Federico García Lorca (1898- 1936) est un poète et auteur de pièces de théâtre espagnol. Il a été l'ami de Luis Buñuel (cinéaste) et de Salvador Dalí.
Il est mort fusillé au début de la Guerre civile par les troupes du Général Franco.
" Toutes les choses ont leur mystère, la poésie c'est le mystère de toutes les choses".
Le Romancero Gitano (1928) est son recueil de poèmes le plus connu.
Verde que te quiero verde. Vert, que je t’aime vert.
Petits poèmes de Federico García Lorca qu'on retrouvera dans les comptines et chansons en espagnol (page 1) avec leur traduction en français
Los niños
Salen los niños.
Salen los niños alegres de la escuela,
poniendo en el aire tibio
de abril, canciones nuevas.
¡Qué alegría tiene
el hondo silencio de la calleja!
Federico García Lorca
Naranja y limón
Naranja y limón
¡Ay de la niña
del mal amor!
Limón y naranja
¡Ay de la niña
de la niña blanca!
Limón
(Cómo brillaba el sol).
Naranja
(En las chinas del agua).
Federico García Lorca
Agua, ¿dónde vas ?
Agua, ¿dónde vas ?
Riendo voy por el río
a las orillas del mar.
Mar, ¿a dónde vas ?
Río arriba voy buscando
fuente donde descansar.
Chopo, y tú ¿qué harás ?
No quiero decirte nada
yo… ¡temblar!
¿Qué deseo, qué no deseo,
por el río, por el mar ?
¡Cuatro pájaros sin rumbo
en el alto chopo están!
Federico García Lorca
Divers poèmes de Federico García Lorca
Août
Contrastes de pêche et de sucre,
et le soleil dans l'après-midi
comme le noyau dans un fruit.
L'épi de maïs garde intact
son rire jaune et dur.
Août.
Les enfants mangent
le pain brun et la délicieuse lune.
Federico García Lorca
(Traduction proposée par Lieucommun)
Agosto
Contraponientes de melocotón y azucar,
y el sol dentro de la tarde,
come el hueso en una fruta.
La panocha guarda intacta
su risa amarilla y dura.
Agosto.
Los niños comen
pan moreno y rica luna.
Federico García Lorca
Paysage
Le champ d’oliviers
s’ouvre et se ferme
comme un éventail.
Sur l’olivier,
un ciel écroulé
et une pluie obscure
d’étoiles froides.
Au bord de la rivière
tremblent jonc et pénombre.
L’air gris se froisse.
Les oliviers sont lourds de cris :
une troupe
d’oiseaux captifs,
qui remuent leurs très longues
queues dans l’obscurité.
Federico García Lorca (Poème de la séguidille gitane dans "Poèmes du Cante Jondo" - Gallimard 1966)
(Traduction proposée par Lieucommun)
Paisaje
El campo de olivos
se abre y se cierra
como un abanico.
Sobre el olivar
hay un cielo hundido
y una lluvia oscura
de luceros fríos.
Tiembla junco y penumbra
a la orilla del río.
Se riza el aire gris.
Los olivos
están cargados
de gritos.
Una bandada
de pájaros cautivos,
que mueven sus larguísimas
colas en lo sombrío.
Federico García Lorca (Poema de la seguidilla gitana en "Poemas del Cante Jondo" 1966)
Papillon du ciel
Papillon du ciel
comme tu es beau,
papillon du ciel
couleur or et vert.
Lumière des lampes,
papillon du ciel,
reste là, reste là !
Tu ne t'arrêtes pas,
Tu ne veux pas t'arrêter.
Papillon du ciel
couleur or et vert.
Lumière des lampes,
papillon du ciel,
reste là, reste là !
reste là !
Papillon, tu es là ?
Federico García Lorca
(Traduction et adaptation proposées par Lieucommun)
Mariposa
Mariposa del aire,
qué hermosa eres,
mariposa del aire
dorada y verde.
Luz del candil,
mariposa del aire,
¡quédate ahí, ahí, ahí!
