Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

lieu commun

31 mars 2017

derniers textes

EXPLICATION DU BANDEAU D'ACCUEIL : Le bonheur est dans le PRÈS

Homonymies du bonheur (ou presque)

la vache :

le bonheur est dans le pré

la banque :

le bonheur est dans le prêt

toi et moi :

le bonheur est dans le près *

* loin des yeux près du cœur
© antoine bial


pour contacter l'auteur
: bialantoine@gmail.com

Retrouvez les textes des éditions du Printemps des poètes

et toutes les poésies pour la classe par catégories sur le site
http://www.planetelieucommun.fr

ou ici-même : http://www.lieucommun.canalblog.com

Les textes d'Antoine Bial (en dehors des homonymies du bonheur) ne sont plus postés sur ce blog.
De nombreux textes ont été modifiés ou supprimés. Ceux qui restent sont visibles à la même adresse :

http://www.planetelieucommun.fr

il peut y avoir quelques bugs d'affichage avec certains navigateurs (le site a été créé sur Mac avec iWeb) 
Publicité
13 novembre 2009

PRINT POÈTES 2013 : PABLO NERUDA - sommaire

PRINT POÈTES 2013 : PABLO NERUDA

Cette année 2013 marque le quarantième anniversaire de la disparition du poète chilien
Pablo Neruda (1904-1973)
Le Printemps des Poète
s lui rend hommage.
 

livres Neruda lieucommun

  • Pablo Neruda (1904-1973), dont le nom de naissance est Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto, a emprunté son pseudonyme moins chantant mais plus facile à retenir, au poète tchèque Jan Neruda.

C'est sans doute, dans le domaine artistique, le chilien le plus connu dans le monde. Son premier recueil de poèmes s'intitule Crepusculario (Crépusculaire), qu'il écrit à l'âge de dix-neuf ans, puis un an plus tard, c'est le célèbre Veinte poemas de amor y una canción desesperada (Vingt Poèmes d'amour et une chanson désespérée).
Poète, écrivain, homme politique engagé, il est nommé en 1935 consul en Espagne, à la veille de la guerre civile (1936-1939) dans ce pays. Il y rencontre entre-autres les grands poètes espagnols Federico García Lorca, Rafael Alberti, Jorge Guillén. La défaite des républicains met fin aux espoirs démocratiques, commence la dictature du Général Franco.

Antonio Machado n'a pas survécu à la défaite
Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d'Espagne
Et le ciel pour lui se fît lourd
Il s'assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours.
(extrait de "Les poètes", Louis Aragon)


et Federico García Lorca avait été assassiné par les franquistes :
Lorca Maïakovski Desnos Apollinaire
Leurs ombres longuement parfument nos matins
Le ciel roule toujours les feux imaginaires
De leurs astres éteints

Contre le chant majeur la balle que peut-elle
Sauf contre le chanteur que peuvent les fusils
La terre ne reprend que cette chair mortelle
Mais non la poésie.
(extrait de "Les poètes", Louis Aragon)

Voir plus bas un poème du recueil "L'Espagne au coeur".


Au Chili, quelques année plus tard, il est contraint à l'exil en 1946 sous la dictature d'un autre militaire, le Général Videla, pourtant élu avec le soutien des forces de gauche, qu'il a trahies.
A partir de 1958, il soutient Salvador Allende, candidat de l'Union de la gauche à la présidence de la République, qui sera élu en 1970 et qui le nommera ambassadeur.
En 1971, Pablo Neruda est le troisième Chilien a obtenir le Prix Nobel de littérature (la poétesse Gabriela Mistral l'avait obtenu en 1945 et l'écrivain Miguel Ángel Asturias en 1967).
En 1970, il est nommé ambassadeur du Chili du président socialiste Allende.
Le Coup d'État du 11 septembre 1973, avec l'assassinat de Salvador Allende met un point final à sa vie. Il meurt ce même mois de septembre et les causes de sa mort sont toujours controversées.
Commence alors au Chili la dictature du Général (encore !) Pinochet, avec la terrible répression qu'on connaît.

Quelques oeuvres parmi les plus remarquables (ça se discute) :
- "Crepusculario" (1923)
- "Canto General" "Chant général" (1950)
- "Odas elementales" (1954-1959)
- "Cien sonetos de amor", traduit sous le titre "La Centaine d'amour" (1959)
- "Confieso que he vivido", "J'avoue que j'ai vécu" (1974, posthume)
- "Para nacer he nacido" (1978, posthume)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

passage du Canto General dédié à Rafael Alberti :

RAFAEL, antes de llegar a España me salió al
camino
      tu poesía, rosa literal, racimo biselado,
      y ella hasta ahora ha sido no para mí un recuerdo,
      sino luz olorosa, emanación de un mundo.

RAFAEL, avant d’arriver en Espagne, je vis venir à moi
ta poésie, rose intégrale, grappe biseautée,
et jusqu'à ce jour elle a été pour moi non pas un souvenir
mais une clarté parfumée, l’émanation d’un
monde.

Pablo Neruda

ici, un lien vers un document, un pdf pédagogique indispensable (niveau collège à partir de la 3e, lycée) sur Neruda et cette période : http://www4b.ac-lille.fr/~vhugoharnes/Files/fiche23.pdf

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Source Wikipedia pour la traduction en français :
En 1974, l'autobiographie de Pablo Neruda Confieso que he vivido (J'avoue que j'ai vécu), paraît à titre posthume
extrait :

"Quiero vivir en un país donde no está excomulgado. Quiero vivir en un mundo donde los seres humanos sólo, sin otras pruebas que, sin estar obsesionado por una regla, por una palabra, una etiqueta. Quiero que entremos en todas las iglesias en toda la impresión. No quiero volver a estar esperando a alguien en la puerta del Ayuntamiento para detenerlo, para expulsarlo. Quiero que todos vienen y se van con una sonrisa en el ayuntamiento. No quiero que nadie escape en góndola, nadie es perseguido por las motocicletas. Quiero que la gran mayoría, la mayoría sólo, todo el mundo puede hablar, leer, escuchar y crecer."

"Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette. Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries. Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser. Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie. Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos. Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir."

Pablo Neruda
"Confieso que he vivido" (Seix Barral, 1974), "J'avoue que j'ai vécu" (en français chez Gallimard,1975)  - texte intégral en pdf (et en espagnol) de l'édition Seix Barral ici : http://nerudavive.cl/libros/libros_neruda/Confieso.pdf

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Silencio

Yo que crecí dentro de un árbol
tendría mucho que decir,
pero aprendí tanto silencio
que tengo mucho que callar
y eso se conoce creciendo
sin otro goce que crecer,
sin más pasión que la substancia,
sin más acción que la inocencia,
y por dentro el tiempo dorado
hasta que la altura lo llama
para convertirlo en naranja.

Silence

Moi qui ai grandi à l’intérieur d’un arbre
j’aurais beaucoup à dire,
mais j’ai appris tant de silence
que j’ai beaucoup à taire
et cela s’apprend en grandissant
sans autre plaisir que grandir,
sans plus de passion que la substance,
sans plus d’action que l’innocence,
et en dedans le temps doré
jusqu’à ce que la hauteur l’appelle
pour le transformer en orange.

Pablo Neruda
"Fin de Mundo" (Editorial Losada, 1969)
Fin du Monde est aussi le titre donné à l'exposition photographique sous-titrée «Pablo Neruda et la France» (organisée à Quito, capitale de l'Equateur,
par le Bureau de l'UNESCO à Quito, l'Alliance Française et l'Ambassade du Chili en Equateur, avec une lecture publique de poèmes de Pablo Neruda par des poètes et écrivains équatoriens. C'était en septembre et octobre 2012, dans le cadre de la commémoration du 40ème anniversaire de la mort de Neruda )

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
El deseo de irse

Ha penetrado el sol por mi ventana,

todo lo ha iluminado alegremente.

Ladra un perro y un pájaro desgrana

armoniosos gorjeos a torrentes.
De espaldas en mi lecho siento un vago

deseo de adorar las lejanías,

de perderme en la bruma de los lagos
sy cegarme en la luz de la alegría.
De irme cantando en el camino agreste

sintiendo la dulzura de las tardes,

y lleno el corazón de la celeste

llama de amor que en los caminos arde ...

Pablo Neruda (revista Corre – Vuela, N° 619, 1919 -  et "Los cuadernos de Temuco" (1966)

Le désir de partir


Le soleil est entré par ma fenêtre :

il a tout illuminé par sa gaieté.

Un chien aboie, et un oiseau fait couler
à flots de subtiles harmonies.

Sur le dos, dans mon lit, je ressens un vague

désir d'adorer les lointains,

de me perdre dans la brume des lacs,

de m'éblouir aux feux de l'allégresse;

d'aller en chantant sur les chemins champêtres,

en sentant sur moi la douceur des soirs,

et le coeur empli de la céleste

flamme de l'amour qui brûle au long des chemins.

Pablo Neruda


Méfions-nous des "hoax" posthumes (à l'ère Internet bien entendu) sur Pablo Neruda,
même si certains le regretteront (?) le texte "muere lentamente" (il meurt lentement) lui est faussement attribué, explication ici :
http://entouteslettres-jb.blogspot.fr/2011/01/si-de-pablo-neruda-il-meurt-lentement.html

Muere lentamente quien no viaja,
quien no lee,
quien no oye música,
quien no encuentra gracia en sí mismo.

etc

- - - - -

Il meurt lentement

celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.

etc ..., donc : Pablo Neruda
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Cien sonetos de amor, La Centaine d'amour
, est une suite numérotée de 100 sonnets, comme autant de lettres d'amour adressées par l'auteur à la même femme (Matilde Urrutia). On s'étonnera peut-être que ces vers ne riment pas, mais Neruda s'en est expliqué :
"Dans les Cent sonnets d’amour, le plus difficile a été de retirer les rimes de ces sonnets, pour qu’ils ne soient ni de bronze ni d’argent, mais de bois. C’est exactement pour cela que j’ai supprimé la rime, cette rime au son diabolique en espagnol". (cité par Delphine Rumeau dans son étude de la poésie de Pablo Neruda : "Dépolir les bijoux de la tradition lyrique : les sonnets de bois de Pablo Neruda", publiée en septembre 2009 dans la revue Silène du Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre-La Défense. Texte consultable ici (en pdf) : http://www.revue-silene.com/images/30/extrait_132.pdf

Quelques passages
:


Cien sonetos de amor

A Matilde Urrutia

Soneto I

Matilde, nombre de planta o piedra o vino,
de lo que nace de la tierra y dura,
palabra en cuyo crecimiento amanece,
en cuyo estío estalla la luz de los limones.

En ese nombre corren navíos de madera
rodeados por enjambres de fuego azul marino,
y esas letras son el agua de un río
que desemboca en mi corazón calcinado.

Oh nombre descubierto bajo una enredadera
como la puerta de un túnel desconocido
que comunica con la fragancia del mundo!

Oh invádeme con tu boca abrasadora,
indágame, si quieres, con tus ojos nocturnos,
pero en tu nombre déjame navegar y dormir.

Sonnet I

Matilde, nom de plante ou de pierre ou de vin,
nom de ce qui est né de la terre, et qui dure,
la croissance d’un mot a fait lever le jour,
dans l’été de ton nom éclatent les citrons.

Sur ce nom vont courant les navires de bois
entourés par l'essaim bleu marine du feu,
les lettres de ton nom sont l'eau d'une rivière
qui viendrait se jeter en mon coeur calciné.

Oh ce nom découvert sous un volubilis,
nom semblable à l'entrée d'un tunnel inconnu
qui communique avec tous les parfums du monde !

Oh-envahis moi de ta bouche qui me brûle,
cherche en moi, si tu veux, de tes yeux de nuit, mais
laisse-moi naviguer et dormir sur ton nom.


Pablo Neruda
traduction de Jean Marcenac et André Bonhomme pour l'édition bilingue Gallimard/Poésie représentée sur la photo du haut de page


Soneto V

No te toque la noche ni el aire ni la aurora,
sólo la tierra, la virtud de los racimos,
las manzanas que crecen oyendo el agua pura,
el barro y las resinas de tu país fragante.
 
Desde Quinchamalí donde hicieron tus ojos
hasta tus pies creados para mí en la Frontera
eres la greda oscura que conozco:
en tus caderas toco de nuevo todo el trigo.

Tal vez tú no sabías, araucana,
que cuando antes de amarte me olvidé de tus besos
mi corazón quedó recordando tu boca

y fui como un herido por las calles
hasta que comprendí que había encontrado,
amor, mi territorio de besos y volcanes.

Sonnet V

Que ne t’atteigne pas l’air, l’aurore, la nuit,

mais seulement la terre, et le vertu des grappes,
et la pomme qui pousse en attendant l’eau pure,
la résine et la boue de ta terre odorante.

Depuis Quinchamali où tes yeux furent faits,
jusqu’à tes pieds créés pour moi sur la Frontière,
tu es la glaise obscure et que je reconnais :
tout le blé je le touche à nouveau sur tes hanches.

Et peut-être l’ignorais-tu, mon Araucane,
lorsque avant de t’aimer j’oubliai tes baisers
qu’il me restait au cœur mémoire de ta bouche

et j’allai par les rues pareil à un blessé
pour comprendre à la fin que j’avais découvert
mon territoire, amour, de baisers, de volcans.

