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1 octobre 2007

L'automne de Jacques Prévert

Un texte de Jacques Prévert sur l'automne (On retrouvera Prévert ailleurs sur ce blog).

Chanson des escargots qui vont à l'enterrement

À l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dit
Ça noircit le blanc de l'oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
À chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais là-haut dans le ciel
La Lune veille sur eux.

Jacques Prévert ("Paroles") - Respecter la ponctuation originale de ce texte, il n'y a que le point final.


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1 octobre 2007

L'automne d'Henri de Régnier

Voici un poème d'Henri de Régnier (1864-1936) rempli de la tristesse mélancolique de l'automne finissant.

Soir d'automne

Il est doux, ô mes yeux, lorsque le vent d'automne
Cesse de s'acharner à l'arbre dont frissonne
Le spectre dépouillé qui craque et tremble encor,
De voir, dans l'air muet, où son vol se balance,
Tomber en tournoyant à travers le silence,
Une dernière feuille d'or.

Quand au jour éclatant qui se voile succède
Le crépuscule lent, humide, mol et tiède,
Qui fait perler la mousse au dos des bancs velus,
Il est doux, au jardin mystérieux, d'entendre
Résonner dans le soir le rire obscur et tendre
Des visages qu'on ne voit plus.

Henri de Régnier ("Le Miroir des heures" - Mercure de France, 1910)


1 octobre 2007

L'automne de Raymond Richard

Deux jolies poésies de Raymond Richard, auteur contemporain :

Le bel automne est revenu

A pas menus, menus,
Le bel automne est revenu
Dans le brouillard, sans qu'on s'en doute,
Il est venu par la grand'route
Habillé d'or et de carmin.
Et tout le long de son chemin,
Le vent bondit, les pommes roulent,
Il pleut des noix, les feuilles croulent.
Ne l'avez-vous pas reconnu ?
Le bel automne est revenu.

Raymond Richard ("À petits pas")


Trois feuilles mortes

Ce matin devant ma porte,
J'ai trouvé trois feuilles mortes.

La première aux tons de sang
M'a dit bonjour en passant
Puis au vent s'en est allée.

La seconde dans l'allée,
Au creux d'une flaque d'eau
A sombré comme un bateau.

J'ai conservé dans ma chambre
La troisième couleur d'ambre.

Quand l'hiver sera venu,
Quand les arbres seront nus,
Cette feuille desséchée,
Contre le mur accrochée
Me parlera des beaux jours
Dont j'attends le gai retour.

Raymond Richard ("À petits pas" - Editions du Cep Beaujolais)


1 octobre 2007

L'automne de Claude Roy

Claude Roy (1915-1997) est déjà présent sur le blog (voir poésies Cycle 2 et 3). C'était un journaliste engagé, un romancier et un poète :

... Le poète n'est pas celui qui dit Je n'y suis pour personne
Le poète dit J'y suis pour tout le monde ...

Extrait du poème "Jamais je ne pourrai" ("Les Circonstances" Ed Gallimard - 1970)

Météorologie

L'oiseau vêtu de noir et vert
m'a apporté un papier vert
qui prévoit le temps qu'il va faire.
Le printemps a de belles manières.
L'oiseau vêtu de noir et de blond
m'a apporté un papier blond
qui fait bourdonner les frelons.
L'été sera brûlant et long.
L'oiseau vêtu de noir et et jaune
m'a apporté un papier jaune
qui sent la forêt en automne.
L'oiseau vêtu de noir et blanc
m'a apporté un flocon blanc.

L'oiseau du temps que m'apportera-t-il ?

Claude Roy


1 octobre 2007

L'automne d'Albert Samain

Ce texte du grand poète symboliste Albert Samain (1858-1900),  est en général, pour la classe, privé de sa dernière strophe.

Mélancolie

Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure,
Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.

L'automne qui descend des collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur
Et voici que s'afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos
S'est tu : le pêne grince à la grille rouillée ;
La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,
Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos.

Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ;
Seul le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.

