Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

lieu commun

1 mai 2007

"L'autre" - Marcel Béalu

Marcel Béalu (1908-1993) est écrivain et poète (Poèmes sur un même thème" -1932 ; L'Araignée d'eau ; Le Bruit du moulin ; L'Expérience de la nuit).

L'anneau

Pour les fiançailles d'amour
Des peuples redevenus frères
Les hommes construiront un jour
Par dessus continents et mers
Par dessus rives et rivières
Un pont sans arches ni piliers
Un pont qui tiendra dans les airs
Sans aide aucune à rien lié
Comme un grand arc-en-ciel de pierre
Qui fera le tour de la terre

Marcel Béalu


Publicité
1 mai 2007

Sommaire - Poésie du Monde pour "l'Éloge de l'autre"

  - SOMMAIRE -

Comptines d'ailleurs

  •  Divers - Comptines et petites chansons en anglais
  •  Divers - Comptines et petites chansons en espagnol

Afrique du nord

  • Afrique du Nord - Algérie : Mohamed Dib et d'autres poètes
  • Afrique du Nord - Maroc - Tahar Ben Jelloun 
  • Afrique du Nord - Tunisie 
  • Afrique du Nord - Égypte ancienne et contemporaine

Afrique Noire

  • Afrique Noire - Cameroun - Francis Bebey 
  • Afrique Noire - Cameroun - René Philombé

page 2 (cliquer ici pour un accès direct)

Afrique noire (suite)

  • Afrique - Cameroun (ethnie Peul) - Amadou Hampâté Bâ
  • Afrique - Sénégal - David Diop
  • Afrique - Sénégal (Wolof) - Cheik Aliou Ndao 

Amérique Centrale

  • Amérique Centrale - Antilles  - Cuba
  • Amérique Centrale - Guatemala - poésie maya traditionnelle
  • Amérique Centrale - Guatemala - poésie maya contemporaine 
  • Amérique Centrale - Mexique - poésie de langue aztèque  
  • Amérique Centrale - Mexique - poésie de langue zapotèque 

Amérique du Nord

  • Amérique du Nord - États-Unis : Emily Dickinson ;  Walt Whitman ; Wallace Steevens 
  • Amérique du Nord - Indiens d'Amérique du Nord - poèmes contemporains 

    page 3 (cliquer ici)

    Amérique du Nord (suite)

    • Amérique du Nord - Indiens d'Amérique du Nord - poèmes traditionnels 
    • Amérique du Nord - Québec - France Bonneau
    • Amérique du Nord - Québec - Gilles Vigneault

    Amérique du Sud

    • Amérique du Sud - Chili - Gabriela Mistral

    Arctique - Groënland

    • Arctique - Inuits des régions arctiques - poèmes d'auteurs et poèmes anonymes

    Asie : Proche et Moyen-Orient

    • Asie - Moyen-Orient - Iran, Irak (et Perse)
    • Asie - Proche-Orient - Israël
    • Asie - Proche-Orient - Palestine 

    Asie : autres pays

    • Asie - Chine - Liu Li ; Ai Qing
    • Asie - Chine - Tu Fu
    • Asie - Inde - Toukârâm  

    page 4 (cliquer ici)

    Asie : autres pays (suite)

    • Asie - Japon - haïkus
    • Asie - Japon - autres poèmes
    • Asie - Tibet - Jetsün Milarepa
    • Asie - Viêt-Nam - Cù Huy Cân  

    Europe 

    • Europe - Albanie : Ismaïl Kadaré 
    • Europe - Angleterre : Emily Brontë
    • Europe - Angleterre : Rudyard Kipling
    • Europe - Angleterre : Percy Bisshe Shelley
    • Europe - Belgique - Julos Beaucarne et Marina Missier
    • Europe - Espagne - Federico García Lorca  
       

    page 5 (cliquer ici)

    Europe (suite)

    • Europe - Espagne - José Agustín Goytisolo
    • Europe - Espagne - Antonio Machado
    • Europe - France - Bretagne
    • Europe - France - Languedoc et Provence 
    • Europe - Irlande : Samuel Beckett, William Butler Yeats, James Joyce, Thomas Moore
    • Europe - Kurdistan : Kamuran Bedir Khan
    • Europe - Portugal - Fernando Pessoa
    • Europe - Roumanie - poètes roumains et tsiganes 
    • Europe - Russie - poètes russes d'avant et après la révolution de 1917
    • Europe (Asie-Europe) - Turquie - Orhan Veli 

     

    page 6 (cliquer ici)

    Europe (suite)

    • Europe (Asie-Europe) - Turquie - Nazim Hikmet

    Océanie

    • Océanie - Australie - poètes contemporains
    • Océanie - Nouvelle-Calédonie - poésie kanak


    29 avril 2007

    Comptines et petites chansons en anglais

    Comptines et petites chansons en anglais  - Choix de textes et traductions en cours, patience ...

    chansons

    There were some itty bitty fishes

    There were some itty bitty fishes
    In an itty bitty pool
    There was a momma fish
    A daddy fish
    A baby fish too
    They swam and they swam just as fast as they can
    And they swam themselves right over the dam.

    (Chanson)

    Il y avait de tout petits petits poissons

    Il y avait de tout petits petits poissons
    Dans un tout petit petit trou
    Il y avait une maman poisson
    Un papa poisson
    Un bébé poisson aussi
    Ils ont nagé, nagé, aussi vite qu'ils pouvaient
    Et jusqu'au barrage ils ont remonté.


    Do you like cats ?
    Yes, I do.
    Do you like dogs ?
    Yes, I do.
    Do you like spiders ?
    No, I don't.
    I don't like spiders !
    Do you like birds ?
    Yes, I do.
    Do you like rabbits ?
    Yes, I do.
    Do you like frogs ?
    No, I don't.
    I don't like frogs !


    Little Bo-Peep

    Little Bo-Peep has lost her sheep
    And can't tell where to find them.
    Leave them alone,
    And they'll come home,
    Wagging their tails behind them

    libre adaptation (proposée par Lieucommun) :

    Little Bo-Peep a perdu ses moutons
    Elle ne sait plus où ils sont.
    Laissons faire les moutons,
    Ils rentreront tout seuls à la maison
    En remuant la queue derrière eux.


    Humpty Dumpty traduction à venir :

    Humpty Dumpty sat on the wall,
    Humpty Dumpty had a great fall.
    All the king's horses,
    And all the king's men
    Couldn't put Humpty
    Together again.


    Polly, put the kettle on

    Polly, put the kettle on,
    We'll all have tea.

    Blow the fire and make the toast,
    Put the muffins on to roast,
    Blow the fire and make the toast,
    We'll all have tea.

    Sukey, take it off again,
    They've all gone away.

    libre adaptation (proposée par Lieucommun) :

    Polly, mets la bouilloire à chauffer,
    Nous allons tous prendre le thé.

    Allume le feu, grille le pain,
    et réchauffe les muffins,
    Attise le feu, grille le pain,
    Nous allons tous prendre le thé.

    Polly, arrête ça,
    Tout le monde est parti.


    Comptines et comptines rythmées et chantées

    Pussy cat, pussy cat

    Pussy cat, pussy cat, where have you been ?
    I've been to London to visit the queen.
    Pussy cat, pussy cat, what did you there ?
    I frightened a little mouse  under the chair.