Pablo Neruda
traduction de Jean Marcenac et André Bonhomme pour l'édition bilingue Gallimard/Poésie représentée sur la photo du haut de page


Soneto XVII


No te amo como si fueras rosa de sal,topacio
o flecha de claveles que propagan el fuego:
te amo como se aman ciertas cosas oscuras,
secretamente, entre la sombra y el alma.

Te amo como la planta que no florece y lleva
dentro de sí, escondida, la luz de aquellas flores,
y gracias a tu amor vive oscuro en mi cuerpo
el apretado aroma que ascendió de la tierra.

Te amo sin saber cómo, ni cuándo, ni de dónde,
te amo directamente sin problemas ni orgullo:
así te amo porque no sé amar de otra manera, .

sino así de este modo en que no soy ni eres,
tan cerca que tu mano sobre mi pecho es mía,
tan cerca que se cierran tus ojos con mi sueño.


Sonnet XVII

Je ne t'aime pas comme si tu étais rose de sel ou topaze
ou flèche d’oeillets que propage par le feu:
Je t’aime comme l’on aime certaines choses obscures,
En secret, entre l’ombre et l’âme.

Je t’aime comme la plante qui ne fleurit pas et porte
cachée en elle-même, la lumière de ces fleurs,
Et grâce à ton amour vit obscurément dans mon corps
l'arôme intense qui est monté de la terre.

Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où,
Je t’aime directement sans problèmes ni orgueil:
Je t’aime ainsi car je ne sais aimer autrement,

Sinon de cette manière où nous sommes nous-mêmes,
Aussi près que ta main sur ma poitrine est la mienne,
Aussi près que tes yeux se ferment sur mon rêve.

Pablo Neruda
traduction proposée par lieucommun
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Dans le recueil "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" les poèmes ne portent aucun titre, ils sont numérotés de I à XX.

"Los Veinte poemas de amor y una canción desesperada son un libro doloroso y pastoril que contiene mis más atormentadas pasiones adolescentes, mezcladas con la naturaleza arrolladora del sur de mí patria" ...

Pablo Neruda dans son autobiographie "J'avoue que j'ai vécu" ("Confieso que he vivido")

(Passages)

XIV

Juegas todos los días con la luz del universo.
Sutil visitadora, llegas en la flor  y en el agua.
Eres más que esta blanca cabecita que aprieto
como un racimo entre mis manos cada día.

A nadie te pareces desde que yo te amo.
Déjame tenderte entre guirnaldas amarillas.
¿Quién escribe tu nombre con letras de humo entre las estrellas del sur ?
¡Ah, déjame recordarte cómo eras entonces, cuando aún no existías !

(...)

Hasta te creo dueño del universo.
Te traeré de las montañas flores alegres, copihues,
avellanas oscuras, y cestas silvestres de besos.

Quiero hacer contigo
lo que la primavera hace con los cerezos.

 

Tu joues tous les jours avec la lumière de l'univers ...

Tu joues tous les jours avec la lumière de l'univers.
Subtile visiteuse, tu viens sur la fleur et dans l'eau.
Tu es plus que cette blanche et petite tête que je presse
Comme une grappe entre mes mains chaque jour.

Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes.
Qui inscrit ton nom avec des lettres de fumée parmi les étoiles du sud ?
Ah laisse-moi me souvenir comment tu étais alors, quand tu n'existais pas encore.

(...)

Je te crois même reine de l'univers.
Je t'apporterai des fleurs joyeuses des montagnes, des copihues,
des noisettes foncées, et des paniers sylvestres de baisers.

Je veux faire avec toi
ce que le printemps fait avec les cerisiers.
(...)

XVI

En mi cielo al crepúsculo eres como una nube
y tu color y forma son como yo los quiero.
Eres mía, eres mía, mujer de labios dulces
y viven en tu vida mis infinitos sueños

(...)

 

Tu es au crépuscule ...

Tu es au crépuscule un nuage dans mon ciel,
ta forme, ta couleur sont comme je les veux.
Tu es mienne, tu es mienne, ma femme à la lèvre douce
et mon songe infini s'établit dans ta vie.

(...)

Pablo Neruda ("Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée", 1998 - paru en Poésie/Gallimard)

--------------------------------------

Du recueil de Pablo Neruda "Cien sonetos de amor", ce XXVe sonnet avec sa traduction :

Soneto XXIV

Amor, amor, las nubes a la torre del cielo
subieron como triunfantes lavanderas,
y todo ardió en azul, todo fue estrella:
el mar, la nave, el día se desterraron juntos.

Ven a ver los cerezos del agua constelada
y la clave redonda del rápido universo,
ven a tocar el fuego del azul instantáneo,
ven antes de que sus pétalos se consuman.

No hay aquí sino luz, cantidades, racimos,
espacio abierto por las virtudes del viento
hasta entregar los últimos secretos de la espuma.

Y entre tantos azules celestes, sumergidos,
se pierden nuestros ojos adivinando apenas
los poderes del aire, las llaves submarinas.

Pablo Neruda ("Cien sonetos de amor")

--------

 traduction proposée par  Lieucommun :

Sonnet XXIV

Amour, amour, à la tour du ciel les nuages
montèrent telles de triomphantes lavandières,
et tout brûla en bleu d'azur, tout fut étoile :
la mer, le navire, le jour s'exilèrent ensemble.

Viens voir les cerisiers dans leur eau constellée
viens voir la ronde clef de l'univers rapide,
Viens toucher le feu de l'azur instantané,
viens avant que ses pétales se consument.

Il n'est ici que lumière, abondance*, grappes,
espace ouvert par les vertus du vent
jusqu'à livrer les derniers secrets de l'écume.

Et parmi tant de bleus célestes, submergés,
nos yeux se perdent, devinant à peine
les pouvoirs de l'air et les clefs de la mer.

Pablo Neruda ("La Centaine d'amour" - éditions Gallimard, 1995)
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

L'Espagne au coeur
(publié aux éditions Denoël en 1938 avec une préface de Louis Aragon) est, comme son nom l'indique, le recueil des poèmes que Pablo Neruda a consacré à ce pays où il a été Consul du Chili, et a vécu de 1935 à la fin de la guerre civile. Il y exprime ses sentiments d'amour et de révolte, particulièrement dans le texte ci-dessous :

"Raúl*, te acuerdas ?
Te acuerdas, Rafael ?
Federico, te acuerdas ?..."

* Raúl González Tuñón, poète argentin engagé en Espagne (1905-1974)


J'EXPLIQUE CERTAINES CHOSES

Vous me demanderez :
" Mais où sont les lilas ?

Et la métaphysique couverte de coquelicots ?
Et la pluie qui souvent frappait
vos paroles, les emplissant

d'oublis et d'oiseaux ? "

Je vais vous raconter tout ce qui m'arrive.

Je vivais dans un quartier
de Madrid

avec
des cloches d'horloges,
avec des arbres.

De là on voyait au loin
le visage sec de la Castille

comme un océan de cuir.
Ma maison s'appelait
La maison des fleurs, parce que de tous côtés
éclataient des géraniums ; c'était
une belle maison

avec des chiens et des enfants.

Raúl, tu te souviens ?

Te souviens-tu Rafael ?
Federico, te souviens-tu ?
Toi qui dors sous la terre,
Te souviens-tu de ma maison aux balcons
Où la lumière de juin étranglait les fleurs dans ta bouche ?
Mon frère, mon frère !

Tout
était voix fortes,
sel des marchandises,
montagnes de pain palpitant,
les marchés de mon quartier d'Arguelles avec sa statue
comme un encrier pâli parmi les merlus :

L'huile coulait dans les cuillers,
un profond battement
de pieds et de mains emplissait les rues,
mètres, litres, essence
aiguë de la vie,

poissons entassés
texture des toits sous le soleil froid à
la flèche fatiguée,

L'ivoire délirant et fin des pommes de terre,
et les tomates multipliées jusqu'à la mer.

Et un matin tout était en feu,

et un matin des brasiers
sortirent de terre

dévorant les hommes.

Et depuis lors le feu,

la poudre depuis lors
et depuis lors le sang.
Des bandits avec des avions et des Maures,
des bandits avec des bagues et des duchesses,
des bandits avec des moines noirs en prières
vinrent du ciel pour tuer les enfants,
et par les rues le sang des enfants

coulait simplement comme du sang d'enfant.

Chacals que les chacals rejetteraient,

pierres que les chardons secs mordraient en crachant
vipères que les vipères haïraient !
Face à vous j'ai vu le sang
de l'Espagne se lever

pour vous noyer sous une seule vague
d'orgueil
et de couteaux !

Généraux

traîtres :
regardez ma maison morte
regardez l'Espagne détruite :
mais du moindre recoin d'Espagne
sort l'Espagne,
un métal ardent

en guise de fleurs,
mais de chaque blessure de l'Espagne
sort l'Espagne,
mais de chaque enfant mort sort un fusil avec des yeux,
mais de chaque crime naissent des balles
qui trouveront un jour
la place de votre cœur.


Vous me demandez : pourquoi votre poésie

ne parle pas du songe, des feuilles,
des grands volcans de votre pays natal ?
Venez voir le sang dans les rues
venez voir
le sang dans les rues

venez voir le sang
dans les rues !

(traduction, mise en strophes et ponctuation adaptée
proposées par lieucommun)

texte original :

EXPLICO ALGUNAS COSAS

Preguntaréis : Y dónde están las lilas ?
Y la metafísica cubierta de amapola s?
Y la lluvia que a menudo golpeaba
sus palabras llenándolas
de agujeros y pájaros ?

Os voy a contar todo lo que me pasa.

Yo vivía en un barrio
de Madrid, con campanas,
con relojes, con árboles.
Desde allí se veía
el rostro seco de Castilla
como un océano de cuero.
Mi casa era llamada
la casa de las flores, porque por todas partes
estallaban geranios: era
una bella casa
con perros y chiquillos.
Raúl, te acuerdas ?
Te acuerdas, Rafael ?
Federico, te acuerdas
debajo de la tierra,
te acuerdas de mi casa con balcones en donde
la luz de junio ahogaba flores en tu boca ?
Hermano, hermano !
Todo
eran grandes voces, sal de mercaderías,
aglomeraciones de pan palpitante,
mercados de mi barrio de Argüelles con su estatua
como un tintero pálido entre las merluzas :
el aceite llegaba a las cucharas,
un profundo latido
de pies y manos llenaba las calles,
metros, litros, esencia
aguda de la vida,
pescados hacinados,
contextura de techos con sol frío en el cual
la flecha se fatiga,
delirante marfil fino de las patatas,
tomates repetidos hasta el mar.
Y una mañana todo estaba ardiendo
y una mañana las hogueras
salían de la tierra
devorando seres,
y desde entonces fuego,
pólvora desde entonces,
y desde entonces sangre.
Bandidos con aviones y con moros,
bandidos con sortijas y duquesas,
bandidos con frailes negros bendiciendo
venían por el cielo a matar niños,
y por las calles la sangre de los niños
corría simplemente, como sangre de niños.
Chacales que el chacal rechazaría,
piedras que el cardo seco mordería escupiendo,
víboras que las víboras odiaran!
Frente a vosotros he visto la sangre
de España levantarse
para ahogaros en una sola ola
de orgullo y de cuchillos !
Generales
traidores:
mirad mi casa muerta,
mirad España rota:
pero de cada casa muerta sale metal ardiendo
en vez de flores,
pero de cada hueco de España
sale España,
pero de cada niño muerto sale un fusil con ojos,
pero de cada crimen nacen balas
que os hallarán un día el sitio
del corazón.
Preguntaréis por qué su poesía
no nos habla del sueño, de las hojas,
de los grandes volcanes de su país natal ?
Venid a ver la sangre por las calles,
venid a ver
la sangre por las calles,
venid a ver la sangre
por las calles !

Pablo Neruda ("Espagne au coeur" - éditions Denoël, 1938)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Le recueil Los versos del capitan (Les vers du capitaine), a été initialement imprimé anonymement en Italie par son ami Paolo Ricci. Pablo Neruda a signé ce recueil dans l'édition chilienne de 1963.

El tigre

Soy el tigre.
Te acecho entre las hojas

anchas como lingotes

de mineral mojado.
El río blanco crece

bajo la niebla. Llegas.

Desnuda te sumerges.

Espero.
Entonces de un salto

de fuego, sangre, dientes,

de un zarpazo derribo

tu pecho, tus caderas.
Bebo tu sangre, rompo

tus miembros uno a uno.
Y me quedo velando

por años en la selva
tus huesos, tu ceniza,

inmóvil, lejos

del odio y de la cólera,

desarmado en tu muerte,

cruzado por las lianas,

inmóvil en la lluvia,

centine
la implacable de mi amor asesino.

Le tigre

Je suis le tigre.
je te guette derrière les feuilles
aussi grandes que des lingots
de minerai mouillé.

le fleuve blanc grandit
sous la brume. Tu arrives.

Nue, tu plonges.
J'attends.

Alors d'un bond,
feu, sang et dents,
ma griffe arrache
ta poitrine, tes hanches.
Je bois ton sang, je brise
tes membres, un à un.

Et je reste dans la forêt
à veiller durant des années tes os, ta cendre,
immobile, éloigné
de la haine et de la colère,
désarmé par ta mort,
traversé par les lianes,
immobile sous la pluie,
sentinelle
implacable de mon amour assassin.


