Quel est le jour ?
Quelle est l'heure ?
Et son mari a répondu
- Nous sommes en l'an quarante
nous sommes au mois de Juillobre
semaine des quatre jeudis
jour de gloire
midi sonné.
Belle année, agréable mois,
charmante semaine,
jour merveilleux
Heure délicieuse.

Robert Desnos ("Le parterre d'Hyacinthe" publication posthume dans "Destinée arbitraire" - Gallimard, 1975).

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Par un point situé sur un plan...

Par un point situé sur un plan
On ne peut faire passer qu'une perpendiculaire
à ce plan.
On dit ça...
Mais par tous les points de mon plan à moi
On peut faire passer tous les hommes, tous les animaux de la terre
Alors votre perpendiculaire me fait rire.
Et pas seulement les hommes et les bêtes
Mais encore beaucoup de choses
Des cailloux
Des fleurs
Des nuages
Mon père et ma mère
Un bateau à voiles
Un tuyau de poêle
Et si cela me plaît
Quatre cents millions de perpendiculaires.

Robert Desnos ("La géométrie de Daniel" 1939 - publié aux éditions Gallimard dans "Destinée arbitraire", en 1975)

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L'oiseau du Colorado

L’oiseau du Colorado
Mange du miel et des gâteaux
Du chocolat et des mandarines
Des dragées des nougatines
Des framboises des roudoudous
De la glace et du caramel mou.

L’oiseau du Colorado
Boit du champagne et du sirop
Suc de fraise et lait d’autruche
Jus d’ananas glacé en cruche
Sang de pêche et navet
Whisky menthe et café.

L’oiseau du Colorado
Dans un grand lit fait un petit dodo
Puis il s’envole dans les nuages
Pour regarder les images
Et jouer un bon moment
Avec la pluie et le beau temps.

Robert Desnos ("La ménagerie de Tristan" publié dans "Destinée arbitraire" -  Poésie Gallimard, 1975)

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Le poisson sans-souci (extrait)

Le poisson sans-souci
Vous dit bonjour vous dit bonsoir
Ah ! qu’il est doux qu’il est poli
Le poisson sans-souci.

Il ne craint pas le mois d’avril
Et tant pis pour le pêcheur
Adieu l’appât adieu le fil
Et le poisson cuit dans le beurre.

[...]

Le poisson sans-souci
Qui dit bonjour qui dit bonsoir
Ah ! qu’il est doux et poli
Le poisson sans-souci
Le souci sans souci
Le Poissy sans Soissons
Le saucisson sans poids
Le poisson sans-souci.

Robert Desnos ("La ménagerie de Tristan" publié dans "Destinée arbitraire" -  Poésie Gallimard, 1975)

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Les passages du poème qui suit sont semblables à des bribes d'images au sortir d'un rêve qu'on ne parvient pas à reconstituer. Des collages de mots, un bout de phrase ...

Demi-rêve (extrait)

abougazelle élaromire
Elaroseille a la mijelle
a la mirate a la taraise

[...]

Il est bonjour au coeur de lune
Le ciel alors lagélami
Lagélasou lagésommeil
Lagébonneil Légésonjour.

Robert Desnos ("Destinée arbitraire" -  Poésie Gallimard, 1975)

logo_cr_ation_po_tiqueInventer des mots : Les mots inventés ici  par Robert Desnos sont choisis pour leur sonorité, leur pouvoir d'évocation, et pour le rythme du poème.

On peut obtenir un effet approchant en partant d'un poème court , existant ou original, et en remplacer la plupart des mots par des associations de syllabes aux sonorités plaisantes.

Voir Guillevic, Boby Lapointe, Boris Vian.

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1 avril 2008

Michelle Daufresne

Michelle Daufresne, auteure contemporaine, a publié des poèmes et des histoires qu'elle a elle-même illustrés pour des recueils et des albums destinés aux enfants et à la jeunesse ("Irma Bec en L'air" chez Syros, "Images, images", aux éditions L'Art à la page). Elle a aussi créé les illustrations pour des textes d'autres poètes ("Le rire des cascades", d' Alain Boudet aux éditions Motus). Et bien d'autres.

 

Petites ombres

Les petites ombres se promènent
serrant contre elles
un cabas,
un chien, un chat.

Personne ne les voit
on ne remarque pas
ces ombres
sombres.

Elles ont été
dans le passé
des charmantes,
des importantes,
des méchantes,
des vibrantes.
Elles ont été, cela les hante,
des amantes.

Dans les glaces des magasins,
glaces sans tain
elles croisent des reflets éteints
de fantômes anciens.

Pourquoi rentrer
retrouver
un passé
envolé ?
Qui les attend ?
Qui les entend ?

Les petites ombres se promènent
serrant contre elles
un chien, un chat
un cabas.
Elles déambulent
funambules.

