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1 août 2007

L'hiver d'André Mary

André Mary (1879-1962) était tout à la fois éditeur, traducteur de poésies et de romans de l'ancien français au français moderne, en plus d'être romancier et poète lui-même.
On lui doit en particulier la mise en français moderne du Roman de la Rose (en 1929), des Anthologies du Moyen Âge (poésie et prose), son roman Les Profondeurs de la forêt (1946), et des recueils de poèmes, dont Les Sentiers du paradis et Les rondeaux (1926).
Il a signé certains ouvrages du pseudonyme Jean-Vorle Monniot (entre-autres la traduction du Livre des oraisons, de Gaston Phébus).
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Le rondeau, initialement chanson de ronde, dans le sens de danse, où la musique et le rythme ont donc leur importance, est également appelé aussi rondel. C'est, en poésie écrite, une forme de poème qui obéit à quelques règles : trois strophes de 5, 3 et 5 vers (ou 4, 4 et 5) en déca ou octosyllabes, utilisant deux rimes seulement, et la reprise d'une partie du premier vers en refrain dans les strophes 2 et 3.
André Mary prend des libertés avec la forme et saupoudre celui-ci de quelques termes d'ancien français* (les neiges d'antan ?) :

Rondeau de la neige

Tombe la neige !
Triste manège :
Moucher, toussir,
Prendre élixir,
Au lit gésir.

Maint déplaisir
Mon mal rengrège.
Tombe la neige.

Pardonnerai-je ?
Ou haïrai-je ?
Je n'ai loisir
De rien choisir.
Sur tout désir
Tombe la neige.

* toussir : tousser
   gésir : être étendu, allongé. Conjugaison à l'indicatif présent : je gis, tu gis, il gît (sur les tombes : ici-gît), nous gisons, vous gisez, ils gisent
   rengrèger : augmenter, s'aggraver

André Mary ("Rimes et bacchanales" - 1935)



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1 août 2007

L'hiver de Guy de Maupassant

Guy de Maupassant (1850-1893) est un auteur français de romans (Une vie ; Bel ami) et de nouvelles (Boule de Suif ; Les Contes de la bécasse).
C'est aussi un poète méconnu. Les passages en couleur de la poésie qui suit sont parfois proposés aux élèves d'élémentaire.

Nuit de neige

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur œil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas
.

Guy de Maupassant


1 août 2007

L'hiver de Fernand Mazade

Fernand Mazade (1863-1939) est l'auteur entre-autres, de recueils de poésie, et d'une Anthologie des poètes français des origines à nos jours, en plusieurs tomes (Librairie de france, 1927).
Il décrit le trop long hiver dans ce joli petit poème de facture naïve :

Attente

Il neige. La source écume et frissonne
Avant que d'aller mourir dans la mer.
Un seul arbre est vert : c'est un chêne-vert.
Le jour se dissipe et l'angélus sonne.

Le village tousse et s'encapuchonne.
Aucune chanson ne réchauffe l'air :
Les chardonnerets n'aiment point l'hiver.
Sur les sentiers blancs ne passe personne.

Le beau mois de mai quand reviendra-t-il ?
Pourrons-nous bientôt cueillir le myrtil ?
Et des papillons voir les arrivées ?

* Sous le chêne vert, trois enfants blottis
Chevelures d'or tout ébouriffées
Yeux écarquillés, membres engourdis,
Trois petits enfants attendent les fées.

* Merci à armelle1 de nous avoir transmis la dernière strophe du poème

Fernand Mazade ("Intermède fantasque" - Dans les "Cahiers de la quinzaine" - 1936)


1 août 2007

L'hiver de Pierre Menanteau

Le vieux rosier

Quand pourrai-je me reposer ?
Dit le rosier,
J'ai tant de roses, tant de roses ...
C'est en hiver qu'il se repose.

Sait-il alors qu'il a porté
Le poids léger du mois de mai
Sait-il encor qu'une autre année
En décembre il portait trois roses

O vieux rosier, ce poids léger,
Accepte-le comme un poète
Qui, sous la blancheur de sa tête,
Voit s'épanouir la beauté !