No te quieres parar,
pararte no quieres.
Mariposa del aire
dorada y verde.
Luz de candil,
mariposa del aire,
¡quédate ahí, ahí, ahí !
¡Quédate ahí!
Mariposa, ¿estás ahí?
Federico García Lorca (Extrait de la pièce de théâtre "la savetière prodigieuse" ["La zapatera prodigiosa"] )
La Guitare
Commencent les lamentations
de la guitare.
les coupes de l'aube se brisent.
Commencent les lamentations
de la guitare.
Il est inutile
de la faire taire.
Il est impossible
de la faire taire.
C'est une plainte monotone,
comme la plainte de l'eau,
comme la plainte du vent
sur la neige.
Il est impossible
de la faire taire.
Elle pleure sur des choses
lointaines.
Sable du Sud brûlant
qui veut des camélias blancs.
Elle pleure la flèche sans but,
le soir sans lendemain,
et le premier oiseau mort
sur la branche.
Oh guitare !
Coeur blessé à mort
par cinq épées.
Federico García Lorca
La Guitarra
Empieza el llanto
de la guitarra.
Se rompen las copas
de la madrugada.
Empieza el llanto
de la guitarra.
Es inútil callarla.
Es imposible
callarla.
Llora monótona
como llora el agua,
como llora el viento
sobre la nevada
Es imposible
callarla,
Llora por cosas
lejanas.
Arena del Sur caliente
que pide camelias blancas.
Llora flecha sin blanco,
la tarde sin mañana,
y el primer pájaro muerto
sobre la rama
¡ Oh guitarra !
Corazón malherido
por cinco espadas.
Federico García Lorca (Poema del cante jondo - 1921).
Traduction proposée par Lieucommun
Chanson bête
Maman,
Je voudrais être en argent.
Mon fils,
Tu auras bien froid.
Maman,
Je voudrais être de l'eau.
Mon fils,
Tu auras bien froid.
Maman,
Brode-moi sur ton oreiller.
Ah, ça oui !
tout de suite !
Federico García Lorca
(Traduction proposée par Lieucommun)
Canción tonta
Mamá.
Yo quiero ser de plata.
Hijo,
tendrás mucho frío.
Mamá.
Yo quiero ser de agua.
Hijo,
tendrás mucho frío.
Mamá.
Bórdame en tu almohada.
¡Eso sí!
¡Ahora mismo!
Federico García Lorca (" Canciones" - 1928)
Romance de la lune lune
La lune vient à la forge
avec ses volants de nards.
l'enfant, les yeux grand ouverts,
la regarde, la regarde.
Dans la brise qui s'émeut
la lune bouge les bras,
dévoilant, lascive et pure,
ses seins blancs de dur métal.
Va-t-en lune, lune, lune.
Si les gitans arrivaient,
ils feraient avec ton cœur
bagues et colliers blancs.
Petit, laisse-moi danser.
Quand viendront les cavaliers,
ils te verront sur l'enclume
tu auras les yeux fermés.
Va-t'en lune, lune, lune.
j'entends déjà leurs chevaux.
Laisse-moi, petit, tu froisses
ma blancheur amidonnée.
Battant le tambour des plaines
approchait le cavalier.
Dans la forge silencieuse
gît l'enfant, les yeux fermés.
Par l'olivette venaient,
bronze et rêve, les gitans,
chevauchant la tête haute
et le regard somnolent.
Comme chante la zumaya*,
Ay, comme elle chante dans son arbre !
Dans le ciel marche la lune
tenant l'enfant par la main.
Autour de l'enclume pleurent
les gitans désespérés.
la brise veille, veille,
la brise fait la veillée.
Federico García Lorca
(Traduction proposée par Lieucommun)
Romance de la luna luna
La luna vino a la fragua
con su polisón de nardos.
El niño la mira, mira.
El niño la está mirando.
En el aire conmovido
mueve la luna sus brazos
y enseña, lúbrica y pura,
sus senos de duro estaño.
