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lieu commun

1 août 2007

L'hiver d'André Theuriet

André Theuriet (1833-1907, est un écrivain, auteur de romans et de pièces de théâtre, et poète français.

Voici un court extrait (les 4 premières strophes) sur le thème de l'hiver d'un texte qui mène aux beaux jours. Nous en proposerons d'autres passages de saison, au printemps.

La ferme

Dans la plaine onduleuse et nue,
Sous les brumes d'un soir d'hiver,
La ferme isolée est perdue
Ainsi qu'un îlot dans la mer.

À peine un fil bleu de fumée
Au piéton la montre de loin,
Quand, dans sa course accoutumée
Du bois noir il tourne le coin ;

Et, le soir, la rougeur de l'âtre,
À travers la vitre qui luit,
À peine la désigne au pâtre
Poussant son troupeau dans la nuit.

Parmi la bruine et le givre
Elle dort d'un profond sommeil :
Mais en mars on la voit revivre
Aux tiédeurs du premier soleil.

...

André Theuriet ("Le Chemin des bois, poèmes et poésies"  - édit Alphonse Lemerre, 1867)


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1 août 2007

L'hiver de Georg Trakl

Georg Trakl (1887-1914) est un poète autrichien, de langue allemande, qualifié parfois de pré-expressionniste. Mort trop jeune, sa poésie traduit ses tourments personnels et ceux de l'Europe sans horizon de la Première Guerre mondiale.
Ses poèmes, publiés après sa disparition, ont été mis en français par Guillevic ("Vingt Poèmes de Georg Trakl" en édition bilingue - Éditions Obsidianne, 1986) et par d'autres traducteurs (*) .

"Juste une étincelle de joie pure, et l'on serait préservé - un peu d'amour, et l'on serait sauvé."
Georg Trakl

Emprunté au site Poezibao, ce texte d'hiver n'est pas ici la description ,même transfigurée, d'un triste paysage.
Ce champ [qui] brille blanc et froid est comme le négatif d'un champ de bataille.

En hiver

Le champ brille blanc et froid.
Le ciel est solitaire et immense.
Des choucas tournent au-dessus de l’étang
Et des chasseurs descendent de la forêt,

Un mutisme habite les cimes noires des arbres.
Le reflet d’un feu s’échappe des cabanes.
Parfois très loin sonne un traîneau
Et lentement monte la lune grise.

Un gibier saigne doucement sur le talus
Et des corbeaux pataugent dans des rigoles sanglantes
Le roseau frémit jaune et haut.
Gel, fumée, un pas dans le bois vide.

Georg Trakl ("Œuvres complètes" - (*) traduction Marc Petit et Jean-Claude Schneider - éditions Gallimard, 1972)
(*)Autres titres et traductions de Georg Trakl : "Poèmes majeurs"  ((traduction de Jacques Legrand - En édition bilingue chez Aubier Montaigne, 1993)
et
"Poèmes" (traduction de Jacques Legrand - En édition bilingue chez Flammarion, 2001)

1 août 2007

Le Noël de Jean-Louis Vanham

Jean-Louis Vanham est un poète et écrivain belge francophone qui a vécu au XXe siècle. Le "Dictionnaire des Oeuvres", publié par les Lettres Françaises de Belgique, mentionne :
"Son recueil de poèmes Apothéose (édité en 1937), décrit la maladie qui le ronge depuis sa naissance."

Voici, une fois n'étant pas coutume, un Noël plus traditionnel suggéré par cette poésie :

Noël

Trois petits sapins
Se donnaient la main
Car c'était Noël
De la terre au ciel.

Prirent le chemin
Menant au village
Jusqu'à l'étalage
D'un grand magasin.

Là, ils se couvrirent
De tout ce qui brille :
Boules et bougies ,
Guirlandes pour luire ,

Et s'en retournèrent
La main dans la main
Par le beau chemin
De l'étoile claire

Jusqu'à la forêt
Où minuit sonnait ,
Car c'était Noël
De la terre au ciel.

