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1 mars 2008

Stéphane MALLARMÉ - le féminin en poésie

Stéphane Mallarmé (1842-1898), est plus connu pour son oeuvre poétique difficile, ses pièces de théâtre ou ses traductions d'Edgar Poë que pour ses quatrains-poèmes, jugés mineurs.
Deux courts textes suffiront à saisir (?) le style de l'auteur. Ils concernent deux métiers féminins :

La marchande d'habits

Le vif oeil dont tu regardes
Jusques à leur contenu
Me sépare de mes hardes
Et comme un dieu je vais nu.

Stéphane Mallarmé ("Poésies complètes" - 1887)

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La marchande d'herbes aromatiques

Ta paille azur de lavandes,
Ne crois pas avec ce cil
Osé que tu me la vendes
Comme a l'hypocrite s'il
 
En tapisse la muraille
De lieux les absolus lieux
Pour le ventre qui se raille
Renaître aux sentiments bleus.
 
Mieux entre une envahissante
Chevelure ici mets-la
Que le brin salubre y sente
Zéphirine, Paméla
 
Ou conduise vers l'époux
Les prémices de tes poux.

Stéphane Mallarmé ("Poésies complètes" - 1887)

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Apparition

La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.

Stéphane Mallarmé ("Poésies complètes" - 1887)



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