Huye luna, luna, luna.
Si vinieran los gitanos,
harían con tu corazón
collares y anillos blancos.
Niño, déjame que baile.
Cuando vengan los gitanos,
te encontrarán sobre el yunque
con los ojillos cerrados.
Huye luna, luna, luna,
que ya siento sus caballos.
Niño, déjame, no pises
mi blancor almidonado.
El jinete se acercaba
tocando el tambor del llano.
Dentro de la fragua el niño,
tiene los ojos cerrados.
Por el olivar venían,
bronce y sueño, los gitanos.
Las cabezas levantadas
y los ojos entornados.
Cómo canta la zumaya,
¡ay, cómo canta en el árbol!
Por el cielo va la luna
con un niño de la mano.
Dentro de la fragua lloran,
dando gritos, los gitanos.
El aire la vela, vela.
El aire la está velando.
Federico García Lorca ("Romancero Gitano" - 1928)
*chat-huant
Romance somnambule (deux premières strophes)
Vert, que je t’aime vert.
Le vent vert. Les vertes branches.
Le bateau sur la mer
et le cheval dans la montagne.
Avec l’ombre à la ceinture,
elle rêve à son balcon
verte chair, cheveux verts,
les yeux d’argent glacé.
Vert que je t’aime vert.
Sous la lune gitane
les choses la regardent
et elle, elle ne peut pas les regarder.
Vert que je t’aime vert.
De grandes étoiles de givre,
viennent avec le poisson d’ombre
qui ouvre le chemin de l’aube.
Le figuier frotte son vent
avec la lime de ses branches,
et la colline, chat sauvage
hérisse ses dures agaves .
Mais qui viendra ? Et d’où … ?
Elle est toujours à son balcon
verte chair, chevelure verte,
rêvant de la mer amère.
Federico García Lorca
(Traduction proposée par Lieucommun)
Romance sonámbulo
Verde que te quiero verde.
Verde viento. Verdes ramas.
El barco sobre la mar
y el caballo en la montaña.
Con la sombra en la cintura
ella sueña en su baranda,
verde carne, pelo verde,
con ojos de fría plata.
Verde que te quiero verde.
Bajo la luna gitana,
las cosas la están mirando
y ella no puede mirarlas.
Verde que te quiero verde.
Grandes estrellas de escarcha
vienen con el pez de sombra
que abre el camino del alba.
La higuera frota su viento
con la lija de sus ramas,
y el monte, gato garduño,
eriza sus pitas agrias.
¿Pero quién vendra? ¿Y por dónde...?
Ella sigue en su baranda,
Verde came, pelo verde,
soñando en la mar amarga.
Federico García Lorca ("Romancero Gitano" - 1928)
Cancíon de jinete
Córdoba.
Lejana y sola.
Jaca negra, luna grande,
y aceitunas en mi alforja.
Aunque sepa los caminos
yo nunca llegaré a Córdoba.
Por el llano, por el viento,
jaca negra, luna roja.
La muerte me está mirando
desde las torres de Córdoba.
¡Ay qué camino tan largo!
¡Ay mi jaca valerosa!
¡Ay que la muerte me espera,
antes de llegar a Córdoba!
Córdoba.
Lejana y sola.
Chanson de cavalier
Cordoue
Lointaine et seule.
Jument noire, lune grande,
Olives dans ma besace.
Bien que je sache la route
Je n’atteindrai pas Cordoue.
Par la plaine, par le vent,
Jument noire, lune rouge.
La mort approche, me guette,
Depuis les tours de Cordoue.
Ah, que le chemin est long !
Ah, que ma jument a du courage !
Ah, que la mort m’attend
Avant d’atteindre Cordoue !
Cordoue.
Lointaine et seule.
Federico García Lorca (texte traduit par Catherine Réault-Crosnier*)
*on trouvera des textes de Catherine Réault-Crosnier et d'autres poèmes présentés sur le "mur de poésie" de Tours, auquel nous avons emprunté celui-ci [source : http://www.crcrosnier.fr/]