Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

lieu commun

1 octobre 2007

L'automne de Tristan Klingsor

Tristan Klingsor (1874-1966) est malgré son nom (c'est un pseudonyme), un poète français.
Il était aussi musicien et peintre reconnu. Voici sa jolie contribution à l'automne, avec un texte particulièrement adapté aux élèves d'élémentaire :

Le rouge-gorge

Le rouge-gorge est au verger ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur ;
Il ne pèse pas plus que plume 
Et le vent le balance à son gré
Comme une fleur ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur de prunes.

Oiseau, bel oiseau d'automne,
Voici l'oseille qui rougit
Dans l'herbe,
Et la feuille du poirier jaune ;
Tout se couvre de pourpre et de vieil or superbe
Avant l'hiver gris.

Tristan Klingsor


Publicité
1 octobre 2007

L'automne d'Alphonse de Lamartine

Alphonse de Lamartine (1790-1869), grand poète romantique et lyrique, écrivain et homme politique, a publié Harmonies poétiques et religieuses en 1830.

L'automne* (titre proposé pour la classe élémentaire) - extrait*

Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon,
Voilà l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais,
Voilà l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.

L'onde n'a plus le murmure,
Dont elle enchantait les bois;
Sous des rameaux sans verdure
Les oiseaux n'ont plus de voix;
Le soir est près de l'aurore,
L'astre à peine vient d'éclore
Qu'il va terminer son tour,
Il jette par intervalle
Une heure de clarté pâle
Qu'on appelle encore un jour.

Alphonse de Lamartine ("Harmonies poétiques et religieuses" - 1830)
*titre original : Pensée des Morts. On n'a gardé pour l'école élémentaire que les 2 premières strophes de ce long poème. On peut en retrouver l'intégralité dans cette catégorie : BRASSENS chante les poètes.


Une deuxième poésie, dans la même tonalité :

Rêve d'automne   

Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encore, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui
Je me retourne encore et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !

Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme et m'aurait répondu ? ...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr ;
A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ;
Moi, je meurs et mon âme au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.

Alphonse de Lamartine ("Méditations poétiques" - 1920)



1 octobre 2007

L'automne de Philéas Lebesgue

Philéas Lebesgue (1869-1958), poète-paysan a beaucoup écrit sur le Picardie (cf "Mon pays de Bray") où il est né.
On trouve d'autres poésies sur le blog (catégories "le printemps" et "l'éloge de l'autre").

La pomme

Bel automne
À moi tes pommes,
Qui sont rougeaudes comme joues de jeune vierge !
J'y veux mordre à pleines dents ;
J'y veux boire à pleines lèvres :
Bel automne,
À moi tes pommes
Pour le pressoir qui les attend !
J'en veux faire éclater la fine chair
Entre les mâchoires de fer ;
J'en veux tirer la liqueur blonde ;
À grand effort de vis et de levier,
J'en veux faire jaillir une source de songe !
Pour défier
L'ennui de l'hiver et des mois sombres,
Rien ne vaut une cave pleine et froment au grenier.

Bel automne
À moi tes pommes !
Aux glèbes fraîches,
Mon blé germe :
Qu'importe le passé ? J'ai semé l'avenir.
Les feuilles sèches,
Au gré du vent peuvent courir
Dans la brume des soirs ternes ;

Si j'ai du cidre
En mon cellier,
Il m'est permis d'oublier
L'angoisse même de vivre,
L'angoisse de marcher ployé,
Et d'être si peu, si peu libre !

Philéas Lebesgue ("Les Servitudes" - 1913)

1 octobre 2007

L'automne de Michel Luneau

Michel Luneau (né en 1934) est écrivain ("Le Mémorial du sang", "Avis de passage") ... et poète.

Une hirondelle en automne

Une hirondelle, en automne,
Croyait qu'elle faisait le printemps.
Elle attend,
Elle s'étonne
Des couleurs si monotones,
Du mauvais temps,
Et de ne rencontrer personne
Que le vent...
Qui, soudain la désarçonne
Et la jette en avant
Dans la rivière qui moutonne.

Depuis ce temps,
Les hirondelles, qui n'aimaient pas l'automne,
Ne croient même plus au printemps.