Albert Samain ("Le Chariot d'Or" - Mercure de France, 1900)

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1 octobre 2007

L'automne de Samivel

Samivel (1907-1992) est difficile à étiqueter : écrivain, poète, humoriste et illustrateur, explorateur, cinéaste ... son talent est reconnu dans toutes ces activités. Il s'appelait pour l'état civil Paul Gayet-Tancrède. Son nom d'auteur est emprunté à Charles Dickens (Samivel est Sam Weller dans "Les Aventures de Mr Pickwick").

Voici une poésie pour les petites classes.

Quand automne en saison revient ...   

Quand automne en saison revient,
La forêt met sa robe rousse
Et les glands tombent sur la mousse
Où dansent les petits lapins.
Les souris font de grands festins
Pendant que les champignons poussent.
Ah ! que la vie est douce, douce,
Quand l'automne en saison revient.

Samivel


1 octobre 2007

L'automne de Charlotte Serre

Charlotte Serre Patachon (1914-2000) a d'abord écrit des recueils de poèmes ("Élans d'amour" en 1973 est le premier), dans sa Dordogne natale (autre recueil : "Saint Jory de Chalais, pays de mon enfance"). Résistante (en Dordogne) et déportée pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle a publié des livres-témoignages, ("Rescapé de la nuit ", "de Fresnes à Ravensbrück").

On propose à la classe, très souvent la première, ou les deux ou trois premières strophes de ce texte :

Feuille d'automne

Feuille d'automne
Bijou vermeil
Qui tourbillonne
Dans le soleil,
Flambe l'automne
Pourpres et ors
Qui vermillonnent
Tel un trésor.

Feuille dansante
Dans le vent fou
Qui, frissonnante
Tombe à genoux
En la supplique
Des feux mourants,
Mélancoliques
Dans leurs tourments.

Sème l'automne
Sur les étangs
Combien s'étonne
Le cygne blanc
Qui, sous les aunes
S'en va glissant.
L'air monotone
Va s'imprégnant.

Dans les vallées
Au cœur saignant
Taches rouillées
Feuilles de sang,
Les feuilles mortes,
Les souvenirs
Vont en cohorte
Semblant s'unir.

Ces fleurs du rêve
Tombent en pleurs
Avec la sève
D'anciens bonheurs.
Les feuilles mortes,
Leurs parfums lourds
Ferment la porte
De nos amours.

Charlotte Serre (Poèmes  publiés aux éditions du Centre)


1 octobre 2007

L'automne d'Alain Serres

Alain Serres est né en 1956. Il a publié et publie de nombreux albums, recueils de poésie, romans, pièces de théâtre pour les enfants et la jeunesse, notamment aux éditions Rue du Monde, dont il est le créateur.

La graine

Au clair de l'automne
Mon ami Pierrot ,
La petite feuille est morte ;
Ouvrez -lui la porte ;
Au clair de la laine
Est rangée sa graine.

Chut !
Fermez bien vos mains
Comme une boîte à bijoux ;
Il va pleuvoir jusqu'aux mois doux.

Alain Serres ("N’écoute pas celui qui répète" -  poèmes pour grandir - 1986, éditions Cheyne)


1 octobre 2007

L'automne d'Émile Verhaeren

Émile Verhaeren (1855-1916) est un écrivain et poète belge. On propose aux élèves, en élémentaire, un extrait de ce long poème (le début), mis ici en couleur (on le trouve aussi sur ce blog dans la catégorie  POÉSIES pour la CLASSE - CYCLE 3 et COLLÈGE).

Le vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds battant les bourgs,
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent.
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles vertes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre;
Le vent mord dans les branches
Des nids d'oiseaux;
Le vent râpe du fer,
Et peigne au loin les avalanches,
- Rageusement - du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitre et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre! -
Sur sa hutte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église,
Sont soulevés sur leurs bâtons;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes ;
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes;
L'avez-vous vu cette nuit-là
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient comme des bêtes
Sous la tempête?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant.
Voici le vent cornant Novembre.

Émile Verhaeren ("Les villages illusoires")


Automne

Matins frileux
Le vent se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.

Émile Verhaeren


1 octobre 2007

L'automne de Paul Verlaine

De Paul Verlaine (1844-1896), ce poème très connu(1844-1896)

Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine ("Poèmes saturniens")


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