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1 mars 2008

François-René de CHATEAUBRIAND - le féminin en poésie

François-René de Chateaubriand (1768-1848), est le plus grand écrivain romantique français, auteur connu des Mémoires d'outre-tombe, parmi une importante oeuvre littéraire. C'est aussi un homme politique et un poète, romantique évidemment.

Souvenir du pays de France

Combien j'ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma soeur, qu'ils étaient beaux les jours
De France !
O mon pays, sois mes amours
Toujours !

Te souvient-il que notre mère,
Au foyer de notre chaumière,
Nous pressait sur son coeur joyeux,
Ma chère ?
Et nous baisions ses blancs cheveux
Tous deux.

Ma soeur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore ;
Et de cette tant vieille tour
Du Maure,
Où l'airain sonnait le retour
Du jour ?

Te souvient-il du lac tranquille
Qu'effleurait l'hirondelle agile,
Du vent qui courbait le roseau
Mobile,
Et du soleil couchant sur l'eau,
Si beau ?

Oh ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne et le grand chêne ?
Leur souvenir fait tous les jours
Ma peine :
Mon pays sera mes amours
Toujours !

François-René de Chateaubriand ("Poésies diverses")

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Les tombeaux champêtres (strophe II complète)

II. À Lydie

Lydie, es-tu sincère ? Excuse mes alarmes :
Tu t'embellis en accroissant mes feux ;
Et le même moment qui t'apporte des charmes
Ride mon front et blanchit mes cheveux.

Au matin de tes ans, de la foule chérie,
Tout est pour toi joie, espérance, amour ;
Et moi, vieux voyageur, sur ta route fleurie
Je marche seul et vois finir le jour.

Ainsi qu'un doux rayon quand ton regard humide
Pénètre au fond de mon coeur ranimé,
J'ose à peine effleurer d'une lèvre timide
De ton beau front le voile parfumé.

Tout à la fois honteux et fier de ton caprice,
Sans croire en toi, je m'en laisse enivrer.
J'adore tes attraits, mais je me rends justice :
Je sens l'amour et ne puis l'inspirer.

Par quel enchantement ai-je pu te séduire ?
N'aurais-tu point dans mon dernier soleil
Cherché l'astre de feu qui sur moi semblait luire
Quand de Sapho je chantais le réveil ?

Je n'ai point le talent qu'on encense au Parnasse.
Eussé-je un temple au sommet d'Hélicon,
Le talent ne rend point ce que le temps efface ;
La gloire, hélas ! ne rajeunit qu'un nom.

Le Guerrier de Samos , le Berger d'Aphélie*,
Mes fils ingrats, m'ont-ils ravi ta foi ?
Ton admiration me blesse et m'humilie :
Le croirais-tu ? je suis jaloux de moi.

Que m'importe de vivre au delà de ma vie ?
Qu'importe un nom par la mort publié ?
Pour moi-même un moment aime-moi, ma Lydie,
Et que je sois à jamais oublié !

* deux oeuvres de l'auteur
François-René de Chateaubriand ("Poésies diverses")



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