Michelle Daufresne ("Envol" - éditions Lo Païs d'Enfance, 1999)



1 avril 2008

PP09 : L'humour de JEAN-PIERRE DEVELLE

- Jean-Pierre Develle -

Jean-Pierre Develle est un auteur contemporain. Ce texte a été trouvé dans le recueil du Concours de poésie de la RATP :

Qu’est-ce qui ne va pas sur la terre ?

 

C’est le chat, dit la souris
C’est le lion, dit la gazelle
C’est le loup, dit l’agneau
C’est l’homme, dit l’homme

Jean-Pierre Develle ("Des rimes et des rames" - recueil de textes du concours Concours de poésie dans le métro 2002-2003, éditions de la Voûte)

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de MICHEL DEVILLE

- Michel Deville -

Michel Deville est né en 1931. C'est un cinéaste connu : Un Monde presque paisible, La Maladie de Sachs, Benjamin ou les Mémoires d’un puceau, Péril en la demeure, le Dossier 51, La Lectrice
C'est aussi un poète, moins connu, auteur de huit recueils au Cherche-midi éditeur : Rien n'est sûr, Poézies, Mots en l'air, L'Air de rien ...

Sabotage

Ils avaient fabriqué
Un chat botté,
Mais mal  :
Il zézayait,
Leur animal.

Moralité :
Le saboté.

Michel Deville ("Poèmes zimpromptus", éditions Saint-Germain-des-Prés, 1984)

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Tristan et Yseutmots_en_l_air_blog

- Parle-moi, dit Yseut à Tristan.
- Je t'aime, dit Tristan à Yseut.
- Je sais. Mais c'est tout ? demanda Yseut.
- Je t'aime beaucoup, répondit Tristan.
- Mais encore ? insista Yseut.
- Je t'adore, ajouta Tristan.
- C'est attristant, pensa Yseut.

Michel Deville ("Mots en l'air" 1993)

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Un autre clin d'oeil :

Mots Croisés

Les grands seigneurs, les chevaliers,
Les grands prélats ou de moins grands
Et la cohorte des manants
En route vers Jérusalem
S'arrêtaient le soir, harassés.
Certains écrivaient des poèmes,
D'autres, toujours l'amour des mots,
Devant les grilles des châteaux
Jouaient à un jeu
Baptisé
En souvenir d'eux
Mots croisés.

Michel Deville ("les Croisades")

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Un texte à la manière de Rudyard Kipling ("Tu seras un homme mon fils", voir plus bas ) ...

Lorsque et si ...

Lorsque l'on tremble encore à l'approche de l'autre,
Lorsque le doute encore est infiniment nôtre,
Lorsque les intuitions sont approximatives,
Lorsque devient l'humeur, pour un rien, agressive,
Lorsque la main est moite et le regard crétin,
Lorsque le tutoiement est encore incertain,
Lorsqu'on éclate en pleurs pour une peccadille,
C'est qu'on est amoureux, ma fille.

Si tu ne trembles plus, si tu n'as plus de doute,
Si ton humeur est droite ainsi qu'une autoroute,
Si galante est ta main
Et ton regard câlin,
Si tu en viens au tu sans tergiversation,
Si tu ne pleures plus avec obstination,
Si tu tires la langue à toute ta famille,
Tu seras un homme, ma fille.

Michel Deville ("Rien n'est sûr")

Voici le poème original, que Rudyard Kipling, a écrit "If ..." (Si ...), en 1910. C'est la version traduite de l'anglais par l'écrivain Pierre Maurois (en 1918), qui est généralement retenue :

Tu seras un Homme, mon Fils (autre titre : Si ...)

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling   (Bernard Lavilliers l'a mis en musique et interprété (1988).

Pour les amateurs, il existe d'autres traductions de la poésie de Kipling, la dernière de 2006 !

Voyez plutôt ici : http://www.crescenzo.nom.fr/kipling.html

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Le vieux cheval

On le fit galoper,
Il galopa,
Puis on le fit marcher
(Au pas au pas),
Ensuite on exigea
Qu'il voulût bien trotter,
Mais là, tout net, il refusa
Et laconique, il expliqua :
- Trot, c'est trop

Michel Deville ("poéZies" - Le cherche midi éditeur, 1990)

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Le chat chinois

Cet après-midi
Un chat chinois prit
La portion de riz
D'un gros poussah gris
qui poussa des cris
Que l'on entendit
De Chine à Paris.

Le chat rit ravi
Du charivari.

Michel Deville ("poéZies" - Le cherche midi éditeur, 1990)

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1 avril 2008

Lise Deharme, Lucie Delarue-Mardrus

Lise Deharme (1907-1981), est une romancière et poète française, proche des Surréalistes.

