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lieu commun

30 janvier 2007

Le coq - Henri Thomas

Le coq - Henri Thomas

Je vais fabriquer un coq de clocher,
Il sera tout noir au soleil couché,

Il sera tout blanc au soleil levant
Et d'argent brillant à midi tapant.

Vous ai-je assez dit que je vous aimais!
Mon coq de clocher ne parle jamais.

A Londres, Paris, vous ai-je attendue!
Lui, ne commet pas la moindre bévue.

J'ai perdu le Nord, il me le rendra,
Nous irons ensemble où ça nous plaira.

Henri Thomas

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30 janvier 2007

José Agustín Goytisolo - Palabras para Julia

ch_ne_plume_r_dPalabras para Julia

Tú no puedes volver atrás
porque la vida ya te empuja
como un aullido interminable.

Hija mía es mejor vivir
con la alegría de los hombres
que llorar ante el muro ciego.

Te sentirás acorralada
te sentirás perdida o sola
tal vez querrás no haber nacido.

Yo sé muy bien que te dirán
que la vida no tiene objeto
que es un asunto desgraciado.

Entonces siempre acuérdate
de lo que un día yo escribí
pensando en ti como ahora pienso.

La vida es bella, ya verás
como a pesar de los pesares
tendrás amigos, tendrás amor.

Un hombre solo, una mujer
así tomados, de uno en uno
son como polvo, no son nada.

Pero yo cuando te hablo a ti
cuando te escribo estas palabras
pienso también en otra gente.

Tu destino está en los demás
tu futuro es tu propia vida
tu dignidad es la de todos.

Otros esperan que resistas
que les ayude tu alegría
tu canción entre sus canciones.

Entonces siempre acuérdate
de lo que un día yo escribí
pensando en ti
como ahora pienso.

Nunca te entregues ni te apartes
junto al camino, nunca digas
no puedo más y aquí me quedo.

La vida es bella, ya verás
como a pesar de los pesares
tendrás amor, tendrás amigos.

Por lo demás no hay elección
y este mundo tal como es
será todo tu patrimonio.

Perdóname no sé decirte
nada más pero tú comprende
que yo aún estoy en el camino.

Y siempre siempre acuérdate
de lo que un día yo escribí
pensando en ti como ahora pienso.

José Agustín Goytisolo

Une traduction :

Paroles pour Julie

Tu ne peux plus t'en retourner,
Car la vie est là qui te pousse,
Comme une plainte interminable,
Interminable.

Tu te sentiras enfermée,
Tu te sentiras perdue, seule,
Ou tu voudras n'être pas née,
N'être pas née.

Mais toi, à jamais souviens-toi
De ce qu'un jour moi j'ai écrit
Pensant à toi, pensant à toi
Comme j'y pense.

La vie est belle, tu verras
Comment, en dépit des chagrins,
Te viendront les amis, l'amour,
Viendront les amis.

Un homme seul ou une femme,
Ainsi, regardés un par un,
Ils sont poussière, ils ne sont rien,
Ils ne sont rien.

Alors toi, toujours souviens-toi
De ce qu'un jour moi j'ai écrit
Pensant à toi, pensant à toi
Comme j'y pense.

D'autres attendent que tu résistes,
Que tu les aides de ta joie,
Et que les aide ta chanson
Parmi les leurs.

Ne te livres, ni ne t'écartes,
Sur le chemin ne dis jamais :
Je n'en peux plus, je reste là,
Je reste là.

Mais toi, toujours souviens-toi
De ce qu'un jour moi j'ai écrit
Pensant à toi, pensant à toi
Comme j'y pense.

La vie est belle, tu verras
Comment, en dépit des chagrins,
Te viendront les amis, l'amour,
Viendront les amis.

Je ne sais rien dire de plus,
Mais tu dois comprendre ceci :
Je suis encore sur le chemin
Sur le chemin.

Mais toi, à jamais souviens-toi
De ce qu'un jour moi j'ai écrit
Pensant à toi, pensant à toi
Comme j'y pense.

