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lieu commun

4 mars 2007

Le printemps d' Auguste Angellier

Auguste Angellier (1848-1911) a publié de nombreux poèmes, dont les recueils Le chemin des Saisons et À l'amie perdue.
On propose en général aux élèves les deux premières strophes de ce poème :

Le printemps

Les bourgeons verts, les bourgeons blancs
Percent déjà le bout des branches,
Et, près des ruisseaux, des étangs
Aux bords parsemés de pervenches,
Teintent les arbustes tremblants ;

Les bourgeons blancs, les bourgeons roses,
Sur les buissons, les espaliers,
Vont se changer en fleurs écloses ;
Et les oiseaux, dans les halliers,
Entre eux déjà parlent de roses ;

Les bourgeons verts, les bourgeons gris,
Reluisant de gomme et de sève

Recouvrent l’écorce qui crève
Le long des rameaux amoindris ;
Les bourgeons blancs, les bourgeons rouges,
Sèment l’éveil universel,
Depuis les cours noires des bouges

Jusqu’au pur sommet sur lequel,
O neige éclatante, tu bouges ;
Bourgeons laiteux des marronniers,
Bourgeons de bronze des vieux chênes,
Bourgeons mauves des amandiers,
Bourgeons glauques des jeunes frênes,
Bourgeons cramoisis des pommiers,

Bourgeons d’ambre pâle du saule,
Leur frisson se propage et court,
A travers tout, vers le froid pôle,
Et grandissant avec le jour
Qui lentement sort de sa geôle,
Jette sur le bois, le pré,
Le mont, le val, les champs , les sables,
Son immense réseau tout prêt
A s’ouvrir en fleurs innombrables
Sur le monde transfiguré.

Auguste Angellier ("Le chemin des Saisons")


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4 mars 2007

Le printemps d'Albert Atzenwiler

Poète suisse et directeur de l'enseignement à Genève, auteur de manuels scolaires ( Leçons et exercices de grammaire française, école primaire), et de contes pour enfants, Albert Atzenwiler (1898-1941) nous propose les images d'un petit printemps :

Petit printemps

Petit printemps fantasque,
Qui lance avec humeur
De violentes bourrasques
Sur les arbres en fleur ;
Petit printemps sauvage
Comme un chat hérissé,
Qui nous crache au visage
De gros flocons glacés ;
Petit printemps boudeur,
Pourquoi faire la moue ?
Laisse tes douces fleurs
Refleurir sur ta joue.

Albert Atzenwiler


4 mars 2007

Le printemps de Jean-Antoine de Baïf

Du printemps

La froidure paresseuse
De l'yver a fait son tems :
Voici la saison joyeuse
Du délicieux printems.

La terre est d'herbes ornée,
L'herbe de fleuretes l'est ;
La fueillure retournée
Fait ombre dans la forest.

De grand matin la pucelle
Va devancer la chaleur
Pour de la rose nouvelle
Cueillir l'odorante fleur ;

Pour avoir meilleure grace,
Soit qu'elle en pare son sein,
Soit que present elle en face
A son amy de sa main ;

Qui de sa main l'ayant ue
Pour souvenance d'amour,
Ne la perdra point de vue,
La baisant cent fois le jour.

Mais oyez dans le bocage
Le flageolet du berger,
Qui agace le ramage
Du rossignol bocager.

Voyez l'onde clere et pure
Se cresper dam les ruisseaux ;
Dedans voyez la verdure
De ces voisins arbrisseaux.

La mer est calme et bonasse ;
Le ciel est serein et cler ;
La nef jusqu'aux Indes passe ;
Un bon vent la fait voler.

Les messageres avètes
Font çà et là un doux bruit,
Voletant par les fleuretes
Pour cueillir ce qui leur duit.

En leur ruche elles amassent
Des meilleures fleurs la fleur :
C'est à fin qu'elles en facent
Du miel la douce liqueur.

