Chantal Dupuy-Dunier, Marie-Jeanne Durry
Chantal Dupuy-Dunier est née en 1949.
Les animaux ...
Les animaux,
Les petits,
Les gros aussi, ils meurent tous,
ceux des maisons
comme ceux qui vivent dehors,
Les fourmis de dix-huit mètres
avec ou sans chapeau,
les étourneaux trop étourdis,
la chèvre de Monsieur Seguin.
Elle s'est battue toute la nuit
avant de se faire bouffer par le loup
au matin
- ça m'fout encore la larme à l'oeil
cette histoire parfumée
d'accent provençal et de serpolet -,
cette chèvre-là, elle est restée,
en quelque sorte,
mon héros dans la vie,
une libertaire,
une vraie résistante.
Chantal Dupuy-Dunier ("Où qu'on va après ?" - éditions Le dé bleu)
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
L’hiver baisse la garde
L’hiver baisse la garde.
Convulsions des dernières glaces.
Les rivières sont grosses.
Des lézards réveillent les pierres.
Quelque chose amorce un retour
que les poètes ont trop chanté.
Chantal Dupuy-Dunier (inédit, source du texte : http://ericdubois.over-blog.fr/)
ce poème se réfère au monastère franciscain de Saorge, dans l’arrière-pays niçois, qui a été aménagé en résidence d’écrivains et où l'auteur a séjourné :
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Saorge
Saorge germinative,
perlée, dépouillée,
humble sous la lombarde
qui manie le fouet
avec sa poigne de vent.
Saorge panifère et abreuvante.
Dehors,
sur une terrasse du jardin,
un laurier amoureux,
dont deux branches enserrent
le tronc entre leurs bras,
fait rougir de désir les orangers voisins.
Déjà, quelques abeilles inventorient
les promesses des mélèzes.
Midi :
Sous les ardoises lisses de la cuisine,
une femme, brune et belle,
fait frire des panisses,
semées de parmesan.
( Nice et l’Italie pacifiées.)
Le miel chante dans la cuillère.
Chantal Dupuy-Dunier ("Saorge, dans la cellule du poème" - Éditions Voix d’encre, 2009 - Illustrations de Michèle Dadolle.)
Marie-Jeanne Durry (1901-1980) est une poète, essayiste et universitaire, auteure de recueils de poésie et d'ouvrages sur des écrivains (Chateaubriand, Flaubert ...)
Chanson
J'ai volé un petit nuage
Pour me promener
Je flotte sur les villages
D'un monde abandonné
Vous pouvez vous mettre en chasse
Vous ne m'attraperez pas
Mais d'en haut je tends mes nasses
Viens partager mon repas
De gouttes et d'étincelles
Viens partager mon repas
Je plonge et je te soulève
Jusqu'à mon nid dans le ciel
Le soleil est sur nos lèvres
Un gâteau de miel
Écoute comme je chante
Vois naître dans l'air
Les agiles couleurs changeantes
Qui frémissent sur la mer.
Marie-Jeanne Durry