Pablo Neruda
traduction proposée par lieucommun
poème situé dans le chapitre "El deseo" (le désir) du recueil "Los versos del capitan" initialement publié anonymement en Italie en 1952, puis au Chili en 1963 - édition Gallimard en français, 1984)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Louis Aragon
a écrit ce long poème en hommage à Pablo Neruda :

Romancero De Pablo Neruda
I

Je vais dire la légende
De celui qui s'est enfui
Et fait les oiseaux des Andes
Se taire au coeur de la nuit

Quand d'abord nous l'entendîmes
L’air était profond et doux
Un instrument anonyme
Préludait on ne sait d'où

Naïfs entre deux éclipses
Des paroles pour complot
Sans craindre l'apocalypse
Nous jouions avec les mots

Le ciel était de velours
lncompréhensiblement
Le soir tombe et les beaux jours
Meurent on ne sait comment

Si bas que volât l'aronde
Dans le ciel de par ici
La plus belle voix du monde
Effaçait les prophéties

Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda

II

A Madrid il est consul
En trente-six quand le feu
Change sur la péninsule
En ciel rouge le ciel bleu

Le sang couvre dans Grenade
Le parfum des orangers
Quand s'éteint la sérénade
Du rouge-gorge égorgé

C'est la fin des pigeon-vole
Le vent nouveau maria
Dans la romance espagnole
Au Cid Pasionaria

Une voix américaine
S'est mêlée aux musiciens
Et dit l’amour dit la haine
Dit la mort des miliciens

Toi qui racontais aux mères
Comment meurent leurs enfants
Neruda la graine amère
Mûrit dans l'air étouffant

Te voici tel que toi-même
Là-bas le Chili t'attend
Il grandit dans l'anathème
Le chanteur de quarante ans

III

Le feu la fumée enfante
Qui semble naître du toit
Le peuple pour qui tu chantes
A des yeux noirs comme toi

Les maisons disent la terre
Et les oiseaux à leur front
Malaisément pourraient taire
Ce que les hommes y font

Rien désormais ne sépare
Des lèvres le mot chanté
Toute chose se compare
A la seule liberté

Lorsque la musique est belle
Tous les hommes sont égaux
Et l'injustice rebelle
Paris ou Santiago

Nous parlons même langage
Et le même chant nous lie
Une cage est une cage
En France comme au Chili

IV

Mais une atroce aventure
S'abat sur ce pays-là
Ramenant la dictature
Du Président Videla

Neruda qui le dénonce
Etait hier son ami
Le Président en réponse
Au cachot le voudrait mis

L'ambassade du Mexique
L'a recueilli quelque temps
Mes seigneurs quelle musique
A fait le gouvernement

Il a donné sa parole
Que Pablo pouvait partir
A I'étranger qu'il s'envole
Nul ne veut le retenir

L'auto quand à la frontière
Elle parvient cependant
Halte-là machine arrière
Par ordre du Président

Depuis ce temps-là mystère
Les chiens l'ont en vain pisté
Qui sait où Pablo se terre
Pourtant on l'entend chanter

V

Sous le fouet de la famine
Terre terre des volcans
Le gendarme te domine
Mon vieux pays Araucan

Pays double où peuvent vivre
Des lièvres et des pumas
Triste et beau comme le cuivre
Au désert d’Atacama

Avec tes forêts de hêtres
Tes myrtes méridionaux
Ô mon pays de salpêtre
D'arsenic et de guano

Mon pays contradictoire
Jamais libre ni conquis
Verras-tu sur ton histoire
Planer l'aigle des Yankees

Entrez entrez dans la danse
Volcans mes frères volcans
L'étoile d'indépendance
Luit pour le peuple Araucan

VI

Absent et présent ensemble
Invisible mais trahi
Neruda que tu ressembles
A ton malheureux pays

Ta résidence est la terre
Et le ciel en même temps
Silencieux solitaire
Et dans la foule chantant

Noire et blanche l'existence
L'insomnie a pour loyer
Les nuits de la résistance
Ont l'air de manteaux rayés

Mais voici le matin blême
Cela ne peut plus durer
La Grèce et Jérusalem
La Chine déchirée

Déjà le monde entier forme
Un rêve pareil au tien
Et c'est un soleil énorme
Qu'une main d'enfant retient

Louis Aragon

Jean Ferrat a mis en musique des passages de ce poème en 1964 :

Complainte De Pablo Neruda

Je vais dire la légende

De celui qui s'est enfui
Et fait les oiseaux des Andes
Se taire au cœur de la nuit

Le ciel était de velours
Incompréhensiblement
Le soir tombe et les beaux jours
Meurent on ne sait comment

Refrain
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda

Lorsque la musique est belle
Tous les hommes sont égaux
Et l'injustice rebelle
Paris ou Santiago

Nous parlons même langage
Et le même chant nous lie
Une cage est une cage
En France comme au Chili

Refrain

Sous le fouet de la famine
Terre terre des volcans
Le gendarme te domine
Mon vieux pays araucan

Pays double où peuvent vivre
Des lièvres et des pumas
Triste et beau comme le cuivre
Au désert d'Atacama

Refrain

Avec tes forêts de hêtres
Tes myrtes méridionaux
O mon pays de salpêtre
D'arsenic et de guano

Mon pays contradictoire
Jamais libre ni conquis
Verras-tu sur ton histoire
Planer l'aigle des Yankees

Refrain

Absent et présent ensemble
Invisible mais trahi
Neruda que tu ressembles
À ton malheureux pays

Ta résidence est la terre
Et le ciel en même temps
Silencieux solitaire
Et dans la foule chantant

Refrain

Poème de Louis Aragon (recueil "Le Nouveau Crève-cœur", NRF Gallimard, 1948, chapitre "Le romancero de Pablo Neruda"), mise en musique de passages et création de la chanson par Jean Ferrat.
Le poème est chanté in-extenso par Véronique Pestel sur une musique et avec un tempo différents, remarquable interprétation qu'elle accompagne au piano, à écouter ici : http://www.youtube.com/watch?v=pzmhA04axQk


Le nouveau sonnet à Hélène est une oeuvre de jeunesse de l'auteur

soneto Helena NerudaPablo Neruda ("Crepusculario", 1920, publié en 1923)

Crépusculaire

Quand tu seras vieille ma jolie – Ronsard te l’a déjà dit -
Tu te souviendras des vers que je te disais.
Tes seins seront tristes d’avoir allaité tes fils,
les derniers rejetons de ta vie désolée.

Je serai si loin que tes mains de cire
laboureront le souvenir de mes ruines désertes,
Tu comprendras qu’il peut neiger au Printemps
et qu’au Printemps les neiges sont plus rudes.

Je serai si loin que l’amour et la peine
qu’avant je déversais dans ta vie comme d’une amphore pleine,
seront condamnés à mourir entre mes mains...

Et ce sera tard parce que mon adolescence est morte.
Tard parce que les fleurs ne livrent qu’une fois leur parfum
et parce que, même si tu m’appelles, je serai si loin !

traduction du poème ici (elle a été légèrement modifiée par lieucommun) :
http://www.revue-silene.com/images/30/extrait_132.pdf
image du poème manuscrit de l'auteur, empruntée ici : http://repositoriodigital.uct.cl:8080/xmlui/bitstream/handle/123456789/194/NST_0717-4268_03_3_art7.PDF?sequence=1



 

12 novembre 2009

PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME TRADUCTIONS - sommaire

PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME TRADUCTIONS

La plupart des textes publiés n'ayant pas fait l'objet d'une demande d' autorisation, les ayants droit peuvent nous en demander le retrait.

  • Les textes mis en ligne sont antidatés pour le rangement, ne pas en tenir compte !
  • Les textes sont présentés dans leur orthographe originale.
    Lieucommun n'appliquera pas davantage dans la présentation et les commentaires, les nouvelles révisions orthographiques sensées simplifier l'écriture, mais qui ne sont pas encore généralisées dans les écoles.
    Merci de nous signaler les erreurs et les fautes de frappe ! (en commentaire du paragraphe ou par le lien "contacter l'auteur")

"De ma vie je n'ai jamais vu
Plus beau visage que sa voix (…)"
(Angèle Vannier, Poèmes choisis 1947-1978, Rougerie, 1990)


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

bandeau PP13

"Les voix du poème"

15e Printemps des Poètes : "Les voix du poème"
DU SAMEDI 9 AU DIMANCHE 24 MARS 2013
"Dès sa naissance, au début des temps humains, la poésie est une parole levée. Qu'il soit murmure, cri ou chant, le poème garde toujours quelque chose de son oralité native. Il est donc peu ou prou une affaire de voix, la voix intérieure du poète répondant aux voix du monde".
la suite ici :  http://www.printempsdespoetes.com"  - Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes

 

  • pour illustrer le thème LES VOIX DU POÈME, lieucommun propose un éventail de textes
    sur le thème de la communication à haute voix, parfois sous forme de dialogues, de conversations
  • adaptés aux niveaux des classes de l'école primaire, et d'autres textes peut-être plus difficiles d'accès.

Quelques propositions de production d'écrit accompagnent les textes.



PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME, TRADUCTIONS

en construction

- - - - SOMMAIRE - - - -

crayon lieucommun<< ce logo signale des propositions de création poétique liées aux textes d'auteurs

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

page 1 (vous y êtes, déroulez la page) -

  • comptines, chansonnettes en anglais
  • comptines, chansonnettes en espagnol
    page 2
  • comptines, chansonnettes en d'autres langues
    page 3
  • auteurs en anglais
  • auteurs en espagnol
    page 4
  • auteurs en d'autres langues

- le sommaire est susceptible d'évoluer -


 

12 novembre 2009

PP 2013 VOIX - traductions - comptines, chansonnettes en anglais

Comptines et petites chansons en anglais
Choix de textes avec ou sans traduction

chansons

There were some itty bitty fishes

There were some itty bitty fishes
In an itty bitty pool
There was a momma fish
A daddy fish
A baby fish too
They swam and they swam just as fast as they can
And they swam themselves right over the dam.

(Chanson)

Il y avait de tout petits petits poissons

Il y avait de tout petits petits poissons

Dans un tout petit petit trou
Il y avait une maman poisson
Un papa poisson
Un bébé poisson aussi
Ils ont nagé, nagé, aussi vite qu'ils pouvaient
Et jusqu'au barrage ils ont remonté.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Do you like ?


Do you like cats ?

Yes, I do.
Do you like dogs ?
Yes, I do.
Do you like spiders ?
No, I don't.
I don't like spiders !
Do you like birds ?
Yes, I do.
Do you like rabbits ?
Yes, I do.
Do you like frogs ?
No, I don't.
I don't like frogs !

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Little Bo-Peep

Little Bo-Peep has lost her sheep
And can't tell where to find them.
Leave them alone,
And they'll come home,
Wagging their tails behind them

libre adaptation (proposée par Lieucommun) :

Little Bo-Peep a perdu ses moutons
Elle ne sait plus où ils sont.
Laissons faire les moutons,
Ils rentreront tout seuls à la maison
En remuant la queue derrière eux.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Humpty Dumpty

Humpty Dumpty sat on the wall,
Humpty Dumpty had a great fall.
All the king's horses,
And all the king's men
Couldn't put Humpty
Together again.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Polly, put the kettle on

Polly, put the kettle on,
We'll all have tea.

Blow the fire and make the toast,
Put the muffins on to roast,
Blow the fire and make the toast,
We'll all have tea.

Sukey, take it off again,
They've all gone away.

libre adaptation (proposée par Lieucommun) :

Polly, mets la bouilloire à chauffer,
Nous allons tous prendre le thé.

Allume le feu, grille le pain,
et réchauffe les muffins,
Attise le feu, grille le pain,
Nous allons tous prendre le thé.

Polly, arrête ça,
Tout le monde est parti.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Comptines et comptines rythmées et chantées

Pussy cat, pussy cat

Pussy cat, pussy cat, where have you been ?
I've been to London to visit the queen.
Pussy cat, pussy cat, what did you there ?
I frightened a little mouse  under the chair.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

The little mouse

I have seen you, little mouse,
Running all about the house,
Through the hole your little eye,
In the wainscot peeping sly,

Hoping soon some crumbs to steal,
To make quite a hearty meal.

Look before you venture out,

See if pussy  is about.
If she's  gone, you'll quickly run,
To the larder for some fun;
Round about the dishes  creep,
Taking into each a peep,
To choose the daintiest that's there,
Spoiling things you do not care.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

The cat and the fiddle

Hey diddle diddle, the cat and the fiddle,
The cow  jumped over the moon,
The little dog  laughed  to see  such sport,
And the dish  ran away with the spoon.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Cock crow

Cocks crow in the morn,
To tell us to rise.
And he who lies late,
Will never be wise.

For early to bed,
And early to rise,
Is the way to be healthy,
And wealthy  and wise.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

How doth the little crocodile

How doth the little crocodile
Improve his shining tail,
And pour the waters of the Nile
On every golden scale !

How cheerfully he seems to grin,
How neatly spreads his claws,
And welcomes little fishes in,
With gently smiling jaws !

(Texte de Lewis Carroll)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

This little piggy

This little piggy  went to market;
This little piggy  stayed home;
This little piggy  had roast beef;
This little piggy  had none;
This little piggy  said,
"Wee, wee, wee",  all the way home.


12 novembre 2009

PP 2013 VOIX - traductions - comptines, chansonnettes en espagnol

Comptines et petites chansons en espagnol
Choix de textes avec ou sans traduction

Les textes de Federico García Lorca et Antonio Machado sont rangés également à la page de ces auteurs.

Comptines :

Chocolate

Uno, dos, tres, cho-
Uno dos tres, co-
Uno, dos, tres, la-
Uno, dos tres, te-
bate, bate, bate, bate
bate, bate chocolate.

