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lieu commun
1 avril 2008

Lucienne Desnoues, Béatrice de Die

Lucienne Desnoues (1921-2004) poète, a également écrit des contes pour les enfants,.

Hiboux (extrait)

Vous hiboux, ténébreux hiboux, ne voyez pas,
Bien que fils des forêts, que les forêts sont vertes.
Comptez-vous comme nous sur l'éclair du trépas
Pour faire du réel l'entière découverte?

Lucienne Desnoues ("Quatrains pour crier avec les hiboux" - Éditions Gérard Oberlé, 1984) source : terresdefemmes.blogs.com

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Rimes riches pour mirliton (extrait)

Pourquoi grognes-tu Gaston ?
T'agace-t-on ?
As-tu pris la grippe ? A-t-on
Écrasé ton ripaton ?
Sur la patte à ton chaton
Marcha-t-on ?
...

Lors des étés à hannetons
Ahane-t-on ?
Quand on est un baryton,
Barrit-on ?
Et python,
Épie-t-on ?
Lorsqu'on est émir, lit-on
En jouant du mirliton ?

Lucienne Desnoues (dans "Mon premier livre de poèmes pour rire" - réunis par Jacques Charpentreau - Éditions Ouvrières, Petite Enfance heureuse, 1986)

Mesures

Les kilomètres signés
Marquise de Sévigné.
Les arpents de La Fontaine
Aux mesures bien certaines
Dans leurs jalons inégaux.
Les hectares de Hugo.
Flaubert qui ponce et qui rogne.
Verlaine en ses doigts d'ivrogne.
Une jauge de cristal.
Le gros tonnage mental
Des Écoles, des Églises,
Quatre vers qui se relisent,
Quatre mille jamais plus,
Quatre millions jamais lus.
Rimbaud, voltage terrible.
Mallarmé, avare crible
Pour des onces, des carats.
Le gramme qui survivra.
Le quintal qu'on enterre.
L'alexandrin solitaire
Qui reverdira pourtant,
Repercement du printemps.
La toise du grand Molière.
Le lourd aunage de lierre
Qui drape Chateaubriand.
Tes sveltes compas brillants,
Tes balances minuscules,
Proust. O Balzac, tes bascules.
L'acre et le mille hantés
De Shakespeare et de Bronté.
Melville, tes encablures
Où des baleines se plurent.
La veste de Féodor,
La lieue où l'ogre s'endort.

Quels mesureurs elles eurent
Nos humaines démesures !

Lucienne Desnoues ("La plume d'oie", 1971)

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Le face-à-face

Toute droite, la violette,
Avec ses oreilles de faon,
Ecoute le chant triomphant
De la source qui la reflète.

A h ! Quelle passion me pousse
A saisir ce gibier subtil,
Ce frais petit fauve d'avril,
Entre mon index et mon pouce ?

je te hausserai vers la nue
Et je renverserai le front
Et face-à-face nous serons,
Moi le géant, toi la menue.

Si claire figure foncée,
Lueur montant du fond du noir,
Mon espoir et mon désespoir,
L'infini dans une pincée,

Fleur enfant, très ancien sourire,
Éternel museau d'un instant,
Qu'avons-nous donc tous les printemps
De si pathétique à nous dire ?

Lucienne Desnoues 



Béatrice de Die (XIIe siècle). C'est en Provence et en langue d'oc que les poèmes de la comtesse Béatrice de Die sont chantés par les troubadours.

Voici un poème, en occitan, suivi de sa traduction en français moderne (source : www.horslesmurs.ning.com )
 

Estat ai en greu cossirier (extrait)

Estat ai en greu cossirier
per un cavallier qu'ai agut,
e vuoil sia totz temps saubut
cum ieu l'ai amat a sobrier;
ara vei qu'ieu sui trahida
car ieu non li donei m'amor
don ai estat en gran error
en lieig e quand sui vestida.

Ben volria mon cavallier
tener un ser en mos bratz nut,
qu'el s'en tengra per ereubut
sol qu'a lui fezes cosseillier;
car plus m'en sui abellida
no fetz Floris de Blanchaflor:
ieu l'autrei mon cor e m'amor
mon sen, mos huoillis e ma vida.
...

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Grande peine m'est advenue
(extrait)

Grande peine m'est advenue
par un chevalier que j'ai eu.
je veux qu'on sache toujours
que j'ai pour lui tant d'amour.
à présent me voilà trahie,
pour ne lui point donner d'amour
quand je fus en grande folie,
au lit comme toute vêtue.

Je voudrais mon chevalier
tenir un soir dans mes bras nus ;
il en serait comblé de joie
si je lui servais de doux coussin;
je suis plus amoureuse de lui
qu'un jour Flore de Blanchefleur,
je lui donne mom amour et ma vie,
mon âme, mes yeux et mon coeur.
...

Béatrice de Die (la traduction en français est de Pierre Seghers)



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Commentaires
A
Merci beaucoup pour cette mise au point. Le poème avait été emprunté avec ses erreurs, que je corrige grâce à vous.<br /> <br /> La veste au lieu de la verste, ancienne mesure de longueur, en particulier en était une grossière, d'erreur, évidemment ! <br /> <br /> Il y a sans doute dans la foison de textes de lieucommun d'autres mauvaises transcriptions. Quant à les repérer toutes, comme dirait Féodor, c'est une autre paire de manches ...<br /> <br /> Sur le nouveau site planetelieucommun.fr, où je transfère les textes du blog, je vais redoubler de vigilance !
D
Bonjour! Dans le poème "Mesures", de Lucienne Desnoues, écrire "Le quintal que l'on enterre", "la verste de Féodor".<br /> <br /> Merci pour vos citations de cette poétesse, que j'admire.<br /> <br /> Régis Dejasmin.
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