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30 janvier 2007

La lune blanche - Paul Verlaine

La lune blanche

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...

Ô bien-aimée.

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...

Rêvons, c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise...

C’est l’heure exquise.

Paul Verlaine ("La bonne chanson")

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30 janvier 2007

Etude de pronoms - Jean Tardieu

A vous de voir, si ce poème est ou n'est pas une "lettera amorosa"...

Etude de pronoms

O toi ô toi ô toi ô toi
toi qui déjà toi qui pourtant
toi que surtout.

Toi qui pendant toi qui jadis toi que toujours
toi maintenant.

Moi toujours arbre et toi toujours prairie
moi souffle toi feuillage
moi parmi, toi selon!

Et nous qui sans personne
par la clarté par le silence
avec rien pour nous seuls
tout, parfaitement tout!

Jean Tardieu

30 janvier 2007

Le lac - Jeong Ji-Yong

Le lac

Mon visage entier,
au creux de mes mains,
je le puis cacher.

Mon coeur languissant de toi
est aussi vaste qu'un lac :
je ne puis que fermer les yeux.

Jeong Ji-Yong 1903-1950 ("Nostalgie" traduit du coréen)

30 janvier 2007

Chanson de Fortunio - Alfred de Musset

Chanson de Fortunio

Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer,
Je ne saurais, pour un empire,
Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,
Si vous voulez,
Que je l'adore et qu'elle est blonde
Comme les blés.

Je fais ce que sa fantaisie
Veut m'ordonner,
Et je puis, s'il lui faut ma vie,
La lui donner.

Du mal qu'une amour ignorée
Nous fait souffrir,
J'en porte l'âme déchirée
Jusqu'à mourir.

Mais j'aime trop pour que je die*
Qui j'ose aimer,
Et je veux mourir pour ma mie
Sans la nommer.

Alfred de Musset

die* à garder pour la rime

30 janvier 2007

Couvre-feu - Paul Eluard

Couvre-feu

Que voulez-vous la porte était gardée
Que voulez-vous nous étions enfermés
Que voulez-vous la rue était barrée
Que voulez vous la ville était matée
Que voulez-vous elle était affamée
Que voulez-vous nous étions désarmés
Que voulez-vous la nuit était tombée
Que voulez-vous nous nous sommes aimés.

Paul Eluard ("Poésie et Vérité")

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30 janvier 2007

L'amoureuse - Paul Eluard

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

Paul Eluard ("Mourir de ne pas mourir")

30 janvier 2007

Qu'en avez-vous fait ? - Marceline Desbordes-Valmore

Qu'en avez-vous fait ?

Vous aviez mon coeur,
Moi, j'avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur,
Bonheur pour bonheur !

Le vôtre est rendu,
Je n'en ai plus d'autre :
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu !

La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur,

Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême ?
Qu'en avez-vous fait ,
De ce doux bienfait ?

Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend,

Vous me laissez là,
Dans ma vie amère ;
Vous me laissez là,
Et Dieu voit cela !

Savez-vous qu'un jour
L'homme est seul au monde ?
Savez-vous qu'un jour
Il revoit l'amour ?

Vous appellerez,
Sans qu'on vous réponde ;
Vous appellerez,
Et vous songerez !...

Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte ;
Ami comme avant,
Vous viendrez, rêvant,

Et l'on vous dira :
"Personne... elle est morte."
On vous le dira ,
Mais qui vous plaindra ?

Marceline Desbordes-Valmore

On trouve également cette version raccourcie, pour la classe :

Qu'en avez-vous fait ?

Vous aviez mon coeur,
Moi, j'avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur,
Bonheur pour bonheur !

Le vôtre est rendu,
Je n'en ai plus d'autre :
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu !

La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur,

Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême ?
Qu'en avez-vous fait ,
De ce doux bienfait ?

Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend,

Savez-vous qu'un jour
L'homme est seul au monde ?
Savez-vous qu'un jour
Il revoit l'amour ?

Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte ;
Ami comme avant,
Vous viendrez, rêvant,

Et l'on vous dira :
"Personne... elle est morte."
On vous le dira ,
Mais qui vous plaindra ?

Marceline Desbordes-Valmore

23 janvier 2007

J'ai pour toi un lac - Gilles Vigneault

J'ai pour toi un lac

J'ai pour toi un lac quelque part au monde
Un beau lac tout bleu
Comme un œil ouvert sur la nuit profonde
Un cristal frileux
Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
À brise d'automne et chanson d'hiver
S'y mire le temps, s'y meurent et s'y cueillent
Mes jours à l'endroit, mes nuits à l'envers.

J'ai pour toi, très loin
Une promenade sur un sable doux
Des milliers de pas sans bruits, sans parade
Vers on ne sait où
Et les doigts du vent des saisons entières
Y ont dessiné comme sur nos fronts
Les vagues du jour fendues des croisières
Des beaux naufragés que nous y ferons.

J'ai pour toi défait
Mais refait sans cesse les mille châteaux
D'un nuage ami qui pour ma princesse
Se ferait bateau
Se ferait pommier, se ferait couronne
Se ferait panier plein de fruits vermeils
Et moi je serai celui qui te donne
La terre et la lune avec le soleil.

J'ai pour toi l'amour quelque part au monde
Ne le laisse pas se perdre à la ronde.

Gilles Vigneault

22 janvier 2007

Au petit bonheur - Geo Norge

peinture_murale_enfantAu petit bonheur

Rien qu'un petit bonheur, Suzette,
Un petit bonheur qui se tait.
Le bleu du ciel est de la fête;
Rien qu'un petit bonheur secret.

Il monte ! C'est une alouette
Et puis voilà qu'il disparaît;
Le bleu du ciel est de la fête.
Il chante, il monte, il disparaît.

Mais si tu l'écoutes, Suzette,
Si dans tes paumes tu le prends
Comme un oiseau tombé des crêtes,
Petit bonheur deviendra grand.

Geo Norge

22 janvier 2007

L'école - Jacques Charpentreau

L'école

Dans notre ville, il y a
Des tours, des maisons par milliers,
Du béton, des blocs, des quartiers,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.

Dans mon quartier, il y a
Des boulevards, des avenues,
Des places, des ronds-points, des rues,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.

Dans notre rue, il y a
Des autos, des gens qui s'affolent,
Un grand magasin, une école,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat,
Tout bas.

Dans cette école, il y a
Des oiseaux chantant tout le jour
Dans les marronniers de la cour.
Mon cœur, mon cœur, mon cœur qui bat
Est là.

Jacques Charpentreau

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