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lieu commun

1 novembre 2009

Le Floch, Ley - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Madeleine Le Floch -

Madeleine Le Floch est une auteure contemporaine, qui a publié en 1975 "Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver". Un recueil dans lequel elle joue avec les différents sens, les à-peu-près et les homonymies du vert, pour l'écriture de (quand même !) soixante-treize petits poèmes. En voici un échantillon :

livre_Madeleine_Le_Floch_contes_vertsVers exclusif *

La mer
en s'en allant
écrivait sur le sable
un poème

que le vent
jaloux
effaçait.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

* Dans le recueil, ce texte porte le titre "Vert exclusif". Puisqu'il s'agit d'un poème que la mer écrit jalousement, est-ce une faute de frappe, ou faut-il titrer "Vers exclusifs" ?

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Oiseau vert

Il était une fois
un oiseau
que l'on avait
enfermé
dans une cage.

Du matin au soir
il criait:
que je suis malheureux!
Ah! que je suis donc
malheureux!

Comme il chante bien
disait la petite fille.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Ver de mer

Un poisson connaissait par cœur
les noms de tous les autres poissons.
Il connaissait les algues, les courants,
les sédiments, les coquillages.
C’était un érudit.
Il exigeait d’ailleurs qu’on l’appelât «maître » !
Il savait tout de la mer
Mais il ignorait tout de l’homme.
Et un jour il se laissa prendre au bout
d’un tout petit hameçon.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Vert de lune

Une idée fixe
un soir de carnaval
se déguisa en cerf-
volant
et se laissa
monter
jusqu'à la lune
où elle germa.

Quand vous irez sur
la lune
si vous rencontrez un cerf-
volant
ou une fleur
qui a l'air de venir
d'ailleurs
méfiez-vous!

C'est peut-être
une idée fixe
qui cherche
à redescendre.

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Deux poèmes sous  forme de calligrammes :

Haricot vert

L
e

ha
ri
cot
vert
était
très
comp
lexé
dep
uis
que
sa
li
gn
e
n’
ét
ai
t
pl
us
à
l
a
m
o
d
e

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Vertige ("vert-tige", vous aviez deviné)

calligramme_la_fleur

Madeleine Le Floch ("Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1975)

logo_cr_ation_po_tiqueCalligrammes : voir Guillaume Apollinaire



- Madeleine Ley - 

Madeleine Ley (1901-1981) est une romancière et poétesse belge.

La girafe

Je voudrais une girafe
Aussi haute que la maison
Avec deux petites cornes
Et des sabots bien cirés
Je voudrais une girafe
Pour entrer sans escalier
Par la lucarne du grenier.

Madeleine Ley ("60 poésies 60 comptines" - éditions Le Centurion)

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En rêve j'ai trouvé

En rêve j'ai trouvé
(Le joli, joli rêve !)
en rêve j'ai trouvé
la clochette enchantée
qui dit la vérité.

En rêve j'ai trouvé
(Était-ce bien un rêve ?)
en rêve j'ai trouvé
les miettes semées par le Petit Poucet !

En rêve j'ai trouvé
(L'étrange, étrange rêve !)
en rêve j'ai trouvé
la citrouille si grosse
qui se change en carosse !

Dans mon plus joli rêve,
au pied d'un blanc perron,
j'ai trouvé, Cendrillon,
ta pantoufle de verre ...

(Madeleine Ley ("Petites voix" - Éditions Stock, 1930)

logo_cr_ation_po_tique Des exemples de création poétique en CE1 à la manière de Madeleine Ley :
http://www.ac-nancy-metz.fr/petitspoetes/HTML/SALLESDEJEUX/JEURIME.html

 

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Voici un dernier poème de Madeleine Ley, moins situé dans le thème de l'humour :

L’araignée

Araignée grise
Araignée d’argent
Ton échelle exquise
Tremble dans le vent.
Toile d’araignée
Émerveillement
Lourde de rosée
Dans le matin blanc !
Ouvrage subtil
Qui frissonne et ploie
Ô maison de fil
Escalier de soie.
Araignée grise
Araignée d’argent
Ton échelle exquise
Tremble dans le vent.

Madeleine Ley ("Petites voix" - Éditions Stock, 1930)



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1 novembre 2009

Lamartine - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Alphonse de Lamartine -

Alphonse de Lamartine (1790-1869), est un écrivain et poète romantique et lyrique. C'est aussi un homme politique français.

La fenêtre de la maison paternelle

Autour du toit qui nous vit naître
Un pampre étalait ses rameaux;
Ses grains dorés, vers la fenêtre,
Attiraient les petits oiseaux.

Ma mère, étendant sa main blanche,
Rapprochait les grappes de miel,
Et les enfants suçaient la branche,
Qu'ils rendaient aux oiseaux du ciel.

L'oiseau n'est plus, la mère est morte ;
Le vieux cep languit jaunissant,
L'herbe d'hiver croît sur la porte,
Et moi je pleure en y pensant.

C'est pourquoi la vigne enlacée
Aux mémoires de mon berceau,
Porte à mon âme une pensée,
Et doit ramper sur mon tombeau.

Alphonse de Lamartine ("Troisièmes Méditations poétiques", 1849)



 

1 novembre 2009

Lapointe, Lavaur, Noël (Marie) - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

Boby_Lapointe_coffret_int_gr_33T

- Boby Lapointe -

Boby Lapointe (1922-1972) est natif de Pézenas, dans l'Hérault. Poète, chanteur ? Les deux. C'est un humoriste, un joueur de mots hors pair, qu'il sait si bien mettre en musique, dont il faut réécouter plusieurs fois les interprétations  pour saisir les astuces de langage. (photo coffret Intégrale 33 tours, présenté par son ami Georges Brassens - clic pour agrandir l'image)

On verra plus bas que Boby Lapointe est proche du mouvement Dada. Pas d'allusion ici au "Saucisson de cheval", titre d'une de ses chansons, mais plus précisément aux contraintes linguistiques qu'il s'est imposées avec le système "Bibi-binaire" de son invention.

On pourra s'amuser dans le texte qui suit, à repérer les jeux de mots et les doubles-sens :

La maman des poissons (extrait)

Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
qui sont dans l'eau profonde
C'est que jamais quand il sont polissons
leur maman ne les gronde.

Quand ils s'oublient à fair' pipi au lit,
ou bien sur leurs chaussettes
Ou à cracher comme des pas polis,
elle reste muette

La maman des poissons
elle est bien gentille
Elle ne leur fait jamais la vie
Ne leur fait jamais de tartines
Ils mangent quand ils ont envie
Et quand ça a dîné ça r'dine
[...]
La maman des poissons
Elle a l'œil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien avec du citron
[...]
S'ils veulent être maquereaux
C'est pas elle qui les empêche
De s'faire des raies bleues sur le dos
Dans un banc à peinture fraîche
[...]
La maman des poissons
Elle a l'œil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien avec du citron

....

