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1 août 2007

L'hiver de Madeleine Morize

Madeleine Morize (ou Madeleine Prat ou Prat-Morize) , née en 1877, a écrit des poèmes classiques d'une grande sensibilité (non publiés à notre connaissance), que présente son petit-fils à cette adresse : http://www.philippemorize.com/

 

«  Le poète c’est un homme qui peut ne jamais savoir forger un vers
mais qui comprend le langage mystérieux des fleurs,
les signes des étoiles et la poésie troublante des rayons de lune. »
Madeleine Morize
(1898)

Chanson d'hiver

Les flocons, loin du ciel sévère,
S'en sont allés, tout en dansant,
Bien pressés d'atteindre la terre
Qui les attirait doucement.
Menant une ronde joyeuse,
Ils semblent un duvet léger
Échappé d'une aile soyeuse
Et que le vent fait voltiger.

Petits et clairs, dans la tourmente,
Ils ont l'allure de lutins
Qui se frôlent dans la descente
Aussi caressants que mutins.
Mais la glace emprisonne et gèle
Les jolis flocons blancs si fous.
La mort étend sur tout son aile.

Cœurs qui souffrez, endormez-vous !

Et maintenant, dans le mystère,
Sous l'épaisseur du manteau blanc,
C'est le grand travail de la terre !
Elle prépare dans son flanc
Toutes les richesses futures :
Les fleurs si douces du printemps,
De l'été, les vertes ramures,
De l'automne, les tons ardents.
Et pourtant, elle semble morte ;
Les charmes sont ensevelis ;
Chaque neige que le vent porte
Du linceul alourdit les plis.
Cette blancheur s'immobilise
Sous le ciel gris, en contours flous
Et toute forme est imprécise.

Oh ! Cœurs qui dormez, rêvez-vous ?

Mais voici que dans la nature
Viennent à passer des frissons.
Peu à peu s'en vont la froidure,
La neige pâle et les glaçons.
Écartant son voile superbe,
La terre apparaît et sourit ;
Des rubans d'eau courent dans l'herbe
Qui, sous leurs baisers, reverdit.
Et, là-bas, voilà que s'éveille
La voix profonde des forêts
Et que s'ouvre, pure merveille,
La clochette des blancs muguets.
La vie, en tout, fleurit et chante
Et l'air est infiniment doux.
Il se lève une aube charmante.

Cœurs qu'on croit morts, réveillez-vous !

Madeleine Morize (écrit en mars 1917)


 

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