L'horloger

La petite bête
Qui est dans la montre
Je l’entends gratter
Je l’entends taper
Je l’entends sonner
Que dit-elle ? Tic-tac
Tic-tac-tic

La petite bête
Est morte ce soir
Monsieur l’horloger
Veux-tu la retrouver
Veux-tu la ramener
Ma petite bête.
Ne veut plus chanter

La petite bête
Monsieur l’horloger
Me l’a retrouvée
Elle était coincée
Par un grain de blé
Que dit-elle ? Tic-tac
Tic-tac-tic

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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La poule noire

La poule noire
dans le potager
a crié
comme une enragée.
Les fermiers
sont allés la voir ;
elle a dit qu'il allait pleuvoir.
On ne l'a pas crue lanturlu,
et mon beau chapeau est perdu !

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)

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La plume

Une plume est tombée
par terre.
Va la ramasser.
- Pour quoi faire ?
Il va pousser un plumier.

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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Curieuse

Tes cheveux sont des araignées noires et griffues
ton front un désert de sable blond
ton nez une vague de son
tes dents ont faim
ta bouche est fine
ton menton
une colline aiguë
mais tes yeux sont deux cratères
de lave et de gouffres ouverts
semés d'étincelles et de feu
Tes yeux sont deux mondes perdus.

Lise Deharme ("Le coeur de Pic" -  photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)

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La cage vide

J'ai raté
le livre de ma vie
une nuit
qu'on avait oublié
de mettre un crayon taillé
a côté de mon lit.

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)

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Le cochon blond

Le cochon blond
aime le jambon
Il l’aime
jusqu’à l’indigestion
mais ce n’est pas bon
pour lui-même.

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)

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Les pâquerettes

Les pâquerettes
trop simplettes
sont des petites dames
sans âme.
Elles font des rondes le jeudi
et sont mangées par les brebis
le vendredi.

Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)



Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945) a écrit de nombreux poèmes, romans, contes et nouvelles. Elle était aussi dessinatrice, sculptrice et historienne.
Notre recueil référence est "Poèmes mignons pour les enfants". C'est de cet ouvrage que sont tirés les poèmes ci-dessous.

Mauvaise rencontre

Antoine Lenoir dans le noir
Monte l'escalier sans y voir.
Henri Leborgne qui le lorgne
Soudain d'un coup de poing l'éborgne.
" Oh ! oh ! " dit Lenoir
" Hi ! hi ! " dit Leborgne.
- Répondez Lenoir
Fait-il toujours noir,
Ou vos marches s'allument-elles
Au clair de trente-six chandelles ? "

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Petites souris

C’est la petite souris grise,
Dans sa cachette elle est assise.
Quand elle n’est pas dans son trou,
C’est qu’elle galope partout.

C’est la petite souris blanche
Qui ronge le pain sur la planche.
Aussitôt qu’elle entend du bruit,
Dans sa maison elle s’enfuit.

C’est la petite souris brune
Qui se promène au clair de lune,
Si le chat miaule en dormant,
Elle se sauve prestement.

C’est la petite souris rouge,
Elle a peur aussitôt qu’on bouge !
Mais, lorsque personne n’est là,
Elle mange tout ce qu’on a.

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Problème

On coupe deux pommes en quatre,
Combien cela fait-il de quarts ?

Hélas ! Au lieu de me débattre,
J'aimerais mieux manger les parts !

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Le chat noir

J'ai dans ma cave un chat noir.
Ses yeux sont de couleur claire.
Mais s'il les ferme, bonsoir !
Pour le trouver, rien á faire !

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Les poissons rouges

- Les poissons rouges du bocal
Ont de l'eau par-dessus la tête.
Cela ne leur fait donc pas mal ?

- Bien sûr que non, petite bête !
Vois s'ils sont vifs et déliés !
C'est dans l'air qu'ils seraient noyés.

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Les vaches

Quand je traverse le terrain,
Les vaches des fermes modèles,
Pourquoi donc me regardent-elles ?
Pourtant je ne suis pas un train !

Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)

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Le cochon

- Pourquoi marche-t-il, le cochon,
Si fier à travers la prairie ?

- C'est qu'à lui tout seul, des pieds au front,
Il est une charcuterie.

Lucie Delarue-Mardrus ("Poèmes mignons pour les enfants" - Gedalge, 1929)

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Ballade des échecs

Sur l'échiquier, luisant miroir,
Quand brillent, rangés en bataille,
Deux peuples, l'un du plus beau noir,
L'autre, du plus beau jaune paille,
Quand, redressant leur haute taille,
La Reine et le Roi, couple fat,
Se rengorgent comme à Versailles,
Qui va donner l'échec et mat ?

Chacun fera tout son devoir,
Comme il pourra, vaille que vaille,
Le Roi tremble en son étouffoir,
Fous, chevaux, tours et valetaille,
Tout le monde bientôt s'égaille ;
L'action s'engage : à Deu vat !
L'un se défend et l'autre l'assaille.
Qui va donner l'échec et mat ?