    The little mouse

    I have seen you, little mouse,
    Running all about the house,
    Through the hole your little eye,
    In the wainscot peeping sly,

    Hoping soon some crumbs to steal,
    To make quite a hearty meal.

    Look before you venture out,

    See if pussy  is about.
    If she's  gone, you'll quickly run,
    To the larder for some fun;
    Round about the dishes  creep,
    Taking into each a peep,
    To choose the daintiest that's there,
    Spoiling things you do not care.


    The cat and the fiddle

    Hey diddle diddle, the cat  and the fiddle,
    The cow  jumped over the moon,
    The little dog  laughed  to see  such sport,
    And the dish  ran away with the spoon.


    Cock crow

    Cocks crow in the morn,
    To tell us to rise.
    And he who lies late,
    Will never be wise.

    For early to bed,
    And early to rise,
    Is the way to be healthy,
    And wealthy  and wise.


    How doth the little crocodile

    How doth the little crocodile
    Improve his shining tail,
    And pour the waters of the Nile
    On every golden scale!

    How cheerfully he seems to grin,
    How neatly spreads his claws,
    And welcomes little fishes in,
    With gently smiling jaws!

    (Texte de Lewis Carroll)


    This little piggy

    This little piggy  went to market;
    This little piggy  stayed home;
    This little piggy  had roast beef;
    This little piggy  had none;
    This little piggy  said,
    "Wee, wee, wee," all the way home.


    29 avril 2007

    Comptines et petites chansons en espagnol

    Comptines, petits poèmes et petites chansons en espagnol  - Traductions en cours, patience ...

    Les textes de Federico García Lorca et Antonio Machado sont aussi rangés à la page de ces auteurs.

    Comptines :

    Chocolate

    Uno, dos, tres, cho-
    Uno dos tres, co-
    Uno, dos, tres, la-
    Uno, dos tres, te-
    bate, bate, bate, bate
    bate, bate chocolate.

    (Comptine)

    Chocolat (Libre adaptation en français : lieucommun)

    Un deux trois, cho
    Quatre cinq six, co
    Sept huit neuf, la
    bats, bats, bats, bats
    bats, bats, le chocolat.


    Caracol

    Caracol, caracol
    Saca los cuernos al sol.
    Que tu padre y tu madre
    También los sacó.

    (Comptine)

    Escargot (adaptation en français : lieucommun)

    Escargot, escargot
    Sors tes cornes au soleil
    Ta mère et ton père
    Les ont sorti aussi.

    (Comptine)


    Cinco pollitos (Comptine gestuelle)

    Cinco pollitos
    tiene mi tía,
    uno le salta,
    otro le pía
    y otro le canta
    la sinfonía.

    Girar las manos a un lado y a otro con los dedos extendidos y separados.

    Cinq poussins (très) libre adaptation en français : lieucommun)

    Des cinq poussins
    de ma tante,
    le premier danse
    un autre crie
    un autre chante
    la symphonie.

    Faire tourner ses mains dans un sens et puis dans l'autre, les doigts tendus et écartés.


    Éste encontró un huevo (Comptine - jeu de doigts)

    Éste fue a por leña,
    éste le ayudó,
    éste encontró un huevo,
    éste lo frió,
    y este gordito,
    se lo comió.

    Con los dedos índice y pulgar de una mano, se van tomando y apretando cada dedo de la otra mano,
    comenzando por el meñique y terminando por el pulgar, a la vez que se va recitando cada verso de la
    retahíla.

    Celui-ci a trouvé un oeuf (très) libre adaptation en français : lieucommun)

    Celui-ci est parti au bois*,
    celui-ci l'a accompagné*,
    celui-ci a trouvé un œuf,
    celui-ci l'a fait frire,
    et c'est ce petit gros qui l''a mangé.

    Littéralement :

    Celui-ci est allé chercher du bois
    Celui-ci l'a aidé ...

    Entre l'index et le pouce d'une main, on prend et on plie successivement chaque doigt de l'autre main,
    en commençant par le petit doigt et en terminant par le pouce, à mesure qu"on récite chaque vers de la comptine.

    En espagnol, les doigts de la main sont :

    El pulgar, (le pouce) appelé aussi "dedo gordo" (gros doigt) ; el índice (l'index) ; el corazón (le coeur, c'est pour nous le majeur), appelé aussi "dedo medio" (doigt median), "mayor" (majeur) ou "cordial" ; el anular (l'annulaire); et el meñique (l'auriculaire), appelé aussi "dedo pequeño" (petit doigt).


    Mi abuelita tenía un gato (Comptine - dialogue)

    Mi abuelita tenía un gato,
    con las orejas de trapo,
    y el hocico de papel.
    ¿Quieres que te lo cuente otra vez?
    (El niño le contesta sí o no)

    Que me digas que sí,
    que me digas que no,
    que mi abuelita tenía un gato,
    con las orejas de trapo,
    y el hocico de papel.
    ¿Quieres que te lo cuente otra vez?
    (El niño le contesta sí o no)

    Se repite la retahíla, indefinidamente.

    Traduction :

    Ma mémé* avait un chat (Comptine - dialogue) * "abuelita" est le diminutif de "grand-mère"

    Ma mémé avait un chat,
    aux oreilles de chiffon,
    au petit nez en papier.
    ¿Tu veux que je te le raconte encore ?
    (L'enfant répond oui ou non)

    Que tu me dises oui,
    Que tu me dises non,
    Ma mémé avait un chat,
    aux oreilles de chiffon,
    au petit nez en papier.
    ¿Tu veux que je te le raconte encore ?
    (L'enfant répond oui ou non)

    La comptine se répète indéfiniment.


    Chanson et poésie populaires :

    Tengo una muñeca

    Tengo una muñeca vestida de azul
    Con su camisita y su canesú
    La saqué a paseo, se me constipó
    La tengo en la cama con mucho dolor
    Y esta mañanita me dijo el doctor
    Que le dé el jarabe con un tenedor
    Dos y dos son cuatro
    Cuatro y dos son seis
    Seis y dos son ocho
    Y ocho diez y seis
    Y ocho veinte y cuatro
    Y ocho treinta y dos

    (Chanson populaire)
     
    J'ai une poupée (Adaptation en français : lieucommun) 

    J'ai une poupée vêtue de bleu
    Avec une chemisette et un canezou*
    Je l'ai emmenée en promenade, elle s'est enrhumée
    Je la garde au lit car elle a très mal.
    Et ce matin, le docteur m'a dit
    De lui donner du sirop avec une fourchette.
    Deux et deux font quatre
    Quatre et deux font six
    Six et deux font huit
    Et huit, seize
    Et huit, vingt-quatre
    Et huit, trente-deux      * un canezou est un corsage sans manches


    Los pollitos (Poésie populaire)

    Cuando los pollitos
    dicen pío, pío
    cuando tienen hambre,
    cuando tienen frío,
    la gallina busca
    el maíz y el trigo
    para dar sustento
    a su pobres hijos.
    Y bajo las alas,
    acurrucaditos,
    cuando tienen frío
    duermen calentitos.