(Comptine)

Chocolat (Libre adaptation en français : lieucommun)

Un deux trois, cho
Quatre cinq six, co
Sept huit neuf, la
bats, bats, bats, bats
bats, bats, le chocolat.


Caracol

Caracol, caracol

Saca los cuernos al sol.
Que tu padre y tu madre
También los sacó.

(Comptine)

Escargot (adaptation en français : lieucommun)

Escargot, escargot

Sors tes cornes au soleil
Ta mère et ton père
Les ont sorti aussi.

(Comptine)


Cinco pollitos (Comptine gestuelle)

Cinco pollitos
tiene mi tía,
uno le salta,
otro le pía
y otro le canta
la sinfonía.

Girar las manos a un lado y a otro con los dedos extendidos y separados.

Cinq poussins (très) libre adaptation en français : lieucommun)

Des cinq poussins
de ma tante,
le premier danse
un autre crie
un autre chante
la symphonie.

Faire tourner ses mains dans un sens et puis dans l'autre, les doigts tendus et écartés.


Éste encontró un huevo (Comptine - jeu de doigts)

Éste fue a por leña,
éste le ayudó,
éste encontró un huevo,
éste lo frió,
y este gordito,
se lo comió.

Con los dedos índice y pulgar de una mano, se van tomando y apretando cada dedo de la otra mano,
comenzando por el meñique y terminando por el pulgar, a la vez que se va recitando cada verso de la
retahíla.

Celui-ci a trouvé un oeuf (très) libre adaptation en français : lieucommun)

Celui-ci est parti au bois*,
celui-ci l'a accompagné*,
celui-ci a trouvé un œuf,
celui-ci l'a fait frire,
et c'est ce petit gros qui l''a mangé.

Littéralement :

Celui-ci est allé chercher du bois
Celui-ci l'a aidé ...

Entre l'index et le pouce d'une main, on prend et on plie successivement chaque doigt de l'autre main,
en commençant par le petit doigt et en terminant par le pouce, à mesure qu"on récite chaque vers de la comptine.

En espagnol, les doigts de la main sont :

El pulgar, (le pouce) appelé aussi "dedo gordo" (gros doigt) ; el índice (l'index) ; el corazón (le coeur, c'est pour nous le majeur), appelé aussi "dedo medio" (doigt median), "mayor" (majeur) ou "cordial" ; el anular (l'annulaire); et el meñique (l'auriculaire), appelé aussi "dedo pequeño" (petit doigt).


Mi abuelita tenía un gato (Comptine - dialogue)

Mi abuelita tenía un gato,
con las orejas de trapo,
y el hocico de papel.
¿Quieres que te lo cuente otra vez ?
(El niño le contesta sí o no)

Que me digas que sí,
que me digas que no,
que mi abuelita tenía un gato,
con las orejas de trapo,
y el hocico de papel.
¿ Quieres que te lo cuente otra vez ?
(El niño le contesta sí o no)

Se repite la retahíla, indefinidamente.

Traduction :

Ma mémé* avait un chat (Comptine - dialogue) * "abuelita" est le diminutif de "grand-mère"

Ma mémé avait un chat,
aux oreilles de chiffon,
au petit nez en papier.
Tu veux que je te le raconte encore ?
(L'enfant répond oui ou non)

Que tu me dises oui,
Que tu me dises non,
Ma mémé avait un chat,
aux oreilles de chiffon,
au petit nez en papier.
¿ Tu veux que je te le raconte encore ?
(L'enfant répond oui ou non)

La comptine se répète indéfiniment.


Chanson et poésie populaires :

Tengo una muñeca

Tengo una muñeca vestida de azul
Con su camisita y su canesú
La saqué a paseo, se me constipó
La tengo en la cama con mucho dolor
Y esta mañanita me dijo el doctor
Que le dé el jarabe con un tenedor
Dos y dos son cuatro
Cuatro y dos son seis
Seis y dos son ocho
Y ocho diez y seis
Y ocho veinte y cuatro
Y ocho treinta y dos

(Chanson populaire)
 
J'ai une poupée (Adaptation en français : lieucommun) 

J'ai une poupée toute vêtue de bleu
Avec une chemisette et un canezou*
Je l'ai emmenée en promenade, elle s'est enrhumée
Je la garde au lit car elle a très mal.
Et ce matin, le docteur m'a dit
De lui donner du sirop avec une fourchette.
Deux et deux font quatre
Quatre et deux font six
Six et deux font huit
Et huit, seize
Et huit, vingt-quatre
Et huit, trente-deux      * un canezou est un corsage sans manches


Los pollitos (Poésie populaire)

Cuando los pollitos
dicen pío, pío
cuando tienen hambre,
cuando tienen frío,
la gallina busca
el maíz y el trigo
para dar sustento
a su pobres hijos.
Y bajo las alas,
acurrucaditos,
cuando tienen frío
duermen calentitos.

Les poussins (adaptation en français : lieucommun) 

Quand les poussins
font piou piou,
quand ils ont faim,
quand ils ont froid,
la poule cherche
le maïs et le blé
pour nourrir
ses pauvres enfants.
Et sous les ailes,
blottis
quand ils ont froid,
ils dorment au chaud.


Petits poèmes de Federico García Lorca :

Los niños

Salen los niños.
Salen los niños alegres de la
escuela,
poniendo en el aire tibio
de abril, canciones nuevas.
¡ Qué alegría tiene
el hondo silencio de la calleja !

Federico García Lorca (cité dans "El Silbo del Aire" - Antología Lírica Infantil,1985)

Les enfants (adaptation en français : lieucommun)

Les enfants sortent.
Les enfants, joyeux, sortent de l'école,
jetant dans l'air tiède
d'avril, de nouvelles chansons.
Quelle joie dans
le profond silence de la ruelle !

Federico García Lorca


Naranja y limón (1) (pas de traduction, juste pour la musique de la langue) : Orange et citron 

Naranja y limón
¡ Ay de la niña
del mal amor !
Limón y naranja
¡Ay de la niña
de la niña blanca!
Limón
(Cómo brillaba el sol).
Naranja
(En las chinas del agua).

Federico García Lorca


Agua, ¿ dónde vas ?

Agua, ¿ dónde vas ?
Riendo voy por el río
a las orillas del mar.

Mar, ¿ a dónde vas ?
Río arriba voy buscando
fuente donde descansar.

Chopo, y tú ¿ qué harás ?
No quiero decirte nada
yo… ¡ temblar !

¿ Qué deseo, qué no deseo,
por el río, por el mar ?
¡ Cuatro pájaros sin rumbo
en el alto chopo están !

Federico García Lorca

Eau, où vas-tu ? (libre adaptation en français : lieucommun)

Eau, où vas-tu ?
Je vais riant par la rivière
jusqu'aux rivages de la mer.

Mer, où vas-tu ?
Par la rivière je cherche
une fontaine où me reposer.

Peuplier, et toi, qu'est-ce que tu fais ?
Je ne veux rien te dire
moi ... je tremble !

Ce que j'espère, ce que je ne voudrais pas,
par la rivière, par la mer ?
Quatre oiseaux perdus
Sont sur le haut peuplier !

Federico García Lorca


Petits poèmes d'Antonio Machado :

La plaza

La plaza tiene una torre,
la torre tiene un balcón,
el balcón tiene una dama
la dama tiene una flor.

Antonio Machado

La place (adaptation en français : lieucommun)

La place a une tour,
la tour a un balcon,
le balcon a une dame,
la dame a une fleur.


La primavera

La primavera ha venido
nadie sabe cómo ha sido.
Ha despertado la rama
el almendro ha florecido.
En el campo se escuchaba
el gri del grillo.
La primavera ha venido
nadie sabe cómo ha sido.

Antonio Machado

Le printemps (adaptation en français : lieucommun)

Le printemps est arrivé
personne ne sait comment.
Il a réveillé les branches
l'amandier a fleuri.
Dans les champs on écoutait
le gri-gri du grillon.
Le printemps est arrivé
personne ne sait comment.


Petits poèmes d'autres auteurs :

Amapola

Amapola
Novia del campo, amapola,
que estás abierta en el trigo,
amapolita, amapola,
¿te quieres casar conmigo ?

Juan Ramón Jiménez

Papillon (adaptation en français : lieucommun)

Papillon
Fiancé des champs, papillon,
ailes ouvertes dans le blé,
petit papillon, papillon,
veux-tu te marier avec moi ?


El otoño

En la cesta del otoño
me dejó mamá meter
una manzana y dos nueces
que yo le ayudé a coger.
Mi hermana María dice
que a ella le gusta ver
las hojas cuando se caen,
porque parece que vuelan
y no se quieren caer.

Carmen Calvo Rojo

L'automne (adaptation en français : lieucommun)

Dans le panier de l'automne
maman m'a laissé mettre
une pomme et deux noix
que je l'ai aidée à cueillir.
Ma sœur María dit
qu'elle, elle aime regarder
Les feuilles qui tombent,
Parce qu'on dirait qu'elles volent
et ne veulent pas tomber.


Devinettes poétiques :

Entre bellas personas
ando siempre en verano,
unas veces abierto,
otras veces cerrado.
Solución : el abanico

en français : (Libre adaptation de lieucommun)

Je vais en été
toujours accompagné
de belles personnes
parfois ouvert
parfois fermé.
Solution : l'éventail


Blanca por dentro
verde por fuera,
si quieres que te lo diga
espera.

Solución : La pera (jeu de mots entre "es pera" = c'est une poire et "espera" = attends)

en français : (Libre adaptation de lieucommun pour préserver le jeu de mots, mais on peut choisir une traduction plus directe !)

Blanche dedans
verte dehors,
tu veux que je te le dise ?
garde toujours l'espoir.

Solution : la poire


Quedan los textos en este blog, esperando el permiso de los titulares del copyright : http://www.everesteduca.com/



 

 

Publicité
12 novembre 2009

PP 2013 VOIX - traductions - auteurs en espagnol

PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME TRADUCTIONS

AUTEURS de langue espagnole

- Federico Garcia Lorca -

Federico García Lorca (1898- 1936) est un poète et un auteur de pièces de théâtre espagnol.
Il a été l'ami de Luis Buñuel (cinéaste) et de Salvador Dalí.
Il est mort fusillé au début de la Guerre civile (1936-1939) par les troupes du Général Franco.

"Toutes les choses ont leur mystère, la poésie c'est le mystère de toutes les choses".

Sur le thème de la voix pour le Printemps 2013 :

à Catalina Bárcena *

Tu voz es sombra de sueño.
Tus palabras
son en el aire dormido
pétalos de rosas blancas.

Por tus cabellos dorados,
por tu mirada profunda,
por tu voz nublada y triste
¡ rindo mi capa andaluza !

Tienen tus ojos la niebla
de las mañanas antiguas;
dulces ojos soñolientos,
preñados de lejanías.

Al escucharte se siente
dentro del alma un lejano
rumor de cálida fuente.

Federico García Lorca, 1920-1922 (Obras Completas Vol I) - Ce poème est parfois simplement intitulé "Tu voz" - * Catalina Bárcena (1888-1978) était une actrice de cinéma et de théâtre espagnole. Elle a joué dans la première pièce de Garcia Lorca : El maleficio de la mariposa (Le maléfice du papillon).

- - - - - - - - - -

Ta voix

Ta voix est l'ombre du rêve.
Tes paroles
sont dans l'air endormi
des pétales de roses blanches.

Pour tes cheveux d'or,
pour ton profond regard,
pour ta voix douce et triste
¡ je renonce à ma cape andalouse !

Tes yeux sont la brume
des antiques matins ;
tes doux yeux songeurs,
imprégnés des lointains.

En t'écoutant on ressent
dans l'âme une lointaine
rumeur de chaude fontaine.

(Traduction proposée par Lieucommun )

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Chanson bête

Maman,
Je voudrais être en argent.

Mon fils,
Tu auras bien froid.

Maman,
Je voudrais être de l'eau.

Mon fils,
Tu auras bien froid.

Maman,
Brode-moi sur ton oreiller.

Ah, ça oui  !
tout de suite !

Federico García Lorca (Traduction proposée par Lieucommun )

- - - - - - - - - -

Canción tonta

Mamá.
Yo quiero ser de plata.

Hijo,
tendrás mucho frío.

Mamá.
Yo quiero ser de agua.

Hijo,
tendrás mucho frío.

Mamá.
Bórdame en tu almohada.

¡Eso sí!
¡Ahora mismo!

Federico García Lorca ("Canciones" - 1928)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Romance de la lune lune
 
La lune vient à la forge
avec ses volants de nards.
l'enfant, les yeux grand ouverts,
la regarde, la regarde.

Dans la brise qui s'émeut
la lune bouge les bras,
dévoilant, lascive et pure,
ses seins blancs de dur métal.

Va-t-en lune, lune, lune.
Si les gitans arrivaient,
ils feraient avec ton cœur
bagues et colliers blancs.

Petit, laisse-moi danser.
Quand viendront les cavaliers,
ils te verront sur l'enclume
tu auras les yeux fermés.

Va-t'en lune, lune, lune.
j'entends déjà leurs chevaux.

Laisse-moi, petit, tu froisses
ma blancheur amidonnée.

Battant le tambour des plaines
approchait le cavalier.
Dans la forge silencieuse
gît l'enfant, les yeux fermés.

Par l'olivette venaient,
bronze et rêve, les gitans,
chevauchant la tête haute
et le regard somnolent.