La maman des poissons
elle est bien gentille

Boby Lapointe - paroles et musique (éditions musicales Francis Dreyfus, 1971)

Boby Lapointe, mathématicien de talent reconnu, est l'inventeur du système numérique "Bibinaire"ou "Bibi-binaire", dont on aura un aperçu à cette adresse :
http://pagesperso-orange.fr/therese.eveilleau/pages/truc_mat/textes/bibinaire.htm.
L'ordinateur a créé des pseudo-mots (on en trouve aussi des authentiques... le hasard ?)  qui forment une suite, en fonction de ce programme et des sons que l'auteur lui a fournis. Il ne s'agissait pas de construire des phrases, il n'y a pas de liaison entre les termes obtenus :

Adéli adémo mélami adéli
Laminja olala émiléli mimé
Malila jédélo mémimo odéli
Ladémi démodé admila matimé

À l'issue de cette production, Boby Lapointe a eu l'idée d'une chanson avec des mots existants : Méli-mélodie, dont voici juste un aperçu, vu que nous avons censuré certains pas-sages (on les trouvera ailleurs) :

Méli-mélodie

Oui, mon doux minet, la mini,
Oui, la mini est la manie
Est la manie de Mélanie
Mélanie l'amie d'Amélie...
[...]

Des minous menus de Lima
Miaulant dans les dais de damas
Et dont les mines de lama
Donnaient mille idées à Léda...

Léda dont les dix dents de lait
Laminaient les mâles mollets
D'un malade mendiant malais
Dinant d'amibes amidonnées
Mais même amidonnée l'amibe
Même l'amibe malhabile
Emmiellée dans la bile humide
L'amibe, ami, mine le bide...
Et le dit malade adulé
Dont Léda limait les mollets
Indûment le mal a donné
Dame Léda l'y a aidé !
[...]

Et les minets de maux munis
Mendiant de midi à minuit
[...]
Ah la la la la ! Quel méli mélo, dis !
Ah la la la la ! Quel méli mélo, dis !

Boby Lapointe - paroles et musique, 1968 (éditions Labrador, I.N.A. 1994)

logo_cr_ation_po_tique Jouer avec les sons, inventer des mots

Choisir comme dans le quatrain original ("adéli, adémo...") des sons durs ou plus doux, suivant l'impression à produire. Lister les différentes combinaisons possibles (modèle mathématique), et essayer des arrangements pour la création d'une suite de pseudo-mots musicaux, évocateurs, drôles.

Deux options possibles :

  • Utiliser les ressemblances avec des mots existants (parfois ces mots directement) et structurer ces suites de termes comme des phrases en plaçant déterminants, pronoms, prépositions, etc  :

ex (en gardant les sons du texte original) : lamilé a matimé toute la mélami avec l'odéli démodé d'adémo

  • Ne garder de la recherche que les mots reconnus, pour créer une petite histoire, forcément absurde, à la manière de Boby Lapointe dans sa chanson Méli-mélodie. C'est un exercice similaire au jeu des allitérations (ci-dessus, "Ta Katie t'a quitté, tic tac...") avec des assonances en prime :

ex (avec les mêmes  sons) : Oh la la ! Mélanie la maline a démoli la mélodie d'Émilie à midi ! Émilie est éliminée !

Voir aussi Guillevic, Henri Michaux, Boris Vian. 



- Michel-François Lavaur -

Michel-François Lavaur, poète français et néanmoins occitan est né en 1935. Il a publié la plupart de ses textes dans des revues (Traces, pour celui qui est présenté ici).

L’éléphantastique

Ils jouaient dans la classe
avec les mots et les images.
Ils apprivoisaient
peu à peu le langage.
Ils faisaient des charades,
des rébus, des comptines,
des bouts-rimés des acrostiches
et des calligrammes.
Ils dessinaient tout un bestiaire
d’oiseaux quadrupèdes,
velus ou bicéphales,
des martaureaux et des cerfeuilles,
des serpaons et des escargorilles.
C’est ainsi qu’il est né,
avec sa trompe longue
de papillon et ses
huit pattes frêles,
l’éléphantastique.

Michel-François Lavaur (dans la revue "Traces", juillet 1990)

logo_cr_ation_po_tique Mots-valises

Brigoler : éclater de rire en plantant un clou.
dans "Ralentir : mots-valises !" (Alain Finkielkraut, éditions du Seuil)

Un mot-valise est créé par fusion de deux mots ayant une syllabe commune, la dernière du premier mot et la première du second.
Exemple ici : éléphant / fantastique = éléphantastique (orthographié ainsi pour mettre l'accent sur l'animal, mais ce mot pourrait s'écrire éléfantastique.
On observera que les monosyllabes (paon) se situent forcément en dernière position, et que c'est alors l'orthographe modifiée qui indique le mariage, puisqu'il n'y a pas de différence perceptible à l'oreille ( serpent + paon = serpaon).

En s'aidant du dictionnaire, on recherchera des mots commençant par une syllabe de préférence sonore. À partir de la liste établie, on effectuera une seconde recherche, comme pour les rimes, de mots terminés par la même syllabe (sans tenir compte de l'orthographe). Dans un troisième temps, on expérimentera les mariages de mots, selon le thème et l'effet recherché.

Si on travaille sur un thème particulier pour construire un texte cohérent, il peut être intéressant de réunir de la documentation (livres sur les animaux, les plantes, catalogue de jouets, etc.)

Parfois, plusieurs syllabes sont communes ex : musaraigne + araignée = musaraignée.
Par nécessité, on s'accordera le droit de bricoler une syllabe, à condition que les mots fusionnés soient encore facilement repérables. ex : kangourou + rossignol = kangourossignol.
Les mots composés seront pris en compte. ex : souris + rigolote = sourigolote, et chauve-souris + rigolote = chauve sourigolote.

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Création arts plastiques : "Animots-valise"
Encore un mariage (on ne dira pas "de raison") entre la production d'écrit et les arts plastiques. Ici, on mesure l'étendue des possibilités, imagination et techniques pour illustrer les monstres hybrides produits à l'écrit  : découpage-collage, 3D..