    Les poussins (adaptation en français : lieucommun) 

    Quand les poussins
    font piou piou,
    quand ils ont faim,
    quand ils ont froid,
    la poule cherche
    le maïs et le blé
    pour nourrir
    ses pauvres enfants.
    Et sous les ailes,
    blottis
    quand ils ont froid,
    ils dorment au chaud.


    Petits poèmes de Federico García Lorca :

    Los niños

    Salen los niños.
    Salen los niños alegres de la
    escuela,
    poniendo en el aire tibio
    de abril, canciones nuevas.
    ¡Qué alegría tiene
    el hondo silencio de la calleja!

    Federico García Lorca (cité dans "El Silbo del Aire" - Antología Lírica Infantil,1985)

    Les enfants (adaptation en français : lieucommun)

    Les enfants sortent.
    Les enfants, joyeux, sortent de l'école,
    jetant dans l'air tiède
    d'avril, de nouvelles chansons.
    Quelle joie dans
    le profond silence de la ruelle !

    Federico García Lorca


    Naranja y limón (1)(pas de traduction, juste pour la musique de la langue) : Orange et citron 

    Naranja y limón
    ¡Ay de la niña
    del mal amor!
    Limón y naranja
    ¡Ay de la niña
    de la niña blanca!
    Limón
    (Cómo brillaba el sol).
    Naranja
    (En las chinas del agua).

    Federico García Lorca


    Agua, ¿dónde vas ?

    Agua, ¿dónde vas ?
    Riendo voy por el río
    a las orillas del mar.

    Mar, ¿a dónde vas ?
    Río arriba voy buscando
    fuente donde descansar.

    Chopo, y tú ¿qué harás ?
    No quiero decirte nada
    yo… ¡temblar!

    ¿Qué deseo, qué no deseo,
    por el río, por el mar ?
    ¡Cuatro pájaros sin rumbo
    en el alto chopo están!

    Federico García Lorca

    Eau, où vas-tu ? (libre adaptation en français : lieucommun)

    Eau, où vas-tu ?
    Je vais riant par la rivière
    jusqu'aux rivages de la mer.

    Mer, où vas-tu ?
    Par la rivière je cherche
    une fontaine où me reposer.

    Peuplier, et toi, qu'est-ce que tu fais ?
    Je ne veux rien te dire
    moi ... je tremble !

    Ce que j'espère, ce que je ne voudrais pas,
    par la rivière, par la mer ?
    Quatre oiseaux perdus
    Sont sur le haut peuplier !

    Federico García Lorca


    Petits poèmes d'Antonio Machado :

    La plaza

    La plaza tiene una torre,
    la torre tiene un balcón,
    el balcón tiene una dama
    la dama tiene una flor.

    Antonio Machado

    La place (adaptation en français : lieucommun)

    La place a une tour,
    la tour a un balcon,
    le balcon a une dame,
    la dame a une fleur.


    La primavera

    La primavera ha venido
    nadie sabe cómo ha sido.
    Ha despertado la rama
    el almendro ha florecido.
    En el campo se escuchaba
    el gri del grillo.
    La primavera ha venido
    nadie sabe cómo ha sido.

    Antonio Machado

    Le printemps (adaptation en français : lieucommun)

    Le printemps est arrivé
    personne ne sait comment.
    Il a réveillé les branches
    l'amandier a fleuri.
    Dans les champs on écoutait
    le gri-gri du grillon.
    Le printemps est arrivé
    personne ne sait comment.


    Petits poèmes d'autres auteurs :

    Amapola

    Amapola
    Novia del campo, amapola,
    que estás abierta en el trigo,
    amapolita, amapola,
    ¿te quieres casar conmigo ?

    Juan Ramón Jiménez

    Papillon (adaptation en français : lieucommun)

    Papillon
    Fiancé des champs, papillon,
    ailes ouvertes dans le blé,
    petit papillon, papillon,
    veux-tu te marier avec moi ?


    El otoño

    En la cesta del otoño
    me dejó mamá meter
    una manzana y dos nueces
    que yo le ayudé a coger.
    Mi hermana María dice
    que a ella le gusta ver
    las hojas cuando se caen,
    porque parece que vuelan
    y no se quieren caer.

    Carmen Calvo Rojo

    L'automne (adaptation en français : lieucommun)

    Dans le panier de l'automne
    maman m'a laissé mettre
    une pomme et deux noix
    que je l'ai aidée à cueillir.
    Ma sœur María dit
    qu'elle, elle aime regarder
    Les feuilles qui tombent,
    Parce qu'on dirait qu'elles volent
    et ne veulent pas tomber.


     

    Devinettes poétiques :

     

    Entre bellas personas
    ando siempre en verano,
    unas veces abierto,
    otras veces cerrado.
    Solución : el abanico

    en français : (Libre adaptation de lieucommun)

    Je vais en été
    toujours accompagné
    de belles personnes
    parfois ouvert
    parfois fermé.
    Solution : l'éventail


    Blanca por dentro
    verde por fuera,
    si quieres que te lo diga
    espera.
    Solución : La pera (jeu de mots entre "es pera" = c'est une poire et "espera" = attends)

    en français : (Libre adaptation de lieucommun pour préserver le jeu de mots, mais on peut choisir une traduction plus directe !)

    Blanche dedans
    verte dehors,
    tu veux que je te le dise ?
    garde toujours l'espoir.
    Solution : la poire


    Quedan los textos en este blog, esperando el permiso de los titulares del copyright : http://www.everesteduca.com/


    29 avril 2007

    Afrique du Nord - Algérie

    Mohammed Dib (1920-2003) est un grand romancier et poète algérien de langue française. C'est aussi un journaliste engagé.
    Mohammed Dib a reçu entre-autres, le prix de l'Académie de poésie en 1971, le prix de l'Association des Écrivains de langue française en 1978, le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française en 1994, attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin. Il a obtenu en 1998 le Prix Mallarmé pour son recueil de poèmes L'enfant-jazz.
    Il quitte l'Algérie (expulsion) dans les années 60, et s'installe en France  (source : Wikipedia)

    "Je marche sur la montagne
    Où le printemps qui arrive
    Met des herbes odorantes,
    Vous toutes qui m'écoutez,
    Quand l'aube s'attendrira
    Je viendrai laver vos seuils
    Et je couvrirai de chants
    Les ululements du temps. "

    Mohammed Dib


    L’échelle

    Il mit le premier pied
    Sur le premier barreau.

    Il mit le second pied
    Sur le second barreau.
    J’y suis arrivé,
    Dit-il. Il monta encore.

    Le soleil se fit proche.
    Il continua de monter.

    Ses jambes tremblaient.
    Lentement il montait.

    Il n’avait pas peur.
    Aller plus haut, dit-il.