Tout resonne des voix nettes
De toutes races d'oyseaux :
Par les chams des alouetes,
Des cygnes dessus les eaux.

Aux maisons les arondelles,
Aux rossignols dans les boys,
En gayes chansons nouvelles
Exercent leurs belles voix.

Doncques la douleur et l'aise
De l'amour je chanteray,
Comme sa flame ou mauvaise
Ou bonne je sentiray.

Et si le chanter m'agrée,
N'est ce pas avec raison,
Puisqu'ainsi tout se recrée
Avec la gaye saison ?

Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) dans le recueil  "Les Passe-temps"


4 mars 2007

Le printemps de Théodore de Banville

Le Printemps

Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants

Sous les rayons d'or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent
- Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses de lilas fleurissent.

Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos cœurs gonflés et palpitants.
- Te voilà, rire du Printemps !

Théodore de Banville (1823-1891) ("Les cariatides")


4 mars 2007

Le printemps de Rémy Belleau

Avril (début en français moderne)

Avril l'honneur et des bois
Et des mois,
Avril, la douce espérance
Des fruits qui sous le coton
Du bouton
Nourrissent leur jeune enfance.

Avril, l'honneur des prés verts,
Jaunes, pers,
Qui, d'une humeur bigarrée
Émaillent de mille fleurs
De couleurs,
Leur parure diaprée.
...

Rémy Belleau

texte original intégral :

Avril

Avril, l'honneur et des bois
Et des mois,
Avril, la douce esperance
Des fruits qui soubs le coton
Du bouton
Nourrissent leur jeune enfance ;

Avril, l'honneur des prez verds,
Jaune, pers,
Qui d'une humeur bigarrée
Emaillent de mille fleurs
De couleurs
Leur parure diaprée ;

Avril, l'honneur des souspirs
Des zephyrs,
Qui, soubs le vent de leur aelle,
Dressent encore es forests
Des doux rets
Pour ravir Flore la belle ;

Avril, c'est ta douce main
Qui du sein
De la nature desserre
Une moisson de senteurs
Et de fleurs,
Embasmant l'aer et la terre.

Avril, l'honneur verdissant,
Florissant
Sur les tresses blondelettes
De ma dame, et de son sein
Tousjours plein
De mille et mille fleurettes ;

Avril, la grace et le ris
De Cypris,
Le flair et la douce haleine ;
Avril, le parfum des dieux
Qui des cieux
Sentent l'odeur de la plaine.

C'est toy courtois et gentil
Qui d'exil
Retire ces passageres,
Ces arondelles qui vont
Et qui sont
Du printemps les messageres.

L'aubespine et l'aiglantin,
Et le thin,
L'oeillet, le lis et les roses,
En ceste belle saison,
A foison,
Monstrent leurs robes écloses.

Le gentil rossignolet,
Doucelet,
Decoupe dessoubs l'ombrage
Mille fredons babillars,
Fretillars
Au doux chant de son ramage.

C'est à ton heureux retour
Que l'amour
Souffle à doucettes haleines
Un feu croupi et couvert
Que l'hyver
Receloit dedans nos veines.

Tu vois en ce temps nouveau
L'essaim beau
De ces pillardes avettes
Volleter de fleur en fleur
Pour l'odeur
Qu'ils mussent en leurs cuissettes.

May vantera ses fraischeurs,
Ses fruicts meurs
Et sa feconde rosée,
La manne et le sucre doux,
Le miel roux,
Dont sa grace est arrosée.

Mais moy je donne ma voix
A ce mois,
Qui prend le surnom de celle
Qui de l'escumeuse mer
Veit germer
Sa naissance maternelle.

Rémy Belleau (1528-1577) ("La Bergerie")


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4 mars 2007

Le printemps de Paul Bergèse

Paul Bergèse, poète et enseignant, est un auteur contemporain pour la jeunesse.