Autre exemple de texte truffé de mots-valises proposé par le blog ci-dessous :

Animoches, anibeaux

Le concours de beauté approche.
On s’agite chez les petites bêtes,
anibeaux, animoches s’apprêtent.
Si le millépatant est encore en chaussettes,
L’escarbeau astique sa coquille,
la fourmignonne se maquille, se pomponne,
le ver-séduisant met ses Ray-Bans
et la coccibelle repeint ses ailes …
Qu’est-ce qu’on apprend ?
Le millépatant est maintenant
dans le cirage ?
Dommage,
le défilé commencera sans lui. …
Très vite sont éliminés
La moche tsé-tsé et ses yeux cernés,
l’affrelon, qui a piqué un fard,
le poubeau, à cause de sa poubelle,
et bien sûr la punase (on l’a sentie venir !) …
Le millépatant, épuisé,
fait son entrée en grandes pompes.
Trop tard,
la Coccibelle a raflé tous les points !

Antoine Bial (lieucommun)



- Marie Noël -

Marie Noël (1883-1967) a publié ses premiers poèmes dans La Revue des Deux Mondes. "Les Chansons et les Heures" (daté de 1922) est son ouvrage le plus connu.

Chant de nourrice

                                     pour endormir Madeleine

Dors, mon petit, pour qu’aujourd’hui finisse.
Si tu ne dors pas, si c’est un caprice,
Aujourd’hui, ce vieux long jour,
Ce soir durera toujours.

Dors, mon petit, pour que demain arrive.
Si tu ne dors pas, petite âme vive,
Demain, le jour le plus gai,
Demain ne viendra jamais.

Dors, mon petit, afin que l’herbe pousse,
Ferme les yeux, les herbes et la mousse
N’aiment pas dans le fossé
Qu’on les regarde pousser.

Dors, mon petit, pour que les fleurs fleurissent.
Les fleurs qui, la nuit, se parent, se lissent,
Si l’enfant reste éveillé,
N’oseront pas s’habiller.

Mais s’il dort, les fleurs en la nuit profonde,
N’entendant plus du tout bouger le monde,
Tout doucement, à tâtons,
Sortiront de leurs boutons.

Quand il dormira, toutes les racines
Descendront sous terre au fond de leurs mines
Chercher pour toutes les fleurs
Des parfums et des couleurs.

Les roses alors et les églantines,
Vite, fronceront avec leurs épines
Leurs beaux jupons à volants
Rouges, roses, jaunes, blancs.

Les nielles feront en secret des pinces
À leur jupe étroite et les bleuets minces
Serreront leur vert corset
Avec un petit lacet.

Les lys du jardin si nul ne les gêne
Iront laver leur robe à la fontaine,
Et le lin qui fit un vœu
Passera la sienne au bleu.

Les gueules du loup et les clématites
Monteront leur coiffe et les marguerites
Habiles repasseront
Leurs bonnets et leur col rond.

Et quand à la fin toutes seront prêtes,
En robes de noce, en habits de fête,
Alors d’un pays lointain
Arrivera le matin.

Et saluant toute la confrérie,
Le matin pour voir la terre fleurie,
Du bout de son doigt vermeil
Rallumera le soleil.

Et pour que l’enfant, mon bel enfant sage,
Voie aussi la terre et son bel ouvrage,
Il enverra le soleil
Le chercher dans son sommeil.

Viens, mon petit, viens voir, chère prunelle,
Pendant ton somme, écoute la nouvelle,
Notre jardin s’est levé …
Aujourd’hui est arrivé !

Marie Noël ("Les chansons et les heures" - Editions Crès Et Cie, 1930 et Stock, 1948)



1 novembre 2009

Lorraine, Malineau - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Bernard Lorraine -

Bernard Lorraine (1933-2002) a publié 27 recueils de poésie  (Vitriol, Voilà, Provocation, Sentences, Burlesques ...) et 10 anthologies poétiques (Trésors des épigrammes satiriques ; Une Europe des poètes ; Le cœur à l'ouvrage : anthologie de la poésie du travail ; Un poème, un pays, un enfant ...) ainsi que des essais et des pièces de théâtre.

Au début ...

Il y avait un ciel
il y eut un nuage
Il y avait la boue
il y eut une plage

Il y avait une eau
il y eut un poisson
Il y avait un arbre
il y eut un oiseau

Il y avait la nuit
il y eut une femme
Il y avait le jour
et il y eut un homme

Il y avait l'amour
il y eut un silence
Mais il y eut un cri
et c'était un enfant

Et ce fut un poète
puisqu'il y eut un chant

Bernard Lorraine ("Florilège poétique", L'Amitié par le Livre, 1978)

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Le tapissier et le pâtissier

Un pâtissier faisait de la pâtisserie,
Son voisin tapissier de la tapisserie.
Lorsque le pâtissier fait sa pâtisserie
Sa pâtissière fait de la tapisserie,
Quand le tapissier vaque à sa tapisserie
Sa tapissière cuit de la pâtisserie.

Aussi retrouve-t-on des clous de tapissier
Dans la pâtisserie du voisin pâtissier,
Aussi retrouve-t-on les choux du pâtissier
Sur la tapisserie du voisin tapissier.
Et comme leurs moitiés sabotent leurs métiers,
Leur industrie et leur commerce en pâtissaient.

Moralité
Pâtissiers, pâtissez ! Tapissez, tapissiers !
À chacun son métier ! À chacun sa moitié.

Bernard Lorraine ("Jouer avec les poètes"  - Hachette, 1999)

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Comptine du trappeur

Toi, renard bleu,
je t’aime un peu.
Toi, castor blanc,
passablement.
Toi, caribou,
beaucoup, beaucoup.
Toi, noble élan,
passionnément.
Martre jolie,
à la folie.
Mais pas du tout
la peau du loup.

Bernard Lorraine ("Comptine du trappeur" - dans l'album de chansons d'animaux d'Hélène Bohy et Agnès Chaumie :
À tire d'aile)

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livre_Bernard_Lorraine_m_nagerieDeux poèmes, chacun sur deux rimes :

Le rhinocéros

Mieux vaut ne pas chercher de crosses
À Monsieur le rhinocéros.
Ce n'est pas qu'il soit très féroce,
Mais il pique une crise atroce
Et il devient fou dès que
Vous prenez les poils de sa queue
Pour en faire des balais-brosses.

Bernard Lorraine ("La ménagerie de Noé")

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Le dromadaire

"Si j'avais deux bosses au dos"
m'a confié un vieux dromadaire
aussi sobre que lapidaire,
"on me traiterait de chameau !"