    Mohammed Dib


    • Voir source pour la présentation et le poème de Mohamed Dib qui suivent *

    En 1961, "Ombre Gardienne", son premier recueil de poèmes est publié, avec une préface de Louis Aragon :
    « J’imagine Mohammed Dib d’après moi. Comment autrement m’y prendre ? Puis-je de mes yeux français saisir la naissance de la poésie algérienne ? Le roman, toujours, le conte, la nouvelle, c’est comme une invitation au voyage : j’entre avec l’auteur dans son Algérie inconnue. Mais le poème ? Nécessairement allusif, chargé d’un potentiel étranger, de tout ce que l’économie des mots suppose d’une réalité que le poète partage avec d’autres que moi. Je surprends leur conversation, les gestes pour eux familiers qui résument, et je suis étranger au-dedans de ce grand secret collectif. »

    Moi qui parle, Algérie (titre proposé)

    « Moi qui parle, Algérie,
    Peut-être ne suis-je
    Que la plus banale de tes femmes
    Mais ma voix ne s’arrêtera pas
    De héler plaines et montagnes ;
    Je descends de l’Aurès,
    Ouvrez vos portes
    Epouses fraternelles,
    Donnez-moi de l’eau fraîche,
    Du miel et du pain d’orge ;
    Je suis venue vous voir,
    Vous apporter le bonheur,
    A vous et vos enfants ;
    Que vos petits nouveaux-nés
    Grandissent,
    Que votre blé pousse,
    Que votre pain lève aussi
    Et que rien ne vous fasse défaut,
    Le bonheur soit avec vous. »

    Mohammed Dib (Extrait du poème "Sur la terre, errante")
    * présentation et texte du poème empruntés au site : christianeachour.net)


    Printemps

    Il flotte sur les quais une haleine d'abîmes,
    L'air sent la violette entre de lourds poisons,
    Des odeurs de goudron, de varech, de poisson ;
    Le printemps envahit les chantiers maritimes.

    Ce jour de pluie oblique a doucement poncé
    Les gréements noirs et gris qui festonnent le port;
    Eaux, docks et ciel unis par un subtil accord
    Inscrivent dans l'espace une sourde pensée.

    En cale sèche on voit des épaves ouvertes;
    En elles l'âme vit peut-être... Oiseau têtu,
    Oiseau perdu, de l'aube au soir reviendras-tu
    Rêver rie haute mer, d'embruns et d'îles vertes ?

    Je rôde aussi, le coeur vide et comme aux abois,
    Un navire qui part hurle au loin sous la brume ;
    Je tourne dans la ville où les usines fument,
    Je cherche obstinément à me rappeler, quoi ?

    Mohammed Dib


    Messaour Boulanouar, poète algérien de langue française est né en 1933, compagnon d'écriture de ses amis Kateb Yacine et Jean Sénac. Dans la littérature algérienne, il appartient à la génération qui a vécu sous le colonialisme et accompagné la guerre de libération menant à l'indépendance de l'Algérie.(source biographique : Wikipedia) - Erreur rectifiée: Messaour Boulanouar n'a pas, comme nous l'avions présenté ici, écrit en arabe et en français, mais uniquement en français. Voir le message qui apporte des précisions, en commentaire ci-après. 

    Préface (extrait)

    J'écris pour que la vie soit respectée par tous
    je donne ma lumière à ceux que l'ombre étouffe
    ceux qui vaincront la honte et la vermine
    j'écris pour l'homme en peine l'homme aveugle
    l'homme fermé par la tristesse
    l'homme fermé à la splendeur du jour
    J'écris pour vous ouvrir à la douceur de vivre
    J'écris pour tous ceux qui ont pu sauver
    De l'ombre et du commun naufrage
    un coin secret pour leur étoile ...
    J'écris pour apaiser mon sang
    mon sang violent et dur et lourd de siècles tristes
    J'écris pour partager ma joie
    avec ceux qui m'écoutent
    J'écris pour être heureux pour être libre ...
    J'écris pour qu'on respecte
    l'arbre qui monte
    le blé qui pousse
    l'herbe au désert
    l'espoir des hommes ...

    Messaour Boulanouar ("La Meilleure force" - éditions du Scorpion, 1963)


    Assia Djebar, romancière et poètesse algérienne de langue arabe et française, est née en 1936.
    Son recueil Poèmes pour l'Algérie heureuse a été écrit à Rabat en 1960 et publié en Algérie en 1969, après l'indépendance.
    Elle a été élue à l'Académie Française en 2005. Elle vit actuellement entre la France et les États-Unis, pays où elle enseigne la littérature française.
        
    Poème pour l'Algérie heureuse

    Neiges dans le Djurdjura
    Pièges d'alouette à Tikjda
    Des olivettes aux Ouadhias

    On me fouette à Azazga
    Un chevreau court sur la Hodna
    Des chevaux fuient de Mechria
    Un chameau rêve à Ghardaia

    Et mes sanglots à Djémila
    Le grillon chante à Mansourah
    Un faucon vole sur Mascara
    Tisons ardents à Bou-Hanifia

    Pas de pardon aux Kelaa
    Des sycomores à Tipaza
    Une hyène sort à Mazouna
    Le bourreau dort à Miliana

    Bientôt ma mort à Zémoura
    Une brebis à Nédroma
    Et un ami tout près d'Oudja
    Des cris de nuit à Maghnia

    Mon agonie à Saida
    La corde au cou à Frenda
    Sur les genoux à Oued-Fodda
    Dans les cailloux de Djelfa

    La proie des loups à M'sila
    Beauté des jasmins à Koléa
    Roses de jardins de Blida
    Sur le chemin de Mouzaia

    Je meurs de faim à Médea
    Un ruisseau sec à Chellala
    Sombre fléau à Medjana
    Une gorgée d'eau à Bou-Saada

    Et mon tombeau au Sahara
    Puis c'est l'alarme à Tébessa
    Les yeux sans larmes à Mila
    Quel vacarme à Ain-Sefra

    On prend les armes à Guelma
    L'éclat du jour à Khenchla
    Un attentat à Biskra
    Des soldats aux Nementcha

    Dernier combat à Batna
    Neiges dans le Djurdjura
    Piéges d'alouette à Tikjda
    Des olivettes aux Ouadhias

    Un air de fête au coeur d'El Djazaïr.

    Assia Djebar ("Poèmes pour l'Algérie heureuse" - SNED, Alger, 1969)


    Ahmed Azeggagh est né en 1942 en Algérie, et a vécu en France, entre son pays et le notre. Il est mort en 2003.
    Parmi ses recueils poétiques : Chacun son métier, 1966 ; Les Récifs du silence, 1974 ; Duel à l'ombre du Grand A, 1979).
        
    Liberté

    Il a tout ce qu'il lui faut
    Dans sa cage.
    Il ne voit que les barreaux
    Qui font de lui un otage
    Il a tout ce qu'il lui faut
    De la nourriture, de l'eau
    Il n'en veut pas
    L'ingrat
    Il a tout ce qu'il lui faut
    Dans sa cage cet oiseau
    Tout...

    Ahmed Azeggagh


    Anna Greki est née en 1931 à Batna, dans les Aurès. Elle est morte en 1966.
        
    Alger (titre proposé)

    J'habite une ville si candide
    Qu'on l'appelle Alger la Blanche
    Ses maisons chaulées sont suspendues
    En cascade en pain de sucre
    En coquilles d'oeufs brisés
    En lait de lumière solaire
    En éblouissante lessive passée au bleu
    En plein milieu
    De tout le bleu
    D'une pomme bleue
    Je tourne sur moi-même
    Et je bats ce sucre bleu du ciel
    Et je bats cette neige bleue du ciel
    Bâtis sur des îles battues qui furent mille
    Ville audacieuse Ville démarrée
    Ville au large rapide à l'aventure
    On l'appelle El Djezaïr
    Comme un navire
    De la compagnie Charles le Borgne.