Jean-Louis Vanham ("La Ruche verte" - poèmes pour enfants - 1961)


1 août 2007

L'hiver d'Émile Verhaeren

Émile Verhaeren (1855-1916) est présenté dans d'autres catégories sur ce blog.
Il habille de mots à lui ce classique paysage de neige :

La neige

La neige tombe, indiscontinûment,
Comme une lente et longue et pauvre laine,
Parmi la morne et longue et pauvre plaine,
Froide d'amour, chaude de haine.

La neige tombe, infiniment,
Comme un moment -
Monotone - dans un moment ;
La neige choit, la neige tombe,
Monotone, sur les maisons
Et les granges et leurs cloisons ;
La neige tombe et tombe
Myriadaire, au cimetière, au creux des tombes.

Le tablier des mauvaises saisons,
Violemment, là-haut, est dénoué ;
Le tablier des maux est secoué
A coups de vent, sur les hameaux des horizons.

Le gel descend, au fond des os,
Et la misère, au fond des clos,
La neige et la misère, au fond des âmes ;
La neige lourde et diaphane,
Au fond des âtres froids et des âmes sans flamme,
Qui se fanent, dans les cabanes.

Aux carrefours des chemins tors,
Les villages sont seuls, comme la mort ;
Les grands arbres, cristallisés de gel,
Au long de leur cortège par la neige,
Entrecroisent leurs branchages de sel.

Les vieux moulins, où la mousse blanche s'agrège,
Apparaissent, comme des pièges,
Tout à coup droits, sur une butte ;
En bas, les toits et les auvents
Dans la bourrasque, à contre vent,
Depuis Novembre, luttent ;
Tandis qu' infiniment la neige lourde et pleine
Choit, par la morne et longue et pauvre plaine.

Ainsi s'en va la neige au loin,
En chaque sente, en chaque coin,
Toujours la neige et son suaire,
La neige pâle et inféconde,
En folles loques vagabondes,
Par à travers l'hiver illimité monde.

Émile Verhaeren ("Les villages illusoires")


Neige

Viens jusqu’à notre seuil, répandre
Ta blanche cendre,
Ô neige pacifique et lentement tombée !
Le tilleul du jardin tient ses branches courbées
Et plus ne fuse au ciel la légère calandre.

Ô neige
Qui réchauffes et qui protèges
Le blé qui lève à peine
Avec la mousse, avec la laine
Que tu répands de plaine en plaine !

Neige silencieuse et doucement amie
Des maisons, au matin dans le calme endormies,
Recouvre notre toit et frôle nos fenêtres

Et soudain par le seuil et la porte pénètre
Avec tes flocons purs et tes dansantes flammes,
Ô neige lumineuse au travers de notre âme,

Neige, qui réchauffes
Encor nos derniers rêves

Comme du blé qui lève !

Émile Verhaeren ("Les villages illusoires")


 


1 août 2007

L'hiver de Paul Verlaine

Paul Verlaine (1844-1896)  est présent dans d'autres catégories (automne par exemple)

Dans l'interminable ennui de la plaine

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Comme les nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la Lune.

Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable

Paul Verlaine ("Romances sans paroles", Ariettes oubliées - 1874)


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1 août 2007

L'hiver de Jules Verne

Jules Verne (1828-1905) n'est pas seulement le célèbre auteur de romans d'aventures et de science-fiction que l'on connaît.

Quand par le dur hiver

Quand par le dur hiver tristement ramenée
La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !

Par le rêveur oisif, la douce après-dînée !
Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
Au bonheur !  il ne veut devant sa cheminée
Qu'un voltaire* bien doux, pouvant railler le froid !

Il tisonne son feu du bout de sa pincette ;
La flamme s'élargit, comme une étoile jette
L'étincelle que l'œil dans l'ombre fixe et suit ;

Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ;
L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre
À la chaleur du jour le charme de la nuit !    

* un voltaire : un fauteuil
Jules Verne ("Poésies inédites" - Le cherche-midi)


1 août 2007

L'hiver de Théophile de Viau

Théophile de Viau (1590-1626) est un des plus grands poètes de son siècle, étiqueté "poète baroque".

