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lieu commun

1 octobre 2007

L'automne d'Émile Verhaeren

Émile Verhaeren (1855-1916) est un écrivain et poète belge. On propose aux élèves, en élémentaire, un extrait de ce long poème (le début), mis ici en couleur (on le trouve aussi sur ce blog dans la catégorie  POÉSIES pour la CLASSE - CYCLE 3 et COLLÈGE).

Le vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds battant les bourgs,
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent.
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles vertes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre;
Le vent mord dans les branches
Des nids d'oiseaux;
Le vent râpe du fer,
Et peigne au loin les avalanches,
- Rageusement - du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitre et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre! -
Sur sa hutte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église,
Sont soulevés sur leurs bâtons;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes ;
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes;
L'avez-vous vu cette nuit-là
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient comme des bêtes
Sous la tempête?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant.
Voici le vent cornant Novembre.

Émile Verhaeren ("Les villages illusoires")


Automne

Matins frileux
Le vent se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.

Émile Verhaeren


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1 octobre 2007

L'automne de Paul Verlaine

De Paul Verlaine (1844-1896), ce poème très connu(1844-1896)

Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine ("Poèmes saturniens")


1 octobre 2007

L'automne de Francis Vielé-Griffin

Même s'il est né en Virginie pendant la guerre de Sécession, Francis Vielé-Griffin (1864-1937) est un poète symboliste français, poète de la nature et de sa terre d'élection : la Touraine.

..."J'ai regardé fleurir dans sa lumière d'or
La fine majesté des plus naïves choses
"...
Francis Vielé-Griffin

Voici les bords de Loire en saison :

L’automne

Lâche comme le froid et la pluie,
Brutal et sourd comme le vent,
Louche et faux comme le ciel bas,
L’automne rôde par ici ;
Son bâton heurte aux contrevents ;
Ouvre la porte, car il est là.
Ouvre la porte et fais-lui honte…

Car je le connais bien, c’est lui
Qui vint l’autan avec des phrases,
Avec des sourires et des grappes,
Parlant du bon soleil qui luit,
Du vent d’été qui bruit et jase,
Du bon repos après l’étape ;

Il a soupé à notre table
-  Je le reconnais bien, te dis-je,
Il a goûté au vin nouveau,
Puis on l’a couché dans l’étable
Entre la jument et le veau :
Le lendemain, l’eau était prise ;
Les feuilles avaient plu sous la gelée.
-  Ferme la porte et les volets.

Qu’il passe son chemin, au moins,
Qu’il couche ailleurs que dans mon foin,
Qu’il aille mendier plus loin.
Avec des feuilles dans sa barbe
Et ses yeux creux qui vous regardent
Et sa voix rauque et doucereuse ;
À d’autres ! moi, je le reconnais,
Qu’il s’attife d’or ou qu’il gueuse.
-  Rentre la cloche : s’il sonnait !
Prépare une flambée : j’attends
Le vieil hiver au regard franc.

Francis Vielé-Griffin ("La Clarté de vie" - Mercure de France, 1897)


Ces passages, dans l'ordre original des strophes, sont extraits d'un des poèmes du recueil "La partenza" (le départ), élégie du poète à la Loire :

Feuilles d'automne (titre proposé)

[...]

Le rêve de la vallée,
Toute d'or et d'ombre au loin,
M'a pris et bercé et roulé
Dans un parfum de vigne et de foin;

[...]

J'ai choisi l'automne attendri
Et cette heure des ombres longues ;
Je cueille une rose flétrie ;
On marche et les feuilles tombent.

Je regarde, feuille à feuille,
S'éparpiller dans le soir
Le manteau d'or et d'orgueil
De ces grands arbres noirs;

Je regarde, goutte à goutte,
Tomber comme du sang,
Les feuilles... et le soir en déroute
Tourne et fuit dans le couchant ...
[...]
Francis Vielé-Griffin ("La partenza" - Mercure de France, 1899)



1 octobre 2007

L'automne de Francis Yard

Francis Yard (1876-1947), de son vrai nom Athanase François Yard, instituteur, était surnommé "le poète des Chaumes", pour ses écrits, poèmes, contes, récits, et ses descriptions et études linguistiques de sa région, la Normandie.

On trouvera une autre poésie du même auteur dans la catégorie "Hiver" : La neige au village.

La danseuse aux mille pieds

La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Lorsque les rondins mouillés,
Sur les deux chenets rouillés,
Pleurent noir comme la suie,

C'est la pluie,
C'est la pluie.

La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Quand les beaux jours oubliés,
Dans les bois et les sentiers,
Pleurent l'hirondelle enfuie,

C'est la pluie,
C'est la pluie.

La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Qui danse des jours entiers,
Dans nos âmes, sans pitié,
Le ballet des songeries,

C'est la pluie,
C'est la pluie.

La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Quand les cœurs humiliés,
À l'automne résignés,
Se souviennent de la vie,

C'est la pluie,
C'est la pluie.