Comme chante la zumaya*,
Ay, comme elle chante dans son arbre !
Dans le ciel marche la lune
tenant l'enfant par la main.

Autour de l'enclume pleurent
les gitans désespérés.
la brise veille, veille,
la brise fait la veillée.

Federico García Lorca ("Romancero Gitano" - 1928) (Traduction proposée par Lieucommun )

- - - - - - - - - -

Romance de la luna luna

La luna vino a la fragua
con su polisón de nardos.
El niño la mira, mira.
El niño la está mirando.

En el aire conmovido
mueve la luna sus brazos
y enseña, lúbrica y pura,
sus senos de duro estaño.

Huye luna, luna, luna.
Si vinieran los gitanos,
harían con tu corazón
collares y anillos blancos.

Niño, déjame que baile.
Cuando vengan los gitanos,
te encontrarán sobre el yunque
con los ojillos cerrados.

Huye luna, luna, luna,
que ya siento sus caballos.

Niño, déjame, no pises
mi blancor almidonado.

El jinete se acercaba
tocando el tambor del llano.
Dentro de la fragua el niño,
tiene los ojos cerrados.

Por el olivar venían,
bronce y sueño, los gitanos.
Las cabezas levantadas
y los ojos entornados.

Cómo canta la zumaya,
¡ay, cómo canta en el árbol!
Por el cielo va la luna
con un niño de la mano.

Dentro de la fragua lloran,
dando gritos, los gitanos.
El aire la vela, vela.
El aire la está velando.

Federico García Lorca ("Romancero Gitano" - 1928)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Dos muchachas (deux jeunes filles)

A Máximo Quijano

La Lola

Bajo el naranjo lava
pañales de algodón.
Tiene verdes los ojos
y violeta la voz.

¡ Ay, amor,
bajo el naranjo en flor !

El agua de la acequia
iba llena de sol,
en el olivarito
cantaba un gorrión.

¡ Ay, amor,
bajo el naranjo en flor !

Luego, cuando la Lola
gaste todo el jabón,
vendrán los torerillos.

¡ Ay, amor,
bajo el naranjo en flor !

- - - - - - - - - -

Amparo *


Amparo,
! Qué sola estás en tu casa
Vestida de blanco !

(Ecuador entre el jazmín y el nardo!)
Oyes los maravillosos
Surditores de tu patio,
Y el débil trino amarillo
Del canario.

Por la tarde ves temblar
Los cipreses con las pájaros,
Mientras bordas lentamente
Letras sobre el cañamazo.

Amparo,
! que sola estás en tu casa
Vestida de blanco !

Amparo,
! y qué difícil decirte :
Yo te amo !

Federico García Lorca ("Romancero Gitano" - 1928)

- - - - - - - - - - - - -
traduction en français
- - - - - - - - - - - - -

Lola

Sous l'oranger elle lave
des langes de coton.
Elle a les yeux verts
et la voix violette.

Ah, amour,
sous l'oranger en fleurs !

l'eau de la rivière
était pleine de soleil,
sur le petit olivier
un moineau chantait.

Ah, amour,
sous l'oranger en fleurs
!

Tout à l'heure quand Lola 
aura usé tout le savon,
viendront les jeunes toréadors .

Ah, amour,
sous l'oranger en fleurs
!

- - - - - - - - - -

Amparo*

Amparo,

tu es bien seule dans ta maison,

toute habillée de blanc !
(Equateur entre la valériane*
et le jasmin.)

Tu écoutes, le bruissement de l’eau
dans ton patio
et les fragiles trilles jaunes

du canari.

Tu vois trembler dans le soir

les cyprès avec les oiseaux,

pendant que tu brodes lentement

des lettres sur le canevas.

Amparo,

tu es bien seule dans ta maison,

toute vêtue de blanc!

Amparo,

comme il est difficile de te le dire :

moi, je t’aime !

Federico García Lorca ("Poema del Cante jondo" - 1921) - traduction lieucommun pour le blog
*Amparo, prénom féminin qui signifie "protection" au sens religieux (en général protection par la Vierge Marie)
* nardo, groupe de plantes aromatiques
dont la racine est très parfumée, peut se traduire par nard (originellement : spicanard) ou encore, suivant les variétés, par valériane (herbe à chat), qu'on utilise en infusion. Pour la beauté du mot lieucommun a choisi valériane.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Noche de cuatro lunas

Noche de cuatro lunas

y un solo árbol,

con una sola sombra

y un solo pájaro.

Busco en mi carne
las huellas de tus labios.

El manantial besa al viento

sin tocarlo.

Llevo el No que me diste,

en la palma de la mano,

como un limón de cera

casi blanco.

Noche de cuatro lunas

y un solo árbol,

En la punta de una aguja,

está mi amor ¡ girando !
 
Federico García Lorca

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- traduction lieucommun pour le blog

Nuit de quatre lunes

Nuit de quatre lunes
avec un seul arbre,
avec une seule ombre,
et un seul oiseau.
 
Je cherche sur ma peau
la trace de tes lèvres.
la source fait un baiser au vent
sans le toucher.
 
Je garde le Non que tu m'as donné
dans la paume de ma main
Comme un citron de cire
presque blanc.
 
Nuit de quatre lunes
avec un seul arbre,
Sur la pointe d'une aiguille
mon amour tourne, sans arrêt !

Federico García Lorca (Poésies II, NRF Poésie/Gallimard)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Deseo
 
Sólo tu corazón caliente,
Y nada más.

Mi paraíso, un campo
Sin ruiseñor
Ni liras,
Con un río discreto
Y una fuentecilla.

Sin la espuela del viento
Sobre la fronda,
Ni la estrella que quiere
Ser hoja.

Una enorme luz
Que fuera
Luciérnaga
De otra,
En un campo de
Miradas rotas.

Un reposo claro
Y allí nuestros besos,
Lunares sonoros
Del eco,
Se abrirían muy lejos.

Y tu corazón caliente,
Nada más.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- traduction lieucommun pour le blog

Désir

Rien que ton cœur brûlant,
Et rien d’autre.

Mon paradis : un champ
Sans rossignols
Ni lyres,
Avec un ruisseau discret
Et une petite source.

Pas de vent qui éperonne
Les frondaisons,
Ni d’étoile qui veuille
Être une feuille.

Une immense clarté
Qui serait
Le ver luisant
D’une autre
Dans un champ de
Regards brisés.

Un lumineux repos
Et là, tous nos baisers,
Grains de beauté sonores
De l’écho,
Écloraient au loin.

Et puis ton cœur brûlant,
Et rien d’autre.

Federico García Lorca (Libro de Poemas - Livre de Poèmes, 1920)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Lorca a écrit les "Sonnets de l'amour obscur" à la fin de sa vie, et leur publication est posthume.
On citera ces paroles, prononcées bien plus tard par Ramírez de Lucas et rapportées par l'écrivain espagnol Manuel Francisco Reina dans son ouvrage "Los amores oscuros" (Temas de hoy, mai 2012) :

“Yo fui el último amor de Lorca y, tal vez, la razón de su muerte”.
"J'ai été le dernier amour de Lorca, et peut-être la raison de sa mort". (Ramírez de Lucas, disparu en 2010 )


Ay, voz secreta

Ay voz secreta del amor oscuro
¡ ay balido sin lanas! ¡ay herida !
¡ ay aguja de hiel, camelia hundida !
¡ ay corriente sin mar, ciudad sin muro !

¡ Ay noche inmensa de perfil seguro,
montaña celestial de angustia erguida !
¡ ay perro en corazón, voz perseguida !
¡ silencio sin fin, lirio maduro !

Huye de mí, caliente voz de hielo,
no me quieras perder en la maleza
donde sin fruto gimen carne y cielo.

Deja el duro marfil de mi cabeza,
apiádate de mí, ¡ rompe mi duelo !
¡que soy amor, que soy naturaleza !

¡Ay!

El grito deja en el viento
una sombra de ciprés.

(Dejadme en este campo,
llorando.)

Todo se ha roto en el mundo.
No queda más que el silencio.

(Dejadme en este campo,
llorando.)

El horizonte sin luz
está mordido de hogueras.

(Ya os he dicho que me dejéis
en este campo,
llorando.)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Voix secrète

Ô voix secrète de l’amour obscur !
ô bêlement sans laine ! ô vive plaie !
ô aiguille de fiel, fleur étouffée !
torrent loin de la mer, ville sans murs !

ô nuit immense avec un profil sûr !
cime céleste d’angoisse dressée !
cœur aux abois et voix persécutée !
silence sans limite et iris mûr !

Fuis loin de moi, brûlante voix de glace.
Tu ne veux pas me perdre au labyrinthe
où gémissent sans fruit et la chair et l’espace.

Laisse le dur ivoire de ma tête
et prends pitié de moi, mets un terme à mes larmes :
je suis amour, je suis nature vierge ! ...

Federico García Lorca
(traduction d'André Belamich dans Œuvres complètes de Federico García Lorca ( "La Pléiade", Gallimard, tome 1, 1981)

¡Ay!

Le cri abandonne au vent
l'ombre des cyprès.

(Laissez moi dans cette campagne,
en pleurs.)

Tout est détruit dans le monde.
Il ne reste que le silence.

(Laissez moi dans cette campagne,
en pleurs.)


L'horizon sans lumière
est dévoré par les incendies.

(Je vous ai dit de me laisser
dans cette campagne,
en pleurs.)

Federico García Lorca
(traduction des strophes : A. Bial - lieucommun, pour le blog)


Federico García Lorca (Sonetos del amor oscuro, Poema de la soleá, en Poema del Cante Jondo, 1921)



 

12 novembre 2009

PP 2013 VOIX - traductions - auteurs en espagnol - Antonio Machado

PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME TRADUCTIONS

AUTEURS de langue espagnole

- Antonio Machado -

Antonio Machado (1875-1939) est un poète espagnol de la Génération de 98, mouvement "Moderniste" initié par le poète espagnol Rubén Darío. C'est d'ailleurs après sa rencontre avec Rubén Darío et d'autres poètes comme Verlaine et Paul Fort, que Machado publie son premier livre de poésies en 1903 : Soledades (Solitudes).
Il soutient par ses écrits la jeune République Espagnole de 1936, mais La Guerre civile d'Espagne se termine en 1939 par la victoire des Nationalistes et la dictature du Général Franco.
Contraint de s'exiler en France, comme des milliers d'Espagnols, c'est à Collioure (Pyrénées-Orientales), qu'il meurt, à "trois pas" de la frontière. Là se trouve sa tombe.

Machado dort à Collioure

Trois pas suffirent hors d'Espagne

Et le ciel pour lui se fît lourd

Il s'assit dans cette campagne

Et ferma les yeux pour toujours ...


Louis Aragon (extrait de "Les poètes") - Texte mis en musique et chanté par Jean Ferrat
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Petits poèmes d'Antonio Machado  qu'on retrouvera dans les comptines et chansons en espagnol (page 1) :

La plaza

La plaza tiene una torre,
la torre tiene un balcón,
el balcón tiene una dama
la dama tiene una flor.

Antonio Machado

La place (adaptation en français : lieucommun)

La place a une tour,
la tour a un balcon,
le balcon a une dame,
la dame a une fleur.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
La primavera

La primavera ha venido
nadie sabe cómo ha sido.
Ha despertado la rama
el almendro ha florecido.
En el campo se escuchaba
el gri del grillo.
La primavera ha venido
nadie sabe cómo ha sido.

Antonio Machado

Le printemps (adaptation en français : lieucommun)

Le printemps est arrivé
personne ne sait comment.
Il a réveillé les branches
l'amandier a fleuri.
Dans les champs on écoutait
le gri-gri du grillon.
Le printemps est arrivé
personne ne sait comment.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Autres poèmes d'Antonio Machado :

Tout passe et tout demeure

Tout passe et tout demeure
mais nous, nous devons passer
passer en traçant des chemins
des chemins sur la mer.

Voyageur, c'est la trace de tes pas
qui est le chemin, et rien d'autre ;
voyageur, il n'y a pas de chemin,
tu fais le chemin en marchant.

...

C'est en marchant que tu fais le chemin
et si tu regardes en arrière
tu vois le sentier
que jamais tu ne fouleras à nouveau.

Voyageur ! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.

Antonio Machado ("Proverbes et Chansons" - XIV)

Traduction et adaptation Lieucommun  du texte original ci-dessous

Todo pasa y todo queda (court extrait)

Todo pasa y todo queda,
pero lo nuestro es pasar,
pasar haciendo caminos,
caminos sobre el mar.
...
Caminante son tus huellas
el camino y nada más;
caminante, no hay camino
se hace camino al andar.

Al andar se hace camino
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.

Caminante no hay camino
sino estelas en la mar...

Antonio Machado ("Proverbios y Cantares" - XIV)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Un autre passage du même long poème :

J'aime les mondes fragiles* (titre proposé : subtils, délicats, fragiles ... )

Je n'ai jamais recherché la gloire
Ni voulu laisser ma chanson
dans la mémoire des hommes ;
Mais j'aime les mondes fragiles,
légers et gracieux
Comme bulles de savon.

J'aime les regarder se colorer
de soleil et d'écarlate, voler
sous le ciel bleu, trembler
soudainement et se disloquer.*

* traduction modifiée en février 2013

Antonio Machado ("Proverbes et Chansons" - XIV)

* sutiles : subtils, délicats, fragiles ...
Traduction et adaptation Lieucommun  du texte original ci-dessous :

Yo amo los mundos sutiles

Nunca perseguí la gloria
ni dejar en la memoria
de los hombres mi canción;
yo amo los mundos sutiles,
ingrávidos y gentiles
como pompas de jabón.