    Anna Greki ("Algérie, Capitale Alger" - éditions S.N.E.D. Tunis, 1963)


    Bachir Hadj Ali est né en 1920.
        
    Rêves en désordre

    Je rêve d'îlots rieurs et de criques ombragées
    Je rêve de cités verdoyantes silencieuses la nuit
    Je rêve de villages blancs bleus sans trachome
    Je rêve de fleuves profonds sagement paresseux
    Je rêve de protection pour les forêts convalescentes
    Je rêve de sources annonciatrices de cerisaies
    Je rêve de vagues blondes éclaboussant les pylônes
    Je rêve de derricks couleur de premier mai
    Je rêve de dentelles langoureuses sur les pistes brûlées
    Je rêve d'usines fuselées et de mains adroites
    Je rêve de bibliothèques cosmiques au clair de lune
    Je rêve de réfectoires fresques méditerranéennes
    Je rêve de tuiles rouge au sommet du Chélia
    Je rêve de rideaux froncés aux vitres de mes tribus
    Je rêve d'un commutateur ivoire par pièce
    Je rêve d'une pièce claire par enfant
    Je rêve d'une table transparente par famille
    Je rêve d'une nappe fleurie par table
    Je rêve de pouvoirs d'achat élégants
    Je rêve de fiancées délivrées des transactions secrètes
    Je rêve de couples harmonieusement accordés
    Je rêve d'hommes équilibrés en présence de la femme
    Je rêve de femmes à l'aise en présence de l'homme
    Je rêve de danses rythmiques sur les stades
    Et de paysannes chaussées de cuir spectatrices
    Je rêve de tournois géométriques inter-lycées
    Je rêve de joutes oratoires entre les crêtes et les vallées
    Je rêve de concerts l'été dans des jardins suspendus
    Je rêve de marchés persans modernisés
    Pour chacun selon ses besoins
    Je rêve de mon peuple valeureux cultivé bon
    Je rêve de mon pays sans tortures sans prisons
    Je scrute de mes yeux myopes mes rêves dans ma prison.

    Bachir Hadj Ali ("Que ma joie demeure !" - éditions Oswald, 1970 et l'Harmattan, 1981)


    Que la joie demeure (passage - titre du recueil)

    Mon Algérie de l'errance
    Mon pays de parfums blancs
    Les femmes se taisent
    La terre fuit clandestine
    Le ciel est désespérance
    Sur l'exil des hommes
    Grande grande ouverte est la mer
    ...

    Dans ce pays intrépide d'hommes bons
    Vivent des hommes féroces
    De férocité ancienne
    Dans ce pays de bonheur inconnu
    La femme n'est femme que la nuit
    Je jure
    Par la nuit mourante
    Et par le jour naissant
    Que règnera le couple sûr

    Bachir Hadj Ali ("Que ma joie demeure !" - éditions Oswald, 1970 et l'Harmattan, 1981)


    Terre je t'écoute

    Je t'écoute tisser des clairs-obscurs sur mes nuits.
    Je t'écoute veiller le soleil agoniser à l'Est
    Je t'écoute sécher le sel sur le front des mers
    Je t'écoute réveiller des pommes innocentes
    Je t'écoute greffer la jeunesse du citronnier

    Je t'écoute respirer entre les doigts et l'orange
    Je t'écoute battements de cils rouge-gorge des bois
    Je t'écoute verser la rosée sur la plante médicinale
    Je t'écoute pluie sur la mer collier de la baie
    Je t'écoute nuage rire ailes colorées
    Je t'écoute marche secrète des hommes droits
    Je t'écoute clairière de la recherche libre
    Je t'écoute vivre au rythme de mes aspirations
    Je t'écoute chanter le chant de l'an deux mille

    Bachir Hadj Ali ("Que ma joie demeure !" - éditions Oswald, 1970 et l'Harmattan, 1981)


    Kateb Yacine, écrivain et poète algérien, est né à Constantine en 1929 et mort en France, où il s'était installé, en 1989. 

    Vous, les pauvres (titre proposé)

    Vous, les pauvres,
    Dites-moi
    Si la vie
    N'est pas une garce !

    Ah ! Dire que
    Vous êtes les indispensables ! ...

    Ouvriers, gens modestes
    Pourquoi les gros
    Vous étouffent-ils en leur graisse
    Malsaine de profiteurs ?

    Ouvriers,
    Les premiers à la tâche,
    Les premiers au combat,
    Les premiers au sacrifice,
    Et les premiers dans la détresse ...

    Ouvriers,
    Mes frères au front songeur,
    Je voudrais tant
    Mettre un juste laurier,

    A vos gloires posthumes
    De sacrifiés.
    - La grosse machine humaine
    A beuglé sur leurs têtes,
    Et vente à leurs oreilles
    Le soupir gémissant des perclus ! ...

    Au foyer ingrat
    D’une infernale société,
    Vous rentrez exténués,
    Sans un réconfort

    Pour vos cœurs de "bétail pensif" …
    Et vos bras,
    Vos bras sains et lourds de sueur,
    Vos bras portent le calvaire
    De vos existences de renoncement !

    Kateb Yacine ("Soliloques", 1946 cité dans "Kateb Yacine, l'oeuvre en fragments", de Jacqueline Arnaud - éditions Sindbad, Paris, 1986)


    • Le choix des textes des auteurs ci-dessous a essentiellement pour source l'article documenté de Claude Raynaud : Panorama de la poésie maghrébine de langue française - 2. Poésie algérienne (http://www.culture-arabe.irisnet.be/)

    Rachid Boudjedra est né en 1941 à Aïn Beïda (région de Constantine). Engagé pour l'indépendance, Il prend le maquis contre l'occupation française en 1959 et aura un rôle important au sein du FLN. Il s'exile en 1960, puis rentre au pays en 1962. Sa vie est faite de départs et de retours entre ces deux pays et le Maroc, où il est contraint de s'exiler. Actuellement, il est enseignant à Alger.

    Vocation

    Poète disais-tu
    NON ! mon frère
    Plutôt
    un marteau-pilon
    O cette vocation de bulldozer
    O cette vocation de brise mers
    Je voudrais mettre mon peuple
    Dans l'avenir
    Du temps.


    Rachid Boudjedra ("Pour ne plus rêver" - S.N.E.D., Alger 1980)

    Le café

    J'ai acheté
    Un paquet de cigarettes
    Un journal
    Et un rayon de soleil
    Et j'ai été m'attabler
    A la terrasse
    D'un immense café
    J'ai commandé
    Un lait
    Et j'ai disposé
    Mon paquet de cigarettes
    Mon journal
    Mon rayon de soleil
    Et mon verre de lait
    En ordre
    Je me suis bien calé
    Dans mon fauteuil
    Et j'ai commencé à lire
    Tranquillement
    Un instant après
    J'ai regardé
    Mon paquet de cigarettes
    Mon journal
    Mon rayon de soleil
    Et mon verre de lait
    Bien alignés
    Et je me suis demandé
    Si j'étais un révolutionnaire .

    Rachid Boudjedra (cité dans l'Anthologie de la nouvelle poésie algérienne - Jean Sénac - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1971)


    Tahar Djaout est un poète algérien d'origine kabyle, né en 1954 à Oulkhou, près d'Azeffoun en Kabylie. Il meurt en 1993, victime d'un attentat islamiste organisé par le FIS (Front islamique du salut).