À l’aube du printemps

À l’aube du printemps,
Comme un coucou malin,
Dans le douillet du nid
D’une grive insouciante,
Entre les œufs bleutés,
J’ai glissé mon poème
Pour qu’il sache chanter.
Et maintenant j’attends
L’éclosion avec hâte
Pour savoir si mes mots
Sauront aussi voler.

Paul Bergèse


4 mars 2007

Le printemps de Luc Bérimont

Luc Bérimont (1915 -1983) "(...) passe une enfance heureuse dans Les Ardennes. Sa rencontre avec Jean Bouhier, fondateur de l'Ecole de Rochefort sera décisive. Il s'installe à Rochefort et se reconnaît pleinement dans ce cercle poétique où se nouent de profondes amitiés. Parallèlement à son œuvre de poète et de romancier il devient producteur d'émissions littéraires et musicales. Sa poésie, puisant sa force dans la nature traduit un rêve d'unité avec une allégresse traversée cependant par une certaine inquiétude". source : http://www.printempsdespoetes.com (poéthèque)

La nuit d'aube
(extrait)

Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l’hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige.
Une rose a tremblé sur la paille, à l’auberge
L’ange au gantelet noir roule sous les sapins
Une rose a tremblé, plus frileuse qu’un cierge
La neige lacérait le ciel ultramontain.
Édifice du temps un enfant vous renverse
Une rose, une lampe, une larme au matin.
Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.

Luc Bérimont ("C'était hier et c'est demain" - éditions Pierre Seghers, 2004)


4 mars 2007

Le printemps d'Aloysius Bertrand

Encore un printemps
(attention, poème en prose, renvois à la ligne en fin de paragraphe seulement)

Encore un printemps, encore une goutte de rosée, qui se bercera un moment dans mon calice amer, et qui s'en échappera comme une larme !

Ô ma jeunesse, tes joies ont été glacées par les baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu'elles ont étouffé sur leur sein.

Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes ! s'il y a eu dans mon roman d'amour quelqu'un de trompeur, ce n'est pas moi, quelqu'un de trompé, ce n'est pas vous !

Ô printemps ! petit oiseau de passage, notre hôte d'une saison qui chante mélancoliquement dans le coeur du poète et dans la ramée du chêne !

Encore un printemps, encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poète, parmi le monde, au front du vieux chêne, parmi les bois !

Aloysius Bertrand  (1807-1841)  ("Gaspard de la nuit")


4 mars 2007

Le printemps de Jacques Brenner

Jacques Brenner (1922-2001) est un romancier, essayiste et poète français.

Chanson

Toute la nature
frémit et murmure
dans les roseaux
au renouveau.
Musique divine
où l’on devine
le parfait accord
du Sud et du Nord.
Le bonheur vient
tends les mains,
le bonheur passe
suis sa trace.

Jacques Brenner ("La Minute heureuse" - éditions Gallimard,1947)


4 mars 2007

Le printemps de Jean-Claude Brinette

Jean-Claude Brinette est un auteur contemporain.

La noce des oiseaux

Les arbres se sont habillés de couleurs pastels,
Jonquilles, crocus ont bravé la fraîcheur du temps,
Que déjà, les oiseaux publient leurs noces dans le ciel.
Neiges et froidures sont parties : " vive le Printemps ! "

Immense symphonie, où des millions de fleurs,
Se mélangent en un jour, aux bourgeons de velours
D'un coup de baguette magique : le ciel sort ses couleurs
Pour éblouir nos yeux, il devient troubadour.

Dans un ballet de cabrioles fantastiques
Les oiseaux dansent, s'accouplent et préparent leur nid,
Guidés par une force invisible et mystique,
Leur chant monte en hommage : au Maître de Symphonie.

Les oiseaux se sont embrassés sur les branches,
Et des angelots coquins ont ajusté leurs flèches...
Etrange ! tout ce que le Printemps en un jour change !

Les arbres se sont habillés de couleurs pastels,
Tandis que sous leurs branches les amoureux de mèche,
Se content fleurette quand roucoulent les tourterelles.

Jean-Claude Brinette


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