Michel Luneau


Voici un deuxième texte, puisqu'il est question d'oiseaux et de voyages. Ce poème est déjà présent sur le blog (Poésies pour la classe - Cycles 2 et 3)

À vol d'oiseau

Où va-t-il, l'oiseau sur la mer ?
Il  vole, il vole...
A-t-il au moins une boussole ?

Si un coup de vent
Lui rabat les ailes,
Il tombera dans l'eau
Et ne sait pas nager.

Et que va-t-il manger ?
Et si ses forces l'abandonnent,
Qui le secourra ? Personne.

Pourvu qu'il aperçoive à temps
Une petite crique !
C'est tellement loin, l'Amérique...

Michel Luneau


Et celui-ci, quand les fusils reviennent :

Le lapin de septembre

En septembre,
Tous les ans,
Un petit lapin frappe à la porte de ma chambre.
- C'est l'ouverture de la chasse !
- Et tu crains que l'on te fricasse !
- Puis-je entrer dans ton potager .
- Oui, mais sans rien déranger !

Mais à chaque fin de saison,
C'est toujours la même chanson
Il a mangé mes salades,
Mes carottes, mon oseille…
J'en suis malade.
Je lui tire les oreilles
Il me regarde transi
De peur
Et me dit :
– Aurais-tu le cœur
D'acheter un fusil ? "

Michel Luneau (Collection "L'enfant et la poésie" - Le cherche midi éditeur)


1 octobre 2007

L'automne de Raïssa Maritain

Raïssa Maritain (1883-1960)

Automne

Une branche sur l'oiseau
Chantait en perdant ses feuilles

L'automne tenait l'archet
Du violon qui gémissait
Dans le vent venu de l'ouest
Murmurant des choses tristes

Et l'oiseau pleurait tout seul
Fleurissant le sombre ormeau
De ses larmes en corolles
De cristal et d'or nouveau

Et la branche et le moineau
Dans la brume pure et grise
Ont marié leur nostalgie
Au mystère de la nuit.

Raïssa Maritain

Publicité
1 octobre 2007

L'automne de Pierre Menanteau

De Pierre Menanteau, cité plusieurs fois dans ce blog :

Le vent d'automne

Ah! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
L'entends-tu pas heurter la porte ?
A plein cabas il nous apporte
Les marrons fous, les feuilles mortes.
Ah ! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
Ah ! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
L'entends-tu pas à la fenêtre ?
Par la moindre fente il pénètre
Et s'enfle et crache comme un chat.
Ah ! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
- J'entends les cris des laboureurs,
La terre se fend, se soulève.
Je vois déjà le grain qui meurt,
Je vois déjà le blé qui lève.
Voici le temps des laboureurs.

Pierre Menanteau

1 octobre 2007

L'automne de Jean Moréas

Jean Moréas (1856-1910), à l'état civil Ioannis Papadiamantopoulos, est un poète grec d'expression française.
C'est un poète symboliste, qui définit joliment ce genre poétique : "la poésie symbolique cherche à vêtir l'Idée d'une forme sensible... » .
Les Syrtes
composent un très long poème découpé en paragraphes. "La feuille des forêts" en est un passage.

La feuille des forêts

La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise
Là-bas, par les guérets,
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise,
Va-t-elle revenir
Verdir* la même tige ?

L'eau claire des ruisseaux
Qui passe claire et vive
A l'ombre des berceaux,
L'eau claire des ruisseaux
Qui passe claire et vive,
Va-t-elle retourner
Baigner* la même rive ?

Jean Moréas ("Les Syrtes - conte  d'amour XI")
* Le tiret (Verdir - la même tige ?... Baigner - la ...) a été supprimé par commodité, on peut le restituer au texte original de Moréas.


Un autre beau passage sans titre, des Syrtes :

Dans l'âtre brûlent les tisons,
les tisons noirs aux flammes roses ;
dehors hurlent les vents moroses,
les vents des vilaines saisons.
Contre les chenets roux de rouille,
mon chat frotte son maigre dos.
En les ramages des rideaux,
on dirait un essaim qui grouille :
c'est le passé, c'est le passé
qui pleure la tendresse morte ;
c'est le bonheur que l'heure emporte
qui chante sur un ton lassé.