    Si tu dis, tu meurs,
    Si tu te tais, tu meurs
    Alors dis et meurs !

    (attribué à Tahar Djaout)


    Résurrection

    Lorsque mon Rêve
    disloqué
    renaîtra à l'ultime manigance
    de votre Défaite
    le monde n'aura plus
    son absurde face d'aveugle
    et tous les spectres
    mutilés par vos flammes
    et tous les rêves
    écrasés sous vos doigts profanateurs
    se lèveront
    livides
    pour torturer vos insomnies
    et limer vos faces infâmes
    Livides
    D'un éternel
    J'ACCUSE.

    Tahar Djaout (" L'arche à vau-l'eau " - éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)


    Soumya Benkelma (pseudonyme de Soumya Bemmalek), est une poétesse algérienne dont les premiers poèmes ont été publiés en juillet-août 1976 dans la revue "Europe",(n° 567-568, spécial Littérature algérienne). Elle était, précise la revue, étudiante à cette époque ...

    Partir

    Partir et rien que partir
    Partir et pour toujours
    Ne plus revenir
    Ne plus attendre
    Voir du bleu et du blanc
    Du rouge et du merveilleux
    Aller à la rencontre du néant
    Sans le savoir sans le vouloir
    M'y enfoncer tout entière
    Les yeux fermés
    Me voir me sentir
    Mourir mourir
    Sentir d'instant en instant
    Se détacher de tout moi
    Tout ce que j'ai mal aimé
    Tout ce que j'ai haï
    Me voir morte sous une tombe blanche
    Sous la terre ma terre rouge sang
    Là-haut sur une montagne
    Entourée d'ombre et de silence
    De lumière folle et de chants
    Là-haut sur une montagne
    Une montagne près du soleil.

    Soumya Benkelma, 1974


    Lounès Matoub (kabyle : Lwennas Meɛṭub), plus communément appelé Matoub Lounès, est un chanteur et poète kabyle , notamment connu pour son engagement dans la revendication identitaire berbère. Il est né à Taourirt Moussa, le 24 janvier 1956 et fut assassiné* le 25 juin 1998 sur la route de Ath Douala. Officiellement, cet assassinat est atribué au GIA (qui l'a revendiqué) mais sa famille et toute la kabylie accuse le pouvoir algérien de l'avoir assassiné. (source : Wikipedia)

    (*voir plus haut Tahar Djaout, un autre poète kabyle victime lui aussi du terrorisme)

    Matoub Lounès se lit et surtout s'écoute, ici par exemple, avec Avrid ireglen (La route entravée) en concert au Zénith de Paris en 1995, chanson sous-titrée en français : http://fr.youtube.com

    Un autre texte de chanson :

    D idurar ay d lâamriw s / Les montagnes sont ma vie (extrait)

    Xellsegh adrar s yidammen-iw : a d-yeqqim later-iw
    Xas gullen ard a t-sefden

    Wid yetganin di lmut-iw, yessamsen isem-iw
    Kul tizi a yi-d-mlilen

    Atas i ggigh si lheqq-iw armi i qqwlegh seg yilexxaxen
    Wwtegh, dligh ghef nnif-iw ufigh wigad i t-yesxewden
    Xas yegga lgehd ighallen-iw
    Mazal ssut-iw ad yebbaâzeq... as-d-slen !

    (...)
    A lâamer-iw, a lâamer-iw... d idurar ay d lâamer-iw !

    traduction :

    Les montagnes sont ma vie

    Du tribut de mon sang j'ai irrigué les monts
    mon empreinte s'imprime à jamais,
    quand ils ont en juré l'anéantissement ;

    Qui s'impatiente de me voir mort,
    et qui calomnie mon nom,
    A chaque col devra m'affrontent,

    J'ai laissé mon bien à l'abandon,
    Je l'ai trouvé gisant dans l'immondice,
    J'ai porté le regard sur mon honneur,
    J'ai vu des bourreaux. Bien que la force ait fui mes membres,
    Ma voix demeure, qui retentira,
    Ils l'entendront !
    (...)

    Ma vie ! ma vie !
    Les montagnes sont ma vie !

    Matoub Lounès (1989)


    Publicité
    29 avril 2007

    Afrique du Nord - Maroc - Tahar Ben Jelloun

    Tahar Ben Jelloun est né à Fès, au Maroc, en 1944. Écrivain et poète, il est l'auteur de deux recueils de poésie, dont Les Amandiers sont morts de leurs blessures, et de romans : La Nuit sacrée a obtenu le Prix Goncourt 1987.

    Les textes qui suivent sont tous extraits du recueil "Les Amandiers sont morts de leurs blessures" édité en 1976 par la Librairie François Maspero, dans PCM (Petite Collection Maspero).

    Ils ne portent pas de titre, ne sont pas consécutifs dans le recueil, mais l'ordre de présentation est respecté.

    Tous les matins
    le soleil entre chez Si Lmokhtar
    pille la mémoire du miroir
    monte sur l'échelle
    et s'en va en riant

    Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")


    Un verre de thé sur la natte
    le vent ramène le nuage bleu
    égaré dans le bois
    les vieux parlent du passé
    les jeunes parlent peu
    fument et rient
    le ciel s'éloigne des sables

    Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")  


    Le silence d'une étoile
    échangé contre un peu d'eau

    Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")


    L'épicerie de Si Abdessalam
    Du vinaigre doux dans une bouteille en plastique National
    des portions de savon La Main
    un sac de farine Drissi
    des allumettes Le Lion
    une barbe grise toujours naissante
    une main ouverte
    le regard tendre
    amical
    fraternel comme le soleil
    et une balance qui sépare le temps

    Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume") - les noms des marques sont mis en italique pour le blog (pas par l'auteur).


    C'est la fin de la journée
    le poisson est rentré
    la barque est repartie
    les petits soleils s'éloignent
    un grand verre de thé
    pour réchauffer les mains et le front
    la parole nue
    on regarde la mer
    et l'on parle de l'avenir
    on joue aux cartes
    on fume quelque pensée
    les chats tirent l'azur
    on ne regarde plus la mer
    on regarde la télévision

    Tahar Ben Jelloun (dans "Asilah, saison d'écume")


    Pour l'édition 2008 du Printemps des Poètes, Tahar Ben Jelloun a offert ce texte, sur l'Éloge de l'autre :

    Éloge de l'autre

    Celui qui marche d’un pas lent dans la rue de l’exil
    C’est toi
    C’est moi
    Regarde-le bien, ce n’est qu’un homme
    Qu’importe le temps, la ressemblance, le sourire au bout des larmes
    l’étranger a toujours un ciel froissé au fond des yeux
    Aucun arbre arraché
    Ne donne l’ombre qu’il faut
    Ni le fruit qu’on attend
    La solitude n’est pas un métier
    Ni un déjeuner sur l’herbe
    Une coquetterie de bohémiens
    Demander l’asile est une offense
    Une blessure avalée avec l’espoir qu’un jour
    On s’étonnera d’être heureux ici ou là-bas.