Me gusta verlos pintarse
de sol y grana, volar
bajo el cielo azul, temblar
súbitamente y quebrarse

Antonio Machado ("Proverbios y Cantares" - XIV)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Le soleil est une boule de feu

Le soleil est une boule de feu,
La lune est un disque violet.

Une blanche palombe se pose
Au sommet du cyprès centenaire.

Les parterres de myrtes semblent
fanés et couverts de poussière

Le jardin et le calme de l'après-midi ! ...
L'eau chante à la fontaine de marbre.

Antonio Machado

Traduction et adaptation Lieucommun  du texte original ci-dessous

El sol es un globo de fuego

El sol es un globo de fuego,
la luna es un disco morado.

Una blanca paloma se posa
en el alto ciprés centenario.

Los cuadros de mirtos parecen
de marchito velludo empolvado.

¡El jardín y la tarde tranquila!...
Suena el agua en la fuente de mármol.

Antonio Machado


La primavera besaba

La primavera besaba
suavemente la arboleda,
y el verde nuevo brotaba
como una verde humareda.
Las nubes iban pasando
sobre el campo juvenil ...
Yo vi en las hojas temblando
las frescas lluvias de abril.

Sous l'amandier du printemps,
tout chargé de fleurs,
– je me suis souvenu –, j'ai maudit
ma jeunesse sans amour.

Aujourd'hui, au milieu de ma vie,
j'ai fait une pause pour méditer ...
Jeunesse jamais vécue,
je voudrais tant te rêver encore !

Antonio Machado

Traduction et adaptation Lieucommun  du texte original ci-dessous :

Le printemps embrassait

Le printemps embrassait
suavement la forêt,
et le vert nouveau émergeait
comme une verte fumée.

Les nuages allaient passant
sur la campagne nouvelle ...
Je vis trembler sur les feuilles
les pluies fraîches d'avril.

J'aime les regarder se colorer
de soleil et d'écarlate, voler
sous le ciel bleu, trembler
soudainement et se disloquer.

Antonio Machado (Páginas escogidas, "Soledades, Galerías y otros poemas" 1907, 1919 et dans "Obras completas")


 

12 novembre 2009

PP 2013 VOIX - traductions - auteurs en espagnol - divers Espagne

PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME TRADUCTIONS

AUTEURS de langue espagnole

- Francisco Pino -

Francisco Pino (1910-2002), est un poète espagnol né à Valladolid. Sa poésie met en images les étroits rapports de l'homme (le poète qu"il est) avec la Nature.

Un poème sur le thème de la voix :

Lenguaje

¿ Dónde está la voz del aire ?
Tú la escuchas. Es silencio.
Sus palabras son las nubes,
la luz y el viento sus verbos.

Francico Pino

- - - - - - - - - - - - - - -
(traduction proposée par le blog lieucommun)

Langage

¿ Où se cache la voix de l'air ?
Tu l'écoutes. C'est le silence.
Ses paroles sont les nuages,
la lumière et le vent sont ses mots.

Francico Pino

- - - - - - - - - - - - - - -

Ausencia

Solitario campo.
Me encuentro conmigo.
Soy mi descampado.

Solitario cielo.
Me encuentro conmigo.
Soy mi desanhelo.

Solitario alud.
Me encuentro conmigo.
Soy mi multitud.

- - - - - - - - - - - - - - -
(traduction proposée par le blog lieucommun)

Absence

Solitaire campagne.
Seul avec moi-même.
Je suis mon désert.

Solitaire ciel.
Seul avec moi-même.
Je suis mon abandon.

Solitaire immensité.
Seul avec moi-même.
Je suis ma multitude.

Francisco Pino ("Versos para distraerme"* 1982) * Des vers pour me distraire


- Ángel González -

Ángel González (1922-2008), est un écrivain, enseignant, journaliste et poète espagnol né à Oviedo.
Un temps enseignant de  littérature espagnole contemporaine à l'Université d'Albuquerque (USA) et dans d'autres universités de ce pays, il a reçu de nombreux prix de poésie en Espagne (dont le convoité Prix Antonio Machado en 1962).
Il est mort à Madrid en janvier 2008.

Quelques recueils  :

"Áspero mundo" 1955
"Sin esperanza, con convencimiento", 1961
"Grado elemental",
1961
"Prosemas o menos", 1983

"Otoño y otras luces", 2001 (dernier livre)

Crepúsculo, Albuquerque, invierno

No fue un sueño,
lo vi :

La nieve ardía.

Ángel González
- - - - - - - - - - - - - - - -

Crépuscule, Albuquerque, hiver

Ce n'était pas un songe,
je l'ai vu :

La neige flambait.

Ángel González

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Todo amor es efímero

Ninguna era tan bella como tú
durante aquel fugaz momento en que te amaba:
                                                        mi vida entera.
Ángel González
- - - - - - - - - - - - - - - -

Tout amour est éphémère

Nulle n'était aussi belle que toi,
pendant ce moment fugace o
ù je t'ai aimée :
                                                        ma vie entière.

Ángel González ("Prosemas o menos"*, édit Hiperión, Santander, 1984) - * prose ou moins

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

et sur le thème de la voix, ce poème chantant (qui d'ailleurs a été chanté), dont la traduction en français ne peut restituer les jeux de sonorités renforçant le mot et l'idée de la solitude (soledad, sola, solo, asola, sonando, sólo).
Un texte à dire en espagnol donc, si possible !...


Voz que soledad sonando ...

Voz que soledad sonando

por todo el ámbito asola,
de tan triste, de tan sola,
todo lo que va tocando.

Así es mi voz cuando digo
— de tan solo, de tan triste —
mi lamento, que persiste
bajo el cielo y sobre el trigo.

— ¿Qué es eso que va volando ?
—Sólo soledad sonando.

Ángel González ("Áspero mundo", édit Adonais, Madrid, 1955-56)

- - - - - - - - - - - - - - -
(traduction proposée par le blog lieucommun,
subjective et perfectible)

La voix qui résonne dans la solitude * ...

La voix qui résonne dans la solitude

à travers l'espace assèche,
tellement seule, tellement triste,
tout ce qu'elle touche.

Ainsi est ma voix quand je dis
— tellement seul, tellement triste —
ma plainte, qui persiste
sous le ciel et par-dessus les blés.

— ¿ Qu'est ce qui traverse ainsi l'espace ?
— C'est seulement la solitude qui résonne.

* idée de la voix fait rete

Ángel González ("Áspero mundo*", 1956) - * Monde rugueux, ou Monde âpre
Texte chanté, repris dans l'album Voz que soledad sonando (2004) avec le ténor Joaquín Pixán, le pianiste Alejandro Zabala et l'accordéoniste Salvador Parada.



12 novembre 2009

PP 2013 VOIX - traductions - auteurs en espagnol - autres pays

PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME TRADUCTIONS

AUTEURS de langue espagnole

- Chili -

Gabriela Mistral (1889-1957), est une poètesse chilienne, contemporaine de Pablo Neruda (voir la catégorie qui lui est consacrée ici : PRINT POÈTES 2013 : PABLO NERUDA ), qu’elle a côtoyé en Europe.

Ses premiers poèmes, dont "Junto al Mar" (Au bord de la mer) sont publiés en 1904 dans un journal chilien local.
Son pseudonyme, Mistral est emprunté au poète provençal français Frédéric Mistral.
Elle reçoit en 1945 le Prix Nobel de Littérature.

Un poème à dire :

¿ En dónde tejemos la ronda ?

¿ En dónde tejemos la ronda ?
¿ La haremos a orillas del mar ?
El mar danzará con mil olas,
haciendo una trenza de azahar.
¿ La haremos al pie de los montes ?
El monte nos va a contestar.
¡Será cual si todas quisiesen,
las piedras del mundo, cantar !
¿ La haremos, mejor, en el bosque ?
La voz y la voz va a trenzar,
y cantos de niños y de aves
se irán en el viento a besar.
¡Haremos la ronda infinita!
¡ La iremos al bosque a trenzar,
la haremos al pie de los montes
y en todas las playas del mar !

Gabriela Mistral

- - - - - - - - - - - - - - -
(traduction proposée par le blog lieucommun)

Où ferons-nous la ronde ?

Où ferons-nous* la ronde ?
La ferons-nous au bord de la mer ?
La mer dansera de toutes ses vagues,
tressant des fleurs d’oranger.
La ferons-nous au pied de la montagne ?
La montagne nous répondra :
Ce sera comme si les pierres du monde entier
Se mettaient à chanter.
Mieux, la ferons-nous dans la forêt ?
Des chants d’enfants et d’oiseaux
tresseront des baisers dans le vent.
Nous ferons une ronde infinie :
Nous irons la danser dans la forêt,
nous la ferons au pied de la montagne,
et sur toutes les plages du monde.

Gabriela Mistral ("Désolation"  - 1922) -  * traduction littérale : "où tresserons-nous ..."

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Dans le texte suivant, l'auteur décrit "trois arbres" de Patagonie, cette région à l'extrème pointe de l'Amérique du Sud, à la frontière du Pôle sud. Terre de glace et "terre de feu" (les volcans), avec à l'ouest des forêts millénaires.
C'est en Patagonie que se trouve la ville d' Ushuaïa (l'émission de télévision sur la nature sauvage lui a emprunté son nom : Ushuaïa, "baie qui pénètre vers le couchant" dans la langue des indiens).

Trois arbres

Trois arbres tombés
sont restés au bord du sentier.
Oubliés du bûcheron, ils s'entretiennent*,
fraternellement serrés, comme trois aveugles.

Le soleil couchant verse
son sang vif dans les troncs éclatés,
les vents emportent le parfum
de leur flanc ouvert.

L'un, tout tordu, tend un bras immense,
frissonnant de feuillage, vers l'autre
et ses blessures sont pareilles
à des yeux pleins de prière.

Le bûcheron les a oubliés.
La nuit viendra. Je resterai avec eux.
Je recueillerai dans mon cœur
leurs douces résines, elles me tiendront lieu de feu.
Muets, pressés les uns contre les autres,
que le jour nous trouve monceau de douleur**.

Gabriela Mistral ("Paysages de Patagonie, dans le recueil "Désolation"  - 1922).

* dans le sens de converser     -   ** traduction de Mathilde Pomès : "deuil" - lieucommun a préféré traduire par "douleur".
Traduction de Mathilde Pomès, auteure de "
Gabriela Mistral" (collection Poètes d'aujourd'hui - éd Pierre Seghers - 1963)


Violeta Parra (1917-1967) est une artiste chilienne plasticienne et poète, et "auteure-compositrice-interprète".

Ce premier texte traduit* en français est suivi de sa version originale en espagnol :

la jardinière (extrait)

Pour t'oublier
je vais cultiver la terre,
j'espère trouver en elle
un remède à mes peines.

Ici je planterai le rosier
aux plus grosses épines,
J'aurai la couronne prête
quand tu mourras en moi.
(…)
Coeur de mélisse,
quand mes peines augmenteront
les fleurs de mon jardin
devront être infirmières ...

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

La jardinera

Para olvidarme de tí
voy a cultivar la tierra,
en ella espero encontrar
remedio para mis penas.

Aquí plantar el rosal
de las espinas más gruesas,
tendré lista la corona
para cuando en mí te mueras.

(...) 

Cogollo de toronjil,
cuando me aumentan las penas
las flores de mi jardín
han de ser mis enfermeras ...

Violeta Parra (*texte français dans l'anthologie poétique "Voix", de Fanchita Gonzales Batlle - Petite collection Maspero, 1977)

- - - - - - - - - - - - -

La plus connue et une des plus belles de ses chansons, avec la première strophe en espagnol pour donner la musique de la langue, suivie du texte intégral en français :

Gracias a la vida

Gracias a la vida que me ha dado tanto
me dio dos luceros que cuando los abro
perfecto distingo lo negro del blanco
y en el alto cielo su fondo estrellado
y en las multitudes el hombre que yo amo.

- - - -

(traduction proposée par le blog lieucommun)

Merci à la vie
 

Merci à la vie qui m'a tant donné
Elle m'a donné deux yeux et quand je les ouvre
Je distingue parfaitement le noir du blanc
et
là-haut le fond du ciel étoilé
et parmi la foule l'homme que j'aime

Merci à la vie qui m'a tant donné
Elle m'a donné une ouïe sensible
qui enregistre nuit et jour criquets et canaris
Marteaux, turbines, aboiements, averses
Et la voix si douce de mon bien-aimé

Merci à la vie qui m'a tant donné
Elle m'a donné la parole et l'alphabet
et avec lui les mots que je pense et que je dis :
mère, ami, frère, et la lumière éclairant

la route pour celui que j'aime

Merci à la vie qui m'a tant donné
Elle a donné l'allure à mes pieds fatigués
Avec eux j'ai marché dans les villes et les flaques d'eau
les plages et les déserts, les montagnes et les plaines
et vers ta maison, ta rue et ta cour

Merci à la vie qui m'a tant donné

Elle m'a donné un coeur qui  accélère son rythme
Quand je regarde l'œuvre du cerveau humain
Quand je regarde le bien si loin du mal
Quand je regarde dans le fond de tes yeux clairs

Merci à la vie qui m'a tant donné
Elle m'a donné les rires et m'a donné les pleurs
Ainsi je distingue la misère de la douleur
Les deux matériaux qui forment mon chant
et votre chant à vous qui est le même chant
et le chant de tous qui est mon propre chant

Merci à la vie ...

