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1 mars 2008

Antoine POL - le féminin en poésie

Antoine POL (1888-1971) a écrit le poème Les passantes en 1911.
Quelques années mis de côté, il le publie en 1918, dans le recueil Émotions poétiques.

Georges Brassens découvre le livre dans les années 40, chez un bouquiniste, mais (encore une longue parenthèse dans les tiroirs), ce n'est qu'en 1972 qu'il compose une musique sur les paroles d'un des textes, Les passantes, et veut rencontrer Antoine Pol.
Le poète meurt quelques mois avant le rendez-vous ... Cette poésie trouve alors un second public. 

Les passantes

Je veux dédier ce poème,
À toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets,
À celles qu'on connaît à peine,
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais.

À celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre,
Et qui, preste, s'évanouit,
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui.

À la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage,
Font paraître court le chemin,
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre,
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main.

(1) À la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse,
Par une nuit de carnaval,
Qui voulut rester inconnue,
Et qui n'est jamais revenue,
Tournoyer dans un autre bal.


À celles qui sont déjà prises,
Et qui, vivant des heures grises       
Près d'un être trop différent,
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant

(2) À ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses,
Et portent encor votre deuil,
A celles qui s'en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées,
Victimes d'un stupide orgueil.


Chères images aperçues,
Espérances d'un jour déçues,
Vous serez dans l'oubli demain,
Pour peu que le bonheur survienne,
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin.

Mais si l'on a manqué sa vie,
On songe, avec un peu d'envie,
À tous ces bonheurs entrevus,
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre,
Aux cœurs qui doivent vous attendre,
Aux yeux qu'on n'a jamais revus.

Alors, aux soirs de lassitude,
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir,
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes,
Que l'on n'a pas su retenir.

Antoine Pol ("Émotions poétiques" - Éditions du Monde Nouveau, 1918 - publié également dans "La petite illustration-poésie"*(3) - Ce recueil a été réédité en fac-similé en 2005 par le petit-fils de l'auteur, à 500 exemplaires seulement)

(1) Cette strophe est totalement absente de la chanson.
(2) Cette autre strophe n'est chantée que par Maxime Le Forestier (Reprise des chansons de Brassens : "Le Forestier chante Brassens : L'intégrale - 1er et 2e cahiers - Polydor, 2006").
(3)° Ce dernier point est un souvenir personnel contestable, d'ailleurs, malgré moultes recherches,  il n'est pas vérifié !


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Commentaires
A
C'est enregistré, merci à vous pour la réédition de cet ouvrage.
P
Réédition du livre d'Antoine POL à l'identique par son petit fils Bruno, disponible sur commande port gratuit. 20e voir son site. cordialement Bruno.
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