Ode contre l'hiver (Contre l'Hyver) - extrait

Plein de colère et de raison
Contre toi barbare saison
Je prépare une rude guerre,
Malgré les lois de l'Univers,
Qui de la glace des hivers
Chassent les flammes du tonnerre
Aujourd'hui l'ire de mes vers
Des foudres contre toi desserre.
...

Tous nos arbres sont dépouillés,
Nos promenoirs sont tout mouillés,
L'émail de notre beau parterre
A perdu ses vives couleurs,
La gelée a tué les fleurs,
L'air est malade d'un caterre,
Et l'œil du Ciel noyé de pleurs
Ne sait plus regarder la terre.

La nacelle attendant le flux
Des ondes qui ne courent plus,
Oisive au port est retenue ;
La tortue et les limaçons
Jeûnent perclus sous les glaçons,
L'oiseau sur une branche nue
Attend pour dire ses chansons
Que la feuille soit revenue.

Le Héron quand il veut pêcher,
Trouvant l'eau toute de rocher,
Se paît du vent et de sa plume,
Il se cache dans les roseaux,
Et contemple au bord des ruisseaux,
La bise contre sa coutume,
Souffler la neige sur les eaux,
Où bouillait autrefois l'écume.

Les poissons dorment assurés,
D'un mur de glace remparés,
Francs de tous les dangers du monde,
Fors que de toi tant seulement,
Qui restreins leur moite élément,
Jusqu'à la goutte plus profonde,
Et les laisses sans mouvement,
Enchâssés en l'argent de l'onde.
...

Théophile de Viau ("Œuvres poétiques - Première partie")


1 août 2007

L'hiver de Gabriel Vicaire

Gabriel Vicaire (1848-1900), poète du plaisir de vivre, a passé son enfance dans la Bresse. Il se souvient ici d'un matin de neige dans cette région de l'est de la France :

Matin de neige

Quand j'ouvris ma fenêtre, oh ! quel enchantement !
De la neige partout avec un soleil rose !
Une indicible paix était en toute chose ;
On eût cru voir rêver la Belle au bois dormant.

Gabriel Vicaire ("Émaux Bressans" - 1884 ; et éditions Ferroud, 1929)


1 août 2007

L'hiver d'Alfred de Vigny

Alfred de Vigny (1797-1863) est un de nos plus grands poètes romantiques.

La neige (extrait)

Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d'arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s'élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,
Comme la girouette au bout du long clocher !
(...)

Alfred de Vigny ("Poèmes antiques et modernes")


1 août 2007

L'hiver de Paul Vincensini

Paul Vincensini (1930-1985) est connu des élèves pour le poème "Toujours et Jamais", qu'on trouvera sur ce blog, avec d'autres dans la catégorie POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3 et POÉSIES PAR THÈME : l'école.
Cet "archiviste du vent " (titre d'un poème), n'est pas qu'un poète d'humour : "... sous le sourire, il y a la tendresse, une gravité, une sensibilité aiguë à tout ce qui fait le tragique de l'existence" (Jacques Imbert  - Anthologie des poètes français).

La boule de neige (titre proposé, le texte original n'en ayant pas)

Il prend une boule de neige
La serre très fort sur son cœur
Et fond tout entier avec elle
Ne laissant ici-bas
Qu'une paire de bretelles
Dans une flaque d'eau.

Paul Vincensini ("Le point mort" - éd Guy Chambelland)


Un autre texte, plein d'humour et d'humanité, pour les grands enfants :

Moi l'hiver je pense  

Moi l'hiver je pense
Aux petits oiseaux
Qui couvent des œufs glacés
Dans les arbres

Moi l'hiver je pense
Aux petits poissons
Qui se gèlent les bonbons
La nuit
Dans les rivières.

Paul Vincensini ("Qu'est-ce qu'il n'y a")


Et celui-ci, pour le plaisir des mots et des images :

Hiver

Le vent d'hiver dérange tout
Les Poisseaux
Les Oisons
La rivière dans les arbres
Le froid fait peur à tout le monde
Mais au cœur de la pierre
Il fait chaud
Et on entend une musique.

Paul Vincensini (texte emprunté à l'anthologie "Le Coffre à poèmes - pour les enfants de 5 à 12 ans" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1984)


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