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lieu commun
13 février 2008

Poème du jour : 13 février 2008 - Syracuse (Bernard Dimey)

Dimey_silhouetteRevoici donc  Bernard Dimey (biographie et textes dans la catégorie à gauche sur ce blog). On en parle aujourd'hui à la radio, malgré la grève, et son nom apparaîtra (peut-être) demain dans les journaux.
Si on mentionne ici ou là Bernard Dimey  c'est indirectement, bien entendu, avec la disparition d'Henri Salvador, interprète de Syracuse. Henri Salvador à qui on attribue parfois la paternité des paroles de la chanson, lui qui a seulement, mais joliment mis ce texte en musique, en 1962.

Syracuse ouvre le recueil "Le milieu de la nuit" (éditions Christian Pirot, 1991), 15 €.
Qu'est-ce que vous attendez pour rencontrer Bernard Dimey ,
avant qu'il ne reparte dans les archives ?

Syracuse

J'aimerais tant voir Syracuse
L'île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s'amusent
À glisser l'aile sous le vent.

Voir les jardins de Babylone
Et le palais du Grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji-Yama.

Voir le pays du matin calme,
Aller pêcher le cormoran
Et m'enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent ...

Avant que ma jeunesse s'use
Et que mes printemps soient partis
J'aimerais tant voir Syracuse
Pour m'en souvenir à Paris.

Bernard Dimey ("Le milieu de la nuit" - Éditions Christian Pirot, 1991)

La ponctuation du recueil, utilisée ici, est différente de celle qu'on peut trouver pour le texte de la chanson
texte rangé également dans la catégorie BERNARD DIMEY - poète, et pourquoi pas ?



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18 janvier 2008

Poète du jour : 18 janvier 2008 - Yusuf Juma

Dans le quotidien Libération de ce vendredi 18 janvier 2008 :
Un poète et sa famille menacés en Ouzbékistan (article signé Hélène Despic-Popovic)

Il y a un mois que le poète et écrivain satiriste ouzbek Yusuf Juma a été arrêté par la police du président Islam Karimov, le dictateur responsable des massacres d’Andijan de mai 2005. Condamné en 2001 à trois ans de prison avec sursis pour «insultes au Président»,Juma est de nouveau dans le collimateur de la justice depuis qu’il a organisé, début décembre, des piquets de protestation contre les autorités d’une ville de la région de Boukhara. Délogés par la police, le poète et son fils ont ensuite été arrêtés à Tachkent, la capitale. Sa fille a été interpellée à son domicile ...

La suite ici.

(Le passage suivant est emprunté ici)." Quand le président de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) Jean Lemierre s'est rendu en Ouzbékistan en mai 2003, le poète Yusuf Juma lui a adressé une lettre ouverte qui commençait ainsi: " Bienvenue dans la prison la plus grande de notre planète, Monsieur Lumière. Je suis Yusuf Juma, poète et fondateur de l'organisation de défense des droits de l'homme Ozod Oboz (La Voix libre). [...] Dans cette prison vivent vingt-cinq millions de personnes"...


pour Yusuf Juma   :

Mots croisés

Midi
l'ombre des barreaux quadrille le mur
alors le poète saisit
dans l'espace étroit
la poussière d'or de l'alphabet
et croise la lumière des mots


                  E      /
                  S     /
                  P   /
                  O /
                     LIBER
                         R

soleil
           arme de résistance

A Bial


8 janvier 2007

Poème du jour : 8 janvier 2008 - Mario Benedetti - Défense de la joie

livre_cotidianas

Rappel : On trouvera dans cette catégorie  les coups de cœur du blog, en relation ou non avec l'actualité. Le texte restera en page d'accueil, puis sera remplacé par un autre, etc (par changement de la date de post). L'ensemble des textes reste accessible dans la catégorie Poème du jour (colonne de gauche).

Reçu avec les vœux de nouvel an (merci à ceux qui me l'ont transmis et qui se reconnaîtront), Défense de la joie, poème de Mario Benedetti
que je vous fais partager, en espagnol et en français. Beau programme :

"defender la alegría como un principio"
"défendre la joie comme un principe"
 

Mario Benedetti, né en 1920, est un écrivain uruguayen, romancier, dramaturge et poète. Universitaire et membre du Movimiento de Liberación Nacional - Tupamaros, la dictature militaire dans son pays l'a contraint à l'exil entre 1973 et 1983. Il a vécu ensuite en Espagne jusqu'en 2006, et réside aujourd'hui à nouveau à Montevideo, capitale de son pays natal.