José Agustín Goytisolo

30 janvier 2007

Au revoir - Marceline Desbordes-Valmore


Au revoir

Sous tes longs cheveux d'or, quand tu cours sur la grève
Au vent,
Si quelque prompt ramier touche ton front qui rêve
Souvent,
De cette aile d'oiseau ne prends pas, ô ma fille !
D'effroi :
Pour baiser son enfant** c'est une âme qui brille :
C'est moi !
Parmi d'autres enfants qui te font toute heureuse,
Le soir,
Quand tu vas au jardin, lasse d'être rieuse,
T'asseoir;
Si tu t'inquiétais comment je passe l'heure,
Sans toi,
Penche un peu ton oreille à cet oiseau qui pleure :
C'est moi !

Marceline Desbordes-Valmore

* "t'inqui-étais"

** Pour aimer son enfant ...
Le sens du verbe baiser a évolué ... et si on le remplace par aimer c'est quand même pas pareil. On peut, peut-être, garder "baiser" et expliquer. Vous êtes libres de trouver mieux. Qu'en pensez-vous ?

Ça me fait penser au début de ce poème de Rimbaud, "Les Effarés" :
Noirs dans la neige et dans la brume,/Au grand soupirail qui s'allume,/Leurs culs en rond,/
À genoux, cinq petits, misère ! /Regardent le boulanger faire
/Le lourd pain blond...

A l'école, on a appris  ..."Leurs dos en rond" ...
je crois bien que c'était imprimé comme ça dans le livre, et je n'ai découvert la supercherie que bien plus tard.
Alors ...


Les mauvais jours - Jean Orizet

Que mon bonheur porte ton nom,
Que tes yeux rongent mon espace,
Que je sois ton terrain conquis.

Ainsi deviendrons-nous
Cette rose unique
A jamais sauvée
Du long dessèchement.

Ainsi pourrons-nous vivre
Sans faiblir au cœur
Des foules grimaçantes
Et soutenir la lumière crue
Des mauvais jours.

Jean Orizet (né en 1937)


À tes yeux ... (titre proposé) - Jean Orizet

À tes yeux de surprise matinale
je veux m'étonner le premier

À tes lèvres de verveine
je veux boire encore ce rire ailé de gazelle

À tes cheveux de poivre blond
je veux renouveler ma soif

À ton ventre de jeune pêche
je veux attendre l'été mûrissant

Oreille contre coeur
Merveille pour merveille

Jean Orizet

30 janvier 2007

Le verger - Rémy de Gourmont

Le verger

Simone, allons au verger
Avec un panier d'osier.
Nous dirons à nos pommiers,
En entrant dans le verger :
Voici la saison des pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Les pommiers sont pleins de guêpes,
Car les pommes sont très mûres :
Il se fait un grand murmure
Autour du vieux doux-aux-vêpes.
Les pommiers sont pleins de pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Nous cueillerons la calville,
Le pigeonnet et la reinette,
Et aussi des pommes à cidre
Dont la chair est un peu doucette.
Voici la saison des pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Tu auras l'odeur des pommes
Sur ta robe et sur tes mains
Et tes cheveux seront pleins
Du parfum doux de l'automne.
Les pommiers sont pleins de pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Simone, tu seras mon verger
Et mon pommier de doux-aux-vêpes ;
Simone, écarte les guêpes
De ton cœur et de mon verger.
Voici la saison des pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Rémy de Gourmont 1858-1915 ("Simone")

30 janvier 2007

La neige - Rémy de Gourmont

La neige

Simone, la neige est blanche comme ton cou,
Simone, la neige est blanche comme tes genoux.

Simone, ta main est froide comme la neige,
Simone, ton cœur est froid comme la neige.

La neige ne fond qu'à un baiser de feu,
Ton cœur ne fond qu'à un baiser d'adieu.

La neige est triste sur les branches des pins,
Ton front est triste sous tes cheveux châtains.

Simone, ta sœur la neige dort dans la cour.
Simone, tu es ma neige et mon amour.

Rémy de Gourmont ("Simone")

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30 janvier 2007

Notre maison - Joël Sadeler

Notre maison

Je te ferai une maison
Avec des nuages mousseline
Je poserai une maison en bois
Dessus
Tout autour des sapins
en habits du dimanche
Le paysage sera repassé
De frais
Et les prés tirés à quatre épingles
En bas il y aura un village
Reposé de son histoire
La nuit marchera sur le toit
Et je m'endormirai près de toi
Au chaud de notre amour.