Bernard Lorraine ("La ménagerie de Noé" - éditions Ouvrières/éditions de l'Atelier, collection L'Enfance heureuse, 1989)



- Jean-Hugues Malineau -

Jean-Hugues Malineau (né en 1945), est un poète d'aujourd'hui,  et l'un des acteurs essentiels pour la diffusion, la connaissance des auteurs et des textes en milieu scolaire, animateur d'ateliers de création poétique.
"Jean-Hugues Malineau propose des rencontres scolaires (de la maternelle à l'université) sur la poésie, ou des ateliers d'écriture durant lesquels il s'adresse à la sensibilité, à l'humour, à l'imagination, au sens rythmique, à la sensualité comme à la logique ou à la culture de l'enfant." Plus d'infos à son adresse Web (lien cliquable) :
http://jhmalineau.free.fr/

livre_Malineau_pas_si_b_tesLe ragondin

Un ragondin ragondait
Les gontes de milles et une gouttes
Aux grenouilles qui égoutaient
Gaptivées en gassant la groûte.

Jean-Hugues Malineau ("Pas si bêtes, les animaux" - Éditions de L'École des loisirs, 2003)

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Le perroquet

C'est très coquet
Un perroquet


Des plumes rouges
Bleues violettes
Ça vit ça bouge
Et ça répète


C'est très coquet
Un perroquet


Dans un baquet
Un perroquet
Ça fait trempette
Et ça répète


C'est très coquet
Un perroquet


C'est beau, c'est sec
Après toilette
Et ça répète
Du bout du bec


C'est très coquet
Un perroquet


Tais ton caquet
Vieux perroquet
Mais ça répète
Saperlipopette

C'est très coquet
Un perroquet

Jean-Hugues Malineau ("Prête-moi tes plumes" - Éditions de L'École des loisirs, 1978)



 

- Eddy Marnay -

Isabelle Boulay Ma filleEddy Marnay (1920-2003), pseudo d'Edmond Bacri (rien à voir avec Roland Bacri présenté précédemment), était un parolier, auteur d'une grande quantité de chanssons, et il était lui-même un interprète discret.

L'impressionnante liste de ses textes est ici :

http://www.eddymarnay.com/liste.php

Le titre qui suit, "Ma fille" est un succès actuel, après avoir été un succès passé, mais il n'est pas interdit d'aimer les deux interprétations :

Ma fille

Ma fille, mon enfant,
Je vois venir le temps
où tu vas me quitter
Pour changer de saison,
pour changer de maison
Pour changer d'habitudes
J'y pense chaque soir
en guettant du regard
Ton enfance qui joue
à rompre les amarres
Et me laisse le goût
d'un accord de guitare

Tu as tant voyagé
et moi de mon côté
j'étais souvent parti
Des Indes à l'Angleterre,
On a couru la Terre
et pas toujours ensemble
Mais à chaque retour
nos mains se rejoignaient
Sur le dos de velours
d'un chien qui nous aimait
C'était notre façon
d'être bons compagnons

Mon enfant, mon petit,
bonne route, bonne route

Tu prends le train pour la vie
et ton cœur va changer de pays

Reggiani Ma filleMa fille, tu as vingt ans,
et j'attends le moment
Du premier rendez-vous
Que tu me donneras chez toi
ou bien chez moi
ou sur une terrasse
Où nous évoquerons,
un rire au coin des yeux
Le chat ou le poisson
qui partageaient nos jeux
Où nous épellerons,
les années de ton nom

À vivre sous mon toit,
il me semble parfois
que je t'avais perdue
Je vais te retrouver,
Je vais me retrouver
dans chacun de tes gestes
On s'est quittés parents,
on se retrouve amis
Ce sera mieux qu'avant
je n'aurai pas vieilli
Je viendrai simplement,
partager tes vingt ans

Mon enfant, mon petit,
bonne route, bonne route
Tu prendras le train pour la vie
et ton cœur va changer de pays
Sur le chemin de la vie
nos deux cœurs vont changer de pays !

paroles d'Eddy Marnay

  • interprété et enregistré par Serge Reggiani (album "Rupture", 1971) - paroles d'Eddy Marnay et musique de Raymond Cohen - réédité régulièrement en compilation, anthologie. Lieucommun se permet de recommander l'album 3 titres "Les 50 Plus Belles Chansons : Serge Reggiani" (Coffret 3 CD), qui contient la chanson "Ma fille" sorti en 2009 chez Polydor (vendu environ 20 €).
  • et par Isabelle Boulay (interprète, CD "Au moment d'être à vous" - 2002 Disques Chic Musique)


1 novembre 2009

Marot - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Clément Marot -

Clément Marot (1496- 1544) à Turin est un poète français, proche du roi François Ier. Un temps en disgrâce, il a connu la prison et l'exil.

Ce passage du très long poème "Églogue au roi sous les noms de Pan et Robin" est présenté en ancien français :

Sur le printemps de ma jeunesse folle

[...]

Sur le printemps de ma jeunesse folle,
Je ressemblais l'hirondelle qui vole,
Puis ça, puis là ; l'âge me conduisait
Sans peur ni soin où le coeur me disait.
En la forêt (sans la crainte des loups)
Je m'en allais souvent cueillir le houx,
Pour faire glu à prendre oiseaux ramages
Tous différents de chants et de plumages ;
Ou me soulois pour les prendre entremettre
A faire brics ou cages pour les mettre ;
Ou transnouais les rivières profondes,
Ou renforçais, sur le genou les frondes.
Puis d'en tirer droit et loin j'apprenais
Pour chasser loups ou abattre des noix.

Ô quantes fois aux arbres grimpé j'ai,
Pour dénicher ou la pie ou le geai,
Ou pour jeter des fruits jà mûrs et beaux
A mes compaings, qui tendaient leurs chapeaux.

[...]

Clément Marot (extrait de "Églogue au roi sous les noms de Pan et Robin", 1539)


- Édouard J. Maunick -

Édouard J. Maunick (Joseph Marc Davy Maunick) est né en 1931 sur l’île Maurice, qu'il quitte pour entamer un itinéraire de poète, écrivain, essayiste, homme de radio, conférencier, etc, en France métropolitaine. Il obtient le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie Française (2003). Aujourd'hui il est retourné vivre sur son île natale.

"Je salue [...] l'homme qui, après avoir été proche de Léopold Sedar Senghor, a su gagner l'amitié de Nelson Mandela, haute figure de cette Afrique du Sud débarrassée de l'apartheid, où Édouard Maunick fut ambassadeur de son pays pendant plusieurs années. Maunick est un important et singulier poète qu'irrigue un « sang mêlé comme une langue de feu". (Jean Orizet, en préface au recueil de l'auteur "Elle & Île : Poèmes d'une même passion", Le cherche-midi, 2002) - source : http://jacbayle.perso.neuf.fr/livres/Nouveau/Maunick.html

Édouard Maunick célèbre ses 50 ans d'écriture poétique avec le recueil : "50 quatrains pour narguer la mort". Un choix parmi ces quatrains est proposé ici.