Défense de la joie
                                     à Trini

Défendre la joie comme une tranchée
la défendre du scandale et de la routine
de la misère et des misérables
des absences transitoires
et définitives

défendre la joie comme un principe
la défendre de la stupéfaction et des cauchemars
des neutres et des neutrons
des douces infamies
et des graves diagnostics

défendre la joie comme un drapeau
la défendre de la foudre et de la mélancolie
des naïfs et des canailles
de la rhétorique et des arrêts cardiaques
des endémies et des académies

défendre la joie comme un destin
la défendre du feu et des pompiers
des suicides et des homicides
des vacances et de l’accablement
de l’obligation d’être joyeux

défendre la joie comme une certitude
la défendre de l’oxyde et de la crasse
de la fameuse patine du temps
de la fraîcheur et de l’opportunisme
des proxénètes du rire

défendre la joie comme un droit
la défendre de dieu et de l’hiver
des majuscules et de la mort
des noms et des pitiés
du hasard
           et aussi de la joie.

Mario Benedetti
Dans "Botella al mar (1), Cotidianas", 1979 (Editorial Sudamericana, 2000) ; dans  "Antología poética" (Alianza Editorial, Madrid, 1999) ; et dans "Poèmes uruguayens" -  Mario Benedetti, (Temps des cerises, 2005, traduction de l'espagnol par Annie Morvan).
(1) "Botella al mar" : "une bouteille à la mer"

Texte original en espagnol :

Defensa de la alegría
                               a Trini

Defender la alegría como una trinchera
defenderla del escándalo y la rutina
de la miseria y los miserables
de las ausencias transitorias
y las definitivas

defender la alegría como un principio
defenderla del pasmo y las pesadillas
de los neutrales y de los neutrones
de las dulces infamias
y los graves diagnósticos

defenderla alegría como una bandera
defenderla del rayo y la melancolía
de los ingenuos y de los canallas
de la retórica y los paros cardiacos
de las endemias y las academias

defender la alegría como un destino
defenderla del fuego y de los bomberos
de los suicidas y los homicidas
de las vacaciones y del agobio
de la obligación de estar alegres

defender la alegría como una certeza
defenderla del óxido y la roña
de la famosa pátina del tiempo
del relente y del oportunismo
de los proxenetas de la risa

defender la alegría como un derecho
defenderla de dios y del invierno
de las mayúsculas y de la muerte
de los apellidos y las lástimas
del azar
           y también de la alegría.

Mario Benedetti


4 janvier 2007

Poème du jour : 4 janvier 2008 - Le petit bois - Jules Supervielle


livre_lac_endormi_Supervielle
Voici le poème de Jules Supervielle (1884-1960) que Daniel Prévost a offert ce matin du 4 janvier 2008 (oui, 2008, ce message est déclassé en 2007 pour le rangement) aux auditeurs de l'émission "Le fou du roi", sur France-Inter.
Pour l'écouter, téléchargez (podcast) ICI l'émission sur le site de Radio France (c'est possible pendant 7 jours).

On retrouvera ce texte dans la recueil "1939-1945", paru en 1945 dans la collection Blanche de Gallimard, et en 1996 dans les "Oeuvres Poétiques complètes (La Pléiade). Plus simplement dans  "Le lac endormi et autres poèmes" de  Jules Supervielle,  illustré par Charlotte Labaronne (Gallimard jeunesse / Enfance en poésie). 6,30 € en librairie

Le petit bois

J’étais un petit bois de France
Avec douze rouges furets,

Mais je n’ai jamais eu de chance
Ah ! que m’est-il donc arrivé ?

Je crains fort de n’être plus rien
Qu’un souvenir, une peinture
Ou le restant d’une aventure,
Un parfum, je ne sais pas bien.

Ne suis-je plus qu’en la mémoire
De quelque folle ou bien d’enfants,
Ils vous diraient mieux mon histoire
Que je ne fais en ce moment.

Mais où sont-ils donc sur la terre
Pour que vous les interrogiez,
Eux qui savent que je dis vrai
Et jamais je ne désespère.

Mon Dieu comme c’est difficile
D’être un petit bois disparu
Quand on avait tant de racines. (1)
Comment faire pour n’être plus ?

Jules Supervielle ("1939-1945" - Collection Blanche, éditions Gallimard, 1945)  (1) En l'absence de ponctuation à la fin de ce vers, un point  a été ajouté par le blog. C'est évidemment discutable !


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