    Tahar Ben Jelloun, (Tanger 7 octobre 2007, pour Le Printemps des Poètes)


    Étranger

    Étranger
    prends le temps d'aimer l'arbre
    accoude-toi à terre
    un cavalier t'apportera de l'eau, du pain,
    et des olives amères
    c'est le goût de la terre et des semences de la mémoire
    c'est l'écorce du pays
    et la fin de la légende
    ces hommes qui passent n'ont pas de terre
    et ces femmes usées
    attendent leur part d'eau.
    Étranger,
    laisse la main dans la terre pourpre
    ici
    il n'est de solitude que dans la pierre.

    Tahar Ben Jelloun, ("À l'insu du souvenir" - François Maspero éditeur, 1980).


    29 avril 2007

    Afrique du Nord - Tunisie - Tahar Bekri

    Tahar Bekri est né en 1951 en Tunisie. C'est un écrivain-poète qui écrit en français et dans sa langue maternelle : l'arabe. Il vit en France depuis 1976.

    On peut visiter son site ici : http://tahar.bekri.free.fr

    • Note rectificative (reprise en commentaires):

    JC Rolland nous informe qu'il est "le traducteur du poème cité, ainsi que de la totalité du recueil "La mort de l'épouvantail".

    et l'auteur, Tahar Bekri apporte ces précisons dans ce commentaire laissé sur le blog :
    1.
    Les extraits des Chapelets d'attache sont directement écrits en français et non adaptés par Barbara Beck (elle en a fait une trad en anglais)
    2. Si la musique doit mourir , Ed. Al Manar, Paris, 2006.
    Bien à vous
    Tahar BEKRI

    - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -  - - - - - - - - - --

    C’était le temps des jarres (extrait)

    C’était le temps des jarres remplies de dattes
    Dans les cabanes aux toits de palme
    La lampe à pétrole notre trésor
    Les citronniers parfumaient nos demeures
    Guêpes et abeilles pour la meilleure aigreur
    Dans les treilles se confondaient raisins et étoiles

    La nuit tombait céleste comme une figue noire

    Tahar Bekri ("La Brûlante Rumeur de la mer" dans "Poésie du Maghreb" - éd Al Manar, Paris, 2004).


     

    Retour à Nouakchott* (extrait)

    Je te retrouve dans le souffle du vent
    Exsangue brûlé par le sable sans relâche
    Tant de dunes impatientes le long de ma route
    Surgissent des limbes de l’inconsolé mirage

    Les caravanes portées par la distance d’antan
    Immobiles et langoureuses l’ombre aussi rare
    Que l’acacia sec et endurci sous le soleil de plomb
    Mon chant comme prière implorant le firmament

    J’ai de toi désert la soif affranchie des frontières
    Le rêve qui s’enlise ensablé habillé de lumière
    Tout l’océan aimant chargé de lourdes pirogues
    Butin d’arc-en-ciel pour des frères noirs et blancs

    Où as-tu égaré fleuve ton limon pour nourrir la terre ?

    *Nouakchott est la capitale de la Mauritanie.

    Tahar Bekri (dans "Confluences poétiques" - Mercure de France, 2006)


    Afghanistan (extrait)

    Si ton village est une caserne
    Non un nid pour les hirondelles
    Si ta maison est une caverne
    Si ta source est un mirage
    Si ton habit est ton linceul
    Si la mort est ton mausolée
    Si ton Coran est un turban
    Si ta prière est une guerre
    Si ton paradis est enfer
    Si ton âme est ta sombre geôlière
    Comment peux-tu aimer le printemps ?

    Tahar Bekri ("Si la musique doit mourir")


    Et des passages de ce poème difficile, dont on ne garde souvent que la strophe I (en couleur) :

     L'exil 

    I

    S’envolent
    les colombes
    à l’ombre de la lumière
    la pierre
    lourde de ses usures
    sera colonne d’or ou poussière

    Dans les royaumes de feu, la cendre

    ...

    III

    Sur les lèvres
    du soleil
    ivre d’étés purs j’emporte
    ta voix au matin des présages
    le soir comme un rose en transe
    je remonte le cours du fleuve sec

    Dans les arènes du souvenir, l’insomnie

    ...

    V

    Nouée
    dans l’éclat
    des ciels avares parole d’outre-mémoire
    cette pluie pétrifiée au creux de ma voix
    il me faudra toutes ces hirondelles
    et la crinière du rêve pour l’enfanter

    Dans les bras du laboureur, les oiseaux

    ...

    XI

    Parfois
    je demande
    à la voie lactée sa nuit claire
    ses étoiles épurent mes soucis
    sur la voûte céleste
    les traces guident mes pensées

    Entre deux pôles, l’échappée nacrée

    XII

    J’entends
    au loin
    évadées de vos déserts
    des braises comme des cymbales
    rouler sur des cordes de sang
    assourdies par la discorde et le vent

    Tapie dans la brûlure, ma rage

    Tahar Bekri ("les chapelets d'attache" L'Harmattan, 1994) adaptation en français de Barbara Beck.


    29 avril 2007

    Afrique du Nord - Égypte ancienne et contemporaine

    Les textes sont présentés en traduction française uniquement, pour des raisons techniques.
    On peut s'initier à l'écriture de l'ancienne Égypte, les hiéroglyphes, à cette adresse :
    http://artchives.samsara-fr.com/hieroglyph.htm
    Ce site peut permettre également de proposer aux élèves une activité graphique : "traduire" le prénom (et tout autre mot) en hiéroglyphes, selon une correspondance alphabétique. 

    D'autre part, il est possible de télécharger des polices de caractères hiéroglyphes pour Mac et PC à cette adresse :
    http://www.egypt.edu/etaussi/informatique/meroitique/meroitique01.htm

    Des textes d'Égypte ancienne :
    Le premier, qu'on peut approximativement dater de 2200 avant notre ère, est une glorification de la crue du Nil (Hâpy). Avant la construction du grand barrage d'Assouan, et d'autres aménagements, la crue d'été apportait le limon et l'eau nécessaires aux cultures sur les rives du fleuve.
    Kemet ("la terre noire") était le nom donné à l'Égypte antique.

    Ce texte est présenté ici dans une version réduite et réorganisée :

    L'Hymne à la crue du Nil (court extrait proposé par le blog Lieucommun)

    Salut à toi, Crue
    Maîtresse des poissons.
    Tu conduis les oiseaux migrateurs vers le Sud.
    Tu fais naître les herbes pour le bétail.
    Tu es dans le monde souterrain
    et le ciel et la terre reposent sur toi.
    Tu pénètres les collines.
    Tu emplis la Haute et la Basse-Égypte.
    Tu établis la vérité dans le coeur des hommes.
    Tu veilles à ce que les oiseaux reviennent de leur pays.
    Sois verte, alors tu viendras !
    Sois verte, alors tu viendras !
    Crue, sois verte, alors tu viendras !

    D'après le texte retranscrit par Dirk Van der Plas ("L'hymne à la crue du Nil" dans la Revue Le Monde de la Bible n° 138 - Paris, 2001).


    Le texte suivant est attribué, sans certitude, au pharaon Akhénaton, époux de Néfertiti (14e siècle avant notre ère), encore appelé Amenhotep IV ou Aménophis IV. Pour l'anecdote, c'est le pharaon Toutankhamon, son fils, qui lui a succédé.

    Akhenaton signifie qui est utile à Aton (Aton étant une des représentations du dieu Soleil).

    Ce texte, est gravé sur la tombe d’Aÿ (personnage de la Cour et pharaon par la suite).

