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1 octobre 2007

L'automne de Francis Vielé-Griffin

Même s'il est né en Virginie pendant la guerre de Sécession, Francis Vielé-Griffin (1864-1937) est un poète symboliste français, poète de la nature et de sa terre d'élection : la Touraine.

..."J'ai regardé fleurir dans sa lumière d'or
La fine majesté des plus naïves choses
"...
Francis Vielé-Griffin

Voici les bords de Loire en saison :

L’automne

Lâche comme le froid et la pluie,
Brutal et sourd comme le vent,
Louche et faux comme le ciel bas,
L’automne rôde par ici ;
Son bâton heurte aux contrevents ;
Ouvre la porte, car il est là.
Ouvre la porte et fais-lui honte…

Car je le connais bien, c’est lui
Qui vint l’autan avec des phrases,
Avec des sourires et des grappes,
Parlant du bon soleil qui luit,
Du vent d’été qui bruit et jase,
Du bon repos après l’étape ;

Il a soupé à notre table
-  Je le reconnais bien, te dis-je,
Il a goûté au vin nouveau,
Puis on l’a couché dans l’étable
Entre la jument et le veau :
Le lendemain, l’eau était prise ;
Les feuilles avaient plu sous la gelée.
-  Ferme la porte et les volets.

Qu’il passe son chemin, au moins,
Qu’il couche ailleurs que dans mon foin,
Qu’il aille mendier plus loin.
Avec des feuilles dans sa barbe
Et ses yeux creux qui vous regardent
Et sa voix rauque et doucereuse ;
À d’autres ! moi, je le reconnais,
Qu’il s’attife d’or ou qu’il gueuse.
-  Rentre la cloche : s’il sonnait !
Prépare une flambée : j’attends
Le vieil hiver au regard franc.

Francis Vielé-Griffin ("La Clarté de vie" - Mercure de France, 1897)


Ces passages, dans l'ordre original des strophes, sont extraits d'un des poèmes du recueil "La partenza" (le départ), élégie du poète à la Loire :

Feuilles d'automne (titre proposé)

[...]

Le rêve de la vallée,
Toute d'or et d'ombre au loin,
M'a pris et bercé et roulé
Dans un parfum de vigne et de foin;

[...]

J'ai choisi l'automne attendri
Et cette heure des ombres longues ;
Je cueille une rose flétrie ;
On marche et les feuilles tombent.

Je regarde, feuille à feuille,
S'éparpiller dans le soir
Le manteau d'or et d'orgueil
De ces grands arbres noirs;

Je regarde, goutte à goutte,
Tomber comme du sang,
Les feuilles... et le soir en déroute
Tourne et fuit dans le couchant ...
[...]
Francis Vielé-Griffin ("La partenza" - Mercure de France, 1899)



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