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lieu commun
4 mars 2007

Le printemps d'Emile Verhaeren

C'est la première strophe qui est généralement proposée aux élèves.

Tout ce qui vit autour de nous

Tout ce qui vit autour de nous,
Sous la douce et fragile lumière,
Herbes frêles, rameaux tendres, roses trémières,
Et l'ombre qui les frôle et le vent qui les noue,
Et les chantants et sautillants oiseaux
Qui follement s'essaiment,
Comme des grappes de joyaux
Dans le soleil,
Tout ce qui vit au beau jardin vermeil,
Ingénument, nous aime ;
Et nous,
Nous aimons tout.

Nous adorons le lys que nous voyons grandir
Et les hauts tournesols plus clairs que le Nadir
- Cercles environnés de pétales de flammes -
Brûlent, à travers leur ardeur, nos âmes.
Les fleurs les plus simples, les phlox et les lilas,
Au long des murs, parmi les pariétaires,
Croissent, pour être proches de nos pas ;
Et les herbes involontaires,
Dans le gazon où nous avons passé,
Ouvrent les yeux mouillés de leur rosée.

Et nous vivons ainsi avec les fleurs et l'herbe,
Simples et purs, ardents et exaltés,
Perdus dans notre amour, comme dans l'or, les gerbes.
Et fièrement, laissant l'impérieux été
Trouer et traverser de ses pleines clartés
Nos chairs, nos coeurs, et nos deux volontés.

Émile Verhaeren (1855-1916)  ("Les heures d'après-midi " - éditions du Mercure de France)


Le printemps jeune et bénévole

Le printemps jeune et bénévole
Qui vêt le jardin de beauté
Élucide nos voix et nos paroles
Et les trempe dans sa limpidité.
La brise et les lèvres des feuilles
Babillent, et lentement effeuillent
En nous les syllabes de leur clarté.
Mais le meilleur de nous se gare
Et fuit les mots matériels ;
Un simple et doux élan muet
Mieux que tout verbe amarre.

Émile Verhaeren (1855-1916)  ("Les heures claires")


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