Présentation du recueil par l'éditeur : "Les 50 Quatrains pour narguer la mort" du poète mauricien Edouard J.
Maunick, et le court texte en prose intitulé "Contre-silence" qui leur fait suite, témoignent de la force de cette voix de l'océan Indien venue célébrer la splendeur du monde. Conçus sous la forme d'une série ininterrompue, ces 50 quatrains aux accents liturgiques sont peut-être la "seule vraie légende", le "mentir vrai" d'un poète qui appartient à la confrérie des griots et des chantres de l'oralité.

50 quatrains pour narguer la mort (extraits)

[…]

- - - - - - -

3

aucune image est fausse
et la mer est partout
le destin seul choisit
tout le reste doit survivre

- - - - - - -

11

j'existe avec les arbres
moi-même inféodé
à chaque liane du banian
du lafouche mascareigne

- - - - - - -

37

kenn lavérité
pli gran ki testaman
cyklonn kapav suflé
vié léritaz tini

(aucune vérité
n’est plus grande que testament
le cyclone peut souffler
le vieil héritage tient)*

- - - - - - -

48

un autre enfant viendra
caresser je ne sais
quel autre rêve de partir
vers des îles parolières

- - - - - - -

[…]

Édouard J. Maunick  ("50 quatrains pour narguer la mort", Editions Bartholdi 2005-bilingue et Seghers 2006 - en langue française).* ce quatrain est le seul en créole (et il n'est pas traduit) dans le recueil des éditions Seghers



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1 novembre 2009

Menanteau, Mendès, Monnereau - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Pierre Menanteau -

Pierre Menanteau (1895-1992), enseignant et poète, est l'auteur d'anthologies poétiques ("Florilèges"), dans lesquelles il s'attache à faire connaître les auteurs anciens et contemporains pour la jeunesse.
Ses Oeuvres poétiques complètes en plusieurs tomes sont parues  aux Éditions Soc et Foc.

Ah ! que la Terre est belle

Ah ! que la Terre est belle.
Crie une voix là-haut,
Ah ! que la Terre est belle.
Sous le beau soleil chaud !

Elle est encore plus belle,
Bougonne l’escargot
Elle est encore plus belle
Quand il tombe de l’eau.

Vue d’en bas, vue d’en haut,
La Terre est toujours belle
Et vive l’hirondelle
Et vive l’escargot.

Pierre Menanteau ("Bestiaire pour un enfant poète" - éditions Pierre Seghers, 1958)

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Au gui l'an neuf

Pour le meilleur et pour le pire

Le houx, le gui sont mariés.
La brume les a fiancés,
Noël conjugue leurs sourires.
Au gui, l'an neuf pour toutes peines,
Au gui, l'an neuf pour le bonheur
Des enfants qui chauffent leur coeur
Au vieux soleil des joies humaines !

Pierre Menanteau

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Le grillon

- Je suis grillé, dit le grillon

Le feu a pris dans ma maison.
- Il est grillé, dit la fourmi
Quel bon rôti pour mon dîner !
Mais les pompiers, la sauterelle et le criquet
Ont mis l'échelle pour arroser cette maison
Où le grillon allait griller.
Enfin sauvé ! Merci pompiers !
Tous les cris-cris vont s'accorder
Et dans le rond de l'amitié
Toute la nuit nous danserons.

Pierre Menanteau ("À l'école du buisson" - éditions Saint-Germain-des-Prés, 1971)



- Catulle Mendès -

Catulle Mendès 1841-1909) est un des fondateurs du mouvement littéraire Le Parnasse, avec des poètes comme  Leconte de Lisle (qui en est considéré comme le chef de file), François Coppée, José-Maria de Heredia et Théodore de Banville. Ces poètes prônent et pratiquent "l'art pour l'art", c'est-à-dire une poésie dégagée de toute expressio sentimentale ou sociale, tournée uniquement vers la beauté.

L'enfant et l'étoile

Un astre luit au ciel et dans l’eau se reflète.

Un homme qui passait dit à l’enfant-poète :
"Toi qui rêves avec des roses dans les mains
Et qui chantes, docile au hasard des chemins,
Tes vains bonheurs et ta chimérique souffrance,
Dis, entre nous et toi, quelle est la différence ?

— Voici, répond l’enfant. Levez la tête un peu ;
Voyez-vous cette étoile, au lointain du soir bleu ?

— Sans doute !
— Fermez l’œil. La voyez-vous, l’étoile ?
— Non, certes."

Alors l’enfant pour qui tout se dévoile
Dit en baissant son front doucement soucieux :
"Moi, je la vois encore quand j’ai fermé les yeux."

Catulle Mendès ("Intermède", Ollendorff, 1885)



- Michel Monnereau -

Michel Monnereau est un écrivain et journaliste français, né en 1948.
Dernier roman : "On s'embrasse pas" (La Table Ronde, 2007) ; dernier recueil de poèmes : "27 poèmes pour la route" (L’épi de seigle,
collection Poésie jeunesse, 2008).

Un soir... (titre proposé)

Un soir les diligences roulaient sur le toit
les cochers avaient le sang à la tête
les chevaux usaient poil à poil leur crinière.
A l'auberge les palefreniers marchaient sur la tête.
les tables, les quatre fers en l'air,
supportaient ainsi les verres.
Les bougies fondaient en larmes.
les chats se déplaçaient par roulades.
les œufs tombaient des nids.
La lune était accrochée par une ficelle.
Une pendule hoquetait.
Le vin ne restait pas sur l'estomac...

- Enfin, me dit ma mère,
tu vois bien que tu tiens ton livre à l'envers.

Michel Monnereau ("L'arbre à poèmes" - Nouveaux Cahiers de Jeunesse, 1973



1 novembre 2009

Moreau - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Jean-Luc Moreau -

livre_Moreau_souris_verte

Jean-Luc Moreau est né en 1937.

 

<< Les Poèmes de la souris verte (Le livre de Poche Jeunesse, Hachette - Fleurs d'encre, édition 2003 illustrée par Marie-Aude Waymel) - environ 190 pages, 5 € en librairie.

Poète et universitaire, il a publié des histoires et des poèmes pour les enfants et les adolescents, (L'arbre perché, Poèmes à saute-mouton, Devinettes, Les Poèmes de la souris verte, Dans ma famille* ), pour les plus grands (La Bride sur le cœur, Sous le masque des mots), ainsi que des anthologies et des traductions de poèmes. On trouve d'autres textes de cet auteur dans d'autres catégories du blog.

* dernier recueil pour les enfants paru : Dans ma famille (illustré par Eva Offredo, collection Gautier-Languereau, 2008) - environ 30 pages et 5 € en librairie.

