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lieu commun
29 avril 2007

Amérique Centrale - Mexique - poésie zapotèque

La civilisation zapotèque s’est installée dans la vallée d’Oaxaca, au Mexique vers le XXIe siècle avant notre ère. Peuple de cultivateurs et de bâtisseurs, leur site le plus connu est celui de l'ancienne cité de Monte Albán.
La première forme d’écriture zapotèque était pictographique.
Aujourd’hui, la population zatopèque compte environ 200 000 personnes. La langue zapotèque est une des langues indigènes les plus parlées au Mexique, et la culture du maïs représente comme autrefois l'activité essentielle.

Mario Molina Cruz est l'actuel (2001) directeur de la Maison de la Culture d’Oaxaca (Mexique), et écrivain de langue zatopèque. Ces poèmes (le premier ne porte pas de titre), sont écrits dans les deux langues par l'auteur :

Los ríos no regresan,
las lágrimas tampoco.
Los ríos se van consumiendo
en el camino,
en la espesura, en los riegos,
en los sembradíos
y el mar abierto,
o simplemente los seca el tiempo.

texte zapotèque :

Binhakbiá chét guyedll Ibi'chlloki,
ka' yeo bill yabin nhák ke
Bál'ake, yeo'nhan ka' yózen
Zéj llnhiten, chét biyabillen
Lo' yix'kuan
Chét bi yechen tnhez, lo'nhis'tao
yalhanhe...
Yel'yachnhan muslhas llíw ga'tezé.

Mario Molina Cruz

traduction française proposée* (Lieucommun) :

Les rivières ne remontent pas à leur source,
les larmes non plus.
Les fleuves se perdent
en suivant leur cours,
dans les fourrés, les canaux d'irrigation,
dans les champs
et la mer ouverte,
ou c'est simplement le temps qui les sèche.

* Rappel : même soignée, et surtout en poésie, toute traduction est une trahison, parmi d'autres trahisons possibles.


Macario Matus est un écrivain mexicain zapotèque contemporain, journaliste et traducteur (il a traduit en langue zapotèque des poètes d'Espagne et d'Amérique latine) :

Amo y señor

La lengua de los zapotecas
es la voz de los árboles,
el canto de las aves,
el rumor del sol, el viento,
las estrellas, el mar, los ríos
anchos como el mismo cielo.

Es la lengua de los dioses,
de los padres y hermanas fieras,
como el ocelote, el lagarto
y las tortugas de ojos cansados.

Es el sonido de los seres invisibles,
de las montañas, el aire, el limo
de la naturaleza visible, movible.

texte zapotèque (par l'auteur) :

Stíidxa Binni Záa

náaca nii stíidxa yáaga,
riúunda stíi máani ripáapa,
stúuxu gubíidxa, stíi bíi,
cáa béele guíi, níisa dóo, guíigu
biáaca síica pé’ guibáa.

Náaca níi stiidxa cáa bidóo,
stii cáa bixhóoze núu
née bizáana núu máani dúuxhu
síica béedxe yúu, síica béeñe
née cáa bíigu lúu yáati.

Náaca níi ríidxi stíi cáa miáati quíi rihuínni,
stíi cáa dáani zúu, stíi bíi, béeñe
stíi guiidxi layúu rihuínni, riníibi.

(Poème tiré de Binii Zaá/Los Zapotecas, éditions Culturas Populares - FONCA, México, 1998)

traduction française proposée (Lieucommun) :

Maître et Seigneur

La langue zapotèque
est la voix des arbres,
le chant des oiseaux,
la rumeur du soleil, le vent,
les étoiles, la mer, les rivières
larges comme le ciel-même.

C'est la langue des dieux,
des ancêtres et de nos frères sauvages
comme l'ocelot, le lézard
et la tortue aux yeux fatigués.

C'est le bruit des êtres invisibles,
des montagnes, de l'air, du limon,
et de la nature visible, mobile.



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