Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lieu commun
3 février 2008

PRINTEMPS DES POÈTES 2010 - COULEUR FEMME - ANDRÉE CHEDID- TEXTES COLLÈGE, LYCÉE, et plus ...

- Andrée Chedid -

fl_che_d_grad__droitefl_che_d_grad__droitefl_che_d_grad__droite3). textes pour le Collège ou le Lycée

 mais pas forcément ! à vous de voir ...

Ce texte ouvrait le Printemps des Poètes 2008 (sur le thème "éloge de l'autre"):

Toi-Moi

Par l'univers-planète
un univers à toute bride
Par l'univers-bourdon
dans chaque cellule du corps

Par les mots qui s'engendrent
Par cette parole étranglée
Par l'avant-scène du présent
Par vents d'éternité

Par cette naissance qui nous décerne le monde
Par cette mort qui l'escamote

Par cette vie
Plus bruissante que tout l'imaginé

TOI

Qui que tu sois

Je te suis bien plus proche qu'étranger.

Andrée Chedid ("Contre Chant" - Éditions Flammarion - 1968 et 1971 et "Visage Premier" - Flammarion 1972)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Le texte qui suit a été commandé à A. Chedid par Le Printemps des Poètes 2008 (sur le thème "Éloge de l'Autre") :

L'Autre
               "Je est un autre"  Arthur R.

À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Je recherche l’Autre

J’aperçois au loin
La femme que j’ai été
Je discerne ses gestes
Je glisse sur ses défauts
Je pénètre à l’intérieur
D’une conscience évanouie
J’explore son regard
Comme ses nuits

Je dépiste et dénude un ciel
Sans réponse et sans voix
Je parcours d’autres domaines
J’invente mon langage
Et m’évade en Poésie

Retombée sur ma Terre
J’y répète à voix basse
Inventions et souvenirs

À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Et je retrouve l’Autre.

Andrée Chedid (Poème inédit pour Le Printemps des Poètes - Éloge de l'autre - 2007)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Cet instant

Avec mon sang aux mille oiseaux
J'ai marché tout au long de la terre
J'ai ri de l'argile
J'ai renié le temps
J'ai su parler à l'étranger

Avec mon sang couleur de jour
J'ai dit oui à la mort et à son innocence
J'ai refusé la nuit.

Andrée Chedid ("Textes pour un poème" - Éditions G. L. M.- Paris, 1950 et Éditions Flammarion 1987)

 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Je m'écris

J'interprète une page de vie
J'en use comme plaque de cuivre
J'ai la grène de plaisirs
Je la crible d'années

Je la saisis en verte saison
Je la racle de nuit d'hiver
Je la ronge en creux d'angoisses

Je m'y taille espace libre
Je l'attaque en matière noire
Je progresse d'épreuves en épreuves

Je la creuse en vaines morsures
Je la burine d'émotions
Je l'entame

Pour nier le temps
Je m'écris pour durer

Andrée Chedid  ("Rythmes " -  éditions Gallimard, 2002)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -         

Jeunesse

Jeunesse qui t'élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.

Andrée Chedid (texte "Tant de corps et tant d'âme", dans le recueil "Poèmes pour un texte 1970-1991", éditions Flammarion, 1991)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -         

Trois mouettes

Je te donne trois mouettes

La pulpe d'un fruit
Le goût des jardins sur les choses

La verte étoile d'un étang
Le rire bleu de la barque
La froide racine du roseau

Je te donne trois mouettes
La pulpe d'un fruit

De l'aube entre les doigts
De l'ombre entre les tempes

Je te donne trois mouettes
Et le goût de l'oubli.

Andrée Chedid ("Textes pour un poème", 1950 et "Fêtes et lubies" - éditions Flammarion,1972 et 1996) 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -         

Brève invitée

Ma lande mon enfant ma bruyère
Ma réelle mon flocon mon genêt,
Je te regarde demain t’emporte 
Où je ne saurais aller.

Ma bleue mon avril ma filante
Ma vie s'éloigne à reculons,
A toi les oiseaux et la lampe
A toi les torches et le vent.

Mon cygne mon amande ma vermeille
A toi l'impossible que j'aimais
A toi la vie, sel et soleil,
A toi, brève invitée.

Andrée Chedid ("Seul le visage", 1960 - repris dans "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -         

La saison des herbes

L'air est libre

Les chemins sentent l'orange
Le soleil s'allonge en robes* de safran

C'est la saison du rire et des herbes

Ô mon amour aux cent patiences
Ce soir tout est une première fois.

* "robes" est au pluriel

Andrée Chedid ("Textes pour la terre aimée", 1955 - repris dans "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)          

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Extraits du recueil "Terre et poésie" :

La poésie est naturelle. 
Elle est l'eau de notre seconde soif.