Violeta Parra



 - Mexique -

Quelques poèmes à dire, en langue náhuat et en espagnol avec traduction en français à retrouver ici sur le blog :

http://lieucommun.canalblog.com/archives/2007/04/29/7150091.html



 - Urugay -

Mario Benedetti, né en 1920, est un écrivain uruguayen, romancier, dramaturge et poète. Universitaire et membre du Movimiento de Liberación Nacional - Tupamaros, la dictature militaire dans son pays l'a contraint à l'exil entre 1973 et 1983. Il a vécu ensuite en Espagne jusqu'en 2006, et résidait à Montevideo, capitale de son pays natal, jusqu'à sa disparition en mai 2009.

Digamos

1.
Ayer fue "yesterday"
para buenos colonos
mas por fortuna nuestro
mañana no es "tomorrow"

2.
Tengo un mañana que es mio
y un mañana que es de todos
el mío acaba mañana
pero sobrevive el otro.

Mario Benedetti
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Disons

1.
Hier fut "yesterday"
pour les bons colons
mais par bonheur notre
demain n'est pas "tomorrow"

2.
J'ai un lendemain à moi
et un lendemain qui appartient à tous
le mien s'achève demain
mais l'autre lendemain survit.


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Défense de la joie
                                     à Trini

Défendre la joie comme une tranchée
la défendre du scandale et de la routine
de la misère et des misérables
des absences transitoires
et définitives

défendre la joie comme un principe
la défendre de la stupéfaction et des cauchemars
des neutres et des neutrons
des douces infamies
et des graves diagnostics

défendre la joie comme un drapeau
la défendre de la foudre et de la mélancolie
des naïfs et des canailles
de la rhétorique et des arrêts cardiaques
des endémies et des académies

défendre la joie comme un destin
la défendre du feu et des pompiers
des suicides et des homicides
des vacances et de l’accablement
de l’obligation d’être joyeux

défendre la joie comme une certitude
la défendre de l’oxyde et de la crasse
de la fameuse patine du temps
de la fraîcheur et de l’opportunisme
des proxénètes du rire

défendre la joie comme un droit
la défendre de dieu et de l’hiver
des majuscules et de la mort
des noms et des pitiés
du hasard
           et aussi de la joie.

Mario Benedetti
Dans "Botella al mar (1), Cotidianas", 1979 (Editorial Sudamericana, 2000) ; dans  "Antología poética" (Alianza Editorial, Madrid, 1999) ; et dans "Poèmes uruguayens" -  Mario Benedetti, (Temps des cerises, 2005, traduction de l'espagnol par Annie Morvan).
(1) "Botella al mar" : "une bouteille à la mer"

Texte original en espagnol :

Defensa de la alegría
                               a Trini

Defender la alegría como una trinchera
defenderla del escándalo y la rutina
de la miseria y los miserables
de las ausencias transitorias
y las definitivas

defender la alegría como un principio
defenderla del pasmo y las pesadillas
de los neutrales y de los neutrones
de las dulces infamias
y los graves diagnósticos

defenderla alegría como una bandera
defenderla del rayo y la melancolía
de los ingenuos y de los canallas
de la retórica y los paros cardiacos
de las endemias y las academias

defender la alegría como un destino
defenderla del fuego y de los bomberos
de los suicidas y los homicidas
de las vacaciones y del agobio
de la obligación de estar alegres

defender la alegría como una certeza
defenderla del óxido y la roña
de la famosa pátina del tiempo
del relente y del oportunismo
de los proxenetas de la risa

defender la alegría como un derecho
defenderla de dios y del invierno
de las mayúsculas y de la muerte
de los apellidos y las lástimas
del azar
           y también de la alegría.

Mario Benedetti

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Qu'arriverait-il ?

Qu'arriverait-il si nous nous réveillons un jour
en réalisant que nous sommes la majorité ?
Qu'arriverait-il si tout à coup une injustice,
une seule, est rejetée par tous,
tous autant que nous sommes, pas quelques-uns,
ni certains, mais tous ?
Qu'arriverait-il si au lieu de rester divisés
nous nous multiplions, nous nous additionnons,
affaiblissant l'ennemi qui veut arrêter notre marche en avant ?

Qu'arriverait-il si nous nous organisons
et si nous affrontons nos oppresseurs sans armes,
silencieux, nombreux,
avec nos millions de regards,
sans vivats, sans applaudissements,
sans sourires, sans tapes sur l'épaule,
sans hymnes partisans,
sans cantiques ?

Qu'arriverait-il si je le fais pour toi, qui es si loin,
et toi pour moi, qui suis si loin,
et nous deux pour les autres, qui sont très loin,
et les autres pour nous, qui sommes si loin ?
Qu'arriverait-il si les cris d'un continent
deviennent les cris de tous les continents ?
Qu'arriverait-il si nous nous prenons en main
au lieu de nous lamenter ?
Qu'arriverait-il si nous brisons les frontières
et que nous avançons et avançons,
et avançons, et avançons encore ?

Qu'arriverait-il si nous brûlons tous les drapeaux
pour n'en garder qu'un seul, le nôtre,
celui de tous, ou mieux,
parce que nous n'en avons nul besoin,
aucun drapeau ?
Qu'arriverait-il si nous cessons brusquement d'être des patriotes
pour devenir des humains ?
Je ne sais pas. Je me le demande.
Qu'arriverait-il ?

Mario Benedetti

Dans la traduction proposée par le blog pour le texte suivant, tous les imparfaits liés aux conditionnels sont passés au présent pour des questions de phonétique mais aussi pour renforcer les actes.
Dans le texte original en espagnol, les deux temps coexistent.
T
exte original ci-dessous :

¿ Qué pasaría ?

¿ Qué pasaría si un día despertamos
dándonos cuenta de que somos mayoría ?
¿Qué pasaría si de pronto una injusticia,
sólo una, es repudiada por todos,
todos que somos todos, no unos,
no algunos, sino todos ?
¿Qué pasaría si en vez de seguir divididos
nos multiplicamos, nos sumamos
restamos al enemigo que interrumpe nuestro paso,

Qué pasaría si nos organizáramos
y al mismo tiempo enfrentáramos sin armas,
en silencio, en multitudes,
en millones de miradas la cara de los opresores,
sin vivas, sin aplausos,
sin sonrisas, sin palmadas en ¡os hombros,
sin cánticos partidistas,
sin cánticos ?

¿ Qué pasaría si yo pidiese por vos que estás tan lejos
y vos por mí que estoy tan lejos,
y ambos por los otros que están muy lejos,
y los otros por nosotros aunque estemos lejos ?
¿ Qué pasaría si el grito de un continente
fuese el grito de todos los continentes ?
¿ Qué pasaría si pusiésemos el cuerpo en vez
de lamentarnos ?
¿ Qué pasaría si rompemos las fronteras
y avanzamos, y avanzamos,
y avanzamos, y avanzamos ?

¿ Quépasaría si quemamos todas las banderas
para tener sólo una, la nuestra,
la de todos, o mejor ninguna
porque no la necesitamos.
¿Qué pasaría si de pronto dejamos de ser patriotas
para ser humanos ?
No sé. Me pregunto yo,
¿ qué pasaría ?

Mario Benedetti

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

poème traduit par lieucommun, traduction comme toujours améliorable :

Tactique et Stratégie
                                     à Trini

Ma tactique est
de te regarder
d'apprendre comme tu es
de t’aimer comme tu es

ma tactique est
de te parler
de t’écouter
de construire avec les mots
un pont indestructible

ma tactique est
de rester dans ton souvenir
je ne sais comment    et je ne sais
sous quel prétexte
mais de rester en toi

ma tactique est
d’être honnête
et de savoir que tu es honnête
et que nous ne nous payons pas
de simulacres
afin qu’entre nous
il n’y ait ni rideau
ni abîme

ma stratégie
en revanche est
plus profonde et plus
simple
ma stratégie est
qu’un beau jour
je ne sais comment     et je ne sais
sous quel prétexte
tu aies besoin          de moi.

Mario Benedetti
Dans "Botella al mar (1), Cotidianas", 1979 (Editorial Sudamericana, 2000) ; dans  "Antología poética" (Alianza Editorial, Madrid, 1999) ; et dans "Poèmes uruguayens" -  Mario Benedetti, (Temps des cerises, 2005, traduction de l'espagnol par Annie Morvan).
(1) "Botella al mar" : "une bouteille à la mer"

 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Texte original en espagnol :

Táctica e estrategia

Mi táctica es
mirarte
aprender como sos
quererte como sos

mi tactica es
hablarte
y escucharte
construir con palabras
un puente indestructible

mi táctica es
quedarme en tu recuerdo
no sé cómo    ni sé
con qué pretexto
pero quedarme en vos

mi táctica es
ser franco
y saber que sos franca
y que no nos vendamos
simulacros
para que entre los dos
no hayan telón
ni abismos

mi estrategia es
en cambio
más profunda y más
simple
mi estrategia es
que un día cualquiera
non sé cómo       ni sé
con qué pretexto
por fin        me necesites.

Mario Benedetti

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Confidential

Fueron jóvenes los viejos

pero la vida se ha ido
desgranando en el espejo

y serán viejos los jóvenes
pero no lo divulguemos
que hasta las paredes oyen.

Mario Benedetti

- - - - - - - - - - - -

traduction lieucommun :

En confidence

Ils ont été jeunes les vieux

mais la vie s'est défaite
peu à peu dans le miroir


et ils seront vieux les jeunes
mais ne le divigulgons pas
même les murs ont des oreilles.

Mario Benedetti

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Voici quelques commentaires postés à propos du premier texte :

autres textes de Mario Benedetti :

  • Bodas de perla

    Bonjour,
    J'aimerais offir une carte à mes beaux parents pour son anniversaire de mariage. Ils ne comprennet pas l'espagnol, alors j'aimerais savvoir si vous avez si le poème "Bodas de perla" a été traduit.

    Merci bcp

    Posté par Arena, 100809 à 11:11
  • Bonjour,
    Le poème de Mario Benedetti "Bodas de perlas" figure dans le recueil de l'auteur : "La casa y el ladrillo", paru en 1977, et qui ne semble pas avoir été traduit (on le trouve en espagnol). Le texte de ce très long poème est visible ici et téléchargeable en pdf (copier coller ce lien) :
    http://www.cybercanibal.com/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=15

    Posté par antoine, 110809 à 08:50
  • Todavia

    Bonjour,
    Je suis à la recherche de la traduction francaise du poème de Benedetti: Todavia..
    Sauriez vous si elle a été réalisée et, le cas écheant oú je peux la trouver?
    d'avance merci
    Jaz

    Posté par jaz, 210712 à 21:13
  • je ne sais pas si vous faites référence au recueil "Existir Todavía", édité en espagnol en 2003 et disponible en Librairie, mais il ne semble pas non plus avoir été traduit en français. On trouve ici un passage traduit, avec d'autres textes de différents ouvrages de l'auteur :
    http://poemesdebenedetti.wordpress.com/



 

12 novembre 2009

PP 2013 VOIX - traductions - auteurs en anglais

PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME TRADUCTIONS

AUTEURS de langue anglaise

- Grande-Bretagne (Angleterre, Écosse, Pays de Galles) -

Percy Bysshe Shelley (1792-1822) est un poète romantique anglais

La philosophie de l'amour

Les fontaines se mêlent aux rivières,
Les rivières à l'océan,
Les vents du Ciel s'unissent à jamais
Avec une douce émotion;
Rien dans le monde n'est solitaire
Toutes choses par loi divine
En un esprit se rencontrent, se mêlent.
Pourquoi pas le mien et le tien ?

Vois, les montagnes baisent le haut Ciel,
Les vagues l'une l'autre étreignent;
Nulle sœur-fleur ne serait pardonnée
Si elle dédaignait son frère;
Du soleil la lumière étreint la terre,
Les rais de lune baisent la mer :
Mais que vaut donc tout cet ouvrage tendre
Si toi tu ne m’embrasses pas ?

Percy Bisshe Shelley

- - - - - - - - - - - - - - -

Rudyard Kipling (1865-1936), écrivain et poète britannique, est l'auteur de nombreux livres d'histoires pour les enfants (Le Livre de la jungle, en 1894 et Le Second Livre de la jungle en 1895), de romans  et de poèmes (Mandalay,  If ...)
En 1907, il reçoit le Prix Nobel de littérature.
C'est la version d'If ... , écrite par Kipling en 1895, éditée en 1910, traduite par Pierre Maurois, écrivain français (1843-1926) qu'on retient généralement :

Tu seras un Homme, mon Fils (autre titre : Si ...)

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling (Traduit par Pierre Maurois en 1918) (Bernard Lavilliers l'a mis en musique et interprété (1988).

If  ...

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:
If you can dream - and not make dreams your master;
If you can think - and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build 'em up with worn-out tools :

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: 'Hold on !'

If you can talk with crowds and keep your virtue,
' Or walk with Kings - nor lose the common touch,
if neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds' worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that's in it,
And - which is more - you'll be a Man, my son !

Rudyard Kipling ("Si : Tu seras un homme, mon fils")


- Irlande -
Samuel Beckett  (1906-1989), né à Dublin, est sans doute, avec James Joyce (voir plus bas), le plus connu des écrivains irlandais. C'est un romancier, dramaturge (En attendant Godot, 1952) et poète. Il quitte son pays à la veille de la Seconde Guerre mondiale et choisit de vivre en France, où il participe activement à la Résistance. Prix Nobel de la Paix en 1969, il a écrit en français une grande partie de son oeuvre et la plupart de ses poèmes.

