Maurice Carême, instituteur belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France et de Navarre (et de Belgique bien sûr).
Il nous propose deux poésies mensuelles pour débuter le printemps :
Mars
Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.
Quand les nuages se déchirent,
Le ciel écume de rayons.
Le vent caresse les bourgeons
Si longuement qu'il les fait luire.
Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.
Les fauvettes et les pinsons
Ont tant de choses à se dire
Que dans les jardins en délire
On oublie les premiers bourdons.
Il tombe encore des grêlons …
Maurice Carême ("La lanterne magique")
Avril
J'ai crié. " Avril ! "
À travers la pluie,
Le soleil a ri.
J'ai crié. " Avril ! "
Et des hirondelles
Ont bleui le ciel.
J'ai crié. " Avril ! "
Et le vert des prés
S'est tout étoilé.
J'ai crié. " Avril !
Veux-tu me donner
Un beau fiancé ? "
Mais, turlututu,
Il n 'a rien répondu.
Maurice Carême ("La lanterne magique")
Le printemps reviendra
Hé oui , je sais bien qu'il fait froid,
Que le ciel est tout de travers ;
Je sais que ni la primevère
Ni l'agneau ne sont encore là .
La terre tourne ; il reviendra ,
Le printemps , sur son cheval vert .
Que ferait le bois sans pivert ,
Le petit jardin sans lilas ?
Oui , tout passe , même l'hiver ,
Je le sais par mon petit doigt
Que je garde toujours en l'air ...
Maurice Carême ("En sourdine")
À la rencontre du printemps
Cheveux au vent
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Des arbres, des toits, des auvents,
Il pleut des milliers d'hirondelles.
Le soleil verse sur les champs,
De pleins paniers de fleurs nouvelles.
Cheveux au vent,
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Prenons nos trompettes gaiement
Et sonnons la mort de l'hiver.
La terre est comme un agneau blanc
Dans les bras nus de l'univers.
Cheveux au vent,
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Maurice Carême
Pour un peu plus tard :
Le muguet
Cloches naïves du muguet,
Carillonnez ! car voici Mai !
Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Maurice Carême