Pierre Menanteau


1 août 2007

L'hiver de Catulle Mendès

Catulle Mendès (1841-1909) est un des fondateurs du mouvement littéraire Le Parnasse, avec des poètes comme  Leconte de Lisle (qui en est considéré, si on peut dire, comme le leader), François Coppée, José-Maria de Heredia et Théodore de Banville. Ces poètes prônent et pratiquent "l'art pour l'art", c'est-à-dire une poésie dégagée de toute expressio sentimentale ou sociale, tournée uniquement vers la beauté.

Paysage de neige

Au dedans, le silence et la paix sont profonds ;
De froides pesanteurs descendent des plafonds,
Et, miroirs blanchissants, des parois colossales
Cernent de marbre nu l'isolement des salles.
De loin en loin, et dans les dalles enchâssé,
Un bassin de porphyre au rebord verglacé
Courbe sa profondeur polie, où l'onde gèle ;
Le froid durcissement a poussé la margelle,
Et le porphyre en plus d un endroit est fendu ;
Un jet d'eau qui montait n'est point redescendu,
Roseau de diamant dont la cime évasée
Suspend une immobile ombelle de rosée.
Dans la vasque, pourtant, des fleurs, givre à demi,
Semblent les rêves frais du cristal endormi
Et sèment d'orbes blancs sa lucide surface,
Lotus de neige éclos sur un étang de glace,
Lys étranges, dans l'âme éveillant l'idéal
D'on ne sait quel printemps farouche et boréal.

Catulle Mendès - 1869, passage de "La Vision suprême", partie IV (dans le recueil "Hespérus", Librairie des Bibliophiles, 1872)

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1 août 2007

L'hiver de Louis Mercier

Louis Mercier (1870-1951) a célébré dans ses poèmes la nature de sa région natale, le Forez.

On trouve le poème suivant dans son recueil Le Poème de la maison (éditions Calmann-Lévy, 1910).

Psaume à la neige

Louange à la neige blanche, amie des grands sapins noirs !
Parce qu'elle préfère nos ramures à celles des autres arbres.
Parce que ses papillons se prennent innombrables aux aiguilles de notre feuillage.
Parce qu'elle est légère, silencieuse, Immaculée.
Parce qu'elle nous revêt d'une blancheur plus blanche que tout ce qu'il y a de blanc au monde.
Plus blanche que les fleurs du narcisse et du lys.
Plus blanche que l'écume du ruisseau qui saute sur les pierres.
Plus blanche que la face de la lune par les claires nuits d'hiver.
Plus blanche que les étoiles qui fleurissent dans les prés de la nuit.
Louange à la neige, amie des sapins noirs.

Louis Mercier ("Le poème de la maison")


1 août 2007

L'hiver de Jacqueline Mériot

Jacqueline Mériot est une écrivaine contemporaine, poète, auteure de contes et légendes, animatrice de "Rencontres Poétiques". Elle a enregistré sur CD audio des poèmes et des contes (voir le site, lien ci-dessous).
Recueils de poésie : Papiers Découpés (Les Dossiers d'Aquitaine, 2004) ; Fleurs du silence (2005), Refuges, Matins de brume, Lueurs du soir.
On trouvera ici, sur son site, plus d'informations.

Neige

Sur la musique du silence
Dansent dansent les flocons blancs
Qui se balancent
Et qui s'en vont
Tisser une douce couverture
Pour la terre qui s'endort
Sur la musique du silence
Dansent dansent les flocons blancs.

Jacqueline Mériot


1 août 2007

L'hiver de Jean-Luc Moreau

Jean-Luc Moreau, né en 1927, est écrivain, poète et universitaire. Il est l’auteur de recueils de poèmes (comme Poèmes de la souris verte, Hachette Jeunesse, 2003) et d’anthologies (La Liberté racontée aux enfants, éditions ouvrières, 1988), et a également écrit des contes pour les enfants.
On trouvera sur ce blog d'autres textes de Jean-Luc Moreau.

