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30 janvier 2007

Sept souhaits - Claire Goll

Sept souhaits

Que ne suis-je le bandeau autour de ton front
Si proche de tes pensées !

Que ne suis-je le grain de maïs
Qu'écrasent tes dents de chat sauvage !

Que ne suis-je à ton cou la turquoise,
Chaude de la tempête de ton sang !

Que ne suis-je la laine multicolore
Du métier à tisser, qui glisse entre tes doigts !

Que ne suis-je la tunique de velours
Sur le flux et le reflux de ton coeur !

Que ne suis-je le sable dans tes mocassins
Qui ose caresser tes orteils !

Que ne suis-je ton rêve nocturne
Lorsque dans les bras noirs du sommeil, tu gémis !

Claire Goll 1892-1955

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30 janvier 2007

Pour toi mon amour - Jacques Prévert

Pour toi mon amour

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
mon amour

Jacques Prévert

30 janvier 2007

Complainte amoureuse - Alphonse Allais

Lettre d'humour, lettre d'amour, voici une lettera amorosa différente. Une occasion de "révisionner" le subjonctif.

Complainte amoureuse

Oui dès l'instant que je vous vis
Beauté féroce, vous me plûtes
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que vous me plussiez
Qu'ingénument je vous le dise
Qu'avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu'enfin je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez

Alphonse Allais 1854-1905

30 janvier 2007

Hésitation - Jules Verne

Hésitation

A une jeune personne à la noble tournure, aux yeux grands et noirs.

Celle que j'aime a de grands yeux
Sous de brunes prunelles ;
Celle que j'aime sous les cieux
Est la belle des belles.
Elle dore, embellit mes jours,
Oh ! si j'étais à même,
Mon Dieu, je voudrais voir toujours
Celle que j'aime.

Celle que j'aime est douce à voir,
Il est doux de l'entendre ;
Sa vue au coeur fixe l'espoir
Que sa voix fait comprendre.
Son amour sera-t-il pour moi,
Pour moi seul, pour moi-même ?
Si j'aime, c'est que je la vois
Celle que j'aime.

Auprès d'elle, hélas ! je ressens
Une émotion douce ;
Absente, vers elle en mes sens
Quelque chose me pousse.
Pour moi dans le fond de son coeur
S'il en était de même ?
Aurait-elle un regard trompeur,
Celle que j'aime ?

Celle que j'aime, hélas ! hélas !
A son tour m'aime-t-elle ?
Je ne sais ; je ne lui dis pas
Que son oeil étincelle.
Est-ce pour moi qu'il brille ainsi ?
Félicité suprême !...
Ailleurs l'enflamme-t-elle aussi,
Celle que j'aime ?

Si trompant ma naïveté
Par son hypocrisie,
Elle se sert de sa beauté
Pour me briser ma vie !
Son coeur peut-il être si noir ?
Oh ! non ; c'est un blasphème !
Un blasphème !... il ne faut que voir
Celle que j'aime.

Non, non, amour, amour à nous
Car en te faisant femme,
Dieu, je lui rends grâce à genoux,
Te donna de mon âme.
Accours ! je m'attache à tes pas
Dans mon ardeur extrême...
Peut-être, elle ne m'aime pas,
Celle que j'aime.

Jules Verne 1828-1905

30 janvier 2007

La lune blanche - Paul Verlaine

La lune blanche

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...

Ô bien-aimée.

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...

Rêvons, c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise...

C’est l’heure exquise.

Paul Verlaine ("La bonne chanson")

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30 janvier 2007

Etude de pronoms - Jean Tardieu

A vous de voir, si ce poème est ou n'est pas une "lettera amorosa"...

Etude de pronoms

O toi ô toi ô toi ô toi
toi qui déjà toi qui pourtant
toi que surtout.

Toi qui pendant toi qui jadis toi que toujours
toi maintenant.

Moi toujours arbre et toi toujours prairie
moi souffle toi feuillage
moi parmi, toi selon!

Et nous qui sans personne
par la clarté par le silence
avec rien pour nous seuls
tout, parfaitement tout!

Jean Tardieu

30 janvier 2007

Le lac - Jeong Ji-Yong

Le lac

Mon visage entier,
au creux de mes mains,
je le puis cacher.

Mon coeur languissant de toi
est aussi vaste qu'un lac :
je ne puis que fermer les yeux.

Jeong Ji-Yong 1903-1950 ("Nostalgie" traduit du coréen)

30 janvier 2007

A une femme - Victor Hugo

A une femme

Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire,
Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux,
Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre,
Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
Pour un regard de vous !

Si j'étais Dieu, la terre et l'air avec les ondes,
Les anges, les démons courbés devant ma loi,
Et le profond chaos aux entrailles fécondes,
L'éternité, l'espace, et les cieux, et les mondes,
Pour un baiser de toi !

Victor Hugo

30 janvier 2007

Chanson de Fortunio - Alfred de Musset

Chanson de Fortunio

Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer,
Je ne saurais, pour un empire,
Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,
Si vous voulez,
Que je l'adore et qu'elle est blonde
Comme les blés.

Je fais ce que sa fantaisie
Veut m'ordonner,
Et je puis, s'il lui faut ma vie,
La lui donner.

Du mal qu'une amour ignorée
Nous fait souffrir,
J'en porte l'âme déchirée
Jusqu'à mourir.

Mais j'aime trop pour que je die*
Qui j'ose aimer,
Et je veux mourir pour ma mie
Sans la nommer.

Alfred de Musset

die* à garder pour la rime

30 janvier 2007

Couvre-feu - Paul Eluard

Couvre-feu

Que voulez-vous la porte était gardée
Que voulez-vous nous étions enfermés
Que voulez-vous la rue était barrée
Que voulez vous la ville était matée
Que voulez-vous elle était affamée
Que voulez-vous nous étions désarmés
Que voulez-vous la nuit était tombée
Que voulez-vous nous nous sommes aimés.

Paul Eluard ("Poésie et Vérité")

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