Jean Moréas ("Les Syrtes - Remembrances")


1 octobre 2007

L'automne de Jean-Luc Moreau

Retrouvez Jean-Luc Moreau dans POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3 et dans POÉSIES PAR THÈME : l'école

Septembre

Un lièvre effaré
fuit dans les fourrés
la meute qui jappe...
Le vent maraudeur
apporte l'odeur
des pesantes grappes...
Un chœur d'écoliers
aux noirs tabliers
chante une comptine...
Au creux du sillon
le dernier grillon
doucement s'obstine...

Jean-Luc Moreau

1 octobre 2007

L'automne d'Anna de Noailles

Noailles_Cocteau2Anna de Noailles (1876-1933), appelée  à juste titre :-) Comtesse de Noailles, est une écrivaine et une poétesse, au féminin total, romantique et passionnée.

... "Je me suis appuyée à la beauté du Monde
Et j'ai tenu l'odeur des saisons dans mes mains" ...

[extrait du poème L'offrande à la Nature, recueil "Le Cœur innombrable"].

Les deux textes suivants se trouvent dans Le Cœur innombrable, son premier recueil, publié en 1901.
(ci-contre, dessin de Jean Cocteau dans "La Comtesse de Noailles, oui et non"-1963)

Automne

Voici venu le froid radieux de septembre :
Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ;
Mais la maison a l'air sévère, ce matin.
Et le laisse dehors qui sanglote au jardin,

Comme toutes les voix de l'été se sont tues !
Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues !
Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
Que la bise grelotte et que l'eau même a froid.

Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elle voudraient aller où les oiseaux s'envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin :
Elles iront mourir sur les étangs, demain.

Le silence est léger et calme ; par minute,
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l'Amour, qui jouait sous la bonté des cieux,

S'en revient pour chauffer, devant le feu qui flambe,
Ses mains pleines de froid et frileuses jambes,
Et le vieille maison qu'il va transfigurer,
Tressaille et s'attendrit de le sentir entrer.

Anna de Noailles ("Le Cœur innombrable")


Les saisons et l'amour

Le gazon soleilleux est plein
De campanules violettes,
Le jour las et brûlé halette
Et pend aux ailes des moulins.

La nature, comme une abeille,
Est lourde de miel et d'odeur,
Le vent se berce dans les fleurs
Et tout l'été luisant sommeille.

Ô gaieté claire du matin
Où l'âme, simple dans sa course,
Est dansante comme une source
Qu'ombragent des brins de plantain !

De lumineuses araignées
Glissent au long d'un fil vermeil,
Le coeur dévide du soleil
Dans la chaleur d'ombre baignée.

Ivresse des midis profonds,
Coteaux roux où grimpent des chèvres,
Vertige d'appuyer les lèvres
Au vent qui vient de l'horizon ;

Chaumières debout dans l'espace
Au milieu des seigles ployés,
Ayant des plants de groseilliers
Devant la porte large et basse ...

Soirs lourds où l'air est assoupi,
Où la moisson pleine est penchante,
Où l'âme, chaude et désirante,
Est lasse comme les épis.

Plaisir des aubes de l'automne,
Où, bondissant d'élans naïfs,
Le coeur est comme un buisson vif
Dont toutes les feuilles frissonnent !

Nuits molles de désirs humains,
Corps qui pliez comme des saules,
Mains qui s'attachent aux épaules,
Yeux qui pleurent au creux des mains.

Ô rêves des saisons heureuses,
Temps où la lune et le soleil
Écument en rayons vermeils
Au bord des âmes amoureuses ...

Anna de Noailles ("Le Cœur innombrable")


1 octobre 2007

L'automne de Géo Norge

Géo Norge est déjà présent sur le blog avec ce texte (poésies Cycles 2 et 3). En voici le texte intégral, dont on ne retient souvent pour la classe que les deux premières strophes.

Petite pomme

La petite pomme s'ennuie
De n'être pas encore cueillie.
Les autres pommes sont parties,
Petite pomme est sans amie.

Comme il fait froid dans cet automne !
Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.
Comme on a peur au verger noir
Quand on est seule et qu'on est pomme.

Je n'en puis plus viens me cueillir,
Tu viens me cueillir Isabelle ?
Comme c'est triste de vieillir
Quand on est pomme et qu'on est belle.

Prends-moi doucement dans ta main,
Mais fais-moi vivre une journée,
Bien au chaud sur ta cheminée
Et tu me mangeras demain.

Géo Norge


Publicité
Publicité