Ce premier texte se trouve dans le recueil Les Poèmes de la souris verte, au chapitre "Le carré de l'hypoténuse"

Locataires

J'ai dans mon cartable
(C'est épouvantable !)
Un alligator
Qui s'appelle Hector.

J'ai dans ma valise
(Ça me terrorise !)
Un éléphant blanc
Du nom de Roland.

J'ai dans mon armoire
(Mon Dieu, quelle histoire !)
Un diplodocus
Nommé Spartacus.

Mais pour moi le pire,
C'est sous mon chapeau
D'avoir un vampire
Logé dans ma peau.

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)

logo_cr_ation_po_tique Poèmes à la manière de "J'ai dans  mon cartable..."

En utilisant la structure et l'esprit de ce poème, un document présente la démarche pédagogique d'une séance ICI (à partir de la page 28). Voyez aussi un travail réalisé ICI par des élèves de CE1, dans un CM2 ICI, ou encore ICI dans un CP.

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La cour de mon école

La cour de mon école

Vaut bien, je crois,
La cour de Picrochole,
Le fameux roi :
Elle est pleine de charme,
Haute en couleur;
On y joue aux gendarmes
Et aux voleurs;
Loin des Gaulois, des Cimbres
Et des Teutons,
On échange des timbres,
À croupetons;
Des timbres des Antilles,
De Bornéo…
Et puis on joue aux billes
Sous le préau.
Qu'on ait pris la Bastille,
C'est merveilleux,
Mais que le soleil brille,
C'est encor mieux !
Orthographe et problèmes
Sont conjurés.
École, ah ! que je t'aime
À la récré !

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)

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Le cerf-volant

Soulevé par les vents
Jusqu'aux plus haut des cieux,
Un cerf-volant plein de superbe
Vit, qui dansait au ras de l'herbe,
Un petit papillon, tout vif et tout joyeux.

- Holà ! minable animalcule,
cria du zénith l'orgueilleux,
Ne crains-tu pas le ridicule ?
Pour te voir, il faut de bons yeux
Tu rampes comme un ver...
Moi je grimpe je grimpe
Jusqu'à l'Olympe,
Séjour des dieux.

- C'est vrai, dit l'autre avec souplesse,
Mais moi, libre, à mon gré,
je peux voler partout,
Tandis que toi, pauvre toutou,
Un enfant te promène en laisse.

Jean-Luc Moreau  (dans "La poésie comme elle s' écrit" de Jacques Charpentreau - Collection Enfance heureuse - Éditions ouvrières, 1979)

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La télévision

Quand on branche la télé,
Mes amis, quel défilé !
Le négus, le roi d’Écosse,
De vieux gus et de grands gosses,
Cendrillon dans son carrosse,
La véloce Carabosse
Chevauchant son balai-brosse,
Des prélats, des porte-crosses,
De beaux blonds, des rousses rosses,
Des colosses,
Des molosses,
Des rhinocéros atroces...
Et quand c’est le plus joli :
« Les enfants ! C’est l’heure ! Au lit ! »

Jean-Luc Moreau  (dans "La poésie comme elle s' écrit" de Jacques Charpentreau - Collection Enfance heureuse - Éditions ouvrières, 1979)

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Chanson de l'heure qu'il est

- Monsieur, Monsieur , s'il vous plaît,
Dites-nous qu'elle heure il est !

- Il est ma petite fille 
L'heure où l'escargot s'habille ;
Il est, mon petit garçon
L'heure où sort le limaçon,

L'heure étrange et solennelle
Où chantent les coccinelles

Où la puce et ses enfants 
Vont dîner chez l'éléphant ;

Il est l'heure où la panthère
Épouse un coléoptère,

L'heure où tout peut arriver...
Où je dors... où vous rêvez...

Jean-Luc Moreau

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Trois petits pantins

Dans le clair matin,
Quand le lac est lisse,
Pétris de malice,
Trois petits pantins,
Trois gentils lutins
Quittent leur pelisse,
Trois lutins mutins
Mettent leurs patins.
Alors - ô délice,
O rire argentin !
Charmant tableautin,
Sur la glace glissent
Trois petits lutins
Malins comme Ulysse,
Trois beaux diablotins
Au rire enfantin
Dans le clair matin.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

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Si ...

Si la sardine avait des ailes,
Si Gaston s'appelait Gisèle,
Si l'on pleurait lorsque l'on rit,
Si le Pape habitait Paris,
Si l'on mourait avant de naître,
Si la porte était la fenêtre,
Si l'agneau dévorait le loup,
Si les Normands parlaient zoulou,
Si la Mer Noire était la Manche,
Et la Mer Rouge la Mer Blanche,
Si le monde était à l'envers,
Je marcherais les pieds en l'air,
Le jour je garderais la chambre,
J'irais à la plage en décembre,
Deux et un ne feraient plus trois...
Quel ennui ce monde à l'endroit!

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

logo_cr_ation_po_tiquePoèmes à la manière de "Si ..."

 À partir de ce texte, des élèves de classe unique ont imaginé... ICI

Voir aussi le texte Avec des si ... de Claude Roy

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L'oncle Octave

J'ai bourlingué, dit l'oncle Octave,
De Vancouver à Tamatave,
De ShangaÏ au Cap et jusqu'à
San José de Costa Rica.
Souventes fois je rêve encore
DeTimor et de Travancore,
Mais sachez-le, par-dessus tout
J'aime le Perche et le Poitou.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

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Une comptine pour les petits :

Quand le chat…

Quand
le chat
met ses
chaussettes,
c’est
la fête
aux sou-
ricettes.

Quand
le chat
joue au
cerceau,
c’est
la fête
aux sou-
riceaux.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

logo_cr_ation_po_tique Comptine à la manière de "Quand le chat..."

Cette petite comptine permet la création poétique de construction simple avec des noms d'animaux, prédateurs et proies potentielles, en utilisant rimes ou assonances  :

Quand le lion joue à la marelle / c'est la fête à la gazelle
Quand le lion joue à la belote / c'est la fête à l'antilope

[exemple proposé par le blog]

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Voici deux fables ou contrefables, allez savoir, qu'on trouve parmi d'autres dans le chapitre "Le Bidule et le Machinchose (Fables et contrefables)" du recueil "Les Poèmes de la souris verte" :

L'éléphant rose et la souris blanche

L'éléphant rose, un jour bouscula la souris
(pour un éléphant rose ,il était un peu gris !) ;
la souris quoique blanche, en eut une peur bleue,
(surtout que le balourd lui marcha sur la queue !)
"madame, excusez-moi, vraiment je suis navré..."
(il était si confus qu'il en aurait pleuré!)
Un éléphant qui pleure, est-il pire infortune ?
La souris toute émue, oublia sa rancune :
"Ce n'est rien, lui dit-elle en le réconfortant,
J'aurais pu vous en faire autant."
On tirera de cette histoire
une double moralité :
d'abord qu'un éléphant ne doit jamais trop boire
(et cela ne pas hésiter à le dire, à le répéter !)
mais surtout que ma souris blanche
est un fort bon exemple à donner aux enfants :
pour peu qu'elle eut pris sa revanche,
qu'eussions-nous fait de l'éléphant ?

