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1 mars 2008

Claude ROY - le féminin en poésie

Claude Roy (1915-1997), poète français, est au rendez-vous des catégories pour la classe (Le chat blanc - Chevaux : trois ; oiseau : un - J'ai trouvé dans mes cheveux - Les corridors où dort Anne qu'on adore - Le soleil dit bonjour), et d'autres dans la catégorie PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes

L'excès des petits noms d'amitié

"Mon petit chat,
mon gros minet,
mon doux mouton, mon chatounet".
disait la mère à son bébé
dans l'excès des diminutifs.

Il ne faut pas trop s'étonner :
enfant d'un amour excessif
le petit se mit à miauler
et la maman à ronronner.

Claude Roy

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Les corridors où dort Anne qu'on adore

        La petite Anne, quand elle dort,
Où s'en va-t-elle ?
Est-elle dedans, est-elle dehors,
Et que fait-elle ?

Pendant la récré du sommeil,
À pas de loup,
Entre la Terre et le soleil,
Anne est partout.

Les pieds nus et à tire-d'aile
Anne va faire
Les quatre cent coups dans le ciel
Anne s'affaire.

La petite Anne, quand elle dort,
Qui donc est-elle ?
Qui dort ? Qui court par-dessus bord ?
Une autre, et elle.

L'autre dort et a des ailes,
Anne dans son lit, Anne dans le ciel.

Claude Roy

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Ce poème a été inspiré à Claude Roy par une jeune nageuse qui dormait sur la plage :

Dormante

Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse
Ma gisante aux pieds nus sur le sable mouillé
Toi ma songeuse mon heureuse ma nageuse
Ma lointaine aux yeux clos mon sommeillant œillet

Distraite comme nuage et fraîche comme la pluie
Trompeuse comme l’eau légère comme vent
Toi ma berceuse mon souci mon jour ma nuit
Toi que j’attends toi qui te perds et me surprends

La vague en chuchotant glisse dans ton sommeil
Te flaire et vient lécher tes jambes étonnées
Ton corps abandonné respire le soleil
Couleur de tes cheveux ruisselants et dénoués

Mon oublieuse ma paresseuse ma dormeuse
Toi qui me trompes avec le vent avec la mer
Avec le sable et le matin ma capricieuse
Ma brûlante aux bras frais mon étoile légère

Je t’attends je t’attends je guette ton retour
Et le premier regard où je vois émerger
Eurydice aux pieds nus à la clarté du jour
Dans cette enfant qui dort sur la plage allongée.

Claude Roy ("Clair comme le jour", 1943)



 

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