Les pions vont à l'abattoir,
Le cheval rue et le fou raille,
Tandis que, lente à s'émouvoir,
La tour, ronde comme futaille,
Attend pour lancer sa mitraille,
L'occasion d'un exeat.
- Échec au Roi ! - Bien. Qu'il s'en aille !
Qui va donner l'échec et mat ?

Lucie Delarue-Mardrus - source du texte : site officiel, http://www.printempsdespoetes.com/



1 avril 2008

PP 09 - L'humour de MAURICE DONNAY

- Maurice Donnay -

Maurice Donnay (1859-1945) est un écrivain français, humoriste, poète, chansonnier du "Chat noir" (voir Alphonse Allais), et prolifique auteur de théâtre.

On connaît le début de ce poème d'Alfred de Vigny, "Le cor" :

J'aime le son du cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Maurice Donnay s'en est inspiré pour une fable, jeux de mots à l'appui :

Le serpent et le cor de chasse

Un jour, un grand serpent, trouvant un cor de chasse,
Pénétra dans le pavillon
Et comme il n'avait pas beaucoup de place,
Dans l'instrument le reptile se tasse.
Mais, terrible punition !
Quand il voulut revoir le grand air et l'espace,
Et la vierge forêt au magique décor,
Il eut beau tenter maints efforts,
Il ne pouvait sortir du cor,
Le pauvre boa constrictor ;
Et pâle, il attendit la mort.
Moralité :

Dieu ! comme le boa est triste au fond du cor !

Maurice Donnay

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de PAUL ÉLUARD

- Paul Éluard -

Paul Éluard (1895-1952) est l'un des plus importants poètes du Surréalisme. Il a aussi participé au mouvement Dada.

Sur la maison du rire

Sur la maison du rire
Un oiseau rit dans ses ailes,
Le monde est si léger
Qu'il n'est plus à sa place
Et si gai
Qu'il ne lui manque rien.

Paul Éluard

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Dans Paris

Dans Paris il y a une rue;
Dans cette rue il y a une maison;
Dans cette maison il y a un escalier;
Dans cet escalier il y a une chambre;
Dans cette chambre il y a une table;livre_Eluard_dans_paris
Sur cette table il y a un tapis;
Sur ce tapis il y a une cage;

Dans cette cage il y a un nid;
Dans ce nid il y a un œuf,
Dans cet œuf il y a un oiseau.

L'oiseau renversa l'œuf;
L'œuf renversa le nid;
Le nid renversa la cage;

La cage renversa le tapis;
Le tapis renversa la table;
La table renversa la chambre;
La chambre renversa l'escalier;
L'escalier renversa la maison;
La maison renversa la rue;
La rue renversa la ville de Paris.

Paul Éluard (livre "Dans Paris, il y a ..." Didier Jeunesse, 1998 et Rue du Monde, Collection  Petits Géants, 2001)

logo_cr_ation_po_tiqueÀ la manière de "dans Paris il y a ...", le poème-gigogne :

À la manière de Paul Éluard, on construira un poème avec un enchaînement d'éléments, d'événements, à la manière d'emboîtements de poupées gigognes. Voyez ici des exemples de création poétique sur ce modèle : http://ecperchl.edres74.ac-grenoble.fr/spip.php?article28

Mais on privilégiera, pour le thème de l'humour, les situations les plus bizarres. On pourait imaginer par exemple ce genre de comptine en boucle (voir Marabout, bout d'ficelle dans le paragraphe des Jeux):

Dans ma maison il y a ma chambre / dans ma chambre il y a une armoire / dans cette armoire  il y a un arbre / dans cet arbre il y a une maison / Dans cette maison il y a ma chambre ...

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de PIERRE FERRAN

- Pierre Ferran -

Pierre Ferran (1930-1989) était enseignant, poète et écrivain.

Le cinquième jour

Du haut d'un nuage,
Les mains rouges d'argile,
Dieu contemplait les animaux :
- "Je suis mécontent du zèbre,
Dit-il à saint Rémi
Qui tenait la liste,
Il ressemble trop au cheval,
Rayez-le !"

Pierre Ferran (recueil "Les Yeux", 1971)

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Comptine des canards sauvages

Trois pleins d'air
Deux pains durs
Un pin d'or
Sors !

Quatre à quatre
Cinq agates
Qui cahotent
Saute !

C'est la lutte
Pour la lotte
Écarlate
Tâte !

Huit tadornes
Neufs œufs durs
C'est-à-dire
Tire !

Dix milords
Dix mulards
Dix mulets
T'y es !

Pierre Ferran (anthologie de Jacques Charpentreau : "La nouvelle Guirlande de Julie" - éditions Ouvrières, 1976)

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