    Hymne à Aton ou Hymne au Soleil (extrait proposé par le blog)

    Tu apparais resplendissant à l'horizon du ciel,
    Disque vivant qui as inauguré la vie !
    Sitôt tu es levé à l'horizon oriental,
    Que tu emplis chaque contrée de ta perfection.
    Tu es beau, grand, brillant, élevé au-dessus de tout l'univers.
    Tes rayons entourent les pays jusqu'à l'extrémité de tout ce que tu as créé.
    ...
    Si éloigné sois-tu, tes rayons touchent la terre.
    Tu es devant nos yeux mais ta marche demeure inconnue.

    Lorsque tu te couches à l'horizon occidental,
    L'univers est plongé dans les ténèbres et comme mort.
    Les hommes dorment dans leurs demeures, la tête enveloppée,
    Et aucun d'eux ne peut voir son frère.
    ...
    Tous les lions sont sortis de leurs antres,
    Et tous les reptiles mordent.
    Ce sont les ténèbres d'un four et le monde gît dans le silence,
    C'est que leur créateur repose dans son horizon.

    Mais à l'aube, dès que tu es levé à l'horizon,
    Tu chasses les ténèbres et tu dardes tes rayons.
    Alors le Double-Pays est en fête,
    L'humanité est éveillée et debout sur ses pieds;
    C'est toi qui les as fait lever !
    ...

    Tu a mis chaque homme à sa place et tu as pourvu à son nécessaire.
    Chacun possède de quoi manger et le temps de sa vie est compté.
    Les langues sont variées dans leurs expressions ;
    Leurs caractères comme leurs couleurs sont distincts,
    Puisque tu as distingué les étrangers.
    Tu crées le Nil dans le monde inférieur
    Et tu le fais venir à ta volonté pour faire vivre les Egyptiens,
    ...
    Disque du jour au prodigieux pouvoir !
    Tout pays étranger, si loin soit-il, tu le fais vivre aussi:
    Tu as placé un Nil dans le ciel qui descend pour eux;
    Il forme les courants d'eau sur les montagnes comme la mer très verte,
    Pour arroser leurs champs et leurs territoires.
    Qu'ils sont efficients tes desseins, Seigneur de l'éternité !
    Un Nil dans le ciel, c'est le don que tu as fait aux étrangers
    Et à toute bête des montagnes qui marche sur ses pattes,
    Tout comme le Nil qui vient du monde inférieur pour le Pays-Aimé.
    ...

    Akhenaton


    Un parmi d'autres textes dédiés au Soleil, Aton, et dont sans doute Akhenaton s'est inspiré :

    Les saisons

    Tu fis les saisons pour créer toutes les œuvres,
    L’hiver pour les rafraîchir, et l’été pour la chaleur.
    Tu as fait le ciel lointain pour t’y lever,
    Pour observer tout que tu as fait,
    Tout seul, étincelant sous ta forme d’Aton animé,
    Depuis l’aube rayonnant, puis t’éloignant et revenant.

    Texte issu des Pyramides de Saqqarah dans le delta du Nil (Basse-Egypte), daté de la VIe dynastie (vers 2200 av notre ère).


    Le poème qui suit est d'un auteur contemporain :

    Egypte_Assouan_1

    Au petit matin à Assouan (en nov 2007) - phot Lieucommun


    Abderrahman (ou Abderrahmane) Al-Abnoudi, poète égyptien, est né en 1938. Il a publié son premier recueil de poèmes en 1963 : Mawwal al-bohaïra (Le Chant du lac).

    Le recueil "La mort de l'épouvantail", dont est extrait le poème ci-dessous a été traduit par Jean-Claude Rolland, linguiste, formateur en didactique des langues, auteur et traducteur (de textes d'auteurs de langue arabe et de langue espagnole). Nous lui présentons nos excuses pour cet oubli, maintenant réparé.


    Le verre de thé

    Rue de Shubra dans un café je me suis attablé
    Le garçon m’a apporté un verre de thé
    Absolument sans comparaison avec le verre de thé de la maison

    J’ai vu passer un homme au crâne complètement rasé
    Une fille avec un plat de fèves très léger
    Et une femme toute de noir habillée
    J’ai vu passer une voiture neuve
    Où des visages apparaissaient complètement muets
    Un jeune homme parlait à une fille sur le trottoir
    À voix basse complètement, complètement terrorisée

    Sur le trottoir d’en face l’étal d’un fruitier parfaitement bien rangé
    Était complètement complètement noyé
    Dans la lumière de ses néons un homme est passé
    Qui n’était pas descendu de son vélo depuis des années
    Et qui était très fatigué
    Il est passé la tête baissée sans du tout pédaler

    Le garçon a pris deux piastres de pourboire
    Il m’a longuement regardé
    Et a paru très très étonné

    Abderrahman Al-Abnoudi ("La mort de l'épouvantail" - Éd CTFE - 1985)


    29 avril 2007

    Afrique - Cameroun - Francis Bebey

    Francis Bebey (1929-2001) est un écrivain et auteur-compositeur-interprète camerounais (Prix Sacem de la chanson française en 1977).
    Un site lui est consacré : http://www.bebey.com/

    Qui es-tu  ?

    Qui es-tu ?
    Je suis Mamadi, fils de Dioubaté.
    D'où viens-tu ?
    Je viens de mon village.
    Où vas-tu ?
    A l'autre village. Quelle importance ? Je vais partout, là où il y a des hommes.
    Que fais-tu dans la vie ?
    Je suis griot, m'entends-tu ? Je suis griot, comme l'était mon père,
    Comme l'était le père de mon père,
    Comme le seront mes enfants
    Et les enfants de mes enfants (…)
    Quant à moi, je bats des mains et le grand soleil d'Afrique
    S'arrête au zénith pour m'écouter et me regarder,
    Et je chante, et je danse,
    Et je chante, et je danse.

    Francis Bebey (dans "Anthologie camerounaise d'expression française" - éditions Silex, 1982)


    29 avril 2007

    Afrique - Cameroun - René Philombé

    René Philombé (1930-2001) est un écrivain et poète camerounais ("Lettres de ma cambuse" - 1964 ; "Un sorcier blanc à Zangali"). Il milite contre la  colonisation dans l'Union des Populations du Cameroun (UPC).

    L'homme qui te ressemble

    J'ai frappé à ta porte
    J'ai frappé à ton cœur
    Pourquoi me repousser ?
    Ouvre-moi, mon frère.
    Pourquoi me demander
    L'épaisseur de mes lèvres
    La longueur de mon nez
    La couleur de ma peau
    Et le nom de mes dieux ?
    Ouvre-moi, mon frère.
    Pourquoi me demander
    Si je suis d'Afrique
    Si je suis d'Amérique
    Si je suis d'Asie
    Si je suis d'Europe ?
    Ouvre-moi, mon frère.
    Je ne suis pas un noir
    Je ne suis pas un rouge
    Je ne suis pas un blanc,
    Je ne suis pas un jaune.
    Ouvre-moi, mon frère.
    Je ne suis qu'un homme,
    L'homme de tous les cieux,
    L'homme de tous les temps,
    L'homme qui te ressemble :
    Ouvre-moi, mon frère.

    René Philombé


    Publicité
    Publicité