Que ferais-je  (titre proposé)

* que ferais-je sans ce monde sans visage
sans questions
où être ne dure qu'un instant où chaque instant
verse dans le vide dans l'oubli d'avoir été
sans cette onde où à la fin
corps et ombre ensemble s'engloutissent
que ferais-je sans ce silence gouffre des murmures
haletant furieux vers le secours vers l'amour
sans ce ciel qui s'élève
sur la poussière de ses lests
que ferais-je je ferais comme hier comme aujourd'hui
regardant par mon hublot si je ne suis pas seul
à errer et à virer loin de toute vie
dans un espace pantin
sans voix parmi les voix
enfermées avec moi

* pas de ponctuation ni de majuscules
    
Samuel Beckett ("Poèmes suivi de Mirlitonnades" - éditions de Minuit, 1978, rééditions augmentées :1992, 1998)
On trouvera dans ce recueil tous les poèmes que Samuel Beckett a écrits en français depuis 1937.

- - - - - - - - - - - - - - -
La mouche

 

entre la scène et moi
la vitre
vide sauf elle

 

ventre à terre
sanglée dans ses boyaux noirs
antennes affolées ailes liées
pattes crochues bouche suçant à vide
sabrant l'azur s'écrasant contre l'invisible
sous mon pouce impuissant elle fait chavirer
la mer et le ciel serein.

Samuel Beckett ("Poèmes suivi de Mirlitonnades" - éditions de Minuit, 1978, rééd augmentées 1992, 1998)

- - - - - - - - - - - - - - -

William Butler Yeats (1865-1939) est né lui aussi à Dublin et a reçu le Prix Nobel, mais de littérature, en 1923 pour "sa poésie toujours inspirée, dont la forme hautement artistique exprime l'esprit d'une nation entière".
Il s'engage politiquement pour la reconnaissance de la nation irlandaise (il sera sénateur de l'État libre d'Irlande) et ses poèmes célèbrent le pays natal, avec son combat pour l'indépendance, et aussi l'humanisme et dans le sentiment amoureux, "la douleur d'aimer". Comme Beckett, il quitte l'Irlande  pour vivre en France, mais seulement les dernières années de sa vie, en 1930.

 

Pourquoi mon coeur bat-il ainsi ?

Pourquoi mon coeur bat-il ainsi ?
Etait-ce une ombre qui passait ?
Elle vient de passer ici.
Et qui donc sur l'herbe marchait ?
Quel vagabond erre en la nuit ?
Parfois le vertige des rêves,
Comme d'anciens auteurs l'ont dit,
Des os séchés des morts s'élève.
Et la nuit, il semble souvent
Que s'emplit toute la vallée
De ces rêves hallucinants.
Les collines sont submergées
Par une ombre qui se dilate,
Comme à ras bord le vin remplit
Une coupe en jade vert-gris,
Ou même une coupe d'agate.

William Butler Yeats (tiré de l'anthologie "Une Europe des poètes" - Livre de Poche - Hachette, 1991) - Traduction de Jacques Charpentreau.

- - - - - - - - - - - - - - -

Les textes de William Butler Yeats qui suivent sont parus dans  le recueil Choix de poèmes aux Editions Aubier, en édition bilingue :

Avant que le monde ne fût

Si j’assombris mes cils
Et illumine mes yeux
Et fais mes lèvres plus écarlates,
Ou demande si tout cela est juste
De miroir en miroir,
Sans montrer de vanité :
Je cherche le visage que j’avais
Avant que le monde ne fût.

 

Et si je regarde un homme
Comme on regarde son aimé,
Comme si mon sang un instant se glace
Dans mon coeur immobile ?
Pourquoi penserait-il que je suis cruel
Ou qu’il soit trahi ?
J'aurais aimé le voir aimer ce qui était
Avant que le monde ne fût.

William Butler Yeats

texte original :

Before the world was made

 

If I make the lashes dark
And the eyes more bright
And the lips more scarlet,
Or ask if all be right
From mirror after mirror,
No vanity’s displayed:
I’m looking for the face I had
Before the world was made.

 

What if I look upon a man
As though on my beloved,
And my blood be cold the while
And my heart unmoved ?
Why should he think me cruel
Or that he is betrayed ?
I’d have him love the thing that was
Before the world was made.

William Butler Yeats

- - - - - - - - - - - - - - -

Quand tu seras vieille

 

Quand tu seras vieille et grise et pleine de sommeil,
Quand, ta tête inclinée près du feu, tu prendras ce livre,
Et lentement, liras et reverras le doux regard
De tes yeux d’autrefois, et de leurs ombres profondes.

 

Combien ont aimé tes moments de joie prodigue,
Et aimèrent ta beauté d’un amour sincère ou faux,
Mais un seul aima l’âme du pèlerin en toi,
Et aima les défaites de ton visage changeant ;

 

Et quand courbée sur la hampe incandescente,
Tu murmureras comment l’amour te quitta
Comment il s’envola au-dessus des montagnes
Et cacha son visage dans un amas d’étoiles.

William Butler Yeats

When you are old

 

When you are old and grey and full of sleep,
And nodding by the fire, take down this book,
And slowly read and dream of the soft look
Your eyes had once, and of their shadows deep;

 

How many loved your moments of glad grace,
And loved your beauty with love false or true,
But one man loved the pilgrim soul in you,
And loved the sorrows of your changing face;

 

And bending down beside the glowing bars,
Murmur, a little sadly, how love fled
And paced upon the mountains overhead
And hid his face amid a crowd of stars.

William Butler Yeats

- - - - - - - - - - - - - - -

La douleur d'aimer

 

Une douleur au-delà des mots
Se cache dans le coeur d’amour :
Les peuples qui vendent et achètent
Les nuages de leurs voyages passés,
Les vents froids et humides qui toujours ont soufflé,
Et l’ombrageuse coudraie
Où s’écoulent les eaux opaques,
Ils menacent l’être que j’aime.

William Butler Yeats

The pity of love

 

A pity beyond all telling
Is hid in the heart of love:
The folk who are buying and selling,
The clouds on their journey above,
The cold wet winds ever blowing,
And the shadowy hazel grove
Where moves-grey waters are flowing,
Threaten the head that I love.

William Butler Yeats ("Choix de poèmes" - Editions Aubier, collection bilingue,1990)

- - - - - - - - - - - - - - -

James Joyce (1882-1941), né à Dublin lui aussi, est un romancier et poète irlandais expatrié, considéré comme un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Ses œuvres majeures sont un recueil de nouvelles Les Gens de Dublin (1914) et des romans Dedalus (1916), Ulysse (1922), et Finnegans Wake (1939). (inspiré de Wikipedia)

Ma colombe (titre proposé)

Ma colombe, ma belle,
Prend ton envol !

 

La rosée de la nuit repose
Sur mes lèvres et mes yeux.
Brodent les vents parfumés
Une musique de soupirs :

 

Prend ton envol,
Ma colombe, ma belle !

 

J’attends auprès du cèdre,
Ma sœur, mon amour.
Cœur blanc de la colombe,
Ma poitrine sera ton lit.

 

La rosée pale repose
Comme un voile sur ma tête.

 

Ma belle, ma jolie colombe,
Prend ton envol !

(traduction de  Gilles de Seze : http://gdeseze.free.fr/)

Texte original :

My dove, my beautiful one,            
Arise, arise!                                       

 

The night-dew lies                           
Upon my lips and eyes.                  
The odorous winds are weaving         
A music of sighs :                            

 

Arise, arise,                                       
My dove, my beautiful one!            

 

I wait by the cedar tree,                      
My  sister, my love.                           
White breast of the dove,                
My breast shall be your bed.         

 

The pale dew lies                           
Like a veil on my head.                                        

 

My fair one, my fair dove,                                    
Arise, arise !

James Joyce ("Chamber Music", 1907)

- - - - - - - - - - - - - - -

Thomas Moore (1779-1852) est un poète irlandais, né également à Dublin.

"Au sud de Dublin, dans le comté de Wicklow, rivières, collines et sous-bois forment ce que l’on appelle le "Jardin d’Irlande".
La vallée d’Avoca est une région dont la nature abondante enchante les passionnées de randonnée et de silence.
C'est dans ce lieu que Thomas Moore écrit, pendant l'été 1807 (publié l'année suivante) "The meetings of the water" (La réunion des eaux).
(source : http://www.pluralworld.com/)

The meetings of the water

1. There is not in the wide world a valley so sweet
As that vale in whose bosom the bright waters meet; (*)
Oh! the last rays of feeling and life must depart,
Ere the bloom of that valley shall fade from my heart.

 

2. Yet it was not that nature had shed o'er the scene
Her purest of crystal and brightest of green;
'Twas not her soft magic of streamlet or hill,
Oh! no, -- it was something more exquisite still.

 

3. 'Twas that friends, the beloved of my bosom, were near,
Who made every dear scene of enchantment more dear,
And who felt how the best charms of nature improve,
When we see them reflected from looks that we love.

 

4. Sweet vale of Avoca! how calm could I rest
In thy bosom of shade, with the friends I love best,
Where the storms that we feel in this cold world should cease,
And our hearts, like thy waters, be mingled in peace.

(*)
Il s'agit des rivières Avon et Avoca
Thomas Moore ("The Meeting of the Waters",1808 - in "Irish Melodies", volume 1)

Traduction des strophes 1 et 4 :

La réunion des eaux

 

Il n'y a pas de vallée aussi douce dans le monde
Que cette vallée dont les eaux brillantes se rencontrent en son cœur
Oh ! Les dernières lueurs de sentiment et la vie doivent s’en aller,
Avant que la fleur de cette vallée ne s'efface de mon cœur.
[...]
Douce Vallée d'Avoca ! Comment pourrais-je me reposer
Au sein de l’ombre, avec mes amis chers,
Où les tempêtes que nous ressentons dans ce monde froid devraient cesser
Et nos cœurs, comme vos eaux, être en paix.

Thomas Moore

- - - - - - - - - - - - - - -

The last rose of summer

 

Tis the last rose of summer
Left blooming alone;
All her lovely companions
Are faded and gone;
No flower of her kindred,
No rosebud is nigh,
To reflect back her blushes,
To give sigh for sigh.

 

I'll not leave thee, thou lone one !
To pine on the stem;
Since the lovely are sleeping,
Go, sleep thou with them.
Thus kindly I scatter
Thy leaves o`er the bed,
Where thy mates of the garden
Lie scentless and dead.

 

So soon may I follow,
When friendships decay,
And from Love`s shining circle
The gems drop away.
When true hearts lie withered
And fond ones are flown,
Oh! who would inhabit
This bleak world alone ?

La dernière rose de l'été
(traduction de Karl Petit)

C'est la dernière rose de l'été
Abandonnée en fleur ;
Toutes ces belles compagnes,
Sans retour sont fanées ;
Plus de fleur de sa parenté
Plus de boutons de rose à l'article de la mort
Pour réfléchir ses rougeurs,
Et rendre soupir pour soupir.

 

Je te laisserai point chère solitaire,
Languir sur ta tige ;
Puisque sommeillent tes sœurs
Va donc les rejoindre.
Et par sympathie, je répandrai
Tes feuilles sur le sol
Où tes compagnes de jardin
Gisent mortes et sans parfum.

 

Puissé-je te suivre bientôt
Lorsque l'amitié s'émoussera
Et que du cercle magique de l'amour
Les gemmes se détacheront ;
Quand les cœurs fidèles ne palpiteront plus
Et que les êtres aimés auront disparu,
Oh ! qui donc voudrait habiter seul
En ce monde désert !

Thomas Moore  ("Mélodies irlandaises", 1807-1834)

Et enfin en voici une adaptation de G. Newton pour une chanson dont la musique est d'Eddy Marnay :

La dernière rose de l'été

Si jamais tu cueilles une rose

Dont le coeur a déjà fané
Dis-toi bien que cette rose
Est la dernière de l'été

 

Hier encore en voisinage
Le ruisseau, tous les jardins
Il me reste plus qu'un feuillage
Que l'hiver brûlera demain

 

En amour comme en toute chose
En amour comme en amitié
Si ton coeur trouve une rose
Cette rose il faut garder

 

Même si c'est la première
Que tu as jamais trouvé
C'est peut-être, c'est la dernière
Et la vie n'est qu'un seul été (bis)

d'après le poème de Thomas Moore


- Australie -

David Rowbotham, poète australien de langue anglaise, est né en 1924.livre_David_Rowbotham_Australie
Voici le début d'un de ses poèmes, publié dans le recueil The Penguin Book of Australian Verse, et traduit par Bernard Lorraine pour son anthologie "Un poème, un pays, un enfant" (Le cherche midi, 2002).

"I live with death, as with a star."
Je vis avec la mort, comme avec une étoile

Message du premier homme perdu dans l'espace (extrait)

Aimez la Terre ! Il faut
prendre soin davantage
de ce cadeau,
votre héritage.

Ma fusée ? quelle idée
la dirige, et jusqu'où ?
Qui l'a guidée
si loin de vous ?

J'ai dépassé l'abîme
hors de portée des yeux,
et l'origine
même des dieux.
...
David Rowbotham ("The Penguin Book of Australian Verse" - Harry Eseltine édit, 1972)


 

Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 > >>
Publicité