Chanson d'hiver

Le soleil est en congé :
Comme il neige ! comme il neige !
Le soleil est en congé
(Joli temps pour voyager !...)
La froidure a délogé
Sous la neige, sous la neige,
La froidure a délogé
Les oiseaux du potager.

Le soleil est en congé :
Comme il neige ! comme il neige !
Le soleil est en congé
(Quelque part à l'étranger ?...)
Quant à moi, flocons légers,
Quand il neige, quand il neige,
Quant à moi, flocons légers,
J'aime à vous voir voltiger.

Le soleil est en congé :
Comme il neige ! comme il neige !
Le soleil est en congé
(S'il n'a pas déménagé ! ...)
Chacun de s'interroger,
Tant il neige, tant il neige,
Chacun de s'interroger :
Jusqu'à quand va-t-il neiger ?

Jean-Luc Moreau ("Poèmes de la souris verte - éditions Hachette Jeunesse, 2003)


1 août 2007

L'hiver de Madeleine Morize

Madeleine Morize (ou Madeleine Prat ou Prat-Morize) , née en 1877, a écrit des poèmes classiques d'une grande sensibilité (non publiés à notre connaissance), que présente son petit-fils à cette adresse : http://www.philippemorize.com/

 

«  Le poète c’est un homme qui peut ne jamais savoir forger un vers
mais qui comprend le langage mystérieux des fleurs,
les signes des étoiles et la poésie troublante des rayons de lune. »
Madeleine Morize
(1898)

Chanson d'hiver

Les flocons, loin du ciel sévère,
S'en sont allés, tout en dansant,
Bien pressés d'atteindre la terre
Qui les attirait doucement.
Menant une ronde joyeuse,
Ils semblent un duvet léger
Échappé d'une aile soyeuse
Et que le vent fait voltiger.

Petits et clairs, dans la tourmente,
Ils ont l'allure de lutins
Qui se frôlent dans la descente
Aussi caressants que mutins.
Mais la glace emprisonne et gèle
Les jolis flocons blancs si fous.
La mort étend sur tout son aile.

Cœurs qui souffrez, endormez-vous !

Et maintenant, dans le mystère,
Sous l'épaisseur du manteau blanc,
C'est le grand travail de la terre !
Elle prépare dans son flanc
Toutes les richesses futures :
Les fleurs si douces du printemps,
De l'été, les vertes ramures,
De l'automne, les tons ardents.
Et pourtant, elle semble morte ;
Les charmes sont ensevelis ;
Chaque neige que le vent porte
Du linceul alourdit les plis.
Cette blancheur s'immobilise
Sous le ciel gris, en contours flous
Et toute forme est imprécise.

Oh ! Cœurs qui dormez, rêvez-vous ?

Mais voici que dans la nature
Viennent à passer des frissons.
Peu à peu s'en vont la froidure,
La neige pâle et les glaçons.
Écartant son voile superbe,
La terre apparaît et sourit ;
Des rubans d'eau courent dans l'herbe
Qui, sous leurs baisers, reverdit.
Et, là-bas, voilà que s'éveille
La voix profonde des forêts
Et que s'ouvre, pure merveille,
La clochette des blancs muguets.
La vie, en tout, fleurit et chante
Et l'air est infiniment doux.
Il se lève une aube charmante.

Cœurs qu'on croit morts, réveillez-vous !

Madeleine Morize (écrit en mars 1917)


 

1 août 2007

L'hiver de Vincent Muselli

Vincent Muselli (1879-1956) est un poète lyrique français.

Décembre

Voici qu'un deuil nouveau couvre le voisinage,
Déjà l'eau des étangs gèle dans les roseaux,
Et déjà les chemins sont pleins de ton carnage,
Hiver ! cruel chasseur de feuilles et d'oiseaux.

Vincent Muselli ("L'Oeuvre Poétique" - numéro spécial de la revue Points & Contrepoints, 1957)


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