Joël Sadeler ("Passé intérieur")

30 janvier 2007

Amour - Germain Nouveau

Amour

Je ne crains pas les coups du sort,
Je ne crains rien, ni les supplices,
Ni la dent du serpent qui mord,
Ni le poison dans les calices,
Ni les voleurs qui fuient le jour,
Ni les sbires ni leurs complices,
Si je suis avec mon Amour.

Je me ris du bras le plus fort,
Je me moque bien des malices,
De la haine en fleur qui se tord,
Plus caressante que les lices ;
Je pourrais faire mes délices
De la guerre au bruit du tambour,
De l'épée aux froids artifices,
Si je suis avec mon Amour.

Haine qui guette et chat qui dort
N'ont point pour moi de maléfices ;
Je regarde en face la mort,
Les malheurs, les maux, les sévices ;
Je braverais, étant sans vices,
Les rois, au milieu de leur cour,
Les chefs, au front de leurs milices,
Si je suis avec mon Amour.

envoi

Blanche Amie aux noirs cheveux lisses,
Nul Dieu n'est assez puissant pour
Me dire : " Il faut que tu pâlisses ",
Si je suis avec mon Amour.

Germain Nouveau 1851-1920 ("Valentines")

30 janvier 2007

Textes de Christian Bobin

"La certitude d'avoir été, un jour, aimé, c'est l'envol définitif du cœur dans la lumière".

livre_paroles_bonheur_blogcitation de Christian Bobin dans "Paroles de bonheur" - Albin Michel.
Voir des passages plus longs (et plus difficiles sans doute), avec une courte biographie de l'auteur, dans
"LETTERA AMOROSA" : POÉSIES "hors classe". 


Nous n'habitons pas des régions.

Nous n'habitons même pas la Terre.
Le coeur de ceux que nous aimons est notre vraie demeure.

Qui n'a pas connu l'absence ne sait rien de l'amour

Christian Bobin


Tu sais ce que c'est la mélancolie ? Tu as déjà vu une éclipse ?
Et bien c'est ça : la lune qui se glisse devant le coeur, et le coeur qui ne donne plus sa lumière.
La nuit en plein jour.
La mélancolie c'est doux et noir.

Christian Bobin ("La folle allure")


On ne peut pas penser quand on est amoureux.
On est trop occupé à brûler sa maison.

On ne garde aucune pensée pour soi.
On les envoie toutes vers l'être aimé.
Comme des colombes, comme des étoiles, comme des rivières.

Quand on est amoureux on est ivre.
Comme cet homme hier dans la rue.

Il avançait, étourdi de boisson.
La voix forte, le geste ample.
Il s'entretenait avec lui-même.

Il a soudain fouillé dans son manteau, en a sorti de l'argent
Qu'il a jeté par poignées sur la route.

Puis s'en est allé.
Dédaigneux de sa fortune. Délié de soi.
Déprit de tout royaume.

Oui l'on est un peu comme ça lorsqu'on est amoureux.
On vide ses poches, on perd son nom.

On découvre avec ravissement la certitude de n'être rien.

Christian Bobin


J'ai trouvé

J'ai trouvé, mon amour, le nom le plus secret et le plus clair pour dire ce qu'est ta vie dedans ma vie : l'air.

Tu es l'air qui ne me fait jamais défaut, cet air si nécessaire à la pensée et au rire,
cet air qui rafraîchit mon coeur et fait de ma solitude une place battue par tous les vents.

Christian Bobin ("L'éloignement du monde") 


30 janvier 2007

Sept souhaits - Claire Goll

Sept souhaits

Que ne suis-je le bandeau autour de ton front
Si proche de tes pensées !

Que ne suis-je le grain de maïs
Qu'écrasent tes dents de chat sauvage !

Que ne suis-je à ton cou la turquoise,
Chaude de la tempête de ton sang !

Que ne suis-je la laine multicolore
Du métier à tisser, qui glisse entre tes doigts !

Que ne suis-je la tunique de velours
Sur le flux et le reflux de ton coeur !

Que ne suis-je le sable dans tes mocassins
Qui ose caresser tes orteils !

Que ne suis-je ton rêve nocturne
Lorsque dans les bras noirs du sommeil, tu gémis !

Claire Goll 1892-1955

30 janvier 2007

Pour toi mon amour - Jacques Prévert

Pour toi mon amour

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
mon amour

Jacques Prévert

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