Francis Yard ("Le roi octobre et la danseuse aux mille pieds"  - Henri Defontaine éditeur, 1930)
On trouve aussi ce poème dans  "L'Arc-en-Fleur", recueil anthologique de poésies d'Armand Got ("poésies modernes choisies pour la jeunesse") paru en 1933 chez Bourrelier et dans le recueil de récitations "Le sentier fleuri", destiné aux élèves "de 10 à 15 ans", édité par Les Presses du Massif Central en 1950 (A. Auneveux et L Roussillat)


22 septembre 2007

The partisan - de Leonard Cohen à 16 Horsepower et Bertrand Cantat

Découvert ICI ( http://7and7is.over-blog.com), sur la play-list de ce blog, très intéressant, cette interprétation, après Leonard Cohen, de The partisan, par 16 Horsepower et Bertrand Cantat.

The partisan évoque La complainte du partisan, qu' Emmanuel d'Astier de la Vigerie pour les paroles et Anna Marly pour la musique ont écrite et composée en 1943, et qui est la chanson référence de la Résistance.

Hy Zaret en avait fait une traduction, The partisan, que Leonard Cohen a reprise en y ajoutant des couplets en français. Voici le texte de cette version :

The partisan

When they poured across the border
I was cautioned to surrender,
This I could not do;
I took my gun and vanished.

I have changed my name so often,
I've lost my wife and children
But I have many friends,
And some of them are with me.

An old woman gave us shelter,
Kept us hidden in the garret,
Then the soldiers came;
She died without a whisper.

There were three of us this morning
I'm the only one this evening
But I must go on;
The frontiers are my prison.

Oh, the wind, the wind is blowing,
Through the graves the wind is blowing,
Freedom soon will come;
Then we'll come from the shadows.

Les allemands étaient chez moi,
Ils me dirent, "résigne toi,"
Mais je n'ai pas pu;
J'ai repris mon arme.

J'ai changé cent fois de nom,
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis;
J'ai la France entière.

Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés,
Les Allemands l'ont pris ;
Il est mort sans surprise.

The germans were at my home
They said, "sign yourself,"
But I am not afraid
I have retaken my weapon.

I have changed names a hundred times
I have lost wife and children
But I have so many friends
I have all of France.

An old man, in an attic
Hid us for the night
The germans captured him
He died without surprise.

Oh, the wind, the wind is blowing,
Through the graves the wind is blowing,
Freedom soon will come;
Then we'll come from the shadows.


Traduction des couplets en italique :

Quand ils eurent franchi la rivière
Ils m'ordonnèrent de me rendre,
Mais je ne pouvais pas faire ça
J'ai pris mon arme et je me suis enfui.

J'ai changé cent fois de nom
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis
Et certains sont avec moi.

...
Nous étions trois ce matin
Il n'y a plus que moi ce soir
Mais je continue
Les frontières sont ma prison

Oh, le vent, le vent souffle
A travers les tombes, le vent souffle
La liberté viendra bientôt
Et nous sortirons de l'ombre ...


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22 septembre 2007

La chanson du jour

portail_rouill_
Portail rouillé dans le Vexin (avril 2007, mais le temps s'y est arrêté ...) - Photo Lieucommun
L'automne... La date de l'équinoxe d'automne tombe suivant les années, le 21, le 22 ou le 23 septembre.
Georges Brassens a mis une ironie amère dans ce texte (qu'on trouvera intégralement un jour sur le blog).
Le dernier vers  :

... et c'est triste de n'être plus triste sans vous.

Le vingt-deux
* septembre

Un vingt-deux* septembre au diable vous partîtes,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous ;
Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
Plus une seule larme à me mettre aux paupières :
Le vingt-deux* septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

On ne reverra plus au temps des feuilles mortes,
Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous ;
Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles :
Le vingt-deux* septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
[...]
Et c'est triste de n'être plus triste sans vous.

* prononcer "vingt-te-deux".

Georges Brassens - voir des textes d'auteurs dans  la catégorie BRASSENS chante les poètes


22 août 2007

l'été de Jean Aicard

Jean Aicard (1848-1921) est un poète et romancier provençal de langue française.
Voici un court poème, pareil à un haïka japonais :

La cigale

Je suis la petite cigale,
Qu'un rayon de soleil régale
Et qui meurt quand elle a chanté
Tout l'été.

Jean Aicard ("Les Poèmes de Provence" - 1874)


22 août 2007

L'été (et l'amitié) de Max Alhau

Max Alhau est né en 1936 à Paris.

Amis de toute part*

Amis de toute part
reviendrai-je chez vous
partager vos paroles.
Vous m'êtes une fête
sans cesse commencée.
Avec vous je célèbre
l'été qui se prolonge
la moisson continue
gardée au fond des soirs.

Amis de toute part
je vous offre le feu
ma soif et ce poème.

Max Alhau (inédit pour la revue Poésie 1 - "L'enfant et la poésie" n° 28-29 janvier-février 1973)
* orthographe et ponctuation respectées


22 août 2007

Un haïku d'été - Buson

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(Photo Lieucommun - été 2007)
Vous trouverez d'autres haïkus d'été dans la catégorie 
HAÏKUS - poésies des saisons


22 août 2007

L'été de Jacques Charpentreau

(Photo Lieucommun - Vexin - août 2007)
Sur la première page du cahier de poésies, à la rentrée, ce texte peut trouver sa place, pour la nostalgie des jours dechamp__paille_ao_t_2007 vacances.
Il était déjà présent sur le blog dans la catégorie POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3, et maintenant dans UNE SAISON en POÉSIE - été

L'air en conserve   

Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte !

Respirez à fond ! Quelle force !
La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,

Les arômes de la forêt...
Mais couvrez-vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais.

Jacques Charpentreau


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