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1 avril 2008

Renée Vivien, Chantal Vuillod, Liliane Wouters

Renée Vivien (1877-1909)

Roses du soir

Des roses sur la mer, des roses dans le soir,
Et toi qui viens de loin, les mains lourdes de roses !
J'aspire ta beauté. Le couchant fait pleuvoir
Ses fines cendres d'or et ses poussières roses...

Des roses sur la mer, des roses dans le soir.

Un songe évocateur tient mes paupières closes.
J'attends, ne sachant trop ce que j'attends en vain,
Devant la mer pareille aux boucliers d'airain,
Et te voici venue en m'apportant des roses...

Ô roses dans le ciel et le soir ! Ô mes roses !

Renée Vivien ("Évocations")

 

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Sommeil

Ô Sommeil, ô Mort tiède, ô musique muette !
Ton visage s'incline éternellement las,
Et le songe fleurit à l'ombre de tes pas,
Ainsi qu'une nocturne et sombre violette.

Les parfums affaiblis et les astres décrus
Revivent dans tes mains aux pâles transparences
Évocateur d'espoirs et vainqueur de souffrances
Qui nous rends la beauté des êtres disparus.

Renée Vivien ("Cendres et poussières")

 



Chantal Vuillod est une poète contemporaine.

Maison de la Culture, 1990

Maison de la Culture
dans la petite salle
bétonnée
moquetée
les lettrés s'exercent
à la lecture à haute voix
tandis que derrière les vitres passent
les femmes de ménage
entre deux gerbes de balais
elles balancent leurs belles hanches
sur un air de l'Opéra de Pékin

Chantal Vuillod ("Humus"- éditions Watel,1982)

 



 

Liliane Wouters, née en 1930, est une auteure belge de poésies, essais et romans.

À l'enfant que je n'ai pas eu ...

À l'enfant que je n'ai pas eu
mais que d'un homme je reçus
septante fois sept fois et davantage, à l'enfant sage
dont je formai le souffle et le visage...
enfant conçu, toujours inachevé,
qu'on me fait, que je fais, à chaque fois que j'aime,
qui se défait en moi pour donner un poème...

Liliane Wouters

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Ma tête dans le vent ...

Ma tête dans le vent, mes pieds dans leurs chaussures,
mon âme dans son corps.
J'ignore où je m'en vais, la route n'est pas sûre,
au bout m'attend la mort.

Liliane Wouters

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Le bois sec

Brûler Je songe à ma cendre
Quand m’appellent des forêts
Ô feux Mais à leur voix tendre
répond votre chant secret

Je suis né pour cette fête


barbare ces rites purs
ce mortel assaut de bêtes
contre le défi des murs

J’aime la gloire soudaine
des flammes j’aime le bref

sursaut de passion de haine
du feu saluant son chef

Brûler Mon sang me calcine
Pas un coin de chair ombreux

Et si pourtant mes racines
Trouvaient un sol généreux

un peu d’eau et de sel Le sable
d’où je sors verrait des fruits
Non De cette paix durable


la fin seule me séduit

Je ne porte ni lumière
ni chaleur en mon corps mais
ce n’est qu’au centre des pierres
qu’on trouve un feu qui dormait

Verdoyez branches dociles
aux commandements des dieux
Je montre mon bois fossile
C’est lui qui flambe le mieux

Liliane Wouters

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Que m'importent lieu, durée ...

Que m'importent lieu, durée,
si je demeure assurée
de garder toujours l'instant.
Seconde ou siècles, autant
Le vent sur sa route emporte.
Lieu, durée, ah, que m'importe,
tout défile au même train.
je ne saisirai qu'un grain
du sable des destinées,
Pour le cueillir, je suis née.

Liliane Wouters



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