Andrée Chedid ("Terre et Poésie", texte 4 du chapitre 2 - Éditions GLM - 1956)

Nous avons beau - comme l'arbre qui est né sage - soupçonner les grimaces du destin, nous n'avons pas encore appris à sourire des simples blessures du coeur. 
L'orage nous terrasse, entame la chair même du bonheur. 
Mais, l'eau nouvelle est l'invention des matins.

Andrée Chedid ("Terre et Poésie", texte 11 du chapitre 3 - Éditions GLM - 1956)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -         

Arbres

Je sais des arbres
Striés de leur corps à corps avec les vents
Et certains dont les têtes résonnent
Des contes de la brise
                           
D’autres solitaires et debout
Défiant le sol renégat
Et d’autres qui se ressemblent
Autour d’une maison grise
                              
Je sais des arbres
Qui s’humilient au pied des eaux
Pour l’amour de leur image
Et ceux qui secouent d’arrogantes chevelures
À la face du soleil

Je sais des arbres
Témoins de très anciennes naissances
Et qui redoublent de racines
J’en sais d’autres qui expirent
Pour un frôlement d’aile

Je sais des arbres vains et qui ne sont
Que feuilles
Tous ils ont trop vécu
Sur la terre des hommes.

Andrée Chedid ("Textes pour une figure, 1949" et "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987) 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -         

fl_che_d_grad__droitefl_che_d_grad__droitefl_che_d_grad__droitefl_che_d_grad__droite4). textes plus difficiles

 sans doute ...

Deux textes du recueil "Textes pour un poème - 1949-1970 ", juste parce qu'on les aime :

A quoi joue-t-on ?

Que faisons-nous d'autre
Que jardiner nos ombres,
Tandis qu'au loin
crépite et s'évade l'univers ?

Que faisons-nous d'autre
que visiter le temps,
Tandis qu'au près
s'architecture notre mort ?

Que faisons-nous d'autre
que rogner l'horizon,
Tandis qu'au loin
qu'au près -------- :

              le grand heurt.

Andrée Chedid ("Contre Chant" , premier texte de la série "Démarche" - Éditions Flammarion - 1968 et "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987) 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Le combat délivre

J'ai racheté la nuit
Avec une cigale
Avec un coq
À la crête foudroyée

J'ai ramoné la nuit
Au surplis de l'aube
Par un essaim de rêves
Je l'inquiétais

J'ai escorté la nuit
Pour me faire à ses plages
J'ai tailladé l'ardoise
Avec le cri

Mais la nuit est la nuit
Et la nuit demeure
Sa part de jour
Encore en sa nuit.

Andrée Chedid ("Double-pays", 1965 - repris dans "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)          

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Et ce texte du recueil "Fraternité de la parole", recueil que présente ainsi l'auteure :
"Surgie du tréfonds, vêtue de mots, de langues, quelque part la parole nous soulève et nous réunit. [...]
Ces textes s'obstinent à forer le chemin des ressemblances, à dénombrer les preuves d'une terre commune, à dévoiler les traces d'une fraternité [...] "

Le parcours

D'obstacles en terrases
De rameaux en ténèbres
Le parcours est sans pitié

Va      main à main
avec tant d'autres
Leur feu      ton feu
seront alliés

Avance
La terre prendra ta forme

Elle n'abolit que les miroirs !

Andrée Chedid ("Fraternité de la parole", éditions Flammarion, 1976)          

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

retour au sommaire Andrée Chedid ? cliquez ICI



Publicité
Commentaires
A
Merci à vous, c'est bien si ce travail contribue à faire connaître la poésie d'Andrée Chedid
L
Merci pour cet article!
A
Merci à vous
A
Article très intéressant ... merci pour tout
A
Merci pour ce clin d'oeil.<br /> Georges Fourest s'était déjà fait une petite place, en passant, sur notre îlot lieucommun, ici : http://lieucommun.canalblog.com/archives/2008/04/01/11770057.html<br /> et à propos d'îlot, me revient en mémoire ce passage d'un poème désabusé et iconoclaste de Fourest, où les Ilotes (ça n'a évidemment rien à voir), sont une référence aux habitants maltraités d'une île de la Grèce antique :<br /> "... las d'être traité comme les Ilotes<br /> je m'en vais aller loin de vous, songeant<br /> que l'on ne peut pas, sans beaucoup d'argent<br /> contre tant de culs user tant de bottes"...<br /> La catégorie PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes du blog vous plaira peut-être davantage, même si, puisqu'en priorité destinée aux élèves, elle reste trop raisonnable (à tort ?)<br /> Cordialement
Publicité