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)

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L'hippopotame

Par la Seine un hippopotame
S’en vint un jour jusqu’à Paname.
Il descendit dans le métro,
Changea même à Trocadéro
Mais quand il fut à la Concorde,
Il s’écria: «Miséricorde !»
Et par la Porte des Lilas
S’en alla.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

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Le renard et le corbeau
ou si l'on préfère
la (fausse) poire et le (vrai) fromage
 

Or donc, Maître Corbeau,
Sur son arbre perché, se disait: « Quel dommage
Qu'un fromage aussi beau,
Qu'un aussi beau fromage
Soit plein de vers et sente si mauvais.

Tiens ! voilà le renard : je vais,
Lui qui me prend pour une poire,
Lui jouer, le cher ange, un tour de ma façon.
Ça lui servira de leçon ! »
Passons sur les détails, vous connaissez l'histoire
Le discours que le renard tient,
Le corbeau qui ne répond rien
(Tant il rigole !),
Bref, le fromage dégringole...
Depuis, le renard n'est pas bien ;
Il est malade comme un chien.

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)



1 novembre 2009

Nerval - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Gérard de Nerval -

Gérard de Nerval, (1808-1855) est le pseudonyme qu'a emprunté Gérard Labrunie, poète "moderne". Il est l'auteur des Filles du Feu (1854) ; Les Chimères (1854) ; Aurélia ou le rêve et la vie (1855) et a traduit le poète allemand Heinrich Heine.
En grande détresse matérielle et morale, il finit par se pendre.

L'enfance

Qu'ils étaient doux ces jours de mon enfance
Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin,
je coulai ma douce existence,
Sans songer au lendemain.
Que me servait que tant de connaissances
A mon esprit vinssent donner l'essor,
On n'a pas besoin des sciences,
Lorsque l'on vit dans l'âge d'or !
Mon coeur encore tendre et novice,
Ne connaissait pas la noirceur,
De la vie en cueillant les fleurs,
Je n'en sentais pas les épines,
Et mes caresses enfantines
Étaient pures et sans aigreurs.
Croyais-je, exempt de toute peine
Que, dans notre vaste univers,
Tous les maux sortis des enfers,
Avaient établi leur domaine ?

Nous sommes loin de l'heureux temps
Règne de Saturne et de Rhée,
Où les vertus, les fléaux des méchants,
Sur la terre étaient adorées,
Car dans ces heureuses contrées
Les hommes étaient des enfants.


Gérard de Nerval ("Poésies de jeunesse" - Labor Éditions, collection Espace Nord, 2002)



1 novembre 2009

Norac, Norge - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Carl Norac -

Carl Norac, né en 1960 est un poète et romancier belge, auteur de recueils de poésie et d'albums pour la jeunesse. C'est le fils de Pierre Coran (son nom d'auteur est un anagramme).

Ci-après, un poème-acrostiche - voir le paragraphe JEUX de la page 1 de cette catégorie (par retour au sommaire) pour d'autres acrostiches et des idées de création livre_Carl_Norac_lettres_du_g_ant

Étoile ou étincelle

Pour qu'elle soit plus belle*,
Osons déshabiller nos phrases
Et nos pensées.
Surprise, elle devient
Imaginairement
Etoile ou étincelle
.

* au singulier, puisque la phrase se réfère à la poésie, sous-entendue, à lire en acrostiche.
Carl Norac (dans "Lettres du  géant à l’enfant qui passe suivi du ..." - Labor Éditions, collection Espace Nord, 2002)

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Poème du cartable rêveur

Pendant que tu étais
Sur la plage, cet été,
Ou bien dans la forêt,
As-tu imaginé
Que ton cartable rêvait ?
Il rêvait d’avaler
Des crayons, des cahiers,
Puis d’aller, comme on vole,
Sur le chemin de l’école.

Carl Norac



- Géo Norge -

Géo Norge (1898-1990), qui signe la plupart du temps "Norge" tout court, est un poète belge.

Zoziaux

Amez bin li tortorelle,
Ce sont di zoziaux
Qui rocoulent por l’orelle
Di ronrons si biaux.

Tout zoulis de la purnelle,
Ce sont di zoziaux
Amoreux du bec, de l’aile,
Du flanc, du mousiau.

Rouketou, rouketoukou
Tourtourou torelle
Amez bin li roucoulou
De la tortorelle.

On dirou quand on l’ascoute
Au soleil d’aoûte
Que le bonhor, que l’amor
Vont dorer tozor.

Géo Norge ("La Langue verte", Œuvres poétiques - Seghers, 1978)

crayon lieucommunLe langage enfantin

Il est naturellement celui de l'enfant débutant dans la vocalise, dont le lexique et la structuration s'enrichit, devançant l'articulation correcte.
Il est aussi celui des poètes qui ont, comme Norge, imité et brodé à partir de phrases d'enfant.
On s'exercera à cet exercice, à l'exemple de Norge,
Jehan Rictus ou Jean Tardieu (voir les paragraphes de ces auteurs).

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Monsieur
      
Je vous dis de m’aider,
Monsieur est lourd.
Je vous dis de crier,
Monsieur est sourd.
Je vous dis d’expliquer,
Monsieur est bête.
Je vous dis d’embarquer,
Monsieur regrette.
Je vous dis de l’aimer,
Monsieur est vieux.
Je vous dis de prier,
Monsieur est Dieu.
Éteignez la lumière,
Monsieur s’endort.
Je vous dis de vous taire,
Monsieur est mort.

Géo Norge ("Famines", Œuvres poétiques - Seghers, 1978)

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Oubli

Il y pensa beaucoup.
Puis il y pensa moins
Il y pensa très peu.
Puis il n'y pensa plus.

Il trouva même très drôle
d'y avoir tant pensé.
Puis ne pensa plus même
qu'il y pensa jamais.

Géo Norge ("Eux les anges" - éditions Flammarion, 1978)

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Avertissement : "Totaux" est présenté ici en version intégrale.  En version scolaire, les deux vers en italique couleur sont absents :

Totaux

Ton temps têtu te tatoue
T’as-ti tout tu de tes doutes ?
T’as-ti tout dû de tes dettes ?
T’as-ti tout dit de tes dates ?
T’a-t-on tant ôté ta teinte ?
T’a-t-on donc dompté ton ton ?
T’as-ti tâté tout téton ?
T’as-ti tenté tout tutu ?

T’es-ti tant ? T’es-ti titan ?
T’es-ti toi dans tes totaux ?
Tatata,tu tus ton tout.

Géo Norge ("La Langue Verte" - éditions Gallimard, 1954)
Irrésistible ! Ecoutez ici trois interprétations de ce texte, qu'a diffusées la RTBF (Radio belge) :
http://www.vousprendrezbienunvers.be/actions/radio.html

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La Faune

    Et toi, que manges-tu, grouillant ?
— Je mange le velu qui digère
le pulpeux qui ronge le rampant.

Et toi, rampant, que manges-tu ?
— Je dévore le trottinant qui bâfre
l’ailé qui croque le flottant.

Et toi, flottant, que manges-tu ?
— J’engloutis le vulveux qui suce le ventru
qui mâche le sautillant.

Et toi sautillant que manges-tu ?
— Je happe le gazouillant qui gobe
le bigarré qui égorge le galopant.

Est-il bon, chers mangeurs, est-il
bon, le goût du sang ?
— Doux, doux ! tu ne sauras jamais
comme il est doux, herbivore !

Géo Norge ("Famines" - éditions Stols, 1950)

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On peut se tromper

— Tiens… c'est une girafe
Et j'ai cru si longtemps que c'était un pommier.
— Alors ces pommes que j'aimais tant ?
— C'était de la crotte, Aristide.
— De la crotte ! Alors j'aimais de la crotte ?
— Mais oui, Aristide, on peut se tromper…
Et le principal c'est d'aimer.

Géo Norge ("Cerveaux brûlés" - éditions Flammarion, 1969)

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Chant du merle

La roue en avait assez
De trimballer la charrette.
Le poivre en avait assez
D'assaisonner la blanquette.
Assez que l'eau chaude avait
De cuire à point les navets,
Le feu d'exciter l'eau chaude,
Le four d'enfler la farine
Et le poète ses odes.
La rose était écœurée
De caresser les narines.
Un dormant raz de marée
Couvrit toute la machine.
Assez ! assez, plus qu'assez
Geignaient mille pots cassés.
Le cœur lui-même était las,
Oh ! las de voler si bas.
Tout dormait, dorma, dormut
Dans les vieux pays fourbus.
Et tout dormirait encore,
Tout dormirait à jamais,
Si, tout à coup dans l'aurore
D'un joli mai qui germait,
Perlant, fusant à la ronde,
Le chant d'un merle jeunet
N'avait réveillé le monde.

Géo Norge ("La Belle Saison" - éditions Flammarion, 1993)

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SI...Si

    Avec des si, on verrait picorer les vaches, on verrait brouter les poules. Les cochons butineraient
et l'on ferait du boudin d'abeille. D'ailleurs la gauche serait la droite et personne n'en saurait rien.
Le monde est toujourts naturel.

Géo Norge ("Mirlitons"- éditions de L'École des loisirs, 1978)



1 novembre 2009

Nougaro - PP12 - ENFANCES - TEXTES EN FRANÇAIS

- Claude Nougaro -

Claude Nougaro (1929-2004) est un auteur-compositeur-interprète français. Ses paroles et ses musiques très rythmées, s'inspirent du jazz américain (hommage à "Amstrong") dont il interprète plusieurs titres originaux.

Cécile, ma fille

Elle voulait un enfant
Moi je n’en voulais pas
Mais il lui fut pourtant facile
Avec ses arguments
De te faire un papa
Cécile, ma fille

Quand son ventre fut rond
En riant aux éclats
Elle me dit : "Allons, jubile
Ce sera un garçon"
Et te voilà
Cécile, ma fille

Et te voilà et me voici, moi
Moi, j’ai trente ans, toi, six mois
On est nez à nez, les yeux dans les yeux
Quel est le plus étonné des deux ?

Bien avant que je t’aie
De fill’s j’en avais eues
Jouant mon cœur à face ou pile
De la brune gagnée
A la blonde perdue
Cécile, ma fille

Et je sais que bientôt
Toi aussi tu auras
Des idées et puis des idylles
Des mots doux sur tes hauts
Et des mains sur tes bas
Cécile, ma fille

Moi, je t’attendrai toute la nuit
T’entendrai rentrer sans bruit
Mais au matin c’est moi qui rougirai
Devant tes yeux plus clairs que jamais

Que toujours on te touche
Comme moi maintenant
Comme mon souffle sur tes cils
Mon baiser sur ta bouche
Dans ton sommeil d’enfant
Cécile, ma fille
Cécile ...

Claude Nougaro auteur-interprète, musique de Jacques Datin (45 trs en 1962 puis album "Cécile Ma Fille", Philips, 1963, repris dans d'autres 33 trs - réédité en CD "best of" en 2008)

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Entre-autres interprètes, Claude Nougaro chante cette berceuse rythmée, dont les paroles originales en anglais sont de Maurice Sigler et Al Hoffman ("Little man, You've had a busy day"). L'adaptation du texte en français est de Louis Hennevé et Louis Palex. La musique originale de Mabel Wayne n'a pas été modifiée.

Petit homme, c’est l’heure de faire dodo

Déjà le jour baisse
La nuit va tomber
Le marchand d’sable est passé
Comme un enfant sage il faut, sans protester
Bien gentiment, bien vite se coucher

Petit homme tu pleures
J’connais ton chagrin
Quelqu’un t’a cassé ta belle auto
Va, faut pas t’en faire
Petit homme c’est l’heure de faire dodo

Ton ami Jean-Pierre
T’a gagné tes billes
Papa t’en rachètera bientôt
Non, faut pas t’en faire
Petit homme c’est l’heure de faire dodo.

T’as joué aux soldats
T’as gagné la bataille
L’ennemi est décimé
Assez de mitraille :
Range ton canon
Ce soir la guerre est terminée

La journée s’achève
Plus de stratégie
C’est l’heure où l’on couche les héros
L’heure des beaux rêves
Petit homme c’est l’heure de faire dodo

Quand tu s’ras un homme
Un homme pour de bon
Tu feras c’que tu voudras
Mais tu n’es en somme, qu’un tout petit garçon
Que le sommeil va prendre dans ses bras

Claude Nougaro interprète - paroles de Louis Hennevé et Louis Palex, musique de Mabel Wayne (album "Sœur âme", 1971 - , repris dans d'autres 33 trs, comme "Locomotive d'or" en 1984, et par la suite à l'